Il y a juste un an ( le 4 avril 2015) ,
la Tunisie a perdu l’un de ses hommes de culture Abou al Kacem Mohamed
Kerrou, pour commémorer sa mémoire, le blog pédagogique
offre à ses lecteurs le texte d’une conférence que l’illustre défunt avait
donné en 1955 sur la réforme de l’enseignement en Tunisie.
Qui était Abou al Kacem Mohamed Kerrou ?
Abou al Kacem Mohamed Kerrou est né, à
Gafsa, en 1924 ; il est décédé le 4 avril 2015. Il a fait ses
études à la grande mosquée Az-zaituna ; il fut un grand opposant au
régime du protectorat, et un grand défenseur de la cause palestinienne. En
1948, il décida de s’engager pour combattre à coté de ses frères en Palestine,
et entreprend le voyage ; mais, on lui interdisait d’entrer en
Palestine. Il se dirigea vers l’Irak et poursuivra ses études à l’école
normale de Baghdâd, entre 1948 et 1952. Rentré au pays, il deviendra
professeur de l’enseignement secondaire, puis rejoindra le ministère de la
culture pour présider le service des colloques depuis 1978 jusqu’en
1992 ; l’homme a écrit plusieurs ouvrages comme : Chebbi : sa
vie et sa poésie, Taher Haddad , Ibn Zaidoun ; le combat de Chebbi , des
études sur l’histoire de Gafsa…
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Avant propos
Nous savons que la période qui avait
précédé la réforme de l’enseignement de 1958 fut marquée par un large débat au
sujet de quelle école allons- nous mettre en place, pour la Tunisie indépendante ; plusieurs revues
et plusieurs journaux, comme la revue AL Nadwa et la revue Al Fikr avaient contribué à cet effort : Al
Nadwa avait consacré un numéro spécial en novembre 1954 à la culture et
l’éducation ; Al Fikhr avait consacré le numéro du mois de novembre 1956 à
l’enseignement intitulé : « notre enseignement, entre hier et
aujourd’hui » ; plusieurs personnalités se sont illustrées au cours
de ces débats, comme le professeur Ahmed Abdessalam et le professeur Ahmed Fani
qui avaient participé activement à la conception de la réforme de 1958.
Nous savons aussi que l’Etat tunisien avait,
depuis les premiers mois de l’indépendance, accordé un intérêt particulier aux
écoles coraniques modernes qu’il a étatisées ,
il a aussi réorganisé la grande Mosquée
et ses annexes, en créant l’université de la Zitouna et la nomination d’un
doyen, et en transformant les annexes de la grande mosquée en collèges
secondaires et en créant de nouvelles sections et de nouveaux diplômes ; à
partir de 1955, la grande mosquée et ses annexes sont passées sous tutelle du nouveau
ministère de l’Instruction
qui venait d’être crée en 1955.
Avec ces
mesures, qui visaient à rapprocher l’ancien système scolaire «
indigène » de l’enseignement public, pour les unifier sous la même
autorité, de nouvelles conceptions sur la forme que devait prendre le nouveau
système scolaire du jeune état tunisien commençaient à prendre forme ;
parmi ces approches et ces conceptions, nous citons celle que M° Kerrou avait
présenté au cours d’une conférence qu’il avait donnée à Sfax, puis à Bizerte, au mois de septembre
1955. Sous le titre évocateur : « l’enseignement tunisien entre le
présent et l’avenir ».
La conférence est constituée d’un avant
propos et d’une introduction ( p 3-6), d’une première partie intitulée :
vue générale sur notre enseignement actuel ( p 7 à 21), d’une deuxième partie sous
le titre de : vers l’avenir ( p 21- 31)
et de 3 annexes ( le 1er
est une réponse à un sondage à propos de la culture, le 2ème est
constitué de données statistiques comparées ,le 3ème porte le titre
de la voie de l’avenir.)
Comme l’auteur est un zitounien de formation qui a parachevé ses
études dans les universités arabes d’orient (c’était un ancien normalien de
l’ENS de Baghdâd,) et qui avait une bonne connaissance des expériences irakiennes,
syriennes et libanaises dans le domaine de l’enseignement en général, et de
l’arabisation en particulier, et qu’il avait déjà publié plusieurs articles sur
le sujet dans les pages de la revue « l’école moderne », c’est pour dire que l’homme avait une
parfaite connaissance de son sujet ; c’est pour cette raison que nous
avons jugé utile de faire connaitre son approche qui a influencé d’une certaine
manière la réforme scolaire qui était en gestation à cette époque ; et pour cela, nous allons suivre le plan de la
conférence .
Première partie : les
caractéristiques du système éducatif tunisien
Dans l’avant-propos, M° kerrou a évoqué
les difficultés rencontrées et qui l’avaient empêché de faire un travail
scientifique approfondi ; parmi lesquelles, il cite son long séjour à
l’étranger, la rareté des documents et des rapports et ses grandes
préoccupations ; c’est pour cela qu’il a essayé de faire « un travail
modéré où l’on trouve de ci et de là qui permet de saisir globalement les problèmes
et de montrer l’avenir sans entre dans les faits précis et les détails ». En réalité, l’approche de l’auteur nous
semble une bonne approche, car elle permet de centrer sur l’essentiel, en
laissant les détails pour les commissions techniques spécialisées.
1.
Les institutions de l’enseignement en
Tunisie
L’auteur distingue 4 types
d’institutions, qui sont :
a.
Les anciennes institutions constituées
par les zaouïas, les Kouttabs, et la grande mosquée de la Zitouna.
·
les zaouïas, les Kouttabs : d’après M° Kerrou, ces
institutions n’ont qu’un seul avantage ; c’est la sauvegarde du Coran et
son apprentissage pour les nouvelles générations ; Kerrou les compare aux
squelettes qui restent après plusieurs années de la mort de l’homme,
c'est-à-dire qu’on n’y trouve pas de signes de vie réelle, et elles ne peuvent
pas préparer les enfants à la vie, et ne peuvent pas les préparer utilement. »
· la grande Mosquée : malgré les progrès
réalisés, l’enseignement de la grande mosquée se caractérise par l’absence
d’objectif qu’il cherche à atteindre, et par son activité scientifique limité,
sur deux plans fondamentaux qui servent pour « mesurer le degré de
l’efficacité de tout système éducatif, ou de toute institution
scientifique » ; il s’agit de la production scientifique (publications
et découvertes) et de la contribution au progrès social, culturel et économique
du pays ». En résumé, selon M°Kerrou, le diplômé Zitounien ne sert qu’à l’enseignement,
ou à occuper quelques fonctions religieuses (Imam, notaire, juge), mais jamais
il ne peut être médecin ou ingénieur ou comptable dans une banque, ou chef d’un
service technique et directeur technique d’une manufacture ou d’une entreprise
économique », parce que ses compétences scolaires
zitouniennes ne l’aident guère dans ces domaines. (Au cours de son exposé le
conférencier anticipe les discussions, et imagine les réserves prévisibles, et
y répond longuement.
b.
les institutions créées au XIXème
siècle avant le protectorat en vue d’être au diapason des
progrès du monde occidental, et pour suivre
les progrès scientifiques réalisés par la civilisation occidentale à cette
époque ; parmi ces institutions, il
y avait le collège Sadiki que l’auteur considère « comme le modèle le plus
proche dans notre pays auquel nous
aspirons. »
c.
les institutions modernes privées de l’enseignement primaire et
secondaire qui ont été créées, selon le conférencier, par « des citoyens conscients…pour
combattre les visées de la colonisation par la savoir » ; parmi ces
institutions, M°Kerrou cite le cas des écoles coraniques, qui étaient au départ
des écoles privées, mais dont la plupart ont ensuite rejoint la direction de l’instruction publique, pour
des raisons matérielles pures, comme la société Al Khaldounia, ou l’école
Lakhmia de Sfax . Ces institutions accordaient une
place importante à l’enseignement de la langue arabe et aux disciplines
scientifiques, tout en s’engageant à respecter les programmes et la
règlementation de l’enseignement public.
d.
Les institutions officielles créées par les autorités du protectorat,
dont les objectifs et les programmes étaient conçus pour servir le régime du
protectorat et de sa culture. Le conférencier parle « d’écoles de
l’enseignement officiels », il s’agit en fait des écoles françaises et des
écoles franco- arabes mises en place par Machuel, le premier directeur de
l’instruction publique.
Le conférencier avait déjà exprimé, dans
l’introduction du livre, un avis qui dit que « suivre le cours des idées
et des programmes français constitue un danger pour notre peuple, pour ses
hautes valeurs, et pour sa personnalité et son existence même. » Il
présenta , dans ce sens, une liste de 15 reproches et maux relatifs
aux dérives des objectifs de cet enseignement, par rapport aux valeurs de notre
peuple: le bilinguisme au niveau de l’enseignement, l’obligation d’apprendre le
français à tous les niveaux des études, l’absence de l’éducation civique
nationale, la faiblesse de la place de la langue arabe au niveau des programmes
et de l’horaire, la négligence de la formation professionnelle des enseignants
surtout au niveau de l’enseignement secondaire, le manque de constructions et
d’équipements scolaires, l’intérêt pour la quantité et non pour la qualité, et
le faible intérêt pour l’éducation des filles, l’absence de l’enseignement
supérieur, et la rareté des écoles professionnelles industrielles, agricoles et
commerciales ». Le conférencier a inclus, dans ce même
paragraphe, quelques propositions comme la « création d’un institut
supérieur de l’éducation ou une faculté pour les enseignants qui se charge de
la formation fondamentale académique et de la formation professionnelle
théorique et pratique, ou encore l’ouverture au moins de 10 écoles normales
pour former les instituteurs » .
2.
Résumé des vérités
Après ce diagnostic, le conférencier est
arrivé à une conclusion générale que l’on pourrait résumer ainsi :
-
Les objectifs de l’enseignement sont au service du
régime colonial et la culture française.
-
Les problèmes de l’enseignement sont nombreux ;
il faut les résoudre selon l’intérêt du peuple dans les pus brefs délais avec
la collaboration de toutes les parties (l’état, la population et les
organisations).
-
L’enseignement zitounien est en retard par rapport à
notre époque ; il est incapable de préparer le citoyen à la vie citoyenne.
-
Les problèmes de l’enseignement zitounien doivent être
résolus selon une politique unique, dans l’intérêt de l’avenir culturel du
peuple tunisien, et pour conserver les fondements de notre culture attachée à
l’islam et l’arabité.
Deuxième partie : le futur système
éducatif tunisien
Les conceptions pour le futur système
éducatif tunisien présentées par le conférencier consistaient dans l’extension
de la scolarisation primaire et secondaire, la création d’une université tunisienne
moderne, l’enseignement des filles et la lutte contre l’analphabétisme . Ainsi,
le projet défendu par le conférencier est global ; il touche
l’enseignement scolaire et supérieur ; il s’intéresse aux deux catégories
sociales défavorisées, les femmes et les analphabètes.
Fidèle à sa démarche, le conférencier
avantage les principes et les objectifs, et évite les détails en traitant les questions
de cette partie .C’est ainsi qu’il va se limiter aux fondements et aux
objectifs du futur système éducatif et à la transformation de la grande mosquée
en une université moderne, l’enseignement de la fille, la formation des
institutrices et la préparation d’un projet de lutte contre l’analphabétisme.
1.
Les grands objectifs éducatifs
Pour M° Kerrou, Le futur système
éducatif devrait réaliser cinq objectifs orientés vers l’avenir, inspirés de la
culture moderne progressiste, et qui se réfèrent à des nouvelles valeurs utiles
et à même d’améliorer la vie sociale, économique et morale du citoyen ; ces
objectifs sont :
-
Former de bons citoyens imbus d’une culture moderne et
progressiste et fiers de leur patrimoine national.
-
Sauvegarder les fondements de notre patrimoine
culturel.
-
Montrer nos propres possibilités dans une culture
arabe contemporaine, et y contribuer avec une part respectable, soit en
redonnant vie à notre passé, ou par des productions nouvelles.
-
Améliorer notre vie sociale, économique et morale par
la présentation de nouvelles valeurs utiles, et avancer avec notre peuple vers
un idéal commun, et participer à améliorer le niveau de vie d’une façon
continue ».
2.
Les fondements et les principes du
système éducatif
Le conférencier avait fixé trois
principes qui devraient, selon lui, constituer les fondements du système
éducatif ; ces trois principes sont : l’unification de l’enseignement,
l’arabisation, et la généralisation.
a.
Un enseignement unifié
C'est-à-dire « un programme et des
objectifs uniques, en accord avec les valeurs suprêmes de notre peuple, et qui
préparent l’individu à vivre son époque et à comprendre sa civilisation et à y contribuer.»
M° Kerrou, contrairement aux autres Zitouniens, voit que c’est dans l’intérêt
du peuple d’unifier l’enseignement ; mais cela « ne signifie ni la
fin de l’action culturelle de la Zitouna, ni la suppression de
l’enseignement religieux » ; au contraire, l’enseignement religieux va
conserver sa place qui sera une matière essentielle dans toutes les écoles avec
deux heures par semaine dans tous les niveaux de l’enseignement
secondaire » .
b.
L’arabisation des trois cycles de
l’enseignement
M°Kerrou préconise l’arabisation de tous
les cycles : le primaire, le secondaire et le supérieur, et d’accorder aux
langues étrangères une place secondaire dans les programmes, avec un statut de
langues complémentaires qui permettent à l’élève de compléter sa formation et
de poursuivre ses étude en Europe ; mais tous les enseignements devraient
être faits en langue arabe.
Le conférencier s’est contenté, dans son
intervention, de parler des principes, mais heureusement nous trouvons dans
l’annexe intitulé : « réponse
au sondage », des précisions sur le plan de l’arabisation tel qu’il était
conçu par l’auteur, dont les principaux éléments étaient :
-
L’arabisation totale de l’école primaire
-
l’enseignement secondaire qui dure 7 ans sera divisé en deux cycles ; le
premier dure 4 ans où la langue française sera une matière obligatoire en tant
que deuxième langue, et un deuxième cycle de trois années où la langue
française garde le même statut avec l’obligation pour l’élève d’apprendre une
troisième langue au choix, parmi trois langues (l’allemand, l’anglais et
l’italien). L’enseignement de toutes les matières sera progressivement en arabe; l’arabisation commencera en 1956, avec
les deux premières années en même temps, et en octobre 1955 selon les disponibilités
en enseignants ; l’essentiel est que l’arabisation serait achevée en cinq
ans ; le premier cycle ou le tronc commun sera sanction par un brevet ( al
ahlia), le deuxième cycle est constitué de deux sections : une section de
sciences religieuses (qui sera sanctionnée par le diplôme appelé «Tahcyle », et une section moderne qui sera scindée en
deux spécialités ; une section scientifique et mathématique, et une
section lettres et philosophie ; la première sera sanctionnée par le
diplôme de Tahcyle moderne scientifique, la deuxième par le Tahcyle littéraire.
c.
Expansion de l’enseignement primaire et secondaire
pour toucher tous les enfants aptes à les suivre ; l’enseignement primaire
doit devenir obligatoire et gratuit, et l’enseignement secondaire gratuit et
accessible à tous qui en sont aptes à le suivre.
Le conférencier pense que la
généralisation ne devrait pas poser de problème au niveau de la disponibilité
d’enseignants ; il propose plusieurs pistes de solutions pour assurer les
besoins en professeurs de l’enseignement secondaire : ( faire appel aux
étudiants tunisiens résidant à l’étranger, sélectionner les plus qualifiés
parmi les diplômés de la grande mosquée, envoyer des étudiants vers les pays
arabes d’orient et vers les pays d’Europe, faire appels à des enseignants
égyptiens; quant aux manuels, la question pourrait être résolu facilement pour
M°Kerrou, en constituant par le ministère de l’instruction de commissions
d’élaboration de manuels, ou en
choisissant parmi les manuels des pays arabes ceux qui seraient les mieux
adaptés à nos besoins.
Donc, pour résumer, M°Kerrou propose un
enseignement primaire et secondaire unique, gratuit et arabisé dans tous trois niveaux
de l’école primaire jusqu’à l’université ; les langues étrangères ont un
rôle complémentaire, et aident à poursuivre les études universitaires.
3.
Transformer la grande mosquée en une
université tunisienne
M°Kerrou pense le plus grand bien pour
le pays et pour la grande mosquée est « la transformation la Zitouna en
une véritable université qui portera le même nom, avec toutes les spécialités
religieuses et scientifiques ; l’université pourrait ouvrir ses
portes dès octobre 1956, avec la faculté des sciences religieuses, la faculté
de droit, l’école nationale d’administration, l’école normale supérieure qu’il
faut créer, une faculté agricole et une faculté de lettres. Le premier pas pour fonder l’université
tunisienne est de couper les liens entre la Zitouna et les instances
religieuses du pays, et la transférer sous la tutelle du secrétariat de
l’instruction publique.
Dans cette étape, la langue française va
occuper la première place, après la langue arabe, sauf dans les spécialités
scientifiques où le français restera la première langue pour une période
transitoire qui ne devrait pas dépasser 10 ans.
4.
Création d’un service au sein du ministère de
l’instruction qui s’occupe des affaires de la Zitouna, au cours de la période
transitoire.
5.
« Création d’un conseil supérieur de l’enseignement
présidé par le ministre de l’instruction publique et comprenant parmi ses
membres des professeurs et les experts responsables de la gestion de l’enseignement.»
Troisième partie : comment
surmonter les difficultés ?
Le conférencier était conscient que des
difficultés nombreuses, d’ordre financier, scientifique, psychologique et sociologique,
vont se dresser devant l’application du nouveau système éducatif dans le pays. Elles
seront générées par l’unification, l’arabisation et la généralisation de
l’enseignement ; les difficultés financières vont résulter de la nécessité
de construire de nouveaux locaux et de les équiper, et du recrutement de plus
d’enseignants; les difficultés scientifiques et techniques vont être le produit
de l’arabisation, à cause de la rareté de spécialistes capables de bien mener
cette opération, et de la rareté des experts aptes à élaborer les programmes et
les manuels conformes à ces programmes . Quant aux difficultés
psychologiques et sociologiques, elles résultent de la position de quelques
professeurs de la grande mosquée, opposés à l’unification de l’enseignement, qui
s’inquiétaient pour la place de l’enseignement religieux dans le nouveau
système ; et pour surmonter ces difficultés, Abou Kacem Mohamed Kerrou présenta
quelques propositions dont :
-
La nécessité d’associer les efforts de la population
aux efforts de l’état pour la construction des écoles nécessaires par la voie
des dons ou des souscriptions générales.
-
S’atteler à la formation des instituteurs et des
professeurs par le renforcement du
réseau des écoles normales d’instituteurs et des institutrices, pour atteindre
le nombre de dix en cinq ans, et en
augmentant leurs capacités d’accueil, et par l’organisation de sessions de formation
accélérée pendant les grandes vacances, et par l’ouverture d’un institut
supérieur de l’éducation, ou d’une école normale supérieure pour former les
professeurs de l’enseignement secondaire .
-
Constituer des commissions spécialisées pour s’occuper
des aspects techniques.
En résumé
Telles étaient les grandes lignes de la
réformes, selon les vue de M° Kerrou qui disait « que certaines idées avaient
été conçues par d’autres, bien avant lui, mais pour le reste, ce fut le produit
de sa réflexion personnelle. » Mais le plus important pour lui,
c’est que la future réforme doit respecter les trois principes (unité,
arabisation et généralisation) ; il pense aussi que le plus important département,
dans le proche avenir, sera le département de l’instruction, car son action
touche l’avenir de la nation, et constituera la base de la renaissance
souhaitée » .
En conclusion, on peut dire que le projet
défendu par M°Kerrou est un projet national, car il met en avant l’intérêt de
la nation ; c’est aussi un projet complet qui englobe les différents
cycles et les différentes composantes de la société, avec une attention
particulière aux plus fragiles, à savoir la femme et les analphabètes ; il
a aussi intégré les aspects financiers.
Le projet a prévu aussi un calendrier
d’application qui s’étend sur cinq années pour l’arabisation complète de
l’enseignement secondaire, et sur dix ans pour celle de l’université.
Il semble que les orientations des
intellectuels ,tel que fut M° Kerrou, partageaient les mêmes vues à cette
époque, surtout en 1955 et 1956 ; on avance, pour preuve, la décision de
la nationalisation des écoles coraniques modernes, le 15 mars 1956, et la
transformation des annexes de la grande mosquée en lycées ou collèges
secondaires, la modernisation des sections et des diplômes de la grande mosquée,
et la création de l’université de la Zitouna et la nomination de Mohamed Taher Ben Achour doyen de la
nouvelle université, et son passage sous la tutelle du ministère de
l’instruction publique, dès le mois d’avril 1956.
Ces mesures, qui ne manquent pas de
courage, étaient l’expression d’un réel désir de réformes qui avaient changé le
statut de l’enseignement zitounien d’un enseignement « indigène » au
statut d’enseignement public national.
La réforme de 1958 a été conçue sur les
trois principes défendus par M° Kerrou ; cette correspondance nous
interpelle : est- ce que M° Kerrou avait présenté son projet au
département de l’instruction ou s’est-il contenté de publier sa conférence, au
mois d’octobre 1955 ? Faisait-il partie des commissions instituées à
l’époque du ministre Mohamed Lamine Chebbi ? Avait- il fait partie des
commissions techniques créées par son successeur Mahmoud Messadi en 1958 ?
Nous ne possédons pas, à l’heure actuelle, de réponses à toutes ces questions ;
de telles réponses pourraient nous donner plus d’éclaircissements sur le cadre
qui a vu naître la réforme de 1958.
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout,
Inspecteurs généraux de l’éducation retraités
Tunis le 17 octobre 2016
Articles publiés par le
blog pédagogique sur le même thème
Bennour,
A. « A propos de le réforme éducative : les références
juridiques : première partie ».; Blog pédagogique
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/11/histoire-des-reformes-educatives-en.html#more
Bouhouch et Akrout
. Rapport de la commission sur l’enseignement secondaire[1] L’Action
18-9-1967, ; Blog pédagogique
Jerbi,A. La
politique éducative ou quelle politique éducative pour quelle réforme de
l'éducation?
Boukhari . O.
la gouvernance du système éducatif tunisien
Bennour, A : Les
références de la réforme scolaire : Deuxième partie
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/12/les-reformes-scolaires-depuis_28.html
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/01/les-reformes-scolaires-depuis.html
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/01/les-reformes-scolaires-depuis_11.html
Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes
éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours 3ème
partie : Evaluation de la réforme de 1958 et les tentatives d’adapter le
système à l’évolution continue de la réalité : Les réformes de la période
de 1967 à 1969( 1° partie)
Bouhouch et Akrout. Histoire des réformes
éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours 3ème
partie : Evaluation de la réforme de 1958 et les tentatives d’adapter le
système à l’évolution continue de la réalité : Les réformes de la période
de 1967 à 1969(2ème partie)
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/01/lhistoire-des-reformes-scolaires-en_25.html