La vie des grands s’arrête mais
ils ne meurent pas car ils ont semé par leur carrière et leurs travaux des
grains qui vont pousser après eux et vont contribuer à l’évolution et au
progrès de l’histoire intellectuelle de leur pays, et à
cette occasion je me remémore deux vers du poème "la volonté
de vivre", Abou el Kacem Chebbi : « Chacun est appelé à disparaitre tel un beau rêve qui
brille puis s’éteint Et restent
les grains qui ont porté les richesses d’une
belle vie disparue » Hichem Rifi |
Nous avons vécu
deux dures années au cours desquelles nous avons subi l’épreuve de
la perte de grandes personnalités qui avaient joué un rôle et quel rôle dans
l’édification de l’Université tunisienne et le développement de l’enseignement
à l’école de la République ! Parmi les universitaires qui nous ont quitté,
il y avait Rachid El Ghozzi, Mohamed Yaalaoui, Mongi Chemli, Abdelkader Mhiri,
Tawfiq Baccar et Mohamed Talbi, et parmi les inspecteurs de
l’éducation que nous avons connus Ezzeddine Rezgui et Hédi Bouhouch.
Avec leur
départ, nous sommes passés d’un deuil à l’autre, et nous avons eu, à chaque
fois, le sentiment qu’une partie de nous-mêmes s’est détachée et que le temps a
commencé à tourner une page glorieuse de notre histoire culturelle et
éducative.
Quand j’ai
appris le décès de Hédi Bouhouch, par un triste matin , je me suis
remémoré, avec un nœud à la gorge un vers de Abu Attaieb Al
Moutanabbi que j’avais récité lors de la célébration du quarantième jour du
décès de feu Abdelkader Mhiri , à un moment où j'étais exaspéré
par l’acharnement de la mort à emporter l’une à la
suite de l’autre des grandes figures de
l’enseignement supérieur et de l’éducation.
« Les uns
et les autres s’enterrent et nos derniers marchent à la tête de
nos prédécesseurs »
Notre seule
consolation véritable est que celui qui est engagé pour le progrès de la
société et le développement de l’homme et qui consacre tous ses
efforts pour enrichir les savoirs et élargir les formes de conscience et assurer
le changement vers le meilleur, vaincra la mort, grâce à la trace qu’il laisse
dans le domaine pour lequel il a voué sa vie, et Hédi bouhouch en a laissé une
dans l’histoire de l’école tunisienne contemporaine. Et existe-t-il une
institution plus importante qui contribue à la promotion de l’homme dans notre
pays, à la consolidation des fondements de notre personnalité
nationale dans les consciences et à prémunir la société contre les forces qui
constituent une entrave au progrès et à la modernité ?!
Hédi Bouhouch a
fait ses études à l’école normale supérieure de Tunis, il a obtenu son diplôme
avant que je ne rejoigne cette illustre institution
universitaire à laquelle doivent beaucoup l’enseignement
, la recherche et la vie culturelle dans notre
pays- et c’est à cette école que j’ai entendu parler de lui pour la
première fois ; c’était au cours d’une leçon de linguistique
arabe dans les nouveaux locaux de l’école à cette époque, au Bardo, que le professeur
Taieb Baccouche – qui tenait toujours à nous engager au-delà des limites du
cours, vers les voies possibles de la recherche nous parla en termes très
élogieux des certains mémoires préparés dans le cadre du
certificat d’aptitude à la recherche (C.A.R )sous sa direction par de jeunes
diplômés , en nous incitant à les consulter, il cita entre autres le nom de
Hédi Bouhouch.
Aussi j’ai
entendu parler pour la première fois du défunt au cours
d’une leçon de langue, lui qui était parmi les
passionnés de linguistique, j’ai appris aussi qu’il était normalien, ce qui
constitue pour nous autres normaliens, un lien de parenté. Et depuis
lors il est resté dans ma mémoire surtout que l’un de deux éminents
professeurs qui ont développé l’étude de la langue arabe à l’université
tunisienne dans les années soixante-dix, fit l’éloge de son mémoire de
recherche et le considéra comme un modèle à suivre, d’ailleurs Hédi
aurait pu poursuivre brillamment la voie de la recherche depuis
belle lurette et rejoindre l’université à l’instar de ses proches amis.
Seulement il avait participé au concours d’inspecteur de
l’enseignement secondaire et l’avait réussi et il a pu découvrir sur le tas,
d’après ce qu’il a consigné dans son CV, le rôle de premier plan de
ce corps dans la modernisation de l’enseignement. Pour Hédi
l’inspection est un acte d’engagement (j’ai pu déduire cela à
travers ses multiples prises de position), et il l’a toujours
traduit tout au long de sa longue carrière, il n’a jamais été la
voix d’aucun des Ministres qui s’étaient succédé au
ministère de l’éducation, il fut toujours la voix du devoir et le défenseur de
l’école de la république.
Quelques années
après avoir achevé mes études supérieures , des propos élogieux de
plusieurs sources différentes , sur un inspecteur d’arabe dénommé Hédi Bouhouch
m’étaient parvenus , il s’est trouvé qu’il était l’inspecteur de mon épouse
durant plusieurs années , elle me parlait souvent de son inspecteur
avec beaucoup de respect et d’admiration , et elle évoquait ce
qu’elle lui doit (elle et ses autres collègues) dans l’acquisition de
« l’art d’enseigner » ; un beau jour , ma femme m’a présenté
avec fierté une copie du rapport de visite qu’il lui avait remis et je me
rappelle encore que le rapport était écrit à la main , avec une
belle écriture , calme, soignée et espacée , avec en bas de
page une petite flèche en-dessous de laquelle est inscrit
l’expression : اقلِبْ.
Ce
mot m’avait interpellé, et je suis resté à le regarder un long moment en souriant et
cherchant à le comparer avec son correspondant dans la
langue française, je ne savais si ce terme était usuel dans les
rapports des inspecteurs ou bien s’il s’agissait d’une des
trouvailles de Hédi. Quoiqu’il en soit j’ai su par la
suite qu’il choisissait avec beaucoup de soin les expressions qu’il
utilise et veillait à l’élégance des phrases et la
précision des mots.
En côtoyant les
inspecteurs d’arabe, au début des
années quatre-vingt-dix du siècle dernier, j’ai pu
constater que Hédi était un représentant des puristes parmi les
inspecteurs de l’époque et parmi les plus brillants feu Si Abdelaziz
Ben Youssef le plus illustre, il avait une grande maitrise de la
langue arabe et était un fervent défenseur. Nul doute qu’on doit
beaucoup à cette école d’inspecteurs, par leur travail assidu sur le terrain,
le niveau remarquable de maitrise de notre langue nationale par des générations
d’enseignants.
Ma première rencontre avec Hédi fut le fruit du hasard , en
effet un certain samedi matin , alors que je pressais le pas au
niveau de la rue Yves Noël, j’ai rencontré mon
maître Si Taoufiq Baccar qui m’invita à une leçon
qu’il allait donner à des professeurs d’arabe au lycée Bourguiba, à l’entrée du
lycée, nous trouvâmes deux personnes à l’allure imposante qui
attendaient Si Taoufiq, j’ai su au cours des présentations que l’un était le
Directeur du Lycée et l’autre était l’inspecteur d’arabe Si Hédi
Bouhouch.
En cette
journée-là , Si Taoufik a excellé comme à l’accoutumée , il avait
expliqué un texte du programme de la littérature
arabe, l’objectif de séance étant la formation) réuni
avec maestria un méta-discours de l’explication et le discours sur la méthode
adoptée ; j’ai infiniment regretté que la séance ne fut pas
enregistrée , on aurait dû le faire pour cette séance
exceptionnelle et pour d’autres séances de formation
également afin de conserver la mémoire de la formation
continue au Ministère et en faire profiter les autres lycées du
pays.
La leçon de si
Taoufik a vivement interpellé l’assistante et un débat
s’engagea dirigé par Hédi Bouhouch. Aussi les enseignants ont posé des
questions fort importantes qui les préoccupaient sans aucun
doute ; concernant l’enseignement de la littérature arabe au
lycée, les objectifs à atteindre par cet enseignement, leur besoin en
formation, et ce qu’ils attendaient des professeurs
universitaires dans l’œuvre de transposition du savoir savant qui
évolue très rapidement. Hédi était un habile modérateur de ce long
et agréable débat, il avait le don de pousser les professeurs par ses questions
à poursuivre la réflexion et l’approfondir, un don qui
force l’admiration.
Ce jour-là, en rentrant chez moi, j’ai parlé à ma femme
avec une grande admiration de son inspecteur.
Trois ans après cette rencontre , les départements de l’éducation et de
l’enseignement furent réunis dans un même ministère , le ministère de
l’éducation et des sciences , et Mohamed Charfi fut nommé
à sa tête avec pour mission d’entreprendre la réforme du système
éducatif ; et le hasard a bien voulu ( en réalité en
cherchant ce n’était pas une question de hasard) que je rejoigne à
la fin du mois d’avril 1989 le cabinet du ministre en tant que conseiller
chargé de superviser l’élaboration des nouveaux programmes de
l’arabe dans l’enseignement de base et l’enseignement secondaire. Au cours de
ces années j’ai côtoyé Hédi Bouhouch et là j’ai découvert une
personnalité aux multiples reliefs: un fond authentique, une haute compétence,
une maitrise de tout ce qui se rapporte à l’enseignement et l’éducation, une
forte personnalité, une franchise parfois gênante, une générosité sans limite
pour le développement de l’école de la république dans notre pays.
Nous signalons ici , comme nous sommes entrain de contribuer à la
conservation de la mémoire de l’éducation dans notre pays que
le regretté Mohamed Charfi avait constitué, trois mois
après son arrivée au ministère, une « commission supérieure de la
réforme de l’enseignement» ; c’est une commission à laquelle ont été
conviés l’UGTT, les représentants des partis politiques reconnus à
l’époque; les représentants des parents , les représentants des inspecteurs ,
des conseillers pédagogiques, des professeurs et des
instituteurs ainsi que des experts de l’éducation. La commission
avait tenu au cours de l’été 1989 seize réunions présidées par le
Ministre en personne, et a produit un texte de référence assez
long qui a fixé les grands choix de la réforme de 1991.
Le plus important c’était que les commissions sectorielles qui sont des
structures scientifico -pédagogiques dont le mérite de leur création revient au
Ministre Md Hédi Khlil (1988/1989) furent chargées de
traduire ces grands choix dans les programmes, de choisir les
modèles de manuels scolaires adéquats, de restructurer les cursus de
l’enseignement au niveau du secondaire, de proposer un système d’évaluation
et réviser le temps scolaire etc ; et ce sont des gens
d’expérience : inspecteurs, enseignants, spécialistes en science de
l’éducation qui avaient réalisé tout cela ; malheureusement on
est aujourd’hui loin de tout cela avec la gestion de la réforme qui est en
cours en comparaison avec la gestion des réformes précédentes, à commencer par
la réforme de 1958.
Les commissions sectorielles avaient entamé leurs travaux avec Hédi
KHLIL et préparé l’ébauche des programmes de la 1° et 2° année de
l’enseignement de base , Mohamed Charfi avait revu leur composition dans le but
de les enrichir par des compétences scientifiques et pédagogiques et il a
confié la présidence de la commission d’arabe au professeur feu Abdelkader
Mhiri à cause de sa longue expérience dans l’élaboration des
réformes scolaires , ayant été membre des commissions des réformes en 1958,
1967 et 1970 , il avait en outre présidé la commission chargée d’évaluer
l’enseignement de l’arabe dans les différents cycles.
La commission sectorielle de la langue arabe était du temps de Mohamed
Charfi une sorte d’académie pédago-scientifique qui
regroupait des autorités parmi les enseignants et les pédagogues des trois
cycles de l’enseignement, c’est dans cet espace que brilla l’étoile de
Hédi ; et peut-on avoir une transposition didactique mûrement
réfléchie et étudiée sans cette composition tripartie ?!
L’important c’était que les membres de cette commission formaient
une seule main qui a bâti les contenus des programmes d’arabe pierre après
pierre au cours de réunions hebdomadaires durant cinq années environ. Les
membres de cette commission se rappellent sûrement la règle qu’on avait adoptée
dans la construction des contenus des programmes et qui consiste à revenir
toujours aux connaisseurs du cycle concerné à qui revenait toujours
le mot de la fin.
Je me rappelle en tout cas que notre ami et collègue Mohamed Slaheddine
Cherif ne cessait , à chaque fois que l’occasion l’exige, de
rappeler cette règle dans son style particulier ,
en regardant les professeurs du secondaire et les inspecteurs et en
s’adressant au reste des membres de la commission, ce qu’avait
dit Al Asmai chaque fois qu’un désaccord se manifestait parmi
les anciens grammairiens qui étaient présents:
Taisez-vous , les bédouins sont à ma porte.
Dans ce contexte Il est de mon devoir de citer les noms
des membres de la commission sectorielle d’arabe, parce que ceux-là faisaient
partie de la famille éducative de Hédi Bouhouch avec qui il
entretenait d’excellents rapports, c’est là la preuve de
son caractère affable. Parmi les inspecteurs du primaire la commission
sectorielle comprenait le regretté Ezzeddine Rezgui, Abdelmagid ghreb,
Moheddine Ghrairi, et parmi les directeurs des écoles primaires Noureddine Ben
Youssef.
Et parmi les professeurs de l’enseignement secondaire il y
avait Mme Sihem Kabani et Abdessatar Chabbouh, et parmi les
inspecteurs de l’enseignement secondaire il y avait les regrettés Sadok Ben
Omrane, Abdelaziz Ben Youssef, Amor Saidane, et MM. Moncef Ladhar,Brahim Ben Salah, Ali Hemrit,
Ahmed ben Salem, Abdelaziz jerbi.
Et parmi les universitaires on comptait Med Slaheddine Cherif,Chokri
Mabkhout,Hamadi Sammoud,Salah ben Romdhane et Mohamed Chaouch, et ce qui
faisait ma fierté, en tant que conseiller du Ministre à
l’époque c’est que les membres de la commission sectorielle d’arabe
avaient l’habitude d’ôter leurs casquettes et les laisser hors de la salle des
réunions , et ils travaillent en équipe , avec pour unique
défi réussir leur mission , la grande mission de faire
évoluer l’enseignement de notre langue nationale et de permettre aux
nouvelles générations de connaitre l’univers de
création du génie de notre civilisation tout au long
de sa longue histoire.
Et pour donner une idée sur les questions scientifiques et pédagogiques
débattues par la commission sectorielle et sur certaines
contributions de Hédi , je cite qu’il est arrivé qu’un désaccord
entre les membres de la commission au cours de l’élaboration d’une
partie des programmes des deux premières années de l’enseignement de base
désaccord qui concernait sur la progression adéquate dans la
construction des compétences linguistiques relatives aux à
l’expression des nombres, et après de longues discussions ,les
membres s’étaient mis d’accord à réaliser une étude approfondie de
la question avant de prendre une décision ; l’étude fut réalisée par une
sous-commission et Hédi était parmi ses membres , et c’était lui qui avait
présenté les conclusions d’une étude remarquable qui dénote une
grande connaissance des questions de la langue et une
maitrise des procédures d’apprentissage des systèmes
linguistiques. Ce fut une réunion exceptionnelle qui traduit le niveau
qu’avait atteint la commission chargée de la réforme des programmes
de notre langue nationale à cette époque.
Hédi avait contribué d’une manière remarquable à la conception
du modèle de manuel scolaire adopté pour l’enseignement de la littérature arabe
au niveau du lycée depuis la réforme de 1991, sachant qu’il existe dans
l’histoire contemporaine des livres scolaires qui diffèrent surtout
par les outils pédagogiques au sens large du terme (structure et
contenu) selon les objectifs définis dans chaque modèle.
Cette question fut l’un des thèmes majeurs dans le programme de la
réforme, elle fut étudiée par la commission sectorielle sur la base d’une étude
circonstanciée pour la première fois dans l’histoire de la
production des manuels scolaires dans notre pays.
Dans ce cadre donc, la commission sectorielle d’arabe avait organisé une
journée d’étude consacrée à la question, à l’hôtel Amilcar, et ce fut une
journée mémorable au cours de laquelle des inspecteurs et des
universitaires avaient présenté des exposés sur les différents modèles de
manuels scolaires parus en Tunisie et dans quelques pays arabes et
européens (Allemagne, France, Italie). Et je me rappelle encore des
participants entrain de feuilleter avec beaucoup d’intérêt et de
soin de vieux manuels de lecture et de littérature édités en France depuis le
XIX°s, les plus anciens étaient très fragiles ces modèles nous ont
été présentés par Monsieur Mustapha Enneifer ,éminent inspecteur
général de l’éducation.
Je me rappelle aussi d’une analyse critique approfondie et
globale présentée par Hédi Bouhouch sur tous les manuels qui furent
utilisés dans l’enseignement de la littérature arabe dans notre
pays depuis les années soixante jusqu’au début des années
quatre-vingt-dix du siècle dernier. Et au cours de son exposé il
nous avait invité à visiter un petit stand qu’il avait aménagé dans un coin de
la salle, où il avait déposé des exemplaires de tous les manuels qu’il a
évoqués ; après la réunion j’ai appris que Hédi
possédait une importante bibliothèque qui
renferme tout ce qui a rapport avec l’enseignement de l’arabe dans
notre pays : manuels, les circulaires, rapports et recherches … j’ai su
par ailleurs que les questions de l’éducation en général
et de l’apprentissage e de l’enseignement de la langue arabe en particulier ont
rempli toute sa vie et ont représenté son principal combat dans son
existence.
Voilà quelques
feuillets de l’histoire de ma connaissance de Hédi Bouhouch que j’ai
côtoyé lors de ma mission de conseiller de Mohamed Charfi.
La vie des
grands s’arrête mais ils ne meurent pas car ils ont semé par leur carrière et
leurs travaux des grains qui vont pousser après eux et vont contribuer à
l’évolution et au progrès de l’histoire intellectuelle de leur pays, et à cette occasion
je me remémore deux vers du poème "la volonté de vivre», Abou
el Kacem Chebbi
Chacun est
appelé à disparaitre tel un beau rêve qui brille puis s’éteint
Et restent les
grains qui ont porté les richesses d’une
belle vie disparue
Que Dieu ait
pitié de Hédi BOUHOUCH, ce fut un homme de l’éducation exceptionnel
et un exemple de fidélité à l’école de la république dans notre pays
et un modèle du responsable patriotique et engagé pour les
générations.
Hichem RIFI,
Professeur d’arabe à la faculté des lettres de la Manouba
Tunis,
août 2017
Pour accéder à la version AR, cliquer ICI
شكرا جزيلا للأستاذ هشام الريفي على هذه الشهادة المتميزة في حق الزميل الهادي بوحوش إذ وقف فيها على خصال ثرة واستثنائية في فقيد التربية وفن التدريس
RépondreSupprimerرحم الله الأخ الهادي وشمله بعفوه وغفرانه
شكرا على تعليقك الرجاء تمكيني منة معرفتك مع كل التقدير
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