Le Blog Pédagogique propose à ses lectrices et lecteurs une circulaire datant de 1992 concernant l'instauration de la séance unique dans les écoles primaires, cette circulaire officielle évoquait pour la première fois la possibilité d’introduire la séance unique dans les écoles primaires tunisiennes. Contrairement à une idée reçue, il ne s’agissait pas alors d’une
généralisation systématique, mais plutôt d’une adaptation progressive
selon les spécificités de chaque établissement. Le texte soulignait ainsi la
nécessité d’étudier la situation des écoles au cas par cas, en tenant
compte des réalités sociales, éducatives et organisationnelles propres
à chaque région, qu’elle soit rurale, urbaine ou villageoise. Mais qu’est-il advenu de cette initiative ? Peu d’informations sont
disponibles sur ses effets réels, ce qui laisse penser qu’elle n’a pas eu
d’impact majeur sur le système scolaire. Pourtant, le débat autour de la réorganisation
du temps scolaire n’a jamais cessé de ressurgir. En 2010, un Conseil
ministériel[1] tentait de relancer l’idée en
décidant de lancer une expérimentation de la séance unique continue, la révolution de 2011
a enterré le projet Cinq ans plus tard, à la rentrée 2015, une nouvelle expérience pilote était mise en place dans 38 écoles des régions de l’intérieur. Cette fois, le ministère de l’Éducation affichait des ambitions plus précises : consacrer les après-midis aux activités culturelles et sportives. L’objectif était double : améliorer le bien-être des élèves et leur offrir un apprentissage plus équilibré. L’information avait alors été relayée par THOT Cursus[2], une référence en matière de veille éducative. En 2018, le ministre de l’Éducation Néji Jalloul allait plus loin
en annonçant un plan de généralisation progressive. 500 écoles primaires
devaient adopter la séance unique dès l’année scolaire 2018-2019, avec une
extension progressive sur cinq ans[3]. L’idée était simple : concentrer les cours
le matin et consacrer les après-midis aux activités périscolaires, tout
en instaurant un service de restauration scolaire. Mais cette réforme,
comme beaucoup d’autres, n’a pas eu le temps d’être pleinement appliquée, le
départ du ministre a mis fin à la réforme. En 2024, le ministre de l’Éducation nationale
Mohamed Ali Boughdiri remet le sujet sur la table. Dans le cadre d’une
nouvelle réforme du système éducatif, il annonce que le ministère œuvre
activement à la mise en place de la séance unique[4]. Mais
encore une fois le départ du ministre a mis fin au projet. Ce retour d’un projet maintes fois évoqué
mais jamais réalisé soulève plusieurs questions : Quels sont les véritables freins
qui bloquent cette réforme ? Et surtout, quelles leçons
a-t-on tirées des tentatives précédentes ? Au-delà
des discours et des annonces, l’histoire récente de l’éducation en Tunisie
montre que la réforme du temps scolaire reste un défi récurrent, oscillant
entre volontés politiques et réalités du terrain. La séance unique, si
elle devait être appliquée, ne pourra réussir qu’en répondant à trois
conditions essentielles : une infrastructure adaptée, une pédagogie
repensée et une véritable adhésion des enseignants et des familles.
Sans cela, elle risque encore une fois de rester un projet suspendu dans le
temps, à l’image de bien d’autres réformes éducatives inabouties. |
République
Tunisie Tunis 14 juillet 1992
Ministère de l'Éducation
et des Sciences
Circulaire n° 61 92
de la Direction
de l'Enseignement Primaire
Le Ministre de
l'Éducation et des Sciences
Aux
Directeurs
Régionaux de l'Éducation
et aux Directeurs des instituts Supérieurs de Formation des maitres
Objet : l’institution
de la séance unique dans les écoles primaires.
Dans le but de
rendre le régime du travail dans les écoles primaires plus souple et en tenant compte des particularités de
l'environnement et des possibilités des établissements scolaires, et soucieux
d'offrir un temps plus long, et un espace culturel meilleur aux élèves , il
a été décidé de commencer
d’appliquer la séance unique dans les écoles primaires où les
heures de travail pourront être réparties entre les salles sur la base de huit heures par salle, ainsi le
régime de travail sera donc le
suivant :
1.
Pour les premières et deuxièmes années
Les élèves font une séance de quatre heures le matin ou le
soir pendant cinq jours, et une séance de deux heures et demie le sixième jour.
(5 séances * 4 heures) + Une
séance de deux heures et 30 minutes soit au total 22 heures et 30 minutes.
2.
Pour le reste des années,
Les élèves font tous les jours une séance quatre heures le matin ou le soir,
qu’ils complètent par deux séances
de trois heures, ou trois séances
de deux heures.
(6 séances *4) + 2 séances de 3 h soit au total 30 heures,
Ou (6 séances *4) + 3 séances de 2 h soit au total 30 heures
Ainsi l’horaire de toutes les classes sera comme suit :
La matinée pour une classe
La première séance de 8h à
10h,
Une récréation de 10h à 10h
15 minutes,
La deuxième séance de 10h15 à 12h 15
L’après-midi : pour une classe,
La première séance de 12h 45 à 14h45,
Récréation de 14h45 à 15
heures,
La deuxième séance est de
15h à 17h.
Par conséquence, je vous prie d'étudier la situation des écoles primaires
qui sont de votre ressort , au cas par cas
en tenant compte des données sociales et éducatives qui sont
à votre disposition et aux résultats
de l'organisation pédagogique dans chaque école de la campagne , des villes et des villages,
et d’envoyer à la Direction de l'Enseignement
Primaire avant le 27 juillet 1992 la
liste des écoles qui vont fonctionner
selon le régime de la séance unique
, dont nous espérons qu'elles
seront nombreuses au cours de l'année scolaire 1992-1993.
Le Secrétaire
d’État auprès du ministre
de l'Éducation
et des Sciences,
Hatem Ben
Othman
Pour accéder à la version arabe, cliquer ICI
[1]
Les décisions du Conseil Ministériel restreint du 20 août 2010. Voir le
blog pédagogique, https://bouhouchakrout.blogspot.com/2024/12/decisions-du-conseil-ministeriel.html#more
https://akroutbouhouch.blogspot.com/2025/01/20-2010.html#more
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