dimanche 11 février 2024

Circulaire du 15 septembre 1944 relative à l’organisation régionale[1]

 

 


Le blog pédagogique présente  cette semaine une circulaire qui remonte au milieu des années quarante qui peut être considérée comme la première tentative de décentralisation de l’administration de l’instruction publique en Tunisie, qui s’est traduite à cette époque par la création deux directions régionales  de l’instruction publique, l’une au nord ouest au Kef et l’autre au sud à Gabes.

Ces créations  s’inscrivaient dans le cadre de la nouvelle politique entamée par les autorités coloniales  après la départ de l’armée allemande  qui a occupé la Tunisie de novembre 1942 au mois de  mai 1943, c’est une politique de reprise en main du pays : destitution de Moncef Bey en juin 43 , le Général de Gaulle rétablit le régime du protectorat par décret du 27 mars 1944…

Ces directions régionales dotées de plusieurs prérogatives administratives et pédagogiques peuvent être considérés comme  l’ancêtre des délégations  régionales de l’enseignement primaires, où l’inspecteur de l’enseignement primaire représente la première autorité puisque les deux  nouveaux directeurs régionaux étaient « placés sous l’autorité directe et le contrôle permanent » de l’inspecteur.

 

Comme  suite aux récentes décisions, de M. le Résident général[2], relative à l’organisation régionale, aux instructions données aux chefs de régions et chefs de circonscriptions, afin de mettre l’organisation administrative de l’Instruction Publique en harmonie avec ces décisions et instructions, j’ai décidé la création de deux directions régionales : l’une au Kef , l’autre à Gabès.

Les directeurs régionaux du Kef et de Gabès sont placés respectivement sous l’autorité directe et le contrôle permanent de MM.les inspecteurs de l’enseignement primaires de Tunis-Intérieur et de Sfax.

Leurs attributions sont fixées comme suit :

A.  - Administratives

1)   Ils représentent l’administration de l’instruction publique auprès du chef de région, assurent la liaison entre la région et la direction de l’instruction publique, sous l’autorité et le contrôle de leur inspecteur.

2)    Ils sont habilités auprès du chef de région avec mission de le tenir constamment informés du fonctionnement du service et de lui soumettre toute mesure susceptible d’avoir des répercussions sur le plan politique afin de permettre au chef de région d’exercer son rôle d’orientation , de coordination et de contrôle sur l’activité des services administratifs locaux » «  Circulaire résidentielle du 28 avril 1944).

3)   Ils représentent l’administration de l’instruction publique aux conseils de région, aux conseils administratifs régionaux, aux conseils administratifs de circonscriptions, aux conseils de Caïdat, ils adressent un compte rendu des séances à M. le Directeur de l’instruction publique, sous le couvert de  l’inspecteur  de l’Enseignement primaire.

4)   Ils adressent aux chefs de région et aux Contrôleurs Civils, chefs de circonscription le rapport mensuel prévu par la note 996 du 11 juillet de M. le Secrétaire général du gouvernement : rapport  mensuel sur «  l’activité générale du service, sans entrer dans la technicité de cette activité » ce rapport sera soumis à l’Inspecteur de l’enseignement primaire et contresigné par lui.

5)   Au cours de leurs déplacements dans la région, les directeurs régionaux devront entretenir des contacts étroits avec MM. Les contrôleurs Civils, Officiers des affaires indigènes , vice-présidents de Municipalité, Caïds, Khaiats, Khalifats, Cheikhs, Chefs de poste de Police, Gendarmerie, Fonctionnaires des autres administrations afin de pouvoir, éventuellement ,  renseigner le chef de la région sur les questions susceptibles d’avoir des répercussions sur le plan politique.

6)   Sous le couvert de l’inspecteur de l’enseignement primaire ils assurent l’exécution des instructions de M. le Directeur de l’instruction publique.

7)   La correspondance administrative sera acheminée par leur canal. Les directeurs régionaux formuleront leur avis sur les demandes qui leur seront   communiquées aux fins de transmissions.

8)   Ils pourront procéder à la demande de l’autorité supérieure, à certaines enquêtes

9)   Ils assureront le remplacement des maîtres en congé par des moniteurs  recrutés surs place

B.  Pédagogiques

1)   Ils contrôlent la marche du service scolaire dans la région, s’assurent que les horaires et programmes officiels sont appliqués et prennent avec les directeurs d’écoles les mesures qu’impose une bonne organisation pédagogique.

2)   Ils ont pouvoir de visiter toutes les écoles de la région et rendent compte à leur inspecteur de leur organisation pédagogique, de l’état des bâtiments, de tout ce qui peut intéresser leur bonne marche.

3)   Ils veillent à la fréquentation scolaire.

4)   Ils auront, particulièrement en vue, la formation technique des jeunes maîtres. Avec les directeurs d’école, ils travailleront à cette formation en assistant à des cours, en donnant des indications et conseils, en faisant des leçons modèles.

5)   Ils ont pouvoir d’inspecter, avec rapport d’inspection et note chiffrée, les instituteurs et institutrices titulaires de 6° classe , les instituteurs de langue arabe bilingues titulaires de 6° classe, les instituteurs et institutrices stagiaires et intérimaires, les moniteurs et les monitrices d’enseignement , les maîtresses -ouvrières donnant éventuellement un service partiel d’enseignement général.

6)   Ils pourront accompagner l’inspecteur dans ses visites.

7)   L’inspection des maîtres titulaires de la 5° classe sera comme par le passé, assurée par l’inspecteur et la transmission des rapports aura lieu directement  entre le directeur de l’école et l’inspecteur.

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Les attributions des directeurs régionaux sont nombreuses et importantes. Leur rôle est délicat.

Dans l’exercice de leurs fonctions, ils devront faire preuve d’activité, d’intelligence, d’une vision claire et rapide des problèmes qui leur seront soumis, d’habilité, de tact. Tout cela avec les autorités civiles et militaires de la région et avec leurs collègues et leurs subordonnés.

Ils auront à remplir leur rôle de chefs. Ils devront le remplir avec dignité sans raideur et une autorité faite à la fois de fermeté et de souplesse.

Directeur de l'instruction publique

G.GASTON

 

Pour accéder à la version Arabe, cliquer ici



[1] Bulletin officiel de la direction de l’instruction publique et des beaux- arts, Janvier 1944- décembre 1944, n°10 - 58° année.

[2] Il s'agit de Charles Mast (1889-1977)  , officier de l'armée, a participé à la campagne de l'Afrique du nord , il  fut le résident général en Tunisie ( mai 1943 - de février 1947), connu pour sa politique répressive et son refus du retour de Moncef Bey de son exil.

 

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