Les épreuves écrites des différents examens
nationaux ont démarré le premier juin dernier, et elles vont s’achever cette
semaine, avec les épreuves écrites du Concours d’Entrée aux Collèges Pilotes
les 16,17 et 18 juin 2016. (Voir le calendrier)
Présentation du Concours d’Entrée aux Collèges
Pilotes (CECL)
Le CECL est l’avant dernier né des
« examens nationaux ». Sa première session remonte à l’année scolaire
2006- 2007. Mais il ne fut institué officiellement qu’une année plus tard,
après l’amendement de la loi d’orientation[1] et la publication de l’arrêté d’organisation.[2]
Il s’agit d’un concours ouvert aux
élèves de la sixième année de l’enseignement de base, pour décrocher une place
dans un des collèges pilotes ; il est souvent confondu avec
« l’ancienne sixième », ou l’examen d’entrée en première année de
l’enseignement secondaire. En réalité, c’est un concours un peu particulier, où
les candidats de chaque commissariat régional de l’enseignement concourent sur
un nombre déterminé de postes prévus, dans un
seul collège, défini au préalable, selon leurs régions d’origine, par la
voie d’une circulaire, ( voir circulaire 2016), à l’exception des élèves des
gouvernorats du Grand Tunis qui sont autorisés à concourir pour 2, 3 ou
même 4 collèges pilotes, situés dans le Grand Tunis.
Ce système, (le même que celui appliqué
pour les lycées pilotes), engendre une certaine inégalité, et une disparité
entre les régions ; en effet, la moyenne du dernier reçu peut varier d’une région à une autre, et d’un
collège à un autre ; dans certaines régions, les élèves sont admis avec
une moyenne de 15 sur 20, alors que dans d’autres régions des élèves ayant
obtenus des moyennes supérieures à 16 n’ont pas réussi à rejoindre le collège
pilote de leur région[3].
Les Epreuves du Concours
Le concours comporte 5 épreuves :
Trois épreuves de langues (arabe, français et anglais), et deux épreuves
scientifiques (mathématiques et éveil scientifique)[4] ; toutes les épreuves ont le même
coefficient ; c’est le seul examen qui adopte ce principe, car sa fonction
essentielle est de sélectionner les meilleurs élèves, avec une formation
équilibrée.
Tableau des épreuves du CECP
Coefficient
|
Durée
|
Epreuves
|
1
|
1H
|
Arabe
|
1
|
1H
|
Français
|
1
|
45 mn
|
Anglais
|
1
|
1H
|
Mathématiques
|
1
|
1H
|
Eveil scientifique
|
§ L’épreuve
d’arabe : elle
est constituée d’un texte (de 10 à 15 lignes) accompagné de trois séries de
questions :
a)
Une première série de six questions qui portent « sur
l’analyse du texte et la prise de position par rapport à son contenu ».
b)
Une deuxième série de trois questions qui portent sur la
syntaxe et la conjugaison.
c)
Une dernière question qui porte sur la
« production d’un texte narratif de 10 à 15 lignes (avec une description
ou un dialogue, ou les deux à la fois).
§ L’épreuve de français : elle
« est composée d’un texte d’auteur court (une vingtaine de lignes) suivi de
questions portant sur la compréhension du texte, la syntaxe et la conjugaison
et la production d’un texte ».
§ L’épreuve d’anglais : elle est
constituée de trois parties : compréhension, langue et expression écrite :
a)
La compréhension part d’un court texte (support) suivi
de 2 ou 3 questions fermées.
b)
2 ou 3
questions de langue.
c)
L’expression écrite : qui peut prendre plusieurs
formes comme la réponse à deux ou trois questions, construction d’une phrase
avec un ensemble de mots proposés …
§ L’épreuve de mathématiques : elle
est constituée de trois problèmes qui couvrent le programme
§ L’épreuve d’éveil scientifique :
elle est constituée de 3 questions de physique et de trois questions de biologie.
§ Evolution du
nombre de collèges pilotes et des postes ouverts au concours
A la rentrée 2016-2017, il y aura 26
collèges pilotes répartis à travers tout le territoire de la république, avec
un collège par gouvernorat, à l’exception du gouvernorat de Tunis qui abrite
trois collèges, (voir la liste des collèges publiée par voie de circulaire),
alors qu’on ne comptait que 11 établissements en 2010 ; seulement la
taille et la capacité d’accueil varie beaucoup d’un collège à un autre, passant de 50 places ouvertes au concours
2016, ( dans les collèges de Zaghouan et
de Kairouan par exemple, et 250 places dans le collège de Sfax et 175 places
dans les collèges Ali Trad., de Tunis, et de Mégrine.
Graphique 1 : Evolution du nombre
de collèges pilotes
§ Les candidats
au concours
a.
Les candidats ne dépassent pas le tiers
des élèves de la sixième
En étudiant les candidatures, depuis la
création de ce concours (voir graphique ci-dessous), on remarque
que le nombre de candidats ne suit pas une courbe régulière ; ainsi, ce
nombre peut augmenter au cours d’une session, pour chuter la session suivante,
et vice-versa ; la session 2016 bat le record et le nombre de candidats passe, pour la première fois, la
barre de 50 milles. (Voir
graphique ci-dessous)
Graphique 2 : évolution du nombre
des candidats de 2007 à 2016
Mais, plus important que le nombre de
candidats, c’est la proportion de ces derniers, par rapport au total des élèves
inscrits en 6ème année de l’enseignement de base, qui est
intéressante à étudier ; à ce niveau, on constate que celle-ci ne dépasse
pas 29% ; ce taux nous paraît assez élevé pour trois raisons au moins :
la première est le caractère facultatif
du concours, la deuxième est le nombre de
places ouvertes par le concours qui reste très bas, malgré les nouvelles
créations de collèges ( moins de 4000), la troisième c’est qu’il s’agit d’un
concours destiné en premier lieu à une
élite. Mais les résultats enregistrés au cours des dernières sessions nous
incite à en douter, puisque nous enregistrons des taux d’échec étrangement
élevés : le taux de ceux qui n’arrivent pas à obtenir la moyenne oscille
entre 36 et 45% (voir graphique ci-dessous).
Graphique n°3 : taux des candidats
ayant obtenu une moyenne inférieure à 10 sur 20.
§ Les candidats
de la session 2016
La session 2016 a enregistré 52954
inscriptions (les présentés seront surement moins nombreux), soit une
augmentation de 5163 inscrits, par rapport à la session précédente. (Candidats
en 2015 : 47791).
§ Les jeunes
filles représentent la majorité
A l’image des autres examens nationaux,
les jeunes filles sont plus nombreuses que les garçons à se présenter à ce
concours (53.9%) - voir graphique ci-dessous - bien qu’elles
ne représentent que 49.10 % des élèves inscrits en 6ème année de
l’enseignement de base, au cours de l’année scolaire 2014-2015[5] .
Graphique n°4: Composition des candidats
inscrits par genre.
Cette situation n’est pas nouvelle ;
elle a marqué le concours depuis sa création. D’autre part, les jeunes filles surclassent
les garçons au niveau de la réussite, en décrochant les premières places, et en
enregistrant des taux de réussite supérieurs à ceux des garçons : ( on
entend par taux de réussite le % des
élèves ayant obtenus la moyenne à l’examen)[6].
Graphique n°5 : évolution des taux
de réussite par genre
En guise de conclusion
En guise de conclusion, nous émettons deux remarques :
La première insiste sur l’importance de
ce concours, en tant que source d’information sur l’état des acquis des
élèves : et ce malgré
son caractère facultatif, et bien que le taux de participation ne
dépasse guère le tiers des élèves inscrits en sixième année de l’enseignement
de base, le CECP offre au ministère de l’éducation et aux chercheurs des
informations et des indicateurs très précieux sur la qualité de l’enseignement
en Tunisie ; il serait souhaitable de publier un rapport analytique annuel sur les résultats
de ce concours.
La deuxième est relative à l’avenir de cet examen : il était prévu de généraliser cet examen et de le rendre obligatoire, depuis la session de 2015 ( voir le blog pédagogique ) ; le plan stratégique sectoriel pour l’éducation ( 2016 - 2020) a évoqué « la mise en place d’une évaluation obligatoire et générale à la fin du cycle primaire au cours de l’année scolaire 2016-2017, sans préciser la nature et la fonction de cette évaluation, mais en attendant cette échéance, le CECP continue à jouer sa fonction de sélection et d’orientation.
Bouhouch Hédi & Akrout Mongi, inspecteurs généraux retraités
Tunis , Juin 2016
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Circulaire 100-8 -2015 du 3 novembre 2015 des dates des examens années
2015/16
[1] La loi n°9 du 11 février 2008 modifiant et
complétant la loi d’orientation 2002- 80 du 23 juillet 2002 relative à l’éducation et à l’enseignement
scolaire , jort n°14 du 15 février 2008
[2] Arrêté du 14 mai 2008
fixant les conditions du concours d’entrée aux collèges pilotes et le régime
d’étude dans ces collèges.
[3] Le ministre de l'Education, Néji Jalloul, a
annoncé aujourd'hui 1er aout 2015, en marge de sa visite au gouvernorat de
Tataouine, que les collèges pilotes, seront exceptionnellement autorisés à
accepter les élèves, issus gouvernorats de l’intérieur du pays, ayant
réussi au concours de la sixième année de base avec une moyenne de 14/20.
Jalloul
a expliqué que cette décision a été prise à cause du nombre insuffisant de
collèges pilotes dans ces régions.
[5] Ces données concernent les écoles
publiques : au cours de l’année scolaire 2014 -2015 le nombre total des
élèves à l’école primaire est de 1066493 dont 513972 filles ( 48.2%) et 552522
garçons ( 51.8%) , en classe de sixième
année on comptait 157631 élèves dont 77385 filles ( 49.10%) et 80246 garçons (
50.90%)
Source : http://www.education.gov.tn/article_education/statistiques/stat2014_2015/tableau9.pdf
[6] On
ne dispose malheureusement pas de la composition par genre des élèves orientés
aux collèges pilotes
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