lundi 6 juin 2016

Rapport sur l’enseignement en Tunisie, présenté par feu Ahmed Soua et Abou al Kacem Mohamed Kerrou, à l’Union Générale tunisienne du Travail.


Hommage à notre grand frère et collègue, feu Ahmed Soua, 

Avant propos

Le 9 juin 2004, la famille éducative perdait l’un de ses fils, le professeur Ahmed Soua , l’inspecteur général de l’éducation, parti à la retraite en 1984 ; il est décédé  après un riche , par parcours scientifique et professionnel  lui qui s’était fait connaitre par son audace et par ses prise de position dans la vie publique en général et dans l’enseignement d’une façon particulière, il préférait le dialogue et cherchait à convaincre son interlocuteur par la preuve et la raison , il   collaborait avec ses jeunes collègues et s’acharnait à défendre le corps des inspecteurs pédagogiques  et leur indépendance.
Voilà donc 12 années déjà qu’il nous quitta ; le blog pédagogique a voulu honorer sa mémoire, en publiant des extraits d’un rapport qu’il avait écrit, avec feu Abou al Kacem Mohamed Kerrou, sur l’enseignement en Tunisie, et remis à l’Union Générale Tunisienne du Travail, mais auparavant présentons l’homme

Qui est Ahmed Soua ?
Ahmed Soua est né en 1924 dans le village sahélien de Ksar Hlal. Après des études primaires dans son village, il rejoint la grande mosquée, Az-zaituna, en 1937 ; de 1942 à 1946, il dirigea Al - Madressa Al Hilalya, fondée par son père feu Ali Soua, pour héberger les étudiants de la grande mosquée ; ensuite, il partit pour Le Caire et s’inscrit à l’Université Fouad premier, où il obtient la licence en 1952. Il rentra au pays et s’engage dans l’enseignement.
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Ahmed Soua avait des activités littéraires : le 10 février 1955, il donna une conférence devant la jeunesse littéraire hilalienne, au palais des associations à Tunis, sur Baha-Eddine : poète de la nature égyptienne et du peuple ; devant le succès de la conférence, il fut sollicité pour la présenter devant le public de la ville de Sousse, à la maison de l’enseignement, le 17 mars 1955. Il semble être engagé dans l’action syndicale dans les rangs de l’UGTT ,  pour preuve  sa contribution -  avec feu Abou al Kacem Mohamed Kerrou-  à la rédaction d’un rapport sur l’enseignement en Tunisie, et  qu’ils avaient remis à l’Union Générale Tunisienne du Travail au cours du mois de novembre 1954.
An mois de février 1958, Ahmed Soua fut arrêté et condamné à 5 années de prison, pour des raisons politiques ; il bénéficiera d’une mesure de grâce présidentielle, et libéré le 30 mai 1960, et retrouva sa fonction d’enseignant ; il intégra le corps des inspecteurs  d’arabe de l’enseignement secondaire  en  novembre 1970[1] ;  Ahmed Soua , l’inspecteur d’arabe, a participé avec ses collègues à rénover les contenus de l’enseignement de la langue et de la littérature arabe et aux différentes réformes de 1970 jusqu’à son départ à la retraite, il est considéré comme le père des inspecteurs d’arabe , il a été pendant longtemps leur coordinateur et leur président,  et membre du jury de recrutement des nouveaux inspecteurs pendant plusieurs sessions , l’un d’entre nous deux[2] l’avait connu , en 1973, alors qu’il était un jeune professeur stagiaire deuxième année, Ahmed Soua venait de  remplacer l’inspecteur Mohamed Rezgui appelé à des fonctions administratives ,  ce fut l’occasion de découvrir l’encadreur et le conseiller , respectueux  des potentialités des jeunes enseignants débutants , fraichement  diplômés de l’université tunisienne au début des années soixante dix, il était très ouvert et encourageait les innovations pédagogiques ,  il  lui  confia la direction du stage des étudiants de l’école normale supérieure en dépit de sa courte expérience et son jeune âge.
A coté de la mission d’encadrement et d’évaluation , Ahmed Soua  a consacré ses efforts à la recherche pédagogique  dans le cadre de l’Institut national des sciences de l’éducation de Tunis , où il travailla sur plusieurs thèmes comme le développement du vocabulaire, l’encouragement de la bibliothèque, la lecture suivie, les questions   civilisationnelles , la rénovation de l’enseignement de la littérature[3], il a en outre participé d’une manière remarquée au séminaire national sur le développement du vocabulaire tenu en 1974  sous la supervision du professeur Abdelmajid Attia, l’inspecteur général et directeur de l’INSE, à cette époque[4]
   En 1982, Ahmed Soua est promu Inspecteur général de l’éducation, en compagnie de Feu Mohsen Mezghanni ( arabe) , Feu Abdelmajid Dhouib ( Histoire géographe ) et le professeur Abdelkarim al Marrak ( philosophie) , cette nouvelle promotion avait demandé l’application  les termes de l’organisation  de l’administration centrale du Ministère en cours , qui font d’eux des membres de droit du cabinet du Ministre et ses conseillers , mais le directeur général des programmes  qui était le chef hiérarchique du corps des inspecteurs à l’époque  voulait les garder sous son autorité , pour ce faire il amenda le texte d’organisation de l’administration centrale mais les 4 inspecteurs généraux faisaient de la résistance , une sortie de crise fut trouvée en chargeant chacun d’entre eux d’une mission, c’est ainsi qu’on confia à mohsen Mezghanni le dossier de l‘école de Base , et le dossier du contrôle continue à Abdelmajid Dhouib , le dossier du stage pédagogique à Abdelkrim Marrak ,  Ahmed Soua  lui,  est chargé de relancer le bulletin pédagogique,  dans sa nouvelle série[5] ,il présida son comité de rédaction avec l’aide du professeur Abderrazak Hlioui, le bulletin a permis aux membres de la famille éducatif de publier  leurs réflexions et  d’échanger leurs point de vue sur les questions de l’éducation.
Grâce à lui , le bulletin a pu paraitre  d’une façon régulière , jusqu’à  sa retraite , on e souvient qu’il s’est porté volontaire de poursuivre sa mission si le ministère , je me rappelle , qu’il en a informé le Ministre , un mois avant la date de son départ à la retraite , sans recevoir de signe quelconque  qui l’aurait encouragé à continuer , il prit la décision de partir et de profiter de sa retraite.
L’autre visage  du militant Ahmed Soua , c’est sa participation dans la vie associative et en particulier aux activités de l’amicale des inspecteurs de l’enseignement secondaire depuis sa fondation au début des années soixante dix, suivant  la voie tracée par les pères  fondateurs comme Mohamed Rezgui ou Ahmed Al Fani et beucoup d’autres  qui croyaient en la mission de l’inspection pédagogique et fiers d’en faire partie, ils militaient  pour son indépendance surtout vis-à-vis e l’administration  et veillaient  sur la dignité de ses membres, ils avaient toujours rejeter  leur intégration dans   le cadre administratifs malgré les avantages  financiers ( postes fonctionnels…)
Ahmed Soua a présidé le comité de l’amicale durant plusieurs années , défendant les intérêts moraux et matériels de ses membres et  représentant le corps dans les différentes réunions importantes , l’amicale avait aussi pris l’habitude d’organiser des cérémonies à l’honneur de ses membres qui partent à la retraite et pour accueillir ses nouveaux  membres , nous nous rappelons de notre première participation  à ce type de cérémonie , ce fut à l’occasion du départ de nos collègues : Mohamed Mganem ( inspecteur de mathématiques ) , Abdelkrim Marrak ( inspecteur de philosophie)   et Melle Chakroun ( inspectrice de l’enseignement professionnel)
Qu’il repose en paix

L’histoire du rapport
Ce fut au cours du mois de Novembre 1954[6],  quelques mois après la visite  de Mendes France, président du Conseil du gouvernement de la  France, en Tunisie, le 31 Juillet 1954, et sa  rencontre avec le Bey de  la régence de Tunisie,  au cours de laquelle il  proposa  d’accorder  l’autonomie interne au pays,  alors que le pays menait, depuis 1952 , une résistance armée contre le présence  française en Tunisie.
Il semble, qu’à cette période, l’UGTT fondée en 1946  et le syndicat de l’enseignement avaient commencé à  préparer un projet de réforme de l’enseignement tunisien, afin qu’il soit prêt, avant la signature de l’accord d’autonomie interne ; la centrale syndicale et le syndicat de l’enseignement voulaient anticiper les négociations, et surtout les futurs accords culturels entre la France et la Tunisie, car tout le monde avait la certitude que les autorités françaises allaient chercher à préserver sa place particulière dans le pays, et à sauvegarder  les acquis de la culture française et la place de sa langue dans le futur système éducatif de la Tunisie indépendante.
Nous pensons que l’initiative des professeurs Soua et Kerrou d’écrire un rapport sur la situation de l’enseignement en Tunisie et son envoi à l’UGTT, s’inscrit dans cette optique.
Le professeur Kerrou n’a pas reproduit l’intégralité du rapport dans son livre, déjà cité précédemment, il s’est contenté d’en présenter un résumé très succinct en 15 points qui font l’état des lieux, et traduisent les grandes orientations défendues par les deux professeurs ; d’ailleurs le titre qu’ils avaient choisi est à lui seul tout un programme : Le chemin pour l’avenir. Il s’agit d’un document très important sur l’histoire des origines de la première réforme éducative, que nous avons voulu partager avec les amis du blog pédagogique.

Le document : le chemin de l’avenir

1.    Considérer la langue arabe comme étant l’unique langue officielle dans tous les niveaux de l’enseignement, et dans tous les services de l’Etat.


commentaire
l’importance de ce premier point réside dans le fait qu’il précise la place que devrait occuper la langue arabe ; c’est la langue officielle unique dans l’enseignement et dans la société ; c'est-à-dire que qu’elle doit être la langue d’enseignement de toutes les disciplines et de tous les niveaux de l’enseignement ;  elle doit être aussi la langue de tous les services  l’administration et du gouvernement ; ce point de vue appelle deux remarques :
1-    pour la première fois une demande d’utiliser la langue arabe dans l’administration est exprimée sans équivoque, alors qu’avant les demandes se limitaient à l’école.
2-   les auteurs ne font aucune allusion aux langues étrangères à l’école, quelle est la raison de ce silence ?

2.    Unification de tous les établissements et les instituts scientifiques, et de tous les programmes appliqués par ces établissements dans notre pays.
Commentaire
Sous le protectorat, plusieurs types d’enseignement coexistaient ; on y trouvait l’enseignement public et l’enseignement privé, l’enseignement laïc et l’enseignement confessionnel, l’enseignement français et l’enseignement « indigène » ; cette diversité a provoqué une dispersion et la poursuite d’objectifs au service de politiques éducatives contradictoires, et l’absence d’une politique éducative nationale ; c’est ce que proposent les deux auteurs du rapport.


3.    Faire que les futurs programmes scolaires de tous les niveaux d’enseignement visent à former le bon citoyen qui s’appuie sur une culture moderne et progressiste et qui est fier de notre patrimoine national.
Commentaire
Les auteurs insistent sur le concept de ‘ citoyen’ qui doit être l’objectif ultime de l’école : un citoyen ancré dans la modernité et« fier de son patrimoine ». Ce principe a été adopté par toutes les réformes éducatives depuis celle de 1958 jusqu’à la réforme de 2002/

4.    Création d’un grand nombre d’écoles professionnelles et techniques (industrie - commerce - agriculture).

commentaire
Ce point traduit une demande très ancienne (mouvement jeunes tunisiens). il s’agit de développer l’enseignement professionnel, afin de répondre aux besoins de l’économie ; pour les auteurs, la politique éducative doit être en rapport étroit avec l’économie ; ce point de vue est très en avance, les auteurs, de formation classique, n’ont pas appelé à conserver l’enseignement classique (enseignement général et l’enseignement religieux)

5.    Assurer la spécialisation professionnelle (la professionnalisation) dans les domaines des études d’une part, et dans les domaines du travail et de la fonction, d’autre part.

6.    Donner à la fille toutes les chances de scolarisation, et la préparer pour qu’elle puisse être un membre utile dans la société, tout en veillant à la protéger socialement, moralement et économiquement.

Commentaire
un appel très clair en faveur de l’enseignement de la fille (qui souffrait d’un déficit) ; mais cet appel est resté très général ; les auteurs n’ont évoqué ni l’égalité entre les deux sexes, ni l’obligation de la scolarisation des filles ; ils n’ont pas précisé quel type d’éducation ils voulaient pour la fille : est-ce une simple formation aux affaires domestiques, ou une formation générale ou même formation spécialisée qui prépare la fille au travail en dehors du foyer ?

7.    Multiplier les jardins d’enfants, et donner une formation pédagogique spéciale aux personnes qui en auront la charge.

Commentaire
Ce point traduit une vision avant- gardiste qui accorde à l’enseignement précoce une place importante dans le système éducatif, d’où leur appel à son développement ; ainsi les deux auteurs avaient-ils accordé aux catégories oubliées (femmes et enfants) une place dans leur projet ?


8.     Élargir l’enseignement secondaire, afin qu’il puisse accueillir tous ceux qui désirent poursuivre leurs études dans les écoles professionnelles ou scientifiques.

Commentaire
Il est à relever que dans ce point consacré à l’enseignement secondaire, le projet ne parle que ‘ d’élargissement’ pour répondre aux ‘désirs’, sans appeler à la généralisation, ni à l’obligation ; d’ailleurs nous remarquons l’absence de ces deux principes pour l’enseignement primaire que les auteurs ont passé sous silence.




9.    Veiller à créer l’université tunisienne moderne.
commentaire
En appelant à la création d’une Université tunisienne moderne, les auteurs n’avaient pas parlé ‘ de moderniser ou de réformer l’enseignement de la grande mosquée ; est-ce un oubli réfléchi ? Pensaient-ils à une nouvelle université où la Zitouna serait une faculté parmi les autres. il est difficile de trancher. (Rappelons que le gouvernement de l’indépendance a décidé de créer l’université Az-zaituna en 1956, et a nommé Mohamed Tahar Ben Achour comme doyen, alors que l’université de Tunis ne fut créée que plus tard (1960)

10.        Élargir les missions scientifiques vers l’orient (le monde arabe) et vers l’occident ; accorder des facilités et des aides aux étudiants, comme les crédits ou autres, et les superviser à l’intérieur et à l’étranger.

Commentaire
Ce point semble être en contradiction avec le point précédent, car l’appel à augmenter le nombre d’étudiants tunisiens envoyés à l’étranger ne peut guère se justifier dès lors qu’on parle de lancer une université à Tunis.

11.        Reconnaître les diplômes des universités de l’orient, une reconnaissance administrative et scientifique totale, de telle manière qu’ils aient les mêmes droits, les mêmes devoirs et les mêmes avantages que les diplômes délivrés par les universités occidentales ; et nous attirons, à ce propos, votre attention, que cette question est traitée par les autorités officielles avec beaucoup de négligence, bien qu’elle soit en rapport direct avec notre avenir culturel.

Commentaire
Ce point traite de la  question épineuse de l’homologation des diplômes obtenus par les étudiants tunisiens dans les universités des pays arabes (nos deux auteurs  étaient des diplômés de ces universités) . Ceux-ci n’étaient traités de la même façon que les diplômes obtenus dans les universités françaises ; la question de l’homologation divisait : pour les uns, elle devrait  se faire en se référant au plus haut diplôme tunisien connu sous le nom d’AL Alimya, délivrée par l’Université Az-zaituna ; pour le gouvernement, elle devrait se faire en se référant aux diplômes de l’Université tunisienne ; la question fut tranchée par le Ministre M. Messadi dans la conférence de presse tenue le 16 avril 1960 dans les termes suivants : «  je voudrais dire que la question de l’homologation des diplômes doit être posée d’une manière opposée à celle communément perçue ; les seules diplômes qui ont tous les droits et tous les avantages sont les diplômes universitaires tunisiens ; quant aux diplômes étrangers, la seule valeur qu’ils auront, c’est celle que lui accorderait les arrêtés officiels d’homologation ; je dis cela pour démentir les illusions de ceux qui se demandent quels sont les diplômes qui seront homologués avec les nôtres ».   


12.        Contrôle de toutes les institutions scientifiques étrangères qui sont installées dans notre pays ; le contrôle devrait concerner ses programmes et la manière dont elles traitent nos enfants qui les fréquentent.

commentaire
Les auteurs traitent avec ce point une question très importante, c’est le droit de regard et de contrôle que devrait exercer l’Etat sur les institutions scolaires étrangères établies dans le pays (contrôle des programmes …), les auteurs sous entendent les risques de déracinement (religieux et même idéologique) que peuvent encourir les élèves tunisiens qui fréquenteraient ce type d’établissement.


13.        Lutter contre tous les « marchands du savoir » et tous ceux qui exploitent les besoins scolaires de notre peuple, que ça soit par les écoles ou par les manuels et les livres.

14.        Une attention particulière à l’élaboration des manuels scolaires et à l’édition en général (presse, cinéma, radio, théâtre)

15.        Un grand soin pour les organisations de jeunesse, en accordant les facilités et les aides à toutes les activités culturelles, sportives et sociales de la jeunesse. »

Fin du document

Hédi Bouhouch & Mongi Akrout, Inspecteurs généraux de l’éducation
Tunis , Mai 2016

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[1]  Voir la liste d’aptitude , JORT  n°52  du 13-17 novembre 1970 , la liste comprenait 16 noms classés par ordre alphabétique français.
[2] Il s’agit de Hédi Bouhouch
[3]  A participé avec MM Bahri Bahri, Hédi Bouhouch et Abderrazak Hammami  à la réalisation d’une étude intitulée : L’enseignement de l’arabe pour les classes terminales de l’enseignement secondaire  entre 1959 et 1984, qui a été publiée en 1986 par INSE (en°27)
[4]  Le séminaire a vu la participation d’inspecteurs, de conseillers pédagogique et de professeurs qui étaient chargés d’enseigner cette discipline : développement du vocabulaire
[5]  Le premier numéro de la nouvelle série est paru au mois de Mai  1983 , le Ministre Mohamed Frej Chedly signa l’éditorial comme se fut le cas du premier numéro de la première série dont l’éditorial fut signé par le Ministre Mahmoud Messadi
[6]  Le journal Assabah   avait publié dans son numéro du 7 janvier 1955 un comte rendu  du rapport , c'est-à-dire un peu plus d’un  mois après avoir été remis à l’union générale ; quant à nous , nous avons utilisé le résumé inclus dans l’annexe 3 de l’ouvrage de Abou Al Quacem Mohamed Kerrou : l’enseignement tunisien entre le présent et l’avenir , la première édition , imprimerie Attaraqui , 8 rue du Caire , Tunis, PP 47 et 48.

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