lundi 13 juin 2016

Le diplôme de fin d’étude de l’enseignement de base général



Dans quelques jours démarreront les épreuves du diplôme de fin d’études de l’enseignement de base (général et technique  ( 13,14et 15 juin) ; (Cliquer ICIpour voir le calendrier),  à cette occasion , le blog pédagogique  présente à ses lecteurs cet examen et les caractéristiques de la session 2016  

     
  

1.    Présentation de l’examen

a.    Un diplôme né avec la réforme de 1991
Le DFEEB est un examen relativement récent ; il fut institué par la réforme de 1991, (art 10), et la mise en place de l’enseignement de base.
Un décret publié en juin 1992[1] le définit dans ces termes : « l’examen du diplôme de fin d’études de l’enseignement de base est un examen national organisé…à la fin de la neuvième année de l’enseignement de base. »  (art.1) ; « Il se déroule à la fin de chaque année scolaire, en une seule session »,( art .2.)
Cet examen avait trois fonctions en même temps :
§  La première est une fonction certificative, qui permet de donner à ceux qui réussissent l’examen un diplôme qui atteste le niveau scolaire de son détenteur.
§  La deuxième est une fonction d’orientation, puisque le passage   à la première année l’enseignement secondaire dépend de la réussite à cet examen et l’obtention du diplôme.
§  La troisième fonction est une fonction de sélection, ou de concours pour l’accès aux lycées pilotes.
Après quatre sessions (la première session a eu lieu en Juin 1998).  En 2002, un amendement de la loi de 1991 enleva le caractère obligatoire    du DFEEB ,  le passage de l’enseignement de base à l’enseignement secondaire se fera en fonction des résultats du contrôle continu, ainsi l’examen perd la deuxième fonction  mais il garde les deux autres fonctions et il se transforma de fait en un concours d’entrée aux lycées pilotes[2].
2. Les épreuves et les coefficients

 L’examen comprend 5 épreuves : Trois épreuves de langues et deux épreuves scientifiques, avec un poids équivalent pour les deux groupes d’épreuves (voir tableau ci-dessous)
Epreuves
Durée
coefficient
Rédaction arabe
2 H
2
Etude de texte français
2 H
1
Etude de texte anglais
1H
1
Mathématiques
2 H
2
SVT
2       H
2

3. Les candidats de la session 2016
§  Un effectif en baisse
Depuis la décision de rendre le DFEEB facultatif en 2002, le nombre de candidat a chuté (voir le graphique ci-dessous) , ils ne sont plus qu’une trentaine de milliers qui se présentent à l’examen depuis 2011 ( soit environ le tiers des inscrits en neuvième année de l’enseignement de base), alors qu’ils étaient environ 160000 en 2001. L’examen n’est plus un enjeu que pour les bons élèves qui veulent rejoindre un des lycées pilotes et pour une autre catégorie d’élèves qui veulent tester leur niveau et expérimenter ce type d’épreuve en vue de se préparer à l’examen du baccalauréat.
Graphique n°1 : l’évolution des candidats


§  Un effectif qui provient essentiellement des collèges publics
Graphique 2 : composition par type ( Statistiques 2009 )



§  Une supériorité  des filles : pour la session 2016 les  filles 
§  représentent environ 60 % des candidats (voir graphique ci-dessous)

Graphique  n° 3 :  composition par genre ( session 2016)


La  supériorité n’a cessé de s’accentuer au fil des années   , la part des filles passant de 51,13% en 1998 à 55,88% en 2004

  Graphique  n° 4 : Evolution de la composition par genre

4.    L’examen se transforme de fait en un concours d’entrée aux lycées pilotes
Depuis l’année scolaire 1997-98 le DFEEB a remplacé le concours national prévu par le décret 92-11-1184 du 22 Juin 1992 portant l’organisation des lycées pilotes.

Depuis la session de 2002 , l’examen du DFEEB tend à devenir un concours d’entrée aux lycées pilotes ,mais avec la multiplication des lycées pilotes , ce « concours » n’a plus un caractère national ,  il est devenu   un « concours régional »  dans la mesure où les  candidats concourent sur de postes prévus dans un  seul lycée défini au préalable par une circulaire au moment de l’inscription à l’examen et  qui se situe dans sa région d’origine ou dans une région proche , à l’exception des élèves des gouvernorats du grands Tunis qui sont autorisés à concourir pour 2 , 4  lycées situés dans le grand Tunis .

Ce système engendre une certaine inégalité et une grande disparité entre les régions ; en effet la moyenne du dernier reçu varie d’une région à une autre, et d’un lycée à un autre ; dans certaines régions, les élèves sont admis avec une moyenne de 15 sur 20 et même moins, alors que dans d’autres régions des élèves ayant obtenus des moyennes supérieures à 16 n’ont pas réussi à rejoindre le lycée pilote qui leur est affecté alors que leurs parents étaient prêts à l’inscrire dans un autre lycée .

Remarque : il faut peut être signaler que l’examen DFEEB offre pour les élèves qui n’ont pas obtenu une moyenne générale aux examens du contrôle continu, au cours de l’année, et qui sont condamnés à redoubler ou même à l’exclusion, une chance de passer à l’enseignement secondaire, en cas de réussite au diplôme ; ils sont quelques dizaines à gagner ce pari : 117 en 2003, et 256 en 2006.

4       .La circulaire 13-8-2016du 17 février 2016 ( cliquer ici pour accéder à la circulaire)
Chaque année, le ministère publie une circulaire qui rappelle les conditions d’accès aux lycées pilotes ; la liste de ces lycées et la capacité de chacun d’eux ; la circulaire de 2016 nous apprend ceci :

§  L’ouverture de nouveaux lycées pilotes : la liste comprend 23 lycées  et 3100 places ( en 2011/2010,  on comptait 14 lycées pilotes avec une capacité de 1819 places ; en 2015/2016, il y avait 16 lycées pilotes avec une capacité de 2775 places), c'est-à-dire que 6 nouveaux lycées vont ouvrir leurs portes à la rentrée 2016/2017, dans les gouvernorats de Ben Arous , Zaghouan, Béja, Seliana, Tozeur, Kebili ,Tataouine.

§  Que seuls deux gouvernorats restent encore sans lycée pilote ; il s’agit du gouvernorat de Manouba et Mahdia.

§  Que la capacité des classes de première année varie beaucoup d’un lycée à un autre ; on enregistre les plus grandes capacités au lycée pilote Bourguiba de Tunis, avec 300 places, et le lycée pilote de Sfax avec 275 places ; les plus faibles capacités se trouvent dans les nouvelles créations (50 places) pour Kebili, Tozeur et Tataouine.

En guise de conclusion : quelle place pour les lycées pilotes dans le système éducatif tunisien ? Nous posons cette question, au moment où les commissions techniques planchent sur la prochaine réforme, au moment de la création de ce type d’établissements ( on a commencé par la création de deux lycées pilotes à Tunis et à l’Ariana au début des années 80 ), l’objectif était de former une élite de compétences sélectionnées à la fin de l’école primaire en fonction des résultats du concours d’entrée en première année de l’enseignement secondaire, ces deux lycées devraient jouer le rôle de laboratoire pédagogique où l’on teste de nouvelles approches avant de les généraliser sur le reste des établissements.
Mais l’expérience ne fut jamais l’objet d’un suivi et d’une évaluation continue (une seule évaluation fut effectuée au cours des années 90 qui était centrée sur les objectifs de la formation et sur l’avenir des diplômés), avec l’entrée en vigueur de l’enseignement de base en 1989 , le recrutement des élèves est reporté à la fin de la neuvième année , les lycées pilotes perdent petit à petit de leurs spécificités , ils se « normalisent » on y trouve aucune tentative d’innovations , seuls leurs élèves brillants et studieux les distinguent des autres établissements , mais eux aussi suivent  les mêmes programmes , font des cours particuliers !! et passent le même examen national .
Nous estimons que ces établissements ne jouent plus aujourd’hui la fonction de locomotive qui tire le reste des établissement vers le meilleur et l’excellence et qu’il est temps de repenser leur raison d’être et de procéder à une évaluation systématique pour décider le leur avenir .

 Hédi Bouhouch &Mongi Akrout , Inspecteurs généraux de l'éducation
Tunis , Juin 2016





Diplôme de fin d’études de l’enseignement de base général
               

 






[1] Décret n°92 1181 du 22 juin 1992 , fixant les modalité de l’examen du diplôme de fin d’ études de l’enseignement de base.

[2] Décret 581 du 12 mars 2002 modifiant le décret n°92 1181 du 22 juin 1992 , fixant les modalité de l’examen du diplôme de fin d’ études de l’enseignement de base.jort n°24 , du 22 mars 2002.



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