« …L’organisation
actuelle de notre enseignement pose des problèmes que nous devons examiner avec
courage et lucidité .Il est normal, qu’au bout d’une expérience de dix ans, une
révision de notre système s’avère nécessaire… »
Avant
propos
La
loi de 1958 est restée en vigueur, du point de vue juridique, jusqu’au 29 juin
1991, date de son remplacement par la nouvelle loi de la deuxième grande
réforme éducative, (1991), dans l’histoire de la Tunisie indépendante.
Mais,
entre 1968 et 1988 le système éducatif a connu plusieurs réformes qui ont cherché
à adapter le système à l’évolution de la réalité, sans toucher pour autant la
loi de 58. Parmi ces réformes, on peut citer les réformes de 1969 avec le
ministre Ahmed Ben Salah, suivie par les réformes de Mohammed Mzali au cours
des années soixante -dix ; enfin la dynamique de la fin des années quatre
vingt qui a préparé le terrain à la deuxième grande réforme de 1991[2].
I.
Le contexte des réformes de 1967
En 1967, la réforme s’approche de la fin
de sa première décennie, et le plan décennal de développement éducatif, qui
couvre la période de l’année scolaire 1959- 60 à l’année scolaire de 1968- 69,
approchait de son terme.
Le gouvernement décida d’anticiper et de
lancer une grande opération d’évaluation, dans un contexte marqué par un
malaise et une crise qui a touché le pays :
Sur le plan intérieur, le pays traversait une crise
économique, suite à l’échec du modèle de développement adopté par le congrès du
parti au pouvoir, ( le néo- Destour), qui a opté pour le système coopératif,
dont l’architecte était le ministre Ahmed
ben Salah ; le pays a connu des mouvements de contestations populaires et
des mouvements des étudiants, en juin 1967, après le congrès de Korba de l’union générale
des étudiants tunisiens ( UGET), et l’émergence d’organisations de tendances gauchistes,
et d’autres fervents du nationalisme arabe. Toute cette agitation a inquiété le
régime.
Sur le plan international, le contexte fut marqué par la guerre
israélo-arabe et par la défaite des armées arabes ; la débâcle avait aggravé
la division des dirigeants arabes sur la question palestinienne ; la
plupart d’entre eux étaient hostiles à l’approche du président Bourguiba qu’il
a exprimée, lors de sa visite en Palestine en 1965, (discours de Jéricho) ;
même la rue de Tunis a manifesté son hostilité à la position de son président.
I.
L’évaluation de la réforme de 1958.
a.
La mission de la commission d’évaluation
et les motifs du diagnostic.
En 1967, c'est-à-dire huit ans après ses
débuts, une vaste opération d’évaluation de la première réforme scolaire[3] est lancée par le chef de
l’état, au cours de la première réunion de la commission constituée
spécialement pour cette tâche, le 31 janvier 1967. Le président de la
république a fait le constat suivant : « …l’organisation actuelle de notre
enseignement pose des problèmes que nous devons examiner avec courage et
lucidité .Il est normal, qu’au bout d’une expérience de dix ans, une révision
de notre système s’avère nécessaire » Il avait précisé sa mission dans les termes suivant « nous devons examiner, un à un, les problèmes
concrets, et essayer de leur trouver des solutions adéquates ; ainsi par
exemple , les déchets de l’enseignement primaire sont très importants. …C’est
un problème qui mérite d’être sérieusement examiné ; certains mettent en
cause le niveau des maîtres, la conception des programmes ou la surcharge des classes ;
nous devons examiner tous ces éléments, et trouver des remèdes… » Il a appelé la commission à donner son avis sur le
rythme actuel de la scolarisation, et s’il faudrait le maintenir ou le
ralentir ? Et sur le rendement de l’école, le président a insisté sur le
fait, qu’aujourd’hui, la question qui se pose aux responsables du pays est si
la réforme en cours est en train de « rapprocher
le pays de ses objectifs, et s’il est possible de le rapprocher à moindre frais,
ou plus rapidement aux mêmes frais ? »[4]
La commission de l’enseignement présidée
par Ahmed Ben Salah, le secrétaire général adjoint du parti, fut scindée en
trois sous- commissions : une pour l’école primaire, la deuxième pour
l’enseignement secondaire, et la troisième pour l’enseignement supérieur.
b.
Les conclusions de la commission
La commission avait
traité toutes les questions en rapport avec l’école primaire tels que la langue
d’enseignement, le rendement de l’école et des enseignants ; elle a
commencé par établir un diagnostic, et elle a avancé des recommandations pour chaque
thème.
La commission
« a estimé qu’il importe de rester fidèle à l’option fondamentale, déjà
adoptée, qui a fait de l’arabisation de l’enseignement un objectif national
devant aboutir, à l’épanouissement de la personnalité tunisienne, et à l’authentification
de notre civilisation auprès des générations auxquelles s’adresse cet
enseignement ». La commission « croit profondément à la nécessité de
maintenir notre civilisation ouverte à tous apports humains , grâce à
l’enseignement les langues vivantes et à la connaissances des littératures
étrangères » …Dans cette optique, la commission « fait observer
que l’emploi de la langue
française, pour l’enseignement des
sciences, est une nécessité inéluctable, dans cette phase transitoire que traverse notre pays, en
attendant que soit consolider les bases
de notre université et renforcer les
structures de notre enseignement national.
Sur cette base, la commission a fait les
trois recommandations suivantes :
¨
Le maintien de l’arabisation de l’enseignement dans
les premières années du cycle primaire.
¨
Poursuivre l’usage des deux langues « dans les
années suivantes du cycle primaire, une fois que l’enfant se sera familiarisé
avec la langue nationale »
¨
Exiger un diplôme d’arabe ou des études en arabe à
l’échelle de l’université, de tout candidat à une licence, qu’elle soit de
lettres, ou de sciences ; ainsi se formera un cadre universitaire capable
d’enseigner toutes les disciplines et de rédiger en arabe.
b.
Le rendement de l’enseignement
La commission a estimé que le rendement
du cycle primaire « laissait à désirer, le nombre des élèves qui accèdent
aux cycles secondaire et moyen ne dépasse pas 40% de l’effectif total, en dépit
de la complaisance manifeste à l’examen ;
elle a constaté également qu’un pourcentage considérable d’élèves ne réussit
pas à poursuivre l’enseignement moyen, et que rien n’a été prévu pour récupérer » et les
préparer à affronter la vie, avec des
chances de réussir ; les études ont révélé qu’un l’élève passe en moyenne 8 années, au lieu de
six, et que le taux de redoublement
avait atteint 30.5%, au cours de
l’année scolaire 1967/68, et le taux d’abandon approchait 7%.
Au
vu de ce diagnostic très inquiétant, la commission avait formulé les quatre propositions
suivantes :
·
« Fixer pour objectif à l’enseignement primaire (
EP) de faire parvenir tous les élèves au terme de cet enseignement, afin de
leur assurer l’accès à un autre cycle d’enseignement ou de formation. »
·
« Orienter les élèves qui terminent avec succès
l’EP vers l’une des sections de l’enseignement secondaire(ES) :
scientifique, littéraire, technique, agricole ou
économique »
·
Orienter les élèves qui ont obtenu des moyennes
insuffisantes pour accéder au cycle secondaire vers la formation
professionnelle ( FP) industrielle, commerciale ou agricole pour en faire des
ouvriers qualifiés ou spécialisés »
·
Diriger tous les défaillants au niveau de la sixième
année vers l’apprentissage d’un métier pour en faire des ouvriers habiles
capable de s’intégrer dans un circuit productif. »
c.
Le cadre enseignant
La
commission constate que « la généralisation de l’enseignement et la
multiplication du nombre des écoles ont
imposé au secrétariat d’état un recrutement intensif des instituteurs, mais les
prévisions du plan décennal de l’éducation estimaient que les besoins ne seront
couvert qu’en 1971 ; et comme les écoles normales ne formaient pas encore
suffisamment d’instituteurs et « qu’un nombre d’instituteurs expérimentés
ont été détaché à l’enseignement secondaire, force a été de recourir au
recrutement de catégorie de moniteurs qui n’avaient pas les compétences
nécessaires et la qualité de l’enseignement n’a pas manqué de s’en ressentir. »[7]
La commission a fait les six recommandations
suivantes :
·
« Se passer des moniteurs et notamment de ceux
qui n’ont pas réussi à s’adapter à la fonction d’enseignant, et les reclasser
dans d’autres fonctions. »
·
« Renoncer au recrutement de jeunes gens ne
justifiant pas de cinq ans d’études secondaires au moins, sauf nécessité
impérieuse, et sous réserve de les former valablement ».
·
« Définir une méthode rationnelle pour relever le
niveau culturel et professionnel des moniteurs, afin de déceler les éléments doués,
et en permettre au plus grand nombre possible de s’intégrer dans le cadre
instituteurs »
·
« Dispenser les directeurs des écoles de la
gestion des cantines scolaires pour qu’ils se consacrent à la direction de leur
établissement et des questions pédagogiques »
·
« Encourager les jeunes à faire carrière dans l’enseignement,
par des mesures incitatives comme :
-
Le reclassement de la fonction d’enseignant dans le
cadre de la fonction publique
-
Révision des méthodes d’orientation vers les écoles
normales en laissant le champ libre au choix spontané basé sur la conviction
intime des intéressés et sur la noblesse attachée à la carrière d’éducateur. »
-
Concession de certains avantages matériels en sus de
la gratuité
-
Possibilité pour les meilleurs éléments des écoles
normales d’accès au concours d’entrée à l’école normale supérieure et à l’école
des professeurs adjoints »
·
Augmenter le nombre des inspecteurs et des inspecteurs-
adjoints et réviser les méthodes de leur recrutement en adoptant le voie du
concours ».
d.
La taille des classes[8] : les études ont monté que l’effectif par classe est élevé ;
la moyenne en première année est de 46.35 ; elle baisse en fin de cycle
pour atteindre 36.15[9], mais cette moyenne cache des
réalités différentes selon les régions du pays ; en effet, la moyenne
atteint parfois 50 et même 60 dans les écoles de la ville de Tunis, alors
qu’elle chute à 30 dans les écoles de Sfax ou de celles de Gabès.
Si la commission considère que la taille des classe est parmi les
facteurs qui pourraient affecter la qualité de l’enseignement , elle n’en voit
pas moins que la taille maximale de la classe ne devrait pas dépasser 40 ou 45
élèves ; bien qu’elle était consciente qu’une telle mesure implique une
augmentation au niveau des salles er au niveau des enseignants, la commission a
recommandé de ne pas dépasser 44 élèves par classe, et de faire une enquête générale
pour avoir des données précise par gouvernorat et par milieu .
e.
Les programmes d’enseignement
La commission a préféré confier les
questions des programmes et de l’horaire et sa distribution à des commissions
techniques spécialisées, mais elle a néanmoins attiré l’attention sur trois
aspects qui sont :
¨
l’insuffisance de l’éducation sociale (religieuse,
morale et formation civique)
¨
l’horaire trop court impartie à l’enseignement de
certaines matières fondamentales telles les langues et le calcul ; ce qui
oblige souvent l’instituteur de sauter certaines phases que chaque leçon doit
théoriquement comporter : (la révision, l’exposé et les exercices
d’application).
¨
« l’absence des travaux manuels et des
enseignements pratiques, ce qui donne à notre enseignement un caractère
théorique et abstrait, et qui pousse les élèves à tourner le dos à
l’enseignement professionnel… »
La commission présenta dans ce domaine
quatre recommandations :
·
« Réserver dans les programmes de tous les
niveaux une large place aux travaux manuels et aux exercices de travaux
pratiques qui inculquent à la jeunesse l’amour de l’effort, de la production,
de la mise en valeur de la terre et le désir d’acquérir habileté et tour de
main ».
·
« Etablir une relation très étroite entre les
programmes scolaires et le milieu social et économique de l’élève, de telle
sorte que l’élève aura, dans les régions rurales, à pratiquer en cours de sa
scolarité des travaux agricoles et d’élevage … de même que l’élève aura dans
les villes et les villages à mettre en œuvre ses connaissances scolaires en
pratiquant les métiers en honneur dans son milieu. »
·
« Construire, dans toutes les écoles, des salles
équipées en vue des travaux manuels ainsi que des jardins scolaires dans les
écoles rurales et des centres d’élevages … »
·
« Recourir à la télévision pour l’organisation de
cours types destinés aux enseignants en vue de perfectionner leurs
méthodes. »
f.
L’horaire hebdomadaire
La
commission a considéré que l’horaire actuel est « nettement
insuffisant » ( 15 h en 1er année, et 25 h pour les autres
niveaux ; voir tableau ci-dessous), et elle a recommandé de le revoir vers
la hausse, « pour répondre à un besoin urgent d’agir rapidement sur les résultats
l’enseignement primaire et de relever le
niveau des élèves candidats à l’enseignement secondaire et de les mieux
préparer à suivre ses programmes. La commission a recommandé d’augmenter
l’horaire de 5 heures pour tous les niveaux, d’une façon échelonnée en
commençant par la 6ème, afin de renforcer la formation de ces élèves
en français et en calcul, car l’examen de la sixième a révélé trop de lacunes
chez certains élèves .Cet avis n’a pas obtenu l’unanimité de tous les membres
de la commission ; certains membres « proposaient de commencer par la
première année pour remonter jusqu’à la sixième. Cette proposition fut rejetée
car elle fait retarder de six ans les effets de la réforme, et que si on
choisit de commencer par le bas les besoins en instituteurs triplera car la 1er
renferme le plus gros des élèves. »
g.
Le manuel scolaire
Il faudrait rappeler que les manuels
scolaires, sous le protectorat, provenaient de la métropole pour les matières
enseignées en français, et de l’orient arabe pour les matières enseignées en arabe.
La commission a relevé le manque de
manuels scolaires destinés aux écoles primaires, sauf en manuels de lecture. La
commission expliqua ce manque par le « peu d’empressement des auteurs, et
par les difficultés de l’impression et de l’édition. Pour faire face à cette situation,
la commission a fait quatre propositions :
·
Réviser les méthodes de contrôle des manuels, et créer
à cet effet un comité national composé d’enseignants aux compétences
confirmées… qui aura la tâche de susciter des vocations d’auteurs valables, et
de provoquer dans leurs rangs une saine émulation. »
·
Organiser l’édition et la diffusion pour obtenir le
livre le meilleur, au meilleur prix, et dans les meilleurs délais. »
·
Assurer la tunisification du livre scolaire, pour en
faire, par ses textes, par l’image qu’il donne de la vie, par sa présentation
un instrument adapté au caractère
évolutif de la science et de la civilisation dans le monde. »
·
Consolider le manuel par d’autres moyens didactiques (moyens
audio- visuels, images fixes, magnétophones, télévisions, cartes…) pour mieux expliquer
les leçons et aider à l’assimilation.»
2.2
- A propos de l’enseignement secondaire[10]
a. Enrichir les objectifs
de l’enseignement secondaire
La commission de l’ES a tenu, d’abord, à confirmer les
trois objectifs déjà définis par la loi de 1958, et plus précisément par
l’article 14.( assurer aux jeunes une formation et une culture générale, former
les cadres moyens techniques ou non spécialisés nécessaires à tous les secteurs
d’activité, découvrir les sujets doués et aptes à poursuivre des études
supérieures).
La commission a proposé d’ajouter d’autres objectifs que
l’ES devrait chercher à atteindre, comme l’objectif « d’inculquer à la
jeunesse tunisienne une culture authentiquement tunisienne ; et adopter
des programmes et des méthodes en symbiose avec l’évolution scientifique du
monde moderne qui est en progrès constant, et enfin répondre, dans la formation
des cadres, aux exigences des plans de développement nationaux, dans leurs
lignes directrices ».
b.
Appel à regrouper l’ES sous une même autorité
administrative
La commission a noté « la grande
diversité des établissements secondaires, (comme ce fut le cas sous le
protectorat), qui dépendaient de départements différents ; les uns
dépendaient du secrétariat d’état à l’éducation nationale, les autres de
secrétariat d’état à l’agriculture, ou du secrétariat d’état à la santé
publique. »
La diversité se manifeste aussi pour
l’enseignement secondaire géré par le département de l’éducation nationale,
puisque on trouvait trois filières différentes dans l’enseignement secondaire :
les sections A, B et C, en plus des sections normales A et B dans les lycées,
alors qu’existaient des institutions spécialisées dans la formation des maîtres
(les écoles normales des instituteurs et des institutrices).
« En plus de cette dispersion, la
commission a constaté que l’enseignement secondaire général s’est développé, et
a évolué au dépens de l’enseignement technique et agricole.
Pour pallier à cette situation, et
permettre à tous les types d’enseignement secondaire d’évoluer sur le même
rythme, la commission a recommandé l’unité des structures, et de mettre tous les
établissements secondaires l’ES sous la même tutelle administrative et
pédagogique, à l’exception des écoles de santé qui garderont leur statut, pour
des raisons particulières.
c.
La durée de l’enseignement secondaire
La commission fait observer que
l’horaire hebdomadaire en vigueur rend compte de la surcharge des programmes,
qu’il est difficile d’achever dans de bonnes conditions. En conséquence, la
commission propose d’allonger les études secondaires sur sept ans, au lieu
de six ans en vigueur, afin d’assurer aux élèves une maturité d’esprit plus
grande, et de confirmer leur aptitude à affronter avec succès les études
supérieures ».
d.
La question de l’orientation :
La commission s’est intéressée à la
question de l’orientation scolaire ; elle a étudié les résultats de
l’opération dans sa forme actuelle, c'est-à-dire une première orientation à la
fin de la première année où l’élève est orienté vers l’une des trois filières
de l’ES (général/ technique/économique), suivie d’une deuxième orientation à la
fin de la troisième année où l’élève est orientée vers l’une des sections
suivantes : lettres, sciences, technique, économie, normale).
L’évaluation du procédé a montré ses limites, et même son
inefficacité dans sa version actuelle ; la commission estime que l’orientation
doit jouer un rôle actif, en stimulant les aptitudes et les énergies, et non en
prenant actes de ces aptitudes pour s’en servir comme référence, pour répartir
les élèves sur les différentes sections, compte tenu des besoins du pays en
cadres. » La commission propose de changer le calendrier
de l’orientation, en décalant la première à la fin de la 3ème année,
et la 2ème à la fin de la 4ème, au lieu de la troisième
année.
e.
Révision de la structure de
l’enseignement secondaire
La commission a constaté que la
structure actuelle de l’ES souffre d’une disparité, et qu’il est nécessaire
d’unifier les étapes, les cycles et les sections de cet enseignement. Et c’est
dans cette optique qu’elle proposa :
¨
Le « maintien des deux cycles existants de l’ES (
le premier et le deuxième cycle), mais en revoyant la finalité de chacun des
cycles : le 1er cycle
sera un tronc unique pour tous les élèves de l’ES ; son objectif est de donner
à l’élève issu de l’école primaire une
formation de base solide, et de l’habituer à fournir un effort diversifié et équilibré , et de le doter d’un
esprit scientifique et technique, en accordant à l’enseignement scientifique,
pratique et technique, la place qui lui
convient dans les programmes de ce cycle ». Quant au deuxième cycle, il
doit comporter un enseignement basé essentiellement sur les aptitudes des
élèves, et se répartit en quatre sections ( générale, technique, agricole,
économique) ; la commission prévoit de ramifier ces 4 sections selon les
spécialités vers lesquelles seront orientés les élèves dans le cadre de la
deuxième orientation … Ainsi, les trois dernières années de l’ES seront
centrées sur les matières de la spécialité choisie ».
f.
La formation des enseignants de l’ES : la commission affirmait que «
l’institution d’un enseignement secondaire moderne et dynamique que si les
cadres (enseignants) sont à la mesure de leurs responsabilités ; » or,
« le pays manque de cadres dans l’enseignement en général, et dans le
cycle secondaire en particulier, et qu’il est impératif de trouver des solutions
rapides à ce problème ; c’est dans cette optique que la commission a proposé de :
-
remplacer la section dite « normale » par des classes qui seront appelées « pédagogiques »,
pour former les enseignants pour tous les cycles ; cette filière devrait
attirer une élite d’élèves vers le métier d’enseignant ; « cette section servira de creuset où se formeront les élites ; elle doit permettre d’accéder à l’école normale
supérieure ou à l’école normales des professeurs adjoints, ou bien d’exercer
directement le métier d’instituteur, après le baccalauréat ;la commission
pense, qu’avec cette nouvelle forme, « la formation pédagogique sera
unifiée et harmonieusement conçue pour
tout le corps enseignant qu’il soit primaire , secondaire ou supérieur .»
-
remettre en question les conditions d’accès à l’école normale
supérieure ; seuls doivent y être admis les candidats faisant preuve
d’aptitudes laissant prévoir qu’ils atteindront les échelons les plus hauts de
l’enseignement supérieur. »
-
Etablir un plan précis pour former les professeurs de
l’enseignement secondaire, et que le secrétariat d’état à l’éducation nationale
commence à le mettre en application, sans plus tarder.
g.
Créer un cycle d’enseignement
professionnel :
la commission propose de créer un enseignement secondaire professionnel d’une
durée de quatre années, qui sera dispensé dans les établissements annexés aux
établissements secondaires pour former « les cadres de base dans les
domaines agricole, industriel et commercial »; la commission n’a pas
précisé les conditions d’accès à cette filière, mais il semble qu’il est conçu
pour remplacer l’enseignement moyen.
Telles sont les grandes lignes du nouvel
enseignement secondaire conçu par la commission, c’est un enseignement composé
de deux types principaux :
L’enseignement secondaire long qui dure 7 ans, constitué de deux cycles ;
le premier est un tronc commun de 3 années au terme duquel les élèves sont
orientés vers trois options : général, technique et économique ; le
deuxième cycle de 4 années est un cycle de spécialisation ; les élèves
sont répartis sur quatre grandes filières (générale, technique, agricole
et économique).
L’enseignement secondaire professionnel qui dure 4 ans destiné à la formation
de cadre de base dans les domaines agricole, technique et commercial.
h.
La question des programmes, de la langue
d’enseignement et des manuels scolaires
La commission a estimé que la nouvelle organisation de
l’ES (étalement, nouvelles filières…) impose naturellement une refonte des programmes
qui sera la tâche des commissions techniques ; néanmoins, la commission a
avancé quelques recommandations d’ordre général, comme :
-
La création d’un organisme chargé des études
pédagogiques qui pourrait être chargé, entre autre, de la question des
programmes scolaires
-
La nécessité de réviser les contenus des manuels en
vigueur, à la lumière des réformes qui seront décidées.
-
La nécessité pour le secrétariat d’état d’étudier la
question de l’arabisation de l’enseignement secondaire …en s’inspirant des
principes qui ont été à l’origine de la section -A-
A suivre
Hédi Bouhouch &
Mongi Akrout , Inspecteurs généraux de l’éducation
Tunis, octobre 2014
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A. « A propos de le réforme éducative : les références
juridiques : première partie ».; Blog pédagogique
Bennour, A : « A propos de le
réforme éducative :les références de la réforme scolaire : deuxième
partie » ; Blog pédagogique
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Bouhouch et Akrout . Rapport
de la commission sur l’enseignement secondaire[1] L’Action 18-9-1967, ; Blog pédagogique
Jerbi,A. La
politique éducative ou quelle politique éducative pour quelle réforme de
l'éducation?
Boukhari . O.
la gouvernance du système éducatif tunisien
Bennour, A : Les
références de la réforme scolaire : Deuxième partie
Bouhouch et Akrout. Histoiredes réformes éducatives
en Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours :les réformes de la période
précoloniale (1ère partie) . Blog pédagogique
Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives
enTunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de la période
précoloniale(2ème partie) ; Blog pédagogique
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Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives en Tunisie
depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de 1958 (3ème partie) ; Blog pédagogique
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/01/les-reformes-scolaires-depuis_11.html
[1] Extrait du discours du président de la
république le 31 janvier 1967 à l’occasion du démarrage des travaux de la
commission chargée d’évaluer le système éducatif , publié par le journal le
petit matin , Annuaire de l’Afrique du nord, VI , 1967 , CNRS France
1977 .
[3] le 17 janvier 1967 le parti socialiste destourien a institué
,dans le cadre de la commission des études socialistes, la sous- commission de
l’enseignement présidé par le secrétaire général adjoint Ahmed Ben Salah, avec pour mission « d’évaluer l’état de
l’enseignement et proposer ce qu’on peut garder et ce qu’il faudrait changer »,
les travaux de la sous- commission se sont étalés sur trois mois , ( études des
rapports des régions et de leurs propositions
, analyse des rapports du corps enseignant, les parents les cadres du
parti, les statistiques du secrétariat d’état à l’éducation) ; au mois de
juillet 1967, la sous- commission a
remis le premier rapport réservé à
l’enseignement primaire qui a été publié le 1°
Juillet par les journaux Assabah et Echaab, suivi
du 2ème rapport sur l’enseignement secondaire, en
septembre .
[4] Discours du 2 février 1967 devant la commission de
l’enseignement paru au journal le Petit Matin
[5] Le rapport de la commission a traité 10 thèmes dans l’ordre qui
suit : la langue et les méthodes de l’enseignement, l’avenir des élèves,
le cadre enseignant et l’orientation, l’allègement de l’effectif des classe,
les programmes, l’horaire hebdomadaire scolaire, les manuels scolaires, l’âge
de la scolarisation, la généralisation dans le cycle primaire de la mixité, la
durée de la scolarité au primaire.
[6] Nous nous référons au rapport
publié par le journal l’Action du 4 juin 1967 , reproduit pat l’Annuaire de
l’Afrique du nord( opt cité)
[7] Au cours de l’année scolaire 1969/70 , on
comptait 17200 enseignants exerçant à l’EP
dont 8550 instituteurs et 2625 moniteurs 1er ordre et 6025
moniteurs 2ème ordre , sur le total 9440 étaient des enseignants
temporaires , en 1968/69 sur 16200 enseignants au primaire 20% seulement
avaient le niveau de la première partie du bac-
rapport de l’Unesco - 1970, au cours de l’année scolaire 1966/67 , on
comptait encore 1415 instituteurs français dans les écoles tunisiennes ( les
tunisiens : 13429) à l’ES ,ils étaient 3608 étréngers et
français et 2574 tunisiens- Michel Lelong , 1968 , P 29.
[8] Les données sont prises à
partir du rapport d’évaluation fait par l’Unesco en 1970 ; p 8.
[9] La moyenne de la
taille des classes était de 43 .37 en 2ème , 40.84 en 3ème
, 39.06 en 4ème et 37.49 en 5ème.
[10] Nous
nous référons au rapport publié par le journal l’Action du 16 septembre 1967 , reproduit pat
l’Annuaire de l’Afrique du nord( opt cité)
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