Avant propos 
Le blog pédagogique
ouvre pour la deuxième fois ses pages à   notre collègue Amor Bennour , Inspecteur
général et Directeur de l’Inspection générale 
depuis sa création au début des années quatre vingt dix contribuant à la
mise en place de cette noble  institution,
pour poursuivre ses réflexions sur les réformes éducatives (A propos de la réforme du système éducatif)
  et pour parler cette fois des références des
réformes en mettant en avant deux principes fondamentaux , le premier est la
nécessité d’assurer la continuité entre les réformes , le deuxième est la
nécessité de faire une évaluation scientifique et rigoureuse de la réforme
précédente avant d’enclencher toute nouvelle réforme.
Nous sommes heureux de céder la parole à M° bennour ;
 nous
souhaitons que d’autres collègues suivent l’exemple de Si Amor  pour enrichir la scène nationale  de leurs expériences, le blog pédagogique
leur est toujours ouvert.
Hédi Bouhouch 
et Mongi Akrout
Les références juridiques
On a essayé dans un article précédent de présenter
le cadre général de la question de l’éducation en évoquant les principes
généraux dont devrait tenir compte  toute
réforme éducative, nous avons voulu, dans cette deuxième note, rappeler les
références des réformes afin de voir les points forts et les points faibles de
notre système éducatif entre la pratique et la théorie.
L’observateur qui suit  les débats sur la question de l’éducation sur
la scène politique  et sur les plateaux de télévision
ou ce qui s’écrit dans la presse , remarque l’inquiétude des intervenants en
particulier et de la société en général quant à l’avenir de la jeunesse ; tous
 accusent l’école et la rendent
responsable  de tous les maux de la
société et expriment leur insatisfaction quant au rendement de l’école et
appellent à l’ouverture  du dossier  de l’enseignement et de l’éducation de
nouveau et revoir ses choix essentiels.
Depuis la révolution, tous les ministres de
l’éducation avaient brandi l’emblème de la réforme, tout en sachant qu’ils
étaient incapables de la faire à cette étape de l’histoire du pays, d’ailleurs
ils ont bien fait de ne rien faire.
Nous avons pensé , avant de parler de la réalité de
l’école tunisienne , qu’il serait utile 
de rappeler les fondements des réformes ( les précédentes et l’actuelle)
afin de permettre au lecteur de saisir la réalité de notre éducation et  la situation de notre école aujourd’hui et
afin qu’il sache que toute réforme s’est construite sur les acquis de les
réformes  précédentes et que toute
réforme a ajouté de nouveaux acquis non négligeables, et que toutes les  tentatives de réformes  qui veulent faire table rase du passé , sous
quelques dénominations, sont vouées à l’échec.
Le cadre juridique de l’éducation en Tunisie
1.   
Les réformes
La Tunisie a connu depuis l’indépendance trois lois
 qui avaient organisé l’éducation et l’enseignement,
elles ont fixé les finalités de l’éducation, les types d’institutions, les
cycles et les contenus de l’enseignement.
La première de ces lois est celle de 1958 dont les
principales caractéristiques étaient : la tunisification de l’enseignement
c'est-à-dire la  fondation d’un
enseignement national unifié, ouvert à tous les enfants tunisiens sans
distinction d’ordre social, religieux ou de genre, gratuit dans tous les cycles
et obligatoire dès l’âge de six ans.
La deuxième loi est celle de 1991, elle a consolidé
les principes et les  valeurs humanistes  de la loi de 1958 et mis en place
l’enseignement de base et elle a adopté la pédagogie par objectif et d’autres
nouveautés qui visent à développer chez l’élève le sens civique et l’ouverture
sur la modernité et la civilisation universelle.
 La troisième
fut la loi d’orientation sur l’éducation et l’enseignement scolaire de 2002[1], nous allons nous attarder
sur cette dernière puisqu’elle  est encore
en cours.
Cette loi, tout en réaffirmant les principes et les
valeurs fondateurs de l’école depuis l’indépendance, a introduit des nouveautés
organisationnelles et pédagogiques essentielles ; l’importance de cette
loi , de mon point de vue , c’est qu’elle fut conçue sur la base du
projet de l’école de demain , qui était le fruit du travail  et de l’effort des spécialistes de l’éducation ;
sa préparation avait pris une longue période au cours de laquelle ,furent
organisés, plusieurs ateliers, et conférence internationale avec la
participation de spécialistes tunisiens et étrangers dans le domaine des
réformes éducatives , tout ce travail a été clôturé par  des consultations régionales et nationales,
pour arriver à un consensus national sur le document final de l’école de demain ;
cette référence essentielle était le produit des efforts de spécialistes en
éducation  et  mais aussi des efforts d’autres spécialistes proches
de l’éducation. 
L’élaboration du document avait pris beaucoup de
temps , c’était une sorte d’atelier ouvert  de réflexion et de consultation , entrecoupé
par l’organisation d’une conférence internationale  à laquelle furent conviées des personnalités
tunisiennes et  des personnalités
étrangères venues de pays qui sont considérés comme des pionniers dans le
domaine des réformes scolaires ; tout ce travail fut suivi par des
consultations régionales et centrales pour arriver à un large consensus autour
du projet de réforme . 
Le document référence de l’école de Demain [2]avait chargé l’école  de trois  fonctions qui sont : l’éducation
, l’instruction et la qualification, c'est-à-dire qu’on s’instruit pour connaitre
et on s’instruit pour agir et on s’instruit pour être , car apprendre les
savoirs seuls n’a pas de sens s’il n’est pas lié à l’apprendre pour faire et
l’apprendre pour agir , le savoir qui  ne
se traduit pas en action ne peut pas être bénéfique pour la société , et même
si ce type de savoir existe  il n’est
guère du ressort de l’école ; l’acquisition du savoir et la préparation au
travail resteront inachevées si l’école 
ne s’occupe pas de l’éducation du citoyen , et du développement de sa
personnalité.
En se basant sur ces références, le nouveau système
éducatif a centré sur les principaux points suivants :
-        
L’éducation est une priorité
nationale absolue[3]
( art 1)
-        
L’élève est au centre de  l’action éducative ( art 2)
-        
l’école  a parmi ses missions, celle d’élever les
jeunes dans les valeurs humaines (amour de la patrie, l’appartenance à une
civilisation, le vivre ensemble, la tolérance, le travail…et aussi  celle de préparer les jeunes à adhérer à la
société mondiale moderne.
-        
l’institution scolaire « est
une structure pédagogique à part entière » )art 6(
-        
l’évaluation est un élément
essentiel qui concerne toutes les composantes 
du système (les acquis des élèves, le travail des enseignants, les
établissements et le rendement du système).
-        
la recherche et l’innovation sont
les deux moteurs essentiels pour faire progresser le système continuellement.
La loi fut accompagnée par un document
appelé : «   le programme de la
mise en œuvre du projet de l’école de demain 2002-2007 »[4]  qui a fixé les grandes orientations de la
nouvelle réforme éducative , le calendrier d’application des nouvelles mesures
arrêtées, il s’agit d’un excellent document ,c’est une sorte de tableau de
pilotage  pour les responsables de la
réforme , mais malheureusement il n’y pas eu une évaluation  de la mise en place du programme , qui nous
aurait informé sur les réalisations qu’on a réussi et  sur nos échecs , cette évaluation nous aurait
permis de chercher les causes de ces échecs et de déterminer les
responsabilités  pour réguler le processus
de réforme , pire que ça , on n’a pas prévu un programme pour la période qui
vient après 2007 pour poursuivre la réforme et rectifier ce qui devrait être
rectifié et s’il n’y avait pas le plan (2007-2011) du gouvernement on
serait tenté de dire que l’éducation  naviguait
depuis cette date sans but clair.
2.   
Le 11ème
plan (2007-2011) pour l’éducation
Nous allons nous limiter à
énumérer les principaux objectifs du plan :
-        
Faire face à l’échec scolaire
-        
Renforcer les bases de la qualité
-        
Améliorer les conditions des
études
-        
Mettre en place l’école de la
société de l’informatique et répandre la culture numérique
-        
Mettre en place une école qui
inter réagit avec son environnement
-        
Promouvoir la vie scolaire 
-        
Promouvoir l’enseignement privé
Tout le monde sait que ce plan a été rattrapé par
la révolution de 2011 avant son terme , et  il fut suspendu , et depuis  l’éducation 
avance sans boussole ( comme tous les autres secteurs d’ailleurs) , et
en l’absence d’une évaluation scientifique et rigoureuse , qui confirmerait ou
non les différents avis sur cette réforme de 2002 , l’impression répandue  , aujourd’hui est plutôt négative  , la qualité des output est en deçà des attentes
et des objectifs , ce qui a été réalisé est infiniment moins important que ce
qui ne l’a pas été  encore,  et enfin les réalisations n’ont pas  été au niveau de ce qu’attendait la société de
son école ( à suivre).
Amor Bennour , Inspecteur Général de l’éducation
Traduit par Hédi Baccouche et Mongi Akrout
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