lundi 23 juin 2014

La session de contrôle au baccalauréat Tunisien: Naissance et évolution

Au cours de l'année scolaire 1975 - 1976, par une circulaire[1], le ministère de l’éducation a décidé de réorganiser l’examen du baccalauréat; ceci s’est traduit entre autre par la suppression de la session de Septembre et son remplacement  par une session de contrôle qui aura lieu au mois de Juin [2]  .


 Le but  annoncé  était de démarrer l'année scolaire dans les délais prévus; mais  selon nos informations, la session de contrôle n’était qu’un  pas vers  la disparition  définitive de la deuxième session; il était prévu de se limiter à une session unique  qui aurait lieu au mois de Juin de chaque année .
Mais la session de contrôle a survécu et a connu, depuis sa création, plusieurs révisions, aussi bien au niveau des matières concernées, qu’au niveau de la méthode de calcul  des notes obtenues, ou au niveau des conditions de participation.

I. De deux épreuves à six épreuves
Lors de sa création,  la session de  contrôle  était une simple session de rattrapage,  puisque seules des deux matières spécifiques de chaque section étaient susceptibles d’être repassées ; comme les épreuves de mathématiques et des sciences physiques pour la section mathématiques, ou les épreuves de littérature et de civilisation arabe et de philosophie pour la section lettres.Les seuls changements enregistrés portaient sur l’obligation ou non de les passer, pour les candidats ajournés.
1.  Au tout début les candidats ajournés devraient passer obligatoirement les deux matières spécifiques (les textes ne précisent guère les sanctions qu’encouraient ceux qui manquent l’une des deux épreuves), le calcul de la moyenne de la session de contrôle tient compte de la meilleure note.  
Le manque de sérieux d’un grand nombre de candidats au cours de la session de contrôle (certains  insistent pour quitter la salle d’examen juste après avoir pris connaissance du sujet; d’autres rédigent n’importe quoi sur leurs copies…), le ministère introduit des aménagements dès 1988.
2.  Avec la session de 1989 [3], un amendement permet désormais aux candidats ajournés de passer l’une ou les deux épreuves selon son choix; en contre partie, toute absence sera sanctionnée par la note zéro et entraîne automatiquement le refus à l’examen. Cet amendement ne restera en vigueur que durant deux sessions, puis  il a été abandonné.
3.  Dès la session  de 1991[4], c’est de nouveau le retour   à  l’obligation de  passer les deux épreuves; il a également été décidé de maintenir la sanction de zéro, sans faire référence au refus  du candidat dans ce cas. Ce chapitre a été révisé l'année suivante en supprimant la référence au cas d'absence, d’ailleurs l’année d’après, on ne trouve plus l’allusion à l’absence dans l’article réservé à la session de contrôle; la question de l’absence a eu droit à un article spécifique (article 12)[5] qui stipule que toute absence dans les deux  sessions, se traduit par le note zéro.
Puis la liste les épreuves commence à s’allonger … et la session de contrôle se transforme en une pseudo deuxième session
 L’intégration de nouvelles matières avait débuté au cours de la session de 1995 (15 années après le démarrage de la session de contrôle),  et s’est prolongée jusques  en 2008.
1.  Dans la première étape (depuis 1995)[6] , la liste s'est allongée,  et elle comprend 4 matières ; ainsi la session de contrôle touche presque toutes les matières  obligatoires , à l'exception de la philosophie pour les sections scientifiques et  techniques , et les candidats peuvent choisir  ou  le français ou l'anglais, . Cet allongement de la liste était  accompagné par deux de deux mesures :
-  La première accorde aux candidats la possibilité de passer une ou plusieurs matières selon son choix.
-      La deuxième concerne le mode de calcul de la note finale pour les deux  nouvelles matières ; car pour les deux matières spécifiques on a conserve' l’ancien mode ce calcul ( tenir compte de la meilleur note)  ;  le même principe est appliqué pour  deux autres matières; si la note de la session principale est supérieure à la note obtenue à la session de contrôle , dans le cas contraire la note finale sera la moyenne de la note de la première session multiplié par 3 et la note de la session de contrôle multipliée par 1.
2.  En 2002[7] la liste des épreuves de la session de contrôle passe à 5 , suite à la décision de permettre aux candidats de passer l’épreuve de français et l’épreuve d’anglais; cette décision fut accompagnée d’une autre plus importante; il s’agit de généraliser le principe de la meilleur des deux notes à toutes les matières que le candidat repassait. (Cette mesure fait partie d’un ensemble de mesure pour booster les taux de réussite, dont la plus connue est les 25%).
3.  L’opération de l’allongement s’acheva en 2008[8], par l’intégration de l’épreuve d’arabe pour le reste des sections.  -Annexe-1
C’est ainsi que la session de contrôle a perdu son caractère d’origine, et a changé de but;  et au lieu de préparer le passage à la session unique, elle est devenue une véritable deuxième session.

II. Les conditions de participation à la session de contrôle
La  session de contrôle n'est pas ouverte à tous les candidats qui ont échoué à la session principale; il est nécessaire d’obtenir une moyenne minimale fixée par l’arrêté d’organisation (le même principe existait au temps  du baccalauréat en  deux sessions); cette moyenne minimale a connu elle aussi un assouplissement, c’est ainsi  on peut distinguer deux périodes:
a.   De  (1976), jusqu’à la session de 2001, l’ajournement concernait les candidats  ayant obtenus à la session principale :
-      Une moyenne égale ou supérieur à 9 sur  20 et moins de 10 des 20 ,et qui n'ont pas profité du rachat à  la session principale.
-      Une moyenne égale à 8 et inférieure 9 à 20 sur 20 .
-      Une moyenne égale ou supérieure à 7 sur 20 et  inférieure 8 sur 20 , et ayant  une moyenne annuelle en  septième année d'au moins 10 sur 20.
b.  Depuis la session de 2002 ,  un assouplissement a supprime' l'obligation la condition de la moyenne annuelle pour la  troisième catégorie;  l’ajournement est permis pour tous les candidats ayant obtenu,   à la session principale, une moyenne égale ou supérieure à 7 sur 20. 

III- La session de  contrôle a-t-elle rempli  sa fonction ?
L’institution de la session  de contrôle visait  à l'origine à gagner du temps, pour que la nouvelle  année scolaire débute normalement  sans perturbation ni  retard ; de ce point de vue, on peut dire ,à coup sûr , que la session de contrôle a permis d’avancer le date de la rentrée scolaire  au 15 septembre   et  gagnant ainsi deux semaines complètes de scolarité.

D'autre part, la session de contrôle  a offert une nouvelle chance à un nombre important de candidats et leur éviter de refaire l’année; ce qui aurait  représente' un coût supplémentaire  pour la famille et l’état; sur ce plan, la session a aussi  rempli pleinement sa fonction ; quelques indicateurs suffisent a nous permettre de  l’illustrer, tels que le taux des ajournés, le taux de réussite à la session de contrôle, et enfin la part de la session de contrôle dans les admis - voir Annexe 2-  
Le taux des ajournés : la proportion des candidats qui se sont ajournés  est variable d’une session à une autre; néanmoins elle a dépassé le tiers au cours des dernières sessions, dépassant les 40% certaines années ( 42,65% en 2009).
 Le taux de réussite à la session de contrôle : ce taux n’est pas constant; il  enregistre des variations importantes , atteignant un record   au cours  de la session  de contrôle  de 2000  avec un taux de réussite de 41,67 % et descendant à  27.10%  en  2012 ( généralement ces taux dépendent du taux de réussite de la première session, chaque fois que le taux de la première session est élevé celui de la session de contrôle  tend vers la baisse) .
Ainsi  on peut affirmer  que la session de contrôle  joue bien son rôle de repêchage, pour un nombre important de candidats, à chaque session.
La part de la session de contrôle dans les admis : Les taux de réussite enregistrés par les ajournés  à la session contrôle, qui comme on vient de le voir,  sont très importants,  expliquent  l’importante  contribution de cette session aux taux  de réussite  à chaque année,  laquelle représente en moyenne le quart des admis. - voir Annexe 3-

conclusion
Petit à petit , la session de contrôle s’est transformée  en  une deuxième session qui comprend  pratiquement toutes les épreuves obligatoires de la session principale , et adoptant un  mode de calcul unique  ( la meilleure  des deux notes ) , et accordant aussi les mêmes mentions que celles de la session principale  , qui étaient jusques en 2002 le  monopole de la session principale) .  Tout ceci  justifie pleinement l’existence de cette session et son maintien.
Hédi bouhouch & Mongi Akrout , Inspecteurs Généraux de l’éducation
Tunis , Aout  2013

Annexe  1: les matières de la session de contrôle
Lettres
Maths

Sciences
expérimentales

Economie et
gestion

Sciences
techniques

Sciences de
l’informatique

Arabe*
Maths*
Sciences
physiques*

Economie*
Technologie*
Algorithmes et
programmation*

Philosophie*
Sciences
physiques*

Sciences de la vie
et de la terre*

Gestion*
Maths*
Maths*

Histoire et
géographie

Sciences de la vie
et de la terre

Maths
Maths ou histoire
et géographie**

Sciences
physiques

Sciences physiques
ou bases de
données**

Français
Français
Français
Français
Français
Français
Anglais
Anglais
Anglais
Anglais
Anglais
Anglais
Arabe
Arabe
Arabe
Arabe
Arabe
Arabe


* matière spécifique
* * le candidat, peut, selon son choix, passer l’une des 2 matières


Annexe 2- : quelques indicateurs sur l’importance de la session de contrôle

2013
2009
2004
2001
Session
143320
134928
113422
111118
Total des candidats
55511
57549
45094
38618
Candidats  d’ajournés
38,73%
42,65%
39,76%
34,75%
% des ajournés
17405
17699
16938
15205
Nombre d’admis à la session de contrôle
31.35%
30.75%
37.56%
39.37%
Taux de réussite à la session de contrôle
71457
74866
68967
53217
Total des admis ( les 2 sessions)
24,36%
23,64%
24,56%
28,57%
Part de la session de contrôle dans les admis


Annexe 3 - Les chiffres de la session de contrôle entre 1997 et 2013


Taux de réussite
Nb  des admis
Nb ajournés
session
31,10
9492
30599
1997
40,07
13779
33837
1998
33,92
11280
32250
1999
41,67
14570
34957
2000
39,37
15202
32265
2001
31.50
12264
38924
2002(1)
48.64
20297
41728
2003
37.56
16936
45094
2004
35.90
18121
50453
2005
34.39
18696
54386
2006
32.17
15102
56665
2007
28.02
16094
57474
2008
30.75
17699
57549
2009
31.76
15692
49411
2010
27.10
18140
43719
2011
30.75
13805
50950
2012
31.35
17405
55511
2013

(1)   Entrée en vigueur des 25% et des nouvelles conditions de rachats

Articles précédents
Baccalauréat  1957
Baccalauréat  2014
Les matières optionnelles  
La correction des épreuves




[1] Circulaire  n° 239  en date du 3 décembre 1975 de la direction de l’enseignement secondaire relative à l’organisation de l’examen du baccalauréat.
[2] Si le démarrage de la session de contrôle a démarré au cours de l’année scolaire 1975-1976 , l’arrêté  ne fut publié qu’en 1981 ( arrêté du 16 avril 1981 relatif à l’organisation du baccalauréat , Jort n° 28 du 24 avril 1981
  
[3] Arrêté  relatif à l’organisation de l’examen du baccalauréat du 13 septembre 1988
[4] Arrêté relatif à l’organisation de l’examen du baccalauréat du 24 juin 1992
[5] Arrêté relatif à l’organisation de l’examen du baccalauréat du 24 juin 1992
[6] Arrêté  relatif à l’organisation de l’examen du baccalauréat du 14 février 1995
[7] Arrêté relatif à l’organisation de l’examen du baccalauréat du 24 avril 2008
[8] Arrêté relatif à l’organisation de l’examen du baccalauréat du 24 avril 2008

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