Le Ministre qui espère entrer dans l’histoire, sur les pas de Mahmoud Messadi[1], et (ou ) sur ceux de Mohammed Charfi[2] (relativement) .
Le nouveau ministre de l'Éducation, le professeur Naji
jalloul, invité par une radio le 25 Février 2015, a fait un diagnostic de
l’état du système éducatif, et il a dévoilé le programme de travail du
ministère et les grandes lignes de « sa réforme ».
Compte tenu de l'importance de la question, le blog
pédagogique a voulu lui consacrer le numéro de cette semaine, en reproduisant
des extraits[3] de
l’interview, suivis de commentaires.
Durant plus de quarante minutes, le ministre a évoqué
plusieurs questions, que nous regroupons en deux grands axes :
- Le premier est celui de l'infrastructure et des conditions matérielles des établissements scolaires (bâtiments, équipements, outils …)
- Le premier est celui de l'infrastructure et des conditions matérielles des établissements scolaires (bâtiments, équipements, outils …)
-Le deuxième est celui des questions pédagogiques
tels que les programmes, le temps et la vie scolaire, les ressources humaines
(formation de base et la formation continue), les cours particuliers, le décrochage,
la violence à l'école….
Le verdict est sévère :« Le
système éducatif tunisien est gravement malade et souffre de plusieurs problèmes ».
Le diagnostic du ministre est alarmant: délabrement des infrastructures et des équipements ,
l'école ne joue plus son rôle d’ascenseur
social , qu’elle avait joué pour sa
génération, le fléau de la violence ne cesse de se développer dans les écoles,
des programmes denses et des contenus
qui dépassent le niveau des élèves (le
ministre cite l’exemple d’une leçon
d'histoire de sa fille à l'école primaire ), un système d'évaluation et
d'orientation inadapté…
Pour le Ministre, la question de l'infrastructure et des
équipements est relativement aisée à résoudre ; mais il reconnaît que «le
problème réside dans la réforme complète du système, et que c’est le plus dur."
Mais il se dit décidé à relever le défi : «J’ai fixé les axes de
réforme … elle sera différente des réformes précédentes …qui étaient
parachutées et avaient coûté beaucoup d'argent pour le pays, sans résultat … et
nous allons travailler en harmonie et coordination avec les ministères de
l'Enseignement supérieur, de la formation professionnelle et de la femme ».
Commentaire
Le ministre parle de plusieurs défaillances du
système, tant au niveau de l'infrastructure qu’au niveau de la mission de l’école,
des programmes, de l'évaluation et du passage, du système d'orientation, de
la violence. Il ne fait aucun doute qu'il a cité ces questions à titre d’exemple,
car plusieurs autres composantes souffrent, elles aussi, tels que les
méthodes d’enseignement, la gestion de l’éducation au niveau central,
régional et local, le régime disciplinaire, la recherche et le système
d’information...
D'autre part, le ministre a émis un jugement sur les
réformes précédentes qu’il avait qualifié de "parachutées, couteuses
et inefficaces". Bien
que le ministre n’a pas précisé de
quelles réformes il parlait, ( car la
Tunisie a connu trois grandes réformes sans parler des petites réformes), son
constat ne manquait pas de pertinence en général, même s’il nécessite plus de précision et de rigueur ;
car ses illustres prédécesseurs, sans exception, ont veillé à impliquer les
enseignants dans l’évaluation des programmes actuels ( le syndicat de
l’enseignement secondaire les a
validés au cours de séances de travail commun avec les inspecteurs) ; ils
avaient aussi organisé plusieurs consultations[4] et de nombreuses évaluations
internes et externes.
Il
nous semble, à la lumière de notre expérience avec plusieurs ministres, que
le principal problème résidait, dans le fait, que chaque ministre avait avec
sa propre politique et sa propre vision ; certains
avaient une nostalgie pour le modèle Sadikien, d'autres voulaient le modèle
du Professeur Mahmoud Messadi, un troisième appelle à la mise en place de la
pédagogie par objectifs ou à l’approche par compétences. Nous pensons, qu’aujourd'hui,
nous avons besoin d’une politique
nationale de l'éducation, adoptée par les composantes de la société, et mise
en œuvre par le ministère en charge de l'éducation, et non d’une réforme d’un ministre qui risque d’être dénoncé par son successeur.
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Le
premier axe : l’infrastructure et les équipements
Le ministre pense
que les problèmes de l’infrastructure et de l’équipement sont relativement
faciles à traiter, car :
- le ministère a déjà un diagnostic précis
de la situation: «nous avons établi une carte des établissements qui ont besoin
d’intervention urgente ;
- et qu’il dispose d’une direction
performante "nous avons au ministère une direction de l’équipement exceptionnelle، dit le ministre ;
- Et que les moyens financiers sont
disponibles «nous avons d’importants crédits (116 Milliards).
Selon
l'annonce faite par le ministre, son département a déjà commencé à travailler
sur cet axe, et ce en :
§ établissant une carte des écoles
primaires qui nécessitent une intervention urgente. « Nous avons déjà
établi une carte des écoles … »
§ signant un accord avec le programme alimentaire
mondial (je viens de signer un accord
...avant-hier) pour une assistance au niveau de l’équipement, la
formation et les services relatifs aux cantines scolaires)
Le ministre annonce, par ailleurs, les priorités suivantes
(la rentrée prochaine :
a.
Assurer le transport de tout élève quand la distance
entre son lieu d’habitation et l’école dépasse 1 km.
b.
S’occuper de la
santé scolaire, y compris la santé mentale et psychologique et les services sociaux ;
« nous allons mettre sur pied un programme d’urgence avec les
ministères de la Santé et de la femme. »
c.
Le Lancement du programme national pour la protection
de l’école : au cours des deux dernières années, on a enregistré
15000 cas d'atteintes qui ont visé les établissements scolaires : (vols et
actes de vandalisme …) ; plusieurs de nos écoles n’ont pas de clôture,
d’autres n’ont pas de gardien.
d.
Connectez
toutes les institutions scolaires au réseau d’internet.
Commentaire :
Il est vrai que le diagnostic de l’état
de l’infrastructure est déjà fait, et que la direction de l'équipement fait du
bon travail depuis des années, et que les ressources financières sont disponibles ; mais elles ne
couvrent pas tous les besoins.
Il est également vrai que la situation
matérielle des établissements ne s’améliore pas ; au contraire, il
semble qu’elle continue à se dégrader, en dépit de tous ces efforts[5] . Aujourd’hui, Il serait peut être
utile de changer d’approche, car il ne serait pas sage de poursuivre la même politique.
Il faudrait mettre sur pied un plan de maintenance fiable et réalisable,
après avoir cherché et trouvé des réponses aux questions suivantes : Pourquoi
les anciens programmes de maintenance n’ont-ils pas atteint leurs
objectifs ? quels étaient les freins ? quelle était la
responsabilité des services régionaux de l’équipement …et celle des
entrepreneurs ?
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Deuxième
axe : les questions d’ordre
pédagogique
1. Les programmes d'études
Le ministre considère que : "les
programmes scolaires sont denses, et doivent être reformulés sans populisme».
Il faudrait retourner au travail manuel à l'école et au collège : (ajustage
et jardinage ...) « Notre formation est théorique, c’est un bourrage de
crâne ».
Le ministre a annoncé son intention de
mettre en place un Conseil des sages, à la tête duquel on choisira une
personnalité nationale ; ce conseil sera chargé de préparer un document de
travail pour le dialogue national sur l'éducation.
commentaire :
Le ministre a qualifié l’enseignement actuel d’enseignement théorique,
un bourrage de crâne avec des programmes denses : il a appelé au retour
du travail manuel à l’école.
nous pensons qu’il ya de l’exagération dans le constat fait par
M .le ministre ; Il nous semble que ce constat soit fondé plutôt
sur des impressions que sur des études et une évaluation scientifique. Car, il suffit de consulter les programmes scolaires,
pour s’apercevoir qu’ils accordent une place importante à l’initiation des apprenants
à la méthodologie en général, aux travaux pratiques et aux travaux dirigés
dans les laboratoires ; d’autre part les approches d’enseignement
mettent en avant le rôle des élèves dans l'apprentissage ; et
l'auto-apprentissage et l'initiative propre des élèves pour développer leur autonomie.
C’est la raison pour laquelle nous ne pensons pas que notre modèle de
formation est un modèle qui met en avant les aspects théoriques ;
Quand au bourrage des crânes, il n’est
plus un objectif d’éducation ni chez nous, ni ailleurs.
Enfin, l’appel au retour des travaux
manuels nous rappelle les propos du directeur de l’enseignement public à
l’époque du protectorat, qui disait : « dans toutes nos
écoles…on s’est attaché à donner à l’enseignement un caractère pratique et
professionnel, il y a, en effet, un intérêt capital pour l’avenir de la Tunisie
à ce que nos élèves reçoivent une instruction immédiatement utilisable »[6]
.
Pour terminer cette question, nous trouvons que l’idée d’instituer
un conseil des sages présidé par une personnalité nationale qui se charge de
préparer un document directeur qui pourrait constituer un outil de travail pour
le dialogue national est une bonne initiative .( Il serait
bon de rappeler que la mission de ce conseil telle qu’elle est présentée, fait
partie des prérogatives de la commission supérieure de l’ évaluation qui n’a
jamais vu le jour).
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2-
Temps scolaire et vie scolaire
Selon le ministre, "le phénomène
de la violence à l'école est lié à l'absence de toute vie scolaire et des
activités culturelles et des clubs ». Faisant référence à ses
souvenirs d'école, il évoque les activités qui existaient comme le théâtre et
les ciné-clubs, pour appeler," au retour de ces activités ", en
faisant appel à des spécialistes.
commentaire :
Insister sur le rapport entre le phénomène de la violence et l'absence
de l'activité culturelle et sportive ne manque pas de pertinence ; mais
il est bon de faire la distinction entre deux choses : la place de la
vie scolaire dans le projet éducatif tunisien et l’exercice des différentes
activités culturelles et sportives dans le cadre du temps scolaire.
quant à la place de la vie scolaire, elle est bien présente dans
l’esprit et la lettre de la réforme de 2002 ; il suffit de revenir au
décret[7] de la vie scolaire qui est
un chef d’œuvre dans le genre ; quant à la pratique sur le terrain et la
participation des élèves aux différentes activités, ceci mérite une réflexion
profonde pour chercher les facteurs qui bloquent la situation.
Est-ce c’est l’organisation du temps scolaire qui ne laisse pas de
place pour l'activité culturelle et sportive ? Est-ce que ce sont les
cours particuliers qui accaparent tout le temps libre de l’élève ? Est-ce
que c’est l’espace de l’établissement qui n’est pas aménagé pour abriter et
accueillir les activités culturelles et ses différents clubs (environ, vivre
ensemble, théâtre, atelier de peinture …? Est- ce que ce sont les
administrations des établissements qui ne se sont pas engagées dans les projets
d'école et du conseil pédagogique des enseignants ?
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3- Les ressources
humaines
Le ministre affirme que la question des
ressources humaines est un "grand problème qui fait partie de sa"
réforme " ; ce problème se traduit :
a.
Par l'absence d'un système de formation initiale... « avant
,on avait l’école normale supérieure et on avait les écoles normales des instituteurs, mais aujourd'hui, on recrute des enseignants qui n’ont pas eu une formation spécifique pour
devenir enseignants ; il est devenu nécessaire de remédier à cet état, soit
par le retour aux écoles de formations ( d’ailleurs nous avons des instituts de
formations aux métiers de l’enseignement qui ne fonctionnent pas à l’heure
actuelle comme celui de Korba), soit par la création d’une faculté de l’éducation,
ou enfin prévoir un master spécialisé en éducation.
b.
le deuxième aspect du problème, c’est l'absence de la
formation continue, qu’on a «oublié depuis des années ". « les
enseignants ont besoin d’une formation continue pour leur mise à niveau, ainsi
que le personnel de direction ; aujourd’hui, les nouveaux directeurs sont
affectés à leurs postes sans aucune formation préalable en rapport avec la
gestion ...
commentaire
En donnant à la question de la
formation des enseignants l’attention qu’elle se doit, le ministre a pris la
bonne décision ; c’est une bonne chose. Car Il n'y a aucun moyen de promouvoir l'école
et l'éducation sans des enseignants et des cadres de direction professionnels,
c'est-à-dire ayant suivi une formation spécialisée.
Seulement, deux points méritent, à
notre point de vue, des précisions :la première est en rapport avec le rôle de la formation
initiale ; il convient de préciser
que les diplômés des facultés ont toujours, représenté la majorité des
nouveaux recrus, même au temps où l’ENS fonctionnait à plein
régime , de même que la présence des écoles normales des instituteurs
d’abord, puis des instituts de formation des maîtres n’a pas empêché le ministère de recruter
des instituteurs qui n’ont jamais appartenu à ces écoles spécialisées. Donc,
le problème qui doit être abordé, c’est d'unifier les voies de recrutement. Avons-nous
vu, un jour, le ministère de la Santé recruter un médecin qui n’est pas
diplômé d’une faculté de médecine ? Et avons-nous vu une compagnie
aérienne recruter un pilote de ligne qui n'a pas de diplôme d’une école de pilotage
homologuée ? Il faudrait peut être précisé qu’il y a déjà plusieurs
options préparées par une commission mixte entre le ministère de l’éducation
et celui de l’enseignement supérieur ; il suffit peut être de choisir,
aujourd’hui, l’option qui s’adapte le mieux à cette étape de l’histoire du
pays, car la formation initiale des enseignants est la priorité des toutes
les priorités.
La deuxième précision concerne la formation continue ; il
nous parait que les conclusions de M° le ministre étaient non conformes à la
réalité , car depuis plus de deux décennies, la FC occupait une place de choix dans les
programmes du ministère ( peut être pour remédier au déficit de le formation initiale) ; ainsi
des centres régionaux de formation continue ( CREFO) ont été créés dans les différentes délégations , en plus d’un
centre national ( CENAFE) pour former les formateurs dont le rayonnement a
dépassé les frontières du pays, le ministère ( la direction générale des
programmes et de la formation continue) a établi
d’une façon régulière ,au début de
chaque année scolaire, un programme national de formation continu et des
programmes régionaux qui couvrent tous les champs et touchent toutes les
catégories de fonctionnaires du ministère( voir à titre d’exemple le dernier
plan[8] de 2015 de 40 pages ).
D’autre part, depuis la loi
d’orientation de 2002, la FC est devenue un devoir.[9] Donc la question n’est pas dans l’absence
de la FC, mais c’est une question d’efficacité et d’efficience et d’adhésion
et de motivation des intéressés[10] ; et que celui qui
veut réformer la FC doit résoudre cet aspect de la question.
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4. Le décrochage (l’abandon) scolaire
En évoquant la question de l'abandon scolaire , le
ministre fait, pour la première fois, référence au programme électoral de son
parti Nida Tounes[11] ; pour le ministre, le
décrochage est en rapport avec le système d’évaluation ; « c’est
pourquoi, j’ai décidé de surseoir à l’examen de la sixième »[12], disait-il, et d’ajouter « qu’ Il est
nécessaire de revoir le système d'évaluation et d'orientation, en prévoyant des
évaluations à la fin de chaque cycle, en
les reliant avec de nouvelles voies surtout
de les parcours de l'enseignement technique.
Commentaire
Il est vrai
que le phénomène de l'abandon scolaire est associé au système d'évaluation ;
mais il est également lié au système de passage ; il est une manifestation
des disparités et de l’inégalité des chances entre les élèves, les écoles et
les régions, malgré les efforts déployés pour les atténuer.
Peut-être que la solution réside dans l'éducation
préscolaire qu’il faudrait repenser, pour éliminer l’une des causes de
l’inégalité des chances, puisque une grande majorité d’enfants se trouvent
privés de cette préparation préscolaire pour des raisons économiques et géographiques.
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5-
Les cours particuliers et l’étude
La
question fut traitée très brièvement en l’expliquant par la longueur des
programmes et par les coefficients.
Il
est vrai que ces deux facteurs jouent un rôle dans l’explosion des cours
particuliers ; mais il nous semble que la question est plus complexe (le
ministre le sait bien, mais il a peut-être voulu éviter la question). La
prolifération des cours privés dans les premières années de l'école primaire réfute
l’effet de ces deux facteurs, car dans ces petites classes, ni les programmes
ni les coefficients ne peuvent expliquer les cours particuliers. N’y a-il-pas
là une responsabilité des parents qui désirent voir leurs enfants réussir
brillamment pour leur assurer un cursus universitaire royal ?
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6- L’enseignement privé et l’école publique
En abordant cette question, le ministre a exprimé sans
aucune équivoque sa position en disant : « il faut que
l’enseignement reste un enseignement public, c'est-à-dire un enseignement
républicain, gratuit et mixte, jouant son rôle d’ascenseur social et former le citoyen ;
l’enseignement privé ne peut être qu’un secteur d’appoint et complémentaire. »
Le ministre reconnait l'existence d'un enseignement
privé de qualité au niveau des écoles primaires, par contre la situation au
niveau secondaire, est plutôt préoccupante.
Enfin, pour le ministre l’exode vers les écoles
primaires privées s’explique par l'insuffisance des infrastructures de l'école
publique, en citant des régions où le phénomène est encore très peu présent.
s’il est vrai, qu’avant la promulgation de la Loi sur l’éducation de 2002,
il y a eu des inquiétudes et des questionnements sur l’avenir de l’école publique,
surtout quand on a vu que quelques groupes sociaux préféraient envoyer leurs
enfants vers les écoles des missions étrangères, et que d’autres ont choisi
des écoles privées huppées.
Mais la réponse de loi 2002[13] était forte ; son premier chapitre stipule que «l'éducation est
une priorité nationale absolue et l'enseignement est obligatoire de six ans à l'âge de seize
ans" ; en outre, l’article 16 précise
que la dernière année de l’éducation préscolaire « qui concerne la
tranche d’âge de 5 à 6 ans, constitue
une année préparatoire du cycle primaire, cette année fait partie
de l’enseignement de base (art 18) .
Quant à l’enseignement privé, [14] son développement au niveau primaire ne
s’explique, ni par les compétences de ses enseignants, ni par la qualité de son
enseignement, mais par les services qu’il fournit pour les familles, et que
l’école publique ne peut assurer.
Nous pensons que parmi les mesures qui pourraient concilier le public
avec son école serait de rendre l'année préparatoire obligatoire et gratuite dans
les écoles publiques.
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Résumé
Marquer
l’histoire de l’école tunisienne, comme l’avaient fait les ministres Mahmoud
Messadi ou Mohammed Charfi, est un projet
très ambitieux. Nous espérons que le nouveau ministre puisse l’atteindre.
Cependant, il faudrait peut- être précisé que feu Mahmoud Messadi portait un projet
innovant à l’aube de l’indépendance, inspiré du programme de l’Union générale
tunisienne du travail, et plus précisément des syndicats de l’enseignement. Messadi a été en mesure de mettre sur pied une école tunisienne
, nationale et moderne , qui avait
intégré les différentes types d'écoles
publiques et privées de la période du protectorat ; quant au feu Mohamed Charfi
, il portait un projet sociétal et éducatif moderne, inspiré des concepts des
droits de l’homme , de la citoyenneté, du sens civique et de la société civile,
et associant les valeurs de la liberté
et de la responsabilité.
Et maintenant,
depuis le déclenchement de la révolution, on est encore au stade de la
recherche de nouveaux référents pour la réforme du système éducatif tunisien :
que veut la révolution de l’école ? Qu’attend l’école de la révolution ?
Quel est le profil souhaité des enseignants ? Quels types de diplômés ? Quel
modèle de formation veut- on ? Quelle est la part des langues et des sciences humaines ?
Quelle est la part de la dimension spirituelle ? Quelle est la part de la
science et de la technologie ? Quel rapport entre la formation et les
métiers d’avenir (dont la plupart sont à inventer) ? Quel rapport entre l'école et la société du
savoir ?
Toutes des
questions ont besoin d'une réponse claire et sans équivoque, comme préalable à
toute réforme.
La réforme espérée, aujourd'hui, est une
réforme du système de valeurs, avant d’être une réforme technique ou même pédagogie.
La réforme attendue
se doit de se projeter dans l’avenir et non une réforme qui exprime de la nostalgie.
La prochaine
réforme devrait être orientée par des innovations et le génie des responsables
de l’éducation afin de trouver de nouvelles solutions pédagogiques -
différentes des anciennes - aux questions qui se posent aujourd’hui et qui
pourraient se poser demain.
Hédi Bouhouch et Mongi
Akrout, Inspecteurs généraux de l’éducation, retraités.
Tunis, Mars 2015.
[1] Mahmoud
Messadi est le troisième ministre de l’éducation après l’indépendance entre Mai 1956
et Octobre 1968, il est considéré
comme l’architecte de la grande réforme de 1958 qui a institué l’école
nationale .
[2] Mohamed Charfi est le
17ème ministre de l’éducation et des sciences entre avril 1989 et mai
1994 ; avec lui , l’école tunisienne a connu sa deuxième grande réforme ( la loi 65-
1991 du 29 juillet 1991 relative au système éducatif.)
[3] Nous avons choisi des
extraits de l’interview sans respecter toujours l’ordre des questions traitées.
Voir vidéo en haut
[4] Consultation l’école de demain en 1999 , Consultation
sur l’évaluation des élèves des écoles primaires en 2009 , Consultation sur le temps
scolaire en 2010 ,…
[5] M. Hatem Ben Salem, ministre de l'Education
et de la Formation déclarait lors d’une conférence de presse le 18 septembre
2009 qu’une enveloppe de 57 MD a été
consacrée pour la première fois à l'aménagement et à l'entretien des
établissements.
[6] Extrait du
discours de Machuel, Directeur de l’enseignement public à l’occasion de
l’inauguration du groupe scolaire de Sfax, Bulletin officiel de l’instruction
publique, n° 42, Février 1904, Année 18, p 622
[8] Circulaire 18-10- 2015
relative au programme du ministère de l’éducation pour la
réalisation du plan national pour l’amélioration des compétences des ressources
humaine pour l’année 2015
[9] Art 46 : Tous les membres du personnel éducatif et administratif
sont astreints , tout le long de leur
carrière, à la formation continue, qui est une nécessité dictée par les
mutations qui affectent le savoir et la société et l’évolution des métiers.
la formation des
formateurs et la formation continue sont organisés au profit du personnel éducatif selon
les exigences dictées par l’évolution des méthodes et des moyens d’enseignement
et son contenu , l’intérêt des élèves et des écoles et les besoins de la
promotion professionnelle - La loi d’orientation de l’éducation et de la
formation scolaire.23 juillet 2002
[10] République
de Tunisie, Ministère de l’éducation et de la formation - (PAQSET 2)
Etude stratégique sur le développement du système de formation continue
des personnels d’éducation – Rapport
final – juillet 2008.
[12] A propos
de cette question, et contrairement aux allégations de plusieurs personnes , la
décision du retour de l’examen de la sixième a été prise après une large
consultation, alors que l’administration avait émis beaucoup de réserve ;
nous reproduisons ici un extrait de la conférence du ministre de l’éducation et
de la formation tenue le 18 mars 2009 à l’occasion de la rentrée scolaire : « Dorénavant
" l'examen de la 6ème année sera obligatoire ", à partir de l'année
scolaire 2010-2011 … Cette décision a été prise suite à la consultation
réalisée auprès de plus de 60 mille enseignants qui ont relevé les lacunes dans
le secteur. »
http://www.gnet.tn/revue-de-presse-nationale/rentree-scolaire-rehabilitation-de-la-note-et-du-carnet/id-menu-958.html
[13] Loi
83-2002 DU 232 JUILLET 2002 LOI d’orientation de l’éducation et de
l’enseignement scolaire
[14] Hédi Bouhouch & Mongi Akrout.
La ruée vers les écoles primaires privées- le
blog pédagogique, 27janvier 2014.
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2014/01/la-ruee-vers-les-ecoles-primaires.html
dans un but d'adhérer au développement humain contemporain; instituer les écoles en santé, qui est programme érigé en Europe
RépondreSupprimeressentiellement, est meilleure introduction de l'individu écolier à une pédagogie, le situant dans un environnement sociale et psychosociale difficile . Une santé va de paire avec un niveau d'éducation.
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