Hédi Bouhouch
Nous poursuivons cette semaine la présentation de la question de la langue d'enseignement
depuis l'indépendance avec la troisième partie qui couvre une période assez longue qui
s'étend de la fin des années soixante jusqu'aux années quatre-vingt , une période
marquée par l'avancée de l'arabisation .
Pour revenir à la partie une du
chapitre III, cliquer ICI - et pour la deuxième partie du chapitre III , cliquer ici.
L'étude de la question de l'arabisation, du
bilinguisme et de la place du français au cours des deux décennies soixante-dix
et quatre-vingt donne l'impression que le pays n'avait pas à cette période une
ligne politique claire et arrêtée. Chaque ministre arrive avec ses idées et ses
a priori pour ne pas dire avec son projet et son programme. Or, comme cette
période fut marquée par l'instabilité au niveau du
département de l'éducation nationale qui voit défiler les Ministres, (huit
ministres en dix ans[1]) alors que Messadi est resté au poste pendant 10 ans. Ceux qui lui ont
succédé n'ont pas eu le temps pour concrétiser leurs idées, ou pour mettre en
place des plans clairs. Certains étaient de fervents arabisants, d'autres
beaucoup moins, enfin il y avait aussi les attentistes.
Les
ministres qui avaient marqué un repli de l'arabisation
Ben Salah réintroduit le français en 1ère et en 2ème année primaire
Arrivé au ministère de l'éducation en
Juillet 1968 pour succéder à Messadi, Ahmed Ben Salah, alors président de la
commission chargée d'évaluer les résultats de la réforme de 58, a entrepris une
nouvelle réforme de l'enseignement pour remédier aux insuffisances scolaires
relevées par cette commission. Le reproche principal est que le rendement de
l'école primaire laissait à désirer et que le nombre des élèves qui accédaient
aux cycles secondaire et moyen ne dépassait pas 40% de l’effectif total de la
sixième année en dépit de la complaisance manifeste à l’examen. Elle a
constaté également qu’un pourcentage considérable d’élèves qui ont réussi le
concours d'entrée en première année de l’enseignement moyen ne parviennent pas
à poursuivre leur scolarité qui se faisait pour l'essentiel en français. En
outre, les études ont révélé que l’élève passe en moyenne 8 années à l'école
primaire au lieu de six, que le redoublement atteint des taux très
élevés (30.5% au cours de l’année scolaire 1967/68) et que le taux d’abandon
approchait 7% au cours de la même année.
Parmi les décisions prises par Ben Salah, il y
en a une qui nous intéresse particulièrement dans notre étude. C’est la mesure
qui vise le renforcement de la langue française ; avec le retour de son
apprentissage dès la première année du primaire avec 10 heures par semaine[2] sur un total de 25 heures
(Cette décision recommandée par la commission remet en question celle prise par
Messadi).
Les
autres ministres qui ont ralenti l'arabisation sans l'annuler
Chedly Ayari qui succéda à Mzali en
juin 1970, donna un coup d'arrêt provisoire à la réforme engagée. Il semble
qu'il n'en était pas très convaincu. Certains disaient de lui qu'il était la
bête noire de l'arabisation"[3](Grand
Guillaume). Son court passage fut marqué par la rédaction d'un rapport très critique
sur la situation de l'enseignement tunisien[4]
et par la constitution de commissions permanentes. Ce rapport qui sera remis à
son successeur (Mohamed Mzali qui est revenu au ministère) a consacré un long
paragraphe à la question de l'arabisation sur lequel on va revenir.
Dans ce groupe, où on trouve aussi
Amor Chedly qui a fait un court passage au Ministère de l'éducation (1986/87)
et qui a décidé de réintroduire le français dès la première année, mais ce fut
une décision éphémère qui traduit bien l'idée d'instabilité et d'absence d'une
ligne directrice.
Les ministres partisans de l'arabisation
Mzali et l'aventure de l'arabisation
Le courant
favorable à l’arabisation avait trouvé un appui d’un secteur du parti au
pouvoir à l’époque, et chez une élite intellectuelle qui gravitait autour de la
revue Al Fikr et son fondateur Mohamed Mzali.
Mohamed Mzali qui a pris les rênes de
l'éducation à trois reprises était le représentant de ce groupe le plus
influent et le plus connu, peut-être à cause de sa longévité (en tout, il dirigea le ministère durant sept ans entre 1969 et 1980). Il est devenu le chef de
file des partisans de l’arabisation qui regroupaient des éléments de
l’ancien courant réformiste zitounien, un secteur du parti au pouvoir à
l’époque et une élite intellectuelle qui gravitait autour de la revue Al Fikr.
Au cours des années soixante-dix, les partisans de l’arabisation ont occupé le
devant de la scène. Profitant de ce soutien, Mzali tenait à faire aboutir le
projet de l’arabisation de l’enseignement.
Est-ce que Mzali était l'acteur
principal de ce courant ?
Mohamed Sayeh affirmait que "le premier
qui a appelé à l’arabisation est Mohamed Mzali lorsqu’il était ministre de
l’éducation -mais il n'était pas le seul". Sur cette question, il
semble qu'il n'y a pas de doute, Mazli saisissait toutes les occasions pour
défendre ses idées.
En 1971, dans une conférence donnée à
la tribune de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens à l'occasion de la
semaine de l'arabisation (UGET), Mzali avait parlé de "la nécessité de mettre un plan d’arabisation qui soit
précis, modéré, posé et par étapes, car l’arabisation est le pilier principal
de la tunisification qui n’exclut guère le maintien d’une autre langue vivante
que la jeunesse doit maitriser et qui sera un moyen de communication avec notre
époque et de maitrise des sciences, des découvertes et de la technologie"[5].
Remarquons au
passage que Mzali, par conviction ou par précaution, s'aligne sur la position
exprimée par Bourguiba depuis 1958, par Messadi et par les principaux
dirigeants du pays à l'aube de l'indépendance. Il appelle à une arabisation par
étapes et à l'apprentissage d'une langue vivante (il ne cite pas cette langue,
l'avait-il fait exprès ?). Cela ne l'avait pas mis à l'abri des critiques de
ceux qui l'accusaient de vouloir supprimer le français de l'école tunisienne,
ce qui l'avait obligé à faire la mise au point suivante en 1973 (alors ministre
de l'éducation pour la deuxième fois) : "Je dis encore une fois,
l’arabisation ne veut pas dire qu’on supprime les langues étrangères. Ce n’est
pas une action réactionnaire, et tous ceux qui appellent à l’arabisation ne
sont pas des fanatiques. D’autre part, nous n’appelons pas à sa généralisation
immédiate, nous ne sommes ni des aventuriers ni des gens simples[6].» Une fois encore, il reste fidèle à
la politique prônée par le président : oui à l'arabisation progressive, et
à l'ouverture sur les langues étrangères
Guiga (mars
73/ mai 76) est le
deuxième représentant de ce groupe
Guiga
fut le deuxième ministre qui joua un rôle aussi important sinon plus que celui
de Mzali. Seulement, il était plus discret que son prédécesseur et successeur.
Récemment, l'ancien ministre et ami de Mzali, M Ben Slama déclara dans une
interview au journal Al Watan le 1er janvier 2019, " que ce
n'était pas Mzali qui a arabisé l'enseignement, mais c'était plutôt Driss Guiga
qui l'aurait fait. Il rapporta que Guiga s'est rendu en visite officielle en
Syrie pendant deux semaines où il a pu suivre l'expérience de l'arabisation et
surtout l'arabisation des mathématiques. A son retour, il avait rencontré le
président et avait réussi à le convaincre de la nécessité d'arabiser la
philosophie"[7]. Il y
a beaucoup de vérité dans ce que rapporte Ben Slama. Mohamed Sayah rapporta
dans un témoignage, qui va dans le même sens, où il disait "que
Driss Guiga avait entrepris de sensibiliser, au cours des réunions du bureau
politique du parti, le premier ministre Hédi Nouira à la question de
l’arabisation de la philosophie, pour des raisons de sécurité intérieure
essentiellement, prétendant que la majorité des professeurs de philosophie
appartenaient à la gauche politique, et ils incitaient la jeunesse contre le
pouvoir. Pour appuyer ces dires, il amena une copie de bac qui a obtenu
une très bonne note, où le candidat critiquait le pouvoir en place, le
qualifiant de régime répressif". D'ailleurs, la décision de son
arabisation fut prise en conseil des ministres en septembre 1975, à
l’initiative du ministre de l’éducation de l’époque, Driss Guiga, et son
application commença à la rentrée scolaire 1975-1976.
Mohamed
El hédiKhlil rapporte dans son livre[8] des
précisions sur la question. On y lit ceci : " la décision d'arabiser
l'enseignement de la philosophie fut arrêtée après que le président Bourguiba
ait vu quelques copies qui ont obtenues les meilleures notes au baccalauréat
(session juin 1975). A la lecture de ces copies, il a constaté des erreurs de
français très graves, ce qui impactait sur l'analyse des concepts philosophiques.
La question fut débattue au cours d'une session spéciale du bureau politique du
parti qui décida, avec l'accord du président, de charger une commission
nationale d'étudier les causes de la baisse du niveau en philosophie. La
présidence de la commission était confiée au professeur Abdelwaheb Bouhdiba, M.
H. Khlil était le rapporteur. La commission comprenait des professeurs
universitaires de philosophie et les inspecteurs de l'enseignement secondaire
de cette discipline. Il s'est avéré que la baisse du niveau des élèves était la
conséquence inéluctable de la baisse du niveau en langue française. En plus la
majorité des enseignants de cette matière étaient des coopérants français
diplômés des universités françaises et qui avaient participé au mouvement de
l'extrême gauche qui a organisé le soulèvement des étudiants de mai 1968. Ces
enseignants ont essayé de divulguer leurs idées révolutionnaires à travers les
cours de philosophie, ce qui a donné naissance à un courant qui visait à
ébranler les assises de l'état et à détruire les structures constitutionnelles
par le biais les copies de philo des élèves.
Suite
à cette étude, il fut décidé de commencer à arabiser l'enseignement de la
philosophie dès septembre 1975. La direction de l'enseignement secondaire
(dirigée à cette époque par M. Khlil) a pris les mesures nécessaires pour que
les cours démarreront dans des conditions normales, mais ce n'était pas une
chose évidente car le pays ne disposait ni suffisamment d'enseignants de
philosophie capable d'enseigner en arabe, ni des ouvrages, ni d’un lexique des
concepts en langue arabe"
M. Khlil me
rapporta de vive voix les péripéties d'une réunion houleuse tenue dans la
grande salle du ministère sous la présidence du Ministre Guiga avec les
inspecteurs et les professeurs de philosophie pour annoncer la décision et pour
étudier les modalités d'application. La réunion fut marquée par beaucoup de
contestations, l'inspecteur Mohamed Karray et certains enseignants ont quitté
la salle. Afin de détendre l'atmosphère, M. Khlil propose de passer par une
période transitoire au cours de laquelle les enseignants incapables d'enseigner
en arabe pourraient continuer à le faire en Français. Les sujets du
baccalauréat seront alors proposés dans les deux langues. Quant aux enseignants
qui ne veulent pas changer de langue, on leur a proposé d'enseigner la langue
française. C'est ainsi que la philosophie est passée du français à l'arabe, ce
qui fut la première grande victoire du camp de l'arabisation.
Le courant de
l'arabisation fut soutenu par les travaux de commissions
Afin de se donner plus de légitimité
et de soutien, Mzali avait encouragé les commissions de réflexion à étudier la
question et à soumettre leurs propositions. Nous citons à titre d'exemple les
travaux des commissions permanentes et de la commission spéciale pour
l'arabisation de l'enseignement relevant du comité de coordination de Sfax
(parti socialiste destourien)
Les
commissions permanentes critiquent le
bilinguisme
Au cours de l'été 70, des commissions
permanentes avaient été constituées pour réaliser des études approfondies sur
le système éducatif. Deux ans plus tard (juin 1972), elles avaient remis leurs
rapports et les résultats de leurs travaux[9], Nous
en avons extrait les paragraphes qui ont traité la question de la langue à
l'école primaire où la commission fait une critique virulente du bilinguisme à l'école
primaire. " L'enseignement
primaire est dominé par le bilinguisme et l'enfant n'est pas assuré d'acquérir
une formation harmonieuse. ... Le bilinguisme et l'utilisation du français
comme langue d'enseignement accentuent les méfaits des programmes
...Sans ouvrir un débat sur le principe même du bilinguisme, il est
nécessaire d'énumérer les dommages qui résultent des circonstances dans
lesquelles ce bilinguisme est appliqué dans nos écoles primaires. Parmi ces
dommages on peut citer :
- Apprendre le français à partir de la deuxième
année ... lèse la langue arabe, car il n'y avait ni le contexte psychologique
ni le contexte pédagogique approprié pour que l'enfant s'ouvre sur une autre
langue malgré l'augmentation de l'horaire alloué à la langue arabe et son
utilisation comme langue d'enseignement. Elle est restée la langue du livre et
la langue de la littérature, et elle ne pourra jamais devenir une langue de
travail dans la vie de tous les jours tant qu'elle ne sera pas imposée. Tant
que la langue arabe reste "coincée entre la langue parlée (Adarija) et le
français, elle ne pourra pas progresser et continuera à être marginalisée car
les élèves lui tournent le dos une fois qu'ils passent à l'enseignement
secondaire et surtout à l'enseignement supérieur.
- Nos élèves étudient le calcul en arabe pendant
trois ans puis ils sont contraints de poursuivre leurs études en français
durant les trois années restantes. Ceci n’est pas
sans préjudice. De nombreux élèves resteront faibles
en calcul puis en mathématiques à cause
du changement de la langue
d’enseignement.
- L'enseignement du français lui-même est dispensé
dans des circonstances de plus en plus inhabituelles depuis la réforme de 1958,
comme la réduction de son horaire, la réduction du nombre d'instituteurs de nationalité
française au début, puis l'arrêt total
de leur recrutement en 1969 et leur
remplacement par des moniteurs qui n'avaient ni une formation générale
suffisante ni des compétences
pédagogiques".
- L'introduction du français dès la première et la
deuxième année en 1969 a été faite dans les pires conditions pédagogiques
(recrutement de centaines de moniteurs deuxième catégorie, absence de
programmes et d'outils didactiques appropriés, improvisation inévitable). La
décision fut imposée aux inspecteurs de l'enseignement primaire aussi bien
tunisiens que français. D'ailleurs, l'un d'entre eux est allé jusqu'à l'envoi
d'un rapport à l'administration dans lequel il montrait avec des preuves à
l’appui le manque de pertinence de la décision."
- C’est une erreur de croire
qu’il est possible de garantir à tous les enfants, dans le cadre d'un
enseignement ouvert à toutes les couches sociales et dans les conditions
décrites ci-dessus, une connaissance aussi solide de la langue française. Ce
qui n’était pas le cas quand il n’y avait qu’un petit nombre d’enfants dans un
système où l’éducation était très peu répandue et où les enseignants étaient compétents
et consacraient les deux tiers du temps à l'enseignement de cette langue et
l'utilisaient pour enseigner toutes les autres matières.
"
On n’exagère
pas en disant que, dans les circonstances actuelles, on ne peut pas espérer
donner dans nos écoles à tous les élèves une base correcte, ni en français ni
en arabe, et la faible proportion d’enfants qui, grâce à leurs bonnes
conditions (surtout s’ils sont soutenus par leur milieu familial et social)
arrive à maîtriser l'une ou l'autre langue ou les deux à la fois, ne peut guère
être utilisé comme argument pour réfuter ce que nous disons".
Il est donc
proposé que l’arabe soit la langue de l’enseignement au niveau primaire. Deux
raisons justifient cette proposition :
1- L'arabe
est la langue officielle reconnue dans la Constitution et elle en voie de
devenir progressivement la langue de l'administration et la langue de la
culture nationale.
2- L'utilisation
d'une langue étrangère comme langue d'enseignement au niveau primaire constitue
un obstacle majeur pour l'enfant, car il doit suffisamment maitriser cette
langue pour pouvoir bénéficier des matières enseignées. Pour réaliser cela il y
a deux difficultés.
Le choix de l’arabe comme langue d’enseignement
au primaire est dicté par des considérations pédagogiques, indépendamment du
fait que chaque enseignement ne puisse être un enseignement national que s'il
est donné dans la langue du pays pour contribuer à enraciner l’enfant dans son
milieu.
Et étant donné que l'apprentissage d'une langue
étrangère est souhaitable ... cet enseignement peut être initié au cours des
dernières années du primaire.
Sur la base
de ce qui précède, il a été décidé :
1. de rendre l'arabe la langue
essentielle pour l'enseignement primaire
2. d'enseigner le français en
tant que langue uniquement au cours des deux dernières années (5ème
et 6ème) à raison de 10 heures par semaine, en choisissant la
méthode optimale qui permet d'acquérir des connaissances pratiques et utiles "
Il est bon de préciser que les commissions
permanentes avaient travaillé une longue période et comme c’est Mzali qui
occupait le poste de Ministre de l'éducation, elles lui avaient remis leurs
conclusions qui coïncidaient étrangement avec ses vœux et ses idées. N’a-t-il
pas écrit dans la revue Al-Fikr qu’il dirigeait : « Si nous tenons pour acquis que chaque
nation a une orientation intellectuelle et un génie bien défini, et si nous
convenons que la nation tunisienne est une nation arabe et musulmane, on ne
peut pas nier que la culture nationale doit être arabe et islamique et par
conséquent elle doit être véhiculée par la langue arabe qui est la plus
appropriée. L’arabisation de l’enseignement de toutes les matières et à tous
les niveaux est une question qui va de soi et que la logique impose. Je ne me
tromperai pas si je dis que ceux qui ne croient pas en la possibilité d’une
arabisation de l'enseignement dans tous les cycles sont les victimes d’une
instruction défigurée et d'une culture empoisonnée choisies par le colonisateur
pour tuer le sentiment d'appartenir à la nation et à l'entité
tunisienne. »[10]
La « commission
régionale de Sfax pour l'arabisation » propose un véritable plan pour
arabiser l'enseignement secondaire
Cette commission créée par le comité
de coordination de SFAX, relevant du parti au pouvoir à l'époque (le parti
socialiste destourien), avait choisi d'étudier la question de l'arabisation de
l'enseignement primaire et secondaire. Après sept mois de travail, elle a
publié en1978 un rapport de 81 pages, composé d'une introduction et de six
rapports : rapport de la sous-commissions du primaire, rapport de la
sous-commission de l'arabisation des mathématiques, rapport de la
sous-commission de l'arabisation des sciences physiques, rapport de la
sous-commission de l'arabisation des sciences naturelles, rapport de la sous-commission
de l'arabisation des disciplines économiques et commerciales et rapport de la
sous-commission de l'arabisation des matières techniques.
L'originalité de ce travail réside
dans l'adoption de la technique d'enquêtes auprès des enseignants, des élèves
et des acteurs économiques.
Tous les rapports étaient unanimes
dans l'appel à l'arabisation de l'enseignement primaire, secondaire et
supérieur (pas étonnant, puisque la commission était alignée sur les thèses de
Mzali), d'ailleurs le rapport commence par cinq citations de Mzali, extraites
de la revue Al Fikr. (les numéros de 1971, 1972, 1975 et 1976).
On lit dans l'introduction du rapport
: « La commission a choisi de s'intéresser à la question de l'arabisation de
l'enseignement parce que la langue, en plus d'être un outil de communication et
de compréhension, elle est la base de l'enseignement et de la culture … La
commission croit qu'on ne peut pas dissocier la langue utilisée à l'école et
celle présente à la maison, dans la rue et dans l'administration. Elle croit
aussi que la langue est un facteur essentiel pour consolider l'esprit national
et la fierté de leur authenticité chez les jeunes… L'arabisation de
l'enseignement est une nécessité inévitable car on ne peut changer l'état
actuel de la langue utilisée par la société tunisienne aujourd'hui qui se
caractérise par un mélange entre l'arabe et d'autres langues étrangères
(français, italien, anglais), …qu'à partir de l'école c'est-à-dire par
l'arabisation de l'enseignement. Mais il est nécessaire de bien se préparer à
cela et d'assurer les conditions de la réussite afin de prémunir l'arabisation
de tout risque d'échec… Il va de
soi que
l'arabisation n'est pas le repli et l'enfermement, au contraire il faut
que l'enseignement soit plus ouvert, c'est à dire qu'on doit accorder aux
langues vivantes, et pas seulement à la
langue française, une bonne place en tant que langue dans notre système éducatif, ce qui va
permettre à l'étudiant tunisien de poursuivre ses recherches et ses études en
recourant à plus d'une langue et dans plus d'un pays. » Nous ne pouvons pas
ne pas constater une étrange correspondance de ces paroles avec les thèses
défendues par Mzali.
fin de la
partie 3 , à suivre
Hédi Bouhouch
et Mongi Akrout , revu par Abdessalam Bouzid inspecteurs généraux de
l'éducation
Tunis 2015
Pour accéder
à la version arabe, cliquer ICI
pour revenir à la première
partie, cliquer ICI , à la 2ème partie cliquer
ICI, à la 3ème partie cliquer ICI, à la 4ème partie cliquer
ICI, à la 5ème partie cliquer ICI et
à la 6ème partie cliquer ICI,
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la 7 partie, cliquer ICI- à
la conclusion et la synthèse du chap II,
cliquer ICI- à
la partie 1 - chap III, cliquer ici-
à
la partie 2 - chap III, cliquer ici
[1]Ahmed
Noureddine ( novembre 69 /décembre 69) Mohamed Mzali
(décembre 69/juin 70) ChedlyAyari ( juin 70/octobre 71 ), Mzali (octobre
71/ mars 73). Driss Guiga (mars 73/ avril76) ,Mzali(mai 76/avril 80)
[2]Cette décision est
contraire aux recommandations de la commission nationale de maintenir
l’arabisation totale des deux premières années de l’école primaire.
[3]En mars 1970, il (Mzali) annonce l’arabisation de la première année du primaire (mesure qui sera appliquée à la rentrée 1971). Il est toutefois écarté de l’Éducation nationale en juin 1970, au profit de Chadli Ayari, bête noire des partisans de l’arabisation. Celui-ci, dont la devise serait : « Il ne suffit pas de parler arabe, il faut surtout penser tunisien », sera durant une année l’objet des attaques des arabisants (dont Mzali), ce qui le conduit à démissionner de son poste en octobre 1971 :Grand Guillaume : L’arabisation au Maghreb, Revue d’Aménagement linguistique, Aménagement linguistique au Maghreb, Office Québécois de la langue française, N°107, hiver 2004, p.15-40 .http://www.ggrandguillaume.fr/titre.php?recordID=51
[4]Bouhouch&Akrout
:Radioscopie sur l’évolution quantitative
de l’enseignement en République Tunisienne : vue générale. blog
pédagogique 6/3/2017.
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2017/03/radioscopie-sur-levolution-quantitative.html
[5]Bouhouch&akrout
: Mohamed Mzali évalue les programmes scolaires de la réforme de 1958[1] et
appelle à la tunisification des programmes scolaires.blog pédagogique
19/12/2016
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/12/mohamed-mzali-evalue-les-programmes.html
[6]M.Mzali, Mawakef, 1973, pp 38,39. , cité par le blog
pédagogique, opt cite
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/12/mohamed-mzali-evalue-les-programmes.html
[7] D'après M.Mohamed El Hédi KHLIL Driss Guiga n'avait rendu visite à la Syrie à cette époque.
[8]M.Mohamed El Hédi KHLIL : contributions et prises de positions pp81 /82
[9] Les commissions permanentes constituées par le ministre
Ayari ont continué à travailler sous Mzali et avaient produit trois rapports,
un rapport par cycle d’enseignement. Nous avons eu la chance d’accéder à ces
rapports qui nous été offerts gracieusement par notre cher professeur Ahmed
Zghal, l’ancien directeur du lycée 15 novembre de Sfax ( l’ex annexe de la
zitouna ) et ancien directeur régional de l’enseignement de Sfax qui a eu la
gentillesse et l’amabilité de nous ouvrir les portes de sa bibliothèque
personnelle, une véritable mine de documents rares pour les chercheurs et les historiens de
l’éducation. Qu’il en soit vivement remercié.
[10] Mohamed Mzali: Revue Al
FIKR n°4,janvier 1971
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