dimanche 6 février 2022

Projet de l'école de base -juin 1984 ( partie 4)

 


Hédi Bouhouch

Le blog pédagogique poursuit  cette semaine la publication du rapport  relatif à l'histoire du projet  de l'école ou l'enseignement de base en Tunisie, préparé par la commission qui a été chargée de la conception d'un projet complet de l'école de base en 1982 ( voilà presque 40 ans déjà), c'est le ministre Mohamed Frej CHEDLY    qui avait décidé de   constituer  la dite commission dont la présidence fut confiée à Mohsen Mezghanni , l'inspecteur général de l'éducation.

Les membres de la commission ont travaillé sur la question durant deux années scolaires consécutives ( 1982/83 et 1983/84), le rapport final du projet fut adopté dans sa version finale au cours d'une réunion plénière tenue à Nabeul le 19 mai 1984, mais le rapport  est resté dans les tiroirs du Ministère, et l'ambitieux  projet est resté en souffrance pour plusieurs raisons dont des raisons subjectives et des raisons financières( coût de la réforme ).

 

Pour revenir à la première partie, cliquer ICI, à la 2ème partie, cliquer ICI, à la 3éme partie, cliquer ICI

 

3- les contenus des programmes

Il est souhaitable de prendre en compte les orientations suivantes lors de l'élaboration des programmes :

- Considérer les caractéristiques psychologiques de l'enfant aux différents stades de son développement afin de donner une éducation convenable et globale,

- Relier les programmes à la réalité tunisienne et les ancrer dans notre authenticité pour contribuer à sa sauvegarde et renforcer nos appartenances maghrébines, arabes et islamiques, en harmonie avec la réalité mondiale en évolution, et en soutenant notre marche vers la modernité intellectuelle et technologique.

- Faire des programmes un catalyseur d'auto-apprentissage continu et d'aide au développement continu, c'est-à-dire qu'ils développent chez l'enfant l'amour du savoir et orientent son intelligence vers ce qui le rend capable de développer l'équilibre pédagogique et scientifique qu'il acquiert à l'école,

- Adapter le contenu des programmes à l'horaire qui leur est imparti et éviter l'encyclopédisme afin d'éviter les dispersions et la superficialité,

- Chercher à réaliser un lien entre les différentes disciplines pour les rendre complémentaires et équilibrées et qu'elles puissent contribuer à consolider les valeurs nationales et civilisationnelles.

- Adapter les programmes pour former une unité suffisante pour assurer la poursuite des apprentissages ou l'intégration dans la vie professionnelle.

4. les méthodes et les moyens 

Les méthodes pédagogiques les plus efficaces et les plus rentables sont les méthodes actives qui répondent à des objectifs clairs, exploitent les capacités de l'enfant, développent sa personnalité et l'aident à s'auto-évaluer et à continuer à apprendre.

Ces méthodes ne peuvent atteindre l'efficacité souhaitée que si une attention particulière est accordée aux questions suivantes :

- Prendre soin de la lecture aux différents stades de l'enseignement de base comme un moyen de développer la capacité de poursuivre la formation.

- Donner au développement de la mémoire le soin nécessaire car un minimum de mémorisation consciente est nécessaire au succès du processus éducatif.

- permettre aux méthodes éducatives d’interagir au sein de l’école avec l’environnement et la vie publique et utiliser les données fournies par les médias pour soutenir le rôle de l’école de base.

- Bien exploiter les média audio et visuels, adapter ce qui nous vient de l'extérieur par ces moyens et ce que nous en produisons en rapport avec notre réalité, nos capacités et les exigences de l'efficacité éducative, à condition que ces médias ne se transforment pas en moyens pour figer l'éducation, car rien ne remplace la chaleur de l'éducation directe dans laquelle la relation est étroite entre l'enseignant et l'apprenant.

- Fournir le minimum d'équipements de base et d’équipements pédagogiques qui sont les piliers des méthodes éducatives et déterminer ce qui est nécessaire pour enseigner chaque matière.

- Veiller à préparer des manuels qui servent à la mise en œuvre des programmes de l'école de base. Pour ce faire, il faudrait passer par la voie  des concours pour leur élaboration  chaque fois que le besoin s'en fait sentir. En outre, il faudrait  encourager la production de  plus d'un manuel pour une même discipline  dans chaque niveau. Enfin il faudrait veiller à  consacrer  un livre pour l'enseignant et un autre pour l'élève. Il est nécessaire que les livres scolaires :

- soient une  aide  au travail personnel pendant les temps libres de l'élève,

- soient bien édités et bien faits et mis à disposition à des prix modérés loin  du caractère  commercial,

- indiquent leurs  références,  leurs sources et les moyens  qui les complètent.

- soient à jour par rapport à l'évolution de la société et aux problèmes qui lui sont posés.

III. L'horaire

Le document de réforme du système éducatif a fixé un horaire global pour les différentes années, qui comprend l'éducation manuelle et l'éducation physique, soit 25 heures pour le premier degré et 30 heures pour les deux autres degrés.

On a étudié les différences des horaires entre l'enseignement primaire et secondaire actuel (à l'école primaire actuelle les séances sont de 10, 15 ou 25 minutes selon la matière et le niveau, alors qu’elles sont d’une heure au collège et au lycée). Il a été noté que les courtes séances peuvent affecter le processus d'enseignement car elles ne donnent pas à l'enfant le temps nécessaire pour l'assimilation du cours. En plus le chevauchement des matières et des séances entraine parfois la négligence de certaines d'entre elles. Il a également été remarqué que la séance d'une heure ne correspond pas au potentiel de l'enfant dans ses premières années. Il a donc été convenu :

- d’unifier la perception des séances de  cours pour tous les niveaux de la première année à la neuvième,

- de considérer le temps des récréations comme inclus dans le  temps des séances de cours,

- d’éviter la fragmentation observée actuellement dans les séances  de cours.

- d’opter l’unité de 30 minutes comme  durée minimale pour toutes les matières à tous les niveaux, de telle manière que le temps alloué pour toute matière  de l'enseignement  de base ne peut être  inférieur à 30 minutes (y compris la récréation) ou un multiple  de 30 minutes.

- d’unifier les appellations  de certains matières similaires.

Quant à la répartition de l'horaire sur les matières, les tendances générales adoptées sont les suivantes :

- Renforcer la langue arabe dans les premières années d'une manière qui permet son appropriation puis de réduire progressivement cet horaire puisque la  langue  arabe sera la langue d'enseignement pour toutes les matières.

- Adopter le même principe pour la langue française (renforcement puis allègement).

- Démarrer l'enseignement de la langue française à partir de la quatrième année, c'est-à-dire après avoir laissé à l'enfant au cours du premier degré le temps de s'enraciner dans son environnement arabo-musulman tout en veillant à prévoir le temps suffisant pour qu'il puisse maîtriser la langue étrangère.

- consolider  la formation scientifique en  associant la théorie et la pratique.

A la lumière de ce qui précède, les commissions ont arrêté l'emploi du temps de l'enseignement de base comme suit :

 

 

 

total

Troisième degré

Deuxième degré

Premier degré

Discipline

Niveau

30.75

5

5

5

6h30

6h30

8h30

13

13

13

Arabe

16

1.30

1.30

1.30

1.30

1.30

1.30

 

 

 

Morale et éd.Islam

3

0.30

0.30

0.30

0.30

0.30

0.30

 

 

 

Ed civique

5

1

1

1

1

1

 

 

 

 

Histoire

6

1

1

1

1

1

0.30

0.30

 

 

Géographie

39

5

5

5

4

4

4

4

4

4

Mathématiques

11

 

 

 

1.30

1.30

2

2

2

2

Eveil scientifique

4.30

1.30

1.30

1.30

 

 

 

 

 

 

Sc.physiques

4.30

1.30

1.30

1.30

 

 

 

 

 

 

Sc.naturelles

6

1

1

1

0.30

0.30

0.30

0.30

0.30

0.30

Chant et musique

7.30

1

1

1

0.30

0.30

0.30

1

1

1

Ed. artistique

20

4*

*4

*4

*2

2*

1

1

1

1

Ed.manuelle

12

2

2

2

1

1

1

1

1

1

Edu physique

45

5

5

5

10

10

10

 

 

 

Français

255

30

30

30

30

30

30

25

25

25

Total

 

IV- Les structures

1- Conception des structures de l'enseignement de base

La conception des structures de l'enseignement de base a tenu compte des données suivantes :

- Tenir compte des différences entre les structures existantes au primaire et au secondaire du point de vue de la taille et de la situation géographique  ce qui incite à la souplesse et à la progression lors de leur transformation en écoles de base.

- Veiller à ce que le nombre  d’élèves  par école de base ne dépasse les limites raisonnables.

- Eviter dans la mesure du possible les internats pour se prémunir des problèmes qui résultent du déracinement de l'enfant de bas âge de son environnement familial. Pour cela  il faudrait améliorer les moyens de transport dans les régions qui en ont besoin.

. Bien exploiter les salles, les laboratoires et les ateliers.

A la lumière de ces données, les commissions ont envisagé les structures du nouveau système comme suit :

a- Les écoles varient comme suit :

§  des écoles sans internat

- des écoles de base avec un premier  degré et une partie du  deuxième degré

- des écoles de base avec les  deux degrés, (premier et deuxième degré)

- des écoles de base complètes avec les trois degrés, à condition qu'il y ait au moins deux  classes de septièmes années au départ, composées d'élèves de la même école ou d'élèves des écoles voisines qui n'ont que deux degrés seulement. Il est préférable que ce troisième type d'école ait plus que deux classes de 7ème afin de bien exploiter les ateliers à condition  qu’aucune école ne dépasse le nombre de 900 élèves, ce qui équivaut à 30 classes.

§    des écoles avec internat

Elles  sont  destinées  à accueillir les élèves qui ne peuvent pas se déplacer quotidiennement entre l'école et leur domicile. Elles peuvent être de deux types :

- Des écoles complètes avec les trois degrés, le nombre total d'élèves par école ne dépassant pas 900.

- Des écoles avec le troisième degré seulement, dans ce cas il vaut mieux que le nombre de classes  soit de 15 ou 30 classes, ce nombre de classes permettant la pleine exploitation des ateliers et des laboratoires

b-. Les locaux d'enseignement

§  les salles ordinaires:

- Dans le premier degré (25 heures, dont une heure d'éducation physique) : 2 salles pour 3 classes.

- Dans le deuxième degré (30 heures, dont 1 heure d'éducation physique et 2 heures d'éducation manuelle pour la cinquième et la sixième), deux salles pour 3 classes.

- Dans le troisième degré (30 heures, dont 2 heures d’éducation physique, 4 heures d'éducation  manuelle et 3 heures pour les sciences), 2 salles pour 3 classes.

§  les ateliers et les laboratoires

- Dans le premier degré : rien.

- Dans le deuxième degré : un atelier dans l'école de base avec des première et deuxième degrés uniquement, à condition que les caractéristiques  de cet atelier soient conformes aux exigences de l'éducation manuelle dans le deuxième degré. Dans l'école de base complète  (avec les trois degrés), les classes du  deuxième degré utilisent les ateliers prévus pour le troisième degré.

- Dans le troisième degré : 2 ou 3 ateliers et un terrain agricole :    

 * Un laboratoire de sciences naturelles et de sciences physiques pour les écoles dont le nombre de classes du 3ème degré  excède six  (6),

 * Un laboratoire pour les sciences naturelles et un autre pour les sciences physiques pour les écoles dont le nombre de classes du 3ème degré  excède six  (6)

2. Structures administratives et similaires

Chaque école de base avec les premier et deuxième degré comprend : deux bureaux pour l'administration - une salle des enseignants qui peut être utilisée comme bibliothèque pour eux - une infirmerie - un terrain de sport entièrement équipé - deux vestiaires, un pour les garçons et l'autre pour les filles - un magasin pour garder les équipements de l'école.

Quant aux écoles complètes (comprenant les 3 degrés)  ou avec seulement le troisième degré, elles ont besoin d'une structure administrative complète.

Remarque : les ateliers et les salles de cours sont utilisés pendant les vacances pour les activés des clubs.

 

3 .Comment exploiter les structures existantes.

À l'avenir, l'enseignement de base remplacera, en termes de capacité d'accueil, l'enseignement primaire et le tronc commun de l'enseignement secondaire avec ses filières longues et professionnelles selon la nouvelle vision. Il accueillera en plus un groupe important d'élèves pendant trois ans, composé de ceux qui quittaient auparavant l'école à la fin de l'enseignement primaire actuel ( ils ne réussissaient pas le concours d'entrée)..

Cela signifie qu'il aura besoin d'un ensemble important de structures qui pourraient inclure :

-toutes les structures de l'enseignement primaire

- certaines structures de l'enseignement secondaire et de l'enseignement professionnel secondaire

-l'ensemble des nouvelles créations et les extensions, selon ce que va donner l'étude de terrain du projet de l'école de base, car il est clair que les structures actuelles ne répondront pas au besoin.

Le problème se trouve peut-être surtout dans les structures de l'enseignement professionnel et secondaire, ce qui va se répercuter sur l'ampleur des créations  et des extensions.

 

A cet égard, la Direction du Plan et les cellules régionales de planification qui sont sur place sont invitées  à recenser le nombre d'élèves qui sont actuellement présents dans les différentes sections du deuxième cycle de l'enseignement secondaire et à estimer l'évolution de ce nombre dans les années à venir jusqu'à l'arrivée de la première promotion de l'école de base (en 1992) si l'on suppose le début de l'application de l'enseignement de base en 1986 à partir de la quatrième année. Ce travail est l'objet d'une étude sur terrain dans chaque région du pays qui vise à :

- Inventorier les structures et les équipements, techniques et autres, que l'enseignement secondaire doit conserver pour accueillir les élèves.

- Inventorier les structures et équipements dont on peut se passer et les transférer progressivement vers l’enseignement de base en fonction de l'avancement de sa mise en place et de la disparition du tronc commun actuel de l’enseignement secondaire

 - Fixer les besoins en nouvelles créations et les extensions nécessaires pour mettre en place le système de l'enseignement de base après avoir épuisé les capacités d'accueil des deux structures existantes.

En conséquence, cette étude va préciser en même temps les besoins en termes de cadres.

 

Fin de la 4ème partie à suivre, pour revenir à la première partie, cliquer ici, et à la deuxième,cliquer ici, et à la troisième, cliquer ici

Traduction  Mongi Akrout & Abdessalam Bouzid, inspecteurs généraux de l'éducation

Tunis , janvier 2022

Pour accéder à laversion FR, cliquer ICI

 

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