.
Parler de
la question éducative en ce moment est une nécessité, c'est une nécessité, non
pour se lancer dans des enchères et de
tiraillements qui caractérisent les relations
entre les composantes du système éducatif (inspecteurs, professeurs,
administrateurs, surveillants et ouvriers ... d'un coté et l'autorité de
tutelle représentée par le ministère et son personnel administratif d'autre
part). Cette relation est commandée par les revendications et leur
satisfactions parfois, et parfois les atermoiements dans l'application des
accords, telle est la nature des rapports professionnels, en effet l'essence même
de l'action syndicale est la défense des revendications des adhérents et le
soucis d'améliorer leurs conditions de travail et leurs salaires, de même que
les autorités de tutelle et les patrons de tous les bords cherchent à manœuvrer et à baisser le niveau d'exigence et à mettre l'accent sur
les détails pour gagner du temps... Ainsi, le discours sur l'éducation ici ne
repose pas sur un arrière plan revendicatif - même s'il était et restera dans
la nature de la question éducative - mais c'est plutôt un discours prospectif
sur ce que nous attendions des prochains gouvernements et de ses ministres dans
leur nouveau projet éducatif.
Notre expérience
éducative et pédagogique de plus de trois décennies dans divers postes
(enseignement, administration et inspection) nous a conduit à constater de
nombreuses lacunes dans notre système éducatif. Ce système repose sur trois
expériences qui ont été codifiées par trois lois qui encadrent l'action
éducative en Tunisie (la loi de 1958 attribuée au professeur Mahmoud Al-Messadi,
la loi de 1991 établie par le professeur Mohamed Charfi et la loi de 2002 (mise
en place par le professeur Moncer Rouissi) qui continue à organiser le secteur
aujourd'hui)... Ce système a besoin de nouvelles visions qui prennent en compte
les besoins de la jeunesse et qui répondent aux demandes des éducateurs et des
familles dans ce qu'on appelle le temps social... Nul ne nie les nombreux
acquis que la société avait réalisé grâce à nos systèmes éducatifs successifs. On
peut peut-être considérer que le grand pari sur l'école dans les premières
années de l'indépendance, la modernisation de l'école, la scolarisation de la femme et la diffusion des écoles dans toutes
les régions du pays... Tels sont quelques-uns des avantages du pari sur
l'éducation par rapport aux systèmes des autres pays arabes et africains qui ont accédé à l'indépendance à
la même période que notre pays... Cependant... malgré tous ces acquis, réformer
notre système éducatif aujourd'hui se doit de prêter attention rapidement
à ces propositions que nous présentons brièvement sous la forme de grandes
lignes :
* Il
faudrait de l'audace pour choisir la ou les langues d'enseignement nécessaires
et efficaces dans les trois cycles de l'enseignement (primaire, préparatoire et
secondaire).
* Activer
la logique des familles de disciplines (langues, sciences, sciences sociales,
arts..) et privilégier l'identification ce qui les rapproche en facilitant les
passerelles entre leurs programmes afin d'éviter le gaspillage de temps et la pression sur le temps scolaire .
* Réviser
le système disciplinaire actuel ( qui remonte à octobre 1991) en impliquant tous les acteurs concernés par l'éducation (les
juristes / la société civile / ... ) puisqu'il
s'agit d'une mini constitution qui
réglemente ce secteur sensible.
* Accorder à la formation (c'est-à-dire
enseignement et apprentissage) la plus grande importance dans le fonctionnement
de l'école en remplaçant le régime d'évaluation trimestriel par un régime semestrielle qui donne à
l'enseignant et à l'apprenant le temps nécessaire pour s'occuper réellement des
savoirs (analyse, critique et recherche), loin la logique de la sanction (le régime d'évaluation trimestriel est souvent imposé par l'autorité pour des considérations de sécurité en
préoccupant toutes les parties par les examens et en détournant leur attention des
autres préoccupations) .
*Le temps
scolaire est aujourd'hui une source de
stress pour l'apprenant, l'enseignant, les familles et toute la communauté,
c'est la raison pour laquelle il faudrait penser sérieusement
à des solutions qui permettraient à l'école et aux familles de s'occuper
de l'apprenant d'une manière qui
protègerait la jeunesse des différents dangers qui la menacent (violence/addiction/délinquance....)
Ce sont
là quelques idées qui pourraient contribuer à éclairer les acteurs de
l'éducation et les autres sur la nécessité de réfléchir sérieusement à une
réforme de l'éducation qui répond à la nature de l'étape que traverse notre
société et aux grands défis qui l'attendent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Abdallah
Attia, Inspecteur général des écoles préparatoires et des lycées retraité.
12 février 2022
https://www.facebook.com/groups/1556056684619941/user/100002281132894/
Traduction,
Mongi Akrout, Inspecteur général de l'éducation retraité.
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