dimanche 27 février 2022

A propos de la question éducative

 



Abdallah Attia

Le blog pédagogique publie cette semaine un billet que notre collègue
Abdallah Attia, Inspecteur général des collèges et des lycées   avait posté dans sa page Facebook il y a quelques jours dans lequel il avançait quelques idées sur l'urgence de penser une réforme de notre système éducatif loin des tiraillements et des luttes contre productives mais dans un esprit de concorde et de participation dans l'intérêt de la jeunesse, du système éducatif et du pays.

Le blog pédagogique tient à présenter à notre collègue Abdallah Attia ses remerciements pour lui avoir permis de reproduire son billet .

 

 

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Parler de la question éducative en ce moment est une nécessité, c'est une nécessité, non pour  se lancer dans des enchères et de tiraillements  qui caractérisent les relations entre les composantes du système éducatif (inspecteurs, professeurs, administrateurs, surveillants et ouvriers ... d'un coté et l'autorité de tutelle représentée par le ministère et son personnel administratif d'autre part). Cette relation est commandée par les revendications et leur satisfactions parfois, et parfois les atermoiements dans l'application des accords, telle est la nature des rapports professionnels, en effet l'essence même de l'action syndicale est la défense des revendications des adhérents et le soucis d'améliorer leurs conditions de travail et leurs salaires, de même que les autorités de tutelle et les patrons de tous les bords cherchent à  manœuvrer et à baisser  le niveau d'exigence et à mettre l'accent sur les détails pour gagner du temps... Ainsi, le discours sur l'éducation ici ne repose pas sur un arrière plan revendicatif - même s'il était et restera dans la nature de la question éducative - mais c'est plutôt un discours prospectif sur ce que nous attendions des prochains gouvernements et de ses ministres dans leur nouveau projet éducatif.

Notre expérience éducative et pédagogique de plus de trois décennies dans divers postes (enseignement, administration et inspection) nous a conduit à constater de nombreuses lacunes dans notre système éducatif. Ce système repose sur trois expériences qui ont été codifiées par trois lois qui encadrent l'action éducative en Tunisie (la loi de 1958 attribuée au professeur Mahmoud Al-Messadi, la loi de 1991 établie par le professeur Mohamed Charfi et la loi de 2002 (mise en place par le professeur Moncer Rouissi) qui continue à organiser le secteur aujourd'hui)... Ce système a besoin de nouvelles visions qui prennent en compte les besoins de la jeunesse et qui répondent aux demandes des éducateurs et des familles dans ce qu'on appelle le temps social... Nul ne nie les nombreux acquis que la société avait réalisé grâce à nos systèmes éducatifs successifs. On peut peut-être considérer que le grand pari sur l'école dans les premières années de l'indépendance, la modernisation de l'école, la scolarisation  de la  femme et la diffusion des écoles dans toutes les régions du pays... Tels sont quelques-uns des avantages du pari sur l'éducation par rapport aux systèmes des autres pays arabes et  africains qui ont accédé à l'indépendance à la même période que notre pays... Cependant... malgré tous ces acquis, réformer notre système éducatif    aujourd'hui se doit de prêter attention rapidement à ces propositions que nous présentons brièvement sous la forme de grandes lignes :

*  Il faudrait de l'audace pour choisir la ou les langues d'enseignement nécessaires et efficaces dans les trois cycles de l'enseignement (primaire, préparatoire et secondaire).

* Activer la logique des familles de disciplines (langues, sciences, sciences sociales, arts..) et privilégier l'identification ce qui les rapproche en facilitant les passerelles entre leurs programmes afin d'éviter le gaspillage  de temps et la pression sur le temps scolaire .

* Réviser le système disciplinaire actuel ( qui remonte à octobre 1991) en impliquant  tous les acteurs concernés par l'éducation (les juristes /  la société civile / ... ) puisqu'il s'agit  d'une mini constitution qui réglemente ce secteur sensible.

*  Accorder à la formation (c'est-à-dire enseignement et apprentissage) la plus grande importance dans le fonctionnement de l'école en remplaçant le régime d'évaluation trimestriel  par un régime semestrielle qui donne à l'enseignant et à l'apprenant le temps nécessaire pour s'occuper réellement des savoirs (analyse, critique et recherche), loin la logique  de la sanction  (le régime d'évaluation trimestriel  est souvent imposé par l'autorité  pour des considérations de sécurité en préoccupant toutes les parties par les examens et en détournant leur attention des autres préoccupations) .

*Le temps scolaire  est aujourd'hui une source de stress pour l'apprenant, l'enseignant, les familles et toute la communauté, c'est la raison pour laquelle il faudrait penser   sérieusement à des solutions qui permettraient à l'école et aux familles de s'occuper de  l'apprenant d'une manière qui protègerait la jeunesse des différents dangers qui la menacent  (violence/addiction/délinquance....)

Ce sont là quelques idées qui pourraient contribuer à éclairer les acteurs de l'éducation et les autres sur la nécessité de réfléchir sérieusement à une réforme de l'éducation qui répond à la nature de l'étape que traverse notre société et aux grands défis qui l'attendent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

 

Abdallah Attia, Inspecteur général des écoles préparatoires et des lycées  retraité.

12  février 2022

https://www.facebook.com/groups/1556056684619941/user/100002281132894/

Traduction, Mongi Akrout, Inspecteur général de l'éducation retraité.

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