Nous entendons , ici , par le travail à la maison ou les devoirs
à la maison , l’ensemble des activités
éducatives exécutées par les élèves en dehors de l'école , qu’elles soient à la
demande de leurs enseignants, ou de
leurs parents , ou qui relèvent de la propre volonté des élèves eux mêmes . On peut distinguer quatre grands types
d’activité:
« le travail des élèves pour l’école, en dehors de l'école».
Il s’agit de devoirs et d’exercices,
donnés par l'enseignant, et de toutes les tâches comme les révisions et la préparation des
leçons, que l’élève doit faire à la maison,
après l’école.
Les activités organisées par les parents comme les cours
particuliers individuels ou collectifs, pendant l'année scolaire ou pendant les
vacances scolaires.
les activités de remédiation
et les cours de soutien organisés
par les écoles ou les associations ou par les collectivités pour
les élèves en difficulté, elles ont lieu souvent à l’école même, en complément
de l’horaire officiel.
Et les activités de
recherche et de lecture personnelles qui relèvent de la propre initiative de l’élève.
C’est le premier type d’activité qui nous intéresse dans ce
billet ; car la question du travail
à la maison est parmi les préoccupations aussi bien des parents et de
l’opinion publique que les spécialistes
de l’éducation, en particulier au niveau de l'école primaire.
Les enseignants voient dans
ces devoirs un moyen de consolidation de
l'apprentissage acquis en classe, et un des moyens pour terminer les programmes. Les parents les considèrent comme un facteur de réussite, tandis que les
médecins les considèrent comme un fardeau
pour les jeunes élèves, enfin les chercheurs en éducation sont perplexes à propos de l’évaluation objective de ce type d’activité, devant
l’absence de preuves concrètes de son utilité ou de son inutilité.
Ce qui est sûr c’est que ce
phénomène est omniprésent dans
les systèmes éducatifs de nombreux pays. Bien qu’interdit par certains
comme c’est le cas de l’école primaire française depuis 1956, les devoirs à la
maison continuent à exister . On peut
affirmer qu’il s’est développé grâce à
l’invasion des nouvelles technologies telle que les tablettes.
A l’école tunisienne, le phénomène remonte au premiers temps de
l’école et il continue à alimenter la
polémique entre ceux qui sont pour l’interdiction pure et simple des devoirs à
la maison et ceux qui, au contraire, défendent cette pratique, notons que les
circulaires interdisent les devoirs à la maison pour les deux premières années
de l’école de base.
En fouillant dans les archives de l’école tunisienne nous avons
trouvé une circulaire de la direction de l’enseignement public, qui date de 1951, consacré à la question. La circulaire,
fort intéressante, a défini les
fonctions pédagogiques des devoirs à la maison, elle a précisé ses
caractéristiques et le temps nécessaire pour les faire et quels étaient les
moments où il faudrait s’abstenir d’en donner. En raison de l'importance de ce
document qui fait partie de la mémoire
de notre école ; nous avons voulu le publier dans notre blog dans la
section : Mémoire de l’école ; afin de rappeler comment nos anciens avaient
traité cette question.
Circulaire
du 7 novembre 1951 relative aux devoirs à la maison
Mon attention a été maintes fois appelée sur les devoirs
dits « du soir » que les maitres donnent à leurs élèves.
Le sujet est vaste et pourrait être l’objet, à lui seul, d’une petite conférence pédagogique.
Aussi bien, me bornerai- je ici à quelques directives que je
désirerais voir observer strictement dans toutes les écoles primaires de la
régence.
Il convient de noter tout d’abord que trop nombreux sont les
enfants de nos écoles qui sont placés chez eux dans des conditions difficiles et défavorables pour l’exécution d’un travail écrit ;
nous ne pouvons pas nous permettre de n’en pas tenir compte.
Si l’on donne des devoirs à la maison, ce doit être pour que
l’enfant en retire un profit- et un profit certain – et non pour satisfaire à
je ne sais quelle tradition ou je ne sais quelle exigence, vérifiée ou
prétendue, des familles.
Pour être profitable le devoir à la maison doit être court, bien
adapté, exécuté proprement, corrigé en classe. S’il ne doit ne pas réunir ces
qualités, mieux vaut s’abstenir de en donner : il risquerait de donner à
l’enfant de mauvaises habitudes, de lui faire perdre ou de fausser dans son
esprit les notions qu’il aurait pu acquérir en classe. La question est
d’importance et mérite notre attention.
Nous disons donc que le devoir à la maison doit être :
Court : pour que l’enfant
puisse le faire volontiers en s’appliquant et qu’il lui reste suffisamment de
temps pour étudie ses leçons, ce qui est tout aussi important.
Bien adapté c’est à dire :
En rapport étroit avec le degré de connaissances de l’enfant.
En rapport étroit avec les leçons qui ont été faites en classe
Exécuté avec soin :
comme tout travail de l’écolier .Si l’enfant doit faire hâtivement son travail
pour s’en débarrasser, mieux vaut qu’il ne le fasse pas.
Corrigé en classe :
cela ne veut pas dire que le maître passera dans les bancs les matins et
griffonnera un Vu ,un Bien ou un Assez Bien ou tout autre formule sur les
cahiers ; cela ne veut pas dire que le maître « ramassera » les
cahiers du soir de temps à autre pour se livrer plus à l’aise à la même
opération … Cela veut dire que, comme tout autre devoir écrit fait en classe ,
le devoir à la maison sera corrigé en commun et par les enfants eux– mêmes.
J’entends l’objection : Quand ? L’horaire ne le permet pas.
Je sais … Eh bien !
Il le permettra ! Au début de la leçon de calcul ou de la leçon de
français, on trouvera quelques minutes pour corriger le devoir du soir.
Cela implique que celui-ci a été court, bien adapté, bien
exécuté c’est à dire facilement et
rapidement corrigeable.
Cela veut dire que le devoir à la maison doit être unique :
soit un devoir de français ou de calcul, jamais les deux, même les veilles de
congés hebdomadaires, quel que soit le cours dans lequel nous nous trouvons.
Est-il besoin d’ajouter les devoirs à la maison doivent être
rigoureusement proscrits dans les cours préparatoires et les cours élémentaires
1° année ? Même si les familles … l’exigeaient ! Pour ces petits
enfants, il suffirait qu’ils relisent leur lecture du jour chez eux.
Je demande à MM les inspecteurs de l’enseignement primaire
de veiller dans les classes de leur ressort à l’observation des
présentes directives ; je leur demande d’en tenir compte pour l’établissement de leurs rapports
d’inspection et de la note qu’ils proposent
P. Le
directeur de l’instruction publique, et P. l’inspecteur d’académie, chef
de service de l’enseignement primaire
A. Signoret
Source :
Bulletin Officiel de la direction de
l’Instruction Publique, oct. nov. déc.
1951 ; n° 7 - 65° année ; p 70.
j'ai lu cet article avec intérêt.
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