lundi 20 janvier 2014

Les devoirs à la maison



Nous entendons , ici , par le travail à la maison ou les devoirs à la maison , l’ensemble  des activités éducatives exécutées par les élèves en  dehors de l'école , qu’elles soient à la demande de leurs enseignants, ou  de leurs parents , ou qui relèvent de la  propre volonté des élèves eux mêmes  . On peut distinguer quatre grands types d’activité:
   « le travail des élèves pour l’école, en dehors de l'école».  Il s’agit de devoirs  et d’exercices, donnés par l'enseignant, et de toutes les tâches  comme les révisions et la préparation des leçons, que l’élève doit faire  à la maison, après l’école.
   Les activités organisées par les parents comme les cours particuliers individuels ou collectifs, pendant l'année scolaire ou pendant les vacances scolaires.
   les activités de remédiation  et les cours  de soutien organisés par les écoles ou les associations ou par les collectivités  pour  les élèves en difficulté, elles  ont lieu souvent à l’école même, en complément de  l’horaire officiel.
    Et les activités de recherche et de lecture personnelles qui relèvent de la propre initiative de l’élève.
C’est le premier type d’activité qui nous intéresse dans ce billet ; car la question du  travail à la  maison est parmi  les préoccupations aussi bien des parents et de l’opinion publique  que les spécialistes de l’éducation, en particulier au niveau de l'école primaire.
 Les enseignants voient dans ces devoirs un moyen  de consolidation de l'apprentissage acquis en classe, et un des moyens pour terminer les  programmes.  Les parents  les considèrent  comme un facteur de réussite, tandis que les médecins les  considèrent comme un fardeau pour les jeunes élèves, enfin les chercheurs en éducation  sont perplexes à propos de l’évaluation  objective de ce type d’activité, devant l’absence de preuves concrètes de son utilité ou de son inutilité.
Ce qui est sûr c’est que ce  phénomène est omniprésent dans  les systèmes éducatifs de nombreux pays. Bien qu’interdit par certains comme c’est le cas de l’école primaire française depuis 1956, les devoirs à la maison continuent à exister . On peut affirmer qu’il s’est développé  grâce à l’invasion des nouvelles technologies telle que les tablettes.
A l’école tunisienne, le phénomène remonte au premiers temps de l’école  et il continue à alimenter la polémique entre ceux qui sont pour l’interdiction pure et simple des devoirs à la maison et ceux qui, au contraire, défendent cette pratique, notons que les circulaires interdisent les devoirs à la maison pour les deux premières années de l’école de base.
En fouillant dans les archives de l’école tunisienne nous avons trouvé une circulaire de la direction de l’enseignement public, qui date de  1951, consacré à la question. La circulaire, fort intéressante, a défini  les fonctions pédagogiques des devoirs à la maison, elle a précisé ses caractéristiques et le temps nécessaire pour les faire et quels étaient les moments où il faudrait s’abstenir d’en donner. En raison de l'importance de ce document qui fait partie de la  mémoire de notre école ; nous avons voulu le publier dans notre blog dans la section : Mémoire de l’école ;  afin de rappeler comment nos anciens avaient traité  cette question.

Circulaire du 7 novembre  1951  relative aux devoirs à la maison


Mon attention a été maintes fois appelée sur les devoirs dits  « du soir » que les maitres donnent à leurs élèves.
Le sujet est vaste et pourrait être l’objet, à lui seul,  d’une petite conférence pédagogique.
Aussi bien, me bornerai- je ici à quelques directives que je désirerais voir observer strictement dans toutes les écoles primaires de la régence.
Il convient de noter tout d’abord que trop nombreux sont les enfants de nos écoles qui sont placés chez eux dans des conditions  difficiles et défavorables  pour l’exécution d’un travail écrit ; nous ne pouvons pas nous permettre de n’en pas tenir compte.
Si l’on donne des devoirs à la maison, ce doit être pour que l’enfant en retire un profit- et un profit certain – et non pour satisfaire à je ne sais quelle tradition ou je ne sais quelle exigence, vérifiée ou prétendue, des familles.
Pour être profitable le devoir à la maison doit être court, bien adapté, exécuté proprement, corrigé en classe. S’il ne doit ne pas réunir ces qualités, mieux vaut s’abstenir de en donner : il risquerait de donner à l’enfant de mauvaises habitudes, de lui faire perdre ou de fausser dans son esprit les notions qu’il aurait pu acquérir en classe. La question est d’importance et mérite notre attention.

Nous disons donc que le devoir à la maison doit être :
Court : pour que l’enfant puisse le faire volontiers en s’appliquant et qu’il lui reste suffisamment de temps pour étudie ses leçons, ce qui est tout aussi important.
Bien adapté c’est à dire :
   En rapport étroit avec le degré de connaissances de l’enfant.
   En rapport étroit avec les leçons qui ont été faites en classe
Exécuté avec soin : comme tout travail de l’écolier .Si l’enfant doit faire hâtivement son travail pour s’en débarrasser, mieux vaut qu’il ne le fasse pas.
Corrigé en classe : cela ne veut pas dire que le maître passera dans les bancs les matins et griffonnera un Vu ,un Bien ou un Assez Bien ou tout autre formule sur les cahiers ; cela ne veut pas dire que le maître «  ramassera » les cahiers du soir de temps à autre pour se livrer plus à l’aise à la même opération … Cela veut dire que, comme tout autre devoir écrit fait en classe , le devoir à la maison sera corrigé en commun et par les enfants eux– mêmes. J’entends l’objection : Quand ? L’horaire ne le permet pas.
Je  sais … Eh bien ! Il le permettra ! Au début de la leçon de calcul ou de la leçon de français, on trouvera quelques minutes pour corriger le devoir du soir.
Cela implique que celui-ci a été court, bien adapté, bien exécuté c’est à dire  facilement et rapidement corrigeable.
Cela veut dire que le devoir à la maison doit être unique : soit un devoir de français ou de calcul, jamais les deux, même les veilles de congés hebdomadaires, quel que soit le cours dans lequel nous nous trouvons.
Est-il besoin d’ajouter les devoirs à la maison doivent être rigoureusement proscrits dans les cours préparatoires et les cours élémentaires 1° année ? Même si les familles … l’exigeaient ! Pour ces petits enfants, il suffirait qu’ils relisent leur lecture du jour chez eux.
Je demande à MM les inspecteurs de l’enseignement  primaire  de veiller dans les classes de leur ressort à l’observation des présentes directives ; je leur demande d’en tenir compte  pour l’établissement de leurs rapports d’inspection et de la note qu’ils proposent
P. Le directeur  de l’instruction  publique, et P. l’inspecteur d’académie, chef de service de l’enseignement  primaire
  A. Signoret   
Source : Bulletin Officiel  de la direction de l’Instruction Publique,  oct. nov. déc. 1951 ; n° 7  - 65° année ; p 70.






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