Le blog pédagogique ouvre sa nouvelle
année avec beaucoup de tristesse et de chagrin à la suite de la disparition de
son co-fondateur Hédi BOUHOUCH qui nous a quitté il y a environ cinq mois, mais aussi avec une ferme volonté de
poursuivre l’œuvre et la mission qui lui
tenaient à cœur[1].
Pour débuter cette nouvelle saison 2017-2018
, le blog a choisi de présenter à ses lecteurs une vieille circulaire du
directeur général de l’instruction publique
qui date de 1920 , voilà presque un siècle mais dont le sujet est encore
d’actualité , source de polémique et de
différent entre les instituteurs et le directeur de l’école et entre eux
même , pratiquement dans toutes les
écoles avant la rentrée et durant les premiers jours de la rentrée , pour dire
que c’est un vieux problème qui persiste .
La circulaire traite de la délicate
question de ce que nous appelons aujourd’hui la répartition pédagogique, elle rappelle les principes généraux qui doivent guider l’opération,
dont la nécessité d’impliquer pleinement
le conseil des maîtres qui existait depuis 1908,l’approbation de
l’inspecteur, le
principe du roulement qui permet d’enseigner tous les niveaux, la délicatesse
des petites classes …
Nous avons comparé la circulaire de
1920 avec la circulaire 66-10- 2016 relative à la même
question [2] et nous avons été frappé
de la similitude entre les deux documents
sur certains points, nous allons les indiquer au fur
et à mesure
qu’on présente la vieille circulaiا
CIRCULAIRE AU SUJET DE L’ATTRBUTION DES CLASSES
Des difficultés se sont parfois
produites dans l'attribution des classes, parce que Directeurs et Directrices
ont perdu de vue la circulaire ministérielle du 13 janvier I908 instituant
le conseil des maitres B. O. n° 19, mars I908,( pages 33 et suivantes ).
I.
Attribution des classes à la rentrée.
A la rentrée et pendant la première quinzaine
d'octobre, les règles à suivre ont été fixées par cette circulaire. M. le
Ministre de l'instruction publique donne entre autres attributions au Conseil
des maîtres « la répartition des maîtres dans les classes » et il déclare : « Il
me parait équitable qu'ils (les instituteurs) soient consultés sur leur convenance et les aptitudes
qu'ils manifestent .Les maitres délibèrent et font des propositions,
la délibération « ne deviendra définitive qu'après la décision de
l'Inspecteur primaire... Il sera tenu un
compte rendu succinct des délibérations par un secrétaire. Toute contestation,
d'où pourrait résulter un trouble dans la vie scolaire, sera soumis à l'arbitrage
de l’Inspecteur primaire, qui, lui-même, pourra consulter
l'Inspecteur d'Académie ».
Dans la pratique si les propositions du
Directeur de l'école relatives à la répartition des maîtres dans les classes
sont adoptées à l'unanimité par le Conseil, cette répartition peut être
réalisée sans autre formalité et le compte-rendu de la délibération sera envoyé
à l'Inspecteur dans la première quinzaine d'octobre[3].
CIRCULAIRE 2016
Le président du conseil pédagogique prépare avant le début de l’année -
à la lumière des …. De ce guide - un
projet d’organisation pédagogique qu’il soumettra au conseil pédagogique de
l’école.
le président du conseil pédagogique soumet l’organisation proposée, accompagnée obligatoirement par le P.V. de
la réunion consacrée à la question à
l’inspecteur de la circonscription avant la fin de la première semaine de la rentrée, qui doit l’étudier … et
introduire les modifications en cas de nécessité et puis donner son
approbation avant la fin du mois de septembre.
|
Si, au contraire, il y a « désaccord, c'est à l'Inspecteur
primaire à décider, d'après le compte-rendu de la délibération,
accompagné, le cas échéant, d'un rapport du Directeur de l'école et des explications
des maitres intéressés. Ce compte rendu devra être adressé sans aucun
délai à l'Inspecteur primaire- L'emploi du temps sera fixé et envoyé après
seulement que l'Inspecteur aura fait connaître sa décision.
II.
Mutations en cours d'année scolaire.
En
règle générale, toute classe vacante en cours d'année scolaire, par mutation ou
maladie du titulaire, ou par création d'emploi, doit être attribuée
provisoirement, jusqu'à la fin de l'année scolaire, au maître nouvellement
nommé ou à l’intérimaire qui remplace le maître absent. On réduit ainsi au
minimum les inconvénients du changement de maître.
Il peut y avoir exceptionnellement des
dérogations à cette règle, par exemple, s'il s'agit d'assurer l'intérim d'un directeur
chargé de la 1er classe
ou d'un maître chargé d'un cours complémentaire. L'Administration s'efforce
bien de désigner un intérimaire capable de suppléer le maître empêché.
Néanmoins il pourra être nécessaire, pour assurer la discipline dans une classe
de grands élèves, par exemple, de charger provisoirement du cours supérieur une
maîtresse ou un maître expérimenté de
l'école, tandis que l'intérimaire suppléera ce maître dans sa propre
classe. De même si le remplaçant d'un Instituteur chargé du cours
complémentaire n'est pourvu que du brevet élémentaire, il ne saurait être placé
à la tête du cours complémentaire qui réglementairement, ne peut être assuré que par
un maître ayant le brevet supérieur.
Dans ces circonstances exceptionnelles,
l'Inspecteur primaire doit être avisé sans retard de l'attribution de
la classe qui ne deviendra définitive qu'après son approbation.
circulaire 2016
Toute modification de l’organisation pédagogique qui
intervient au cours de l’année doit
obtenir l’approbation de l’inspecteur pédagogique
|
III. Quelques suggestions.
Certains maîtres sont chargés pendant de
trop longues années, des mêmes cours, surtout des cours élémentaires ou des cours
préparatoires II arrive |parfois que ces maîtres se trouvent gênés (ils le
déclarent eux-mêmes) pour diriger un cours moyen ou un cours supérieur, les
maitres se rendent compte qu’ils ont intérêt à enseigner dans
diverses classes d'une école, On a parfois conseillé aux maitres de suivre
leurs élèves dans tout le cours de leur
scolarité, du cours enfantin au cours supérieur.
C'est une organisation qui a des
avantages et des inconvénients et l'application doit s'inspirer des
circonstances dans les écoles nombreuses qui comprennent plusieurs classes pour
le même cours, le roulement peut être pratiqué sans que les maîtres conservent nécessairement
leurs élèves de l'année précédente. Si l'on ne veut pas déplacer le maître du
cours supérieur, le roulement peut être limité aux cours enfantin, élémentaire
et moyen ; il est en tous cas utile que le roulement s'étende au cours moyen.
Il peut être pratiqué en sens inverse, du cours supérieur ou moyen au cours
enfantin.
En principe, le directeur se charge de
la 1er
classe du cours supérieur; mais ce n'est pas là une prescription impérative.
ll peut même avoir des inconvénients dans les écoles à classes nombreuses,
du fait des séances de déchargement accordées au directeur ou des séances de
couture.
Les élèves du cours supérieur, qui
préparent l'examen du certificat d'études ont souvent avantage à être
placés sous la direction d'un seul maître, afin que la discipline y soit
continue et que les études y conservent l'unité indispensable aux
bons progrès.
Dans les écoles de garçons, les
institutrices, les mouderrês et les moniteurs, sont, en principe chargés des petites classes; ce n'est
qu'exceptionnellement qu'il pourra en être autrement.
Souvent enfin certains maitres et
maîtresses demandent pour raison de santé ou pour
tout autre motif, les classes de débutants, où la correction des cahiers est
réduite au minimum. Je ne m'oppose pas à ce qu'il soit tenu compte, dans la
répartition des classes de la santé au de l'âge des maîtres, mais les petites
classes ne doivent être, en aucun cas négligées. Elles sont les pépinières des
écoles ; notre enseignement donnera des résultats d'autant meilleurs que les élèves
auront été mieux commencés ».
D'autre |part,
s'il est vrai qu'il y a |peu de corrections écrites dans les petites classes,
la discipline y est plus délicate, l'action éducative plus continue et
l'enseignement plus particulièrement difficile, parce qu'il doit être sans
cesse adapté aux, facultés naissantes des enfants. De ce fait, la préparation
matérielle et pédagogique des leçons y prend une importance
primordiale ; c'est dans ces classes que les maîtres les plus expérimentés
donneront toute leur mesure et obtiendront le plus de résultats.
Je verrai avec plaisir MM. les
inspecteurs primaires réunir les directeurs et directrices des écoles
importantes de leur circonscription pour s'entretenir de ces diverses
questions.
Tunis, le 20 décembre 1920 , Théodore, ROSSET[4].
Source : Bulletin officiel de la direction
générale de l’instruction publique et des beaux-arts, Janvier -février 1921 ,
N° 1 , 35ème année
Présentation et traduction Hédi bouhouch
, Mongi Akrout Inspecteurs généraux de l’éducation, et Brahim Ben Atig,
Professeur Principal émérite.
Tunis , mars 2017
[1] Nous avons des
dizaines d’articles et d’études qui étaient déjà finalisés et prêts pour la
publication et autant qui sont encore à l’état d’ébauche ou de projets que nous allons essayer d’achever pour
les publier dans les prochains numéros du blog.
[2] Circulaire 66/10/2016 intitulée : Recommandations pédagogiques
et organisationnelles pour l’élaboration des emplois du temps à l’école primaire
[3] On y joindra le tableau général de l’emploi du temps et le programme mensuel même
sommaire des divers cours , ces programmes mensuels seront par la suite développés mais par mois
dans les premières pages du cahier de classe.
[4] Théodore, ROSSET , Directeur général de l’instruction publique et
des beaux arts en Tunisie entre 1919 et
1922.
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