lundi 18 septembre 2017

Le blog pédagogique ouvre sa nouvelle année avec beaucoup de tristesse et de chagrin à la suite de la disparition de son co-fondateur Hédi BOUHOUCH qui nous a quitté il y a  environ cinq mois,  mais aussi avec une ferme volonté de poursuivre l’œuvre  et la mission qui lui tenaient à cœur[1].

Pour débuter cette nouvelle saison 2017-2018 , le blog a choisi de présenter à ses lecteurs une vieille circulaire du directeur général de l’instruction publique   qui date de 1920 , voilà presque un siècle mais dont le sujet est encore d’actualité , source de polémique et de  différent entre les instituteurs et le directeur de l’école et entre eux même  , pratiquement dans toutes les écoles avant la rentrée et durant les premiers jours de la rentrée , pour dire que c’est un vieux problème qui persiste .
La circulaire traite de la délicate question de ce que nous appelons aujourd’hui la répartition pédagogique,  elle rappelle  les principes généraux qui doivent guider l’opération, dont la nécessité d’impliquer pleinement  le conseil des maîtres qui existait depuis 1908,l’approbation de l’inspecteur,  le principe du roulement qui permet d’enseigner tous les niveaux, la délicatesse des petites classes …
Nous avons comparé la circulaire de 1920  avec  la circulaire 66-10- 2016 relative à la même question [2] et nous avons été frappé de la similitude entre les deux documents  sur certains points, nous allons les indiquer  au fur  et à mesure  qu’on présente la vieille circulaiا

CIRCULAIRE AU SUJET DE L’ATTRBUTION DES CLASSES
Des difficultés se sont parfois produites dans l'attribution des  classes, parce que Directeurs et Directrices ont perdu de vue la circulaire ministérielle du 13 janvier I908 instituant le conseil des maitres B. O. n° 19, mars I908,(  pages 33 et suivantes ).
      I.            Attribution des classes à la rentrée.
A la rentrée et pendant la première quinzaine d'octobre, les règles à suivre ont été fixées par cette circulaire. M. le Ministre de l'instruction publique donne entre autres attributions au Conseil des maîtres « la répartition des maîtres dans les classes » et il déclare : « Il me parait équitable qu'ils (les instituteurs)  soient consultés sur  leur  convenance et les aptitudes qu'ils manifestent .Les maitres délibèrent et font des propositions, la délibération « ne deviendra définitive qu'après la décision de l'Inspecteur  primaire... Il sera tenu un compte rendu succinct des délibérations par un secrétaire. Toute contestation, d'où pourrait résulter un trouble dans la vie scolaire, sera soumis  à l'arbitrage de l’Inspecteur primaire, qui, lui-même, pourra consulter l'Inspecteur d'Académie ».
 Dans la pratique si les propositions du Directeur de l'école relatives à la répartition des maîtres dans les classes sont adoptées à l'unanimité par le Conseil, cette répartition peut être réalisée sans autre formalité et le compte-rendu de la délibération sera envoyé à l'Inspecteur dans la première quinzaine d'octobre[3].


CIRCULAIRE 2016
Le président du conseil pédagogique prépare avant le début de l’année - à la lumière des  …. De ce guide - un projet d’organisation pédagogique qu’il soumettra au conseil pédagogique de l’école.
le président du conseil pédagogique soumet l’organisation proposée,  accompagnée obligatoirement par le P.V. de la réunion consacrée à la question  à l’inspecteur de la circonscription avant la fin de la première semaine  de la rentrée, qui doit l’étudier … et introduire les modifications en cas de nécessité et puis donner son approbation avant la fin du mois de septembre.

Si, au contraire, il y a « désaccord, c'est à l'Inspecteur primaire à décider, d'après le compte-rendu de la délibération, accompagné, le cas échéant, d'un rapport du Directeur de l'école et des explications des maitres intéressés. Ce compte rendu devra être adressé sans aucun délai à l'Inspecteur primaire- L'emploi du temps sera fixé et envoyé après seulement que l'Inspecteur aura fait connaître sa décision.

   II.            Mutations en cours d'année scolaire.
 En règle générale, toute classe vacante en cours d'année scolaire, par mutation ou maladie du titulaire, ou par création d'emploi, doit être attribuée provisoirement, jusqu'à la fin de l'année scolaire, au maître nouvellement nommé ou à  l’intérimaire qui remplace le maître absent. On réduit ainsi au minimum les inconvénients du changement de maître.
Il peut y avoir exceptionnellement des dérogations à cette règle, par exemple, s'il s'agit d'assurer l'intérim d'un directeur  chargé de la 1er classe ou d'un maître chargé d'un cours complémentaire. L'Administration s'efforce bien de désigner un intérimaire capable de suppléer le maître empêché. Néanmoins il pourra être nécessaire, pour assurer la discipline dans une classe de grands élèves, par exemple, de charger provisoirement du cours supérieur une maîtresse ou un  maître expérimenté de l'école, tandis que l'intérimaire suppléera ce maître dans sa propre classe. De même si le remplaçant d'un Instituteur chargé du cours complémentaire n'est pourvu que du brevet élémentaire, il ne saurait être placé à la tête du cours complémentaire qui  réglementairement, ne peut être assuré que par un maître ayant le brevet supérieur.
Dans ces circonstances exceptionnelles, l'Inspecteur primaire doit être avisé sans retard de l'attribution de la classe qui ne deviendra définitive qu'après son approbation.

circulaire 2016
Toute  modification  de l’organisation pédagogique qui intervient au cours de l’année  doit obtenir l’approbation de l’inspecteur pédagogique

III.            Quelques suggestions.

Certains maîtres sont chargés pendant de trop longues années, des mêmes cours, surtout des cours élémentaires ou des cours préparatoires II arrive |parfois que ces maîtres se trouvent gênés (ils le déclarent eux-mêmes) pour diriger un cours moyen ou un cours supérieur, les maitres se rendent compte qu’ils ont intérêt à enseigner dans diverses classes d'une école, On a parfois conseillé aux maitres de suivre leurs élèves dans tout le cours de  leur scolarité, du cours enfantin au cours supérieur.


C'est une organisation qui a des avantages et des inconvénients et l'application doit s'inspirer des circonstances dans les écoles nombreuses qui comprennent plusieurs classes pour le même cours, le roulement peut être pratiqué sans que les maîtres conservent nécessairement leurs élèves de l'année précédente. Si l'on ne veut pas déplacer le maître du cours supérieur, le roulement peut être limité aux cours enfantin, élémentaire et moyen ; il est en tous cas utile que le roulement s'étende au cours moyen. Il peut être pratiqué en sens inverse, du cours supérieur ou moyen au cours enfantin.
En principe, le directeur se charge de la 1er classe du cours supérieur; mais ce n'est pas là une prescription impérative.  ll peut même avoir des inconvénients dans les écoles à classes nombreuses, du fait des séances de déchargement accordées au directeur ou des séances de couture.
Les élèves du cours supérieur, qui préparent l'examen du certificat d'études ont souvent avantage à être placés sous la direction d'un seul maître, afin que la discipline y soit continue et que les études y  conservent   l'unité indispensable aux bons progrès.
Dans les écoles de garçons, les institutrices, les mouderrês et les moniteurs, sont, en  principe chargés des petites classes; ce n'est qu'exceptionnellement qu'il pourra en être autrement.
Souvent enfin certains maitres et maîtresses demandent  pour raison de santé ou pour tout autre motif, les classes de débutants, où la correction des cahiers est réduite au minimum. Je ne m'oppose pas à ce qu'il soit tenu compte, dans la répartition des classes de la santé au de l'âge des maîtres, mais les petites classes ne doivent être, en aucun cas négligées. Elles sont les pépinières des écoles ; notre enseignement donnera des résultats d'autant meilleurs que les élèves auront été mieux  commencés ».
 D'autre |part, s'il est vrai qu'il y a |peu de corrections écrites dans les petites classes, la discipline y est plus délicate, l'action éducative plus continue et l'enseignement plus particulièrement difficile, parce qu'il doit être sans cesse adapté aux, facultés naissantes des enfants. De ce fait, la préparation matérielle et pédagogique des leçons y prend une importance primordiale ; c'est dans ces classes que les maîtres les plus expérimentés donneront toute leur mesure et obtiendront le plus de résultats.
Je verrai avec plaisir MM. les inspecteurs primaires réunir les directeurs et directrices des écoles importantes de leur circonscription pour s'entretenir de ces diverses questions.
Tunis, le 20  décembre 1920 , Théodore, ROSSET[4].
Source : Bulletin officiel de la direction générale de l’instruction publique et des beaux-arts, Janvier -février 1921 , N° 1 , 35ème année

Présentation et traduction Hédi bouhouch , Mongi Akrout Inspecteurs généraux de l’éducation, et Brahim Ben Atig, Professeur Principal émérite.
Tunis , mars 2017





[1] Nous avons des dizaines d’articles et d’études qui étaient déjà finalisés et prêts pour la publication et autant qui sont encore à l’état d’ébauche ou de projets  que nous allons   essayer d’achever pour les publier dans les prochains numéros du blog.
[2] Circulaire 66/10/2016  intitulée : Recommandations pédagogiques et  organisationnelles  pour l’élaboration des emplois du temps  à l’école primaire
[3] On y joindra le         tableau général de l’emploi  du temps et le programme mensuel même sommaire des divers cours , ces programmes mensuels  seront par la suite développés mais par mois dans les premières pages du cahier de classe.
[4]  Théodore, ROSSET , Directeur général de l’instruction publique et des beaux arts  en Tunisie entre 1919 et 1922.

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