Hédi Bouhouch |
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Histoire des réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle : première partie :introduction générale
https://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/11/histoire-des-reformes-educatives-en.html
Histoire des reformes scolaires : les réformes à l’époque du protectorat : deuxième partie : La mise en place d’un enseignement public moderne
L'extrait
"Ahmed
Bey[1]
qui régna de 1837 à 1855 était au courant des réalisations de Mohamed Ali en
Egypte, surtout ses réformes militaires, il voulait en faire de même en Tunisie
pour affirmer son indépendance vis-à-vis du gouvernement central ottoman. C’est
dans le cadre de la réforme de l’armée
qu’il a entrepris d’ouvrir une école militaire dans le village de
Mhamdhia, proche de Tunis en 1837, au mois de mars 1840, l’école fut transférée
au Bardo[2],
cette école avait pour mission de
« former les officiers de l’armée et les fonctionnaires de
l’administration dont le pays a besoin selon une formation moderne[3] ».
Cette
première expérience réformatrice se caractérisait par :
-
Son caractère sélectif, l’école recrutait ses élèves dans une sphère
très réduite, il s’agit de la sphère de la classe dirigeante et de sa cour
(Emirs, fils de mamelouks, quelques élus issus des grandes familles tunisoises
proches du palais).
-
Ses critères de recrutement : Les élèves recrutés doivent appartenir à la tranche
d’âge entre 12 et 14 ans et avoir des connaissances en langue arabe et une
culture arabo-musulmane, la durée des études étant de 6 ans , les lauréats
auront entre 18 et 20 ans à leur
sortie avec le grade de sous
lieutenant.
-
Un système de formation
semblable aux systèmes des écoles
analogues européennes, cela traduit les objectifs du fondateur de
l’école qui voulait que son pays se rapproche du modèle des pays européens , ainsi l’école adopta les
programmes des écoles militaires françaises et faisait appel à des formateurs
parmi des officiers européens qui ont participé aux différentes guerres européennes.
-
Par ses programmes qui accordaient une place importante aux sciences et
aux techniques militaires, à la géographie et à l’histoire et aux langues étrangères : les leçons de
mathématiques étaient très
denses, elles s’étalent sur une année et
demi à raison de sept heures et demi
hebdomadaires de cours et huit heures d’exercices, la géographie et l’histoire
occupaient elles aussi une place importante dans les programmes avec une
moyenne de six heures par semaine durant deux années.
-
L’enseignement des matières techniques et scientifiques se faisait dans les langues européennes comme
le français et l’italien en plus du turc, mais les élèves suivent aussi des
cours d’arabe et de civilisation arabo musulmane qui était assuré par Cheikh
Mahmoud Kabadou[4] qui
avait aussi la charge de superviser la traduction des ouvrages étrangers que
réalisaient les étudiants avec l’aide d’un orientaliste italien.
Ainsi on peut affirmer , qu’avec l’école polytechnique
, le souverain Ahmed Bey , fut le premier à instituer le bilinguisme à l’école
tunisienne avec une prédominance des langues étrangères dans l’enseignement des
sciences et des techniques , pendant que
la langue arabe fut réduite à enseigner la littérature arabe et à la traduction
des ouvrages et les livres étrangers.
Malgré les difficultés vécues par cette institution
,surtout après la mort de son fondateur[5] , elle a néanmoins réussi à jouer un rôle
primordial dans l’histoire du pays , en fournissant à l’état une élite qui va
diriger le pays comme le ministre Khair-Eddine, les généraux Rostom et Hussein,
mais le plus important , c’est que « cette institution … a eu des
influences décisives non seulement dans la diffusion de l’enseignement moderne
en Tunisie mais aussi sur la formation
de groupes politiques , d’une
pensée culturelle, politique et idéologique moderne »[6]"
Tunis , mars 2020
Extrait de l' histoire des
réformes éducatives en Tunisie depuis le
XIXème siècle jusqu’à nos jours : les réformes de la période précoloniale
(2ème partie). Bouhouch,H &Akrout,M. Blog pédagogique, numéro du 09/11/2015.
[1] « Ahmad Bey … a toujours manifesté une grande admiration à
Napoléon Bonaparte , et dont l’histoire et la vie , traduite à sa demande
constituait , ainsi que les Prolégomènes de Ibn Khaldûn , les livres de
chevet » B.Diyâf, Tunis,1963,IV, pp 179 . Cité par Tlili,B , opt
cité, p.504.
[2] Ahmad b. Abi
Diyâf ( 1804-1874) rapportait que “ le premier mouharem de l’année
1256 de l’hégire , le bey organisa une
école de guerre au Bardo , dans les son palais après avoir déménagé dans son
nouveau palais » la direction de
l’école a été confié en 1840 à un officier Italien arabisant , le dénommé
Calligaris qui s’est fait aidé par trois autres officiers : un italien ,
un français et un anglais.
[4] Mahmûd Qâbâdû ( 1812-1871) , fut nommé à l’école polytechnique en
qualité de professeur de langue et de lettres arabe , professeur à la mosquée
Az- zaytûna , « poète néo-
classique ,écrivain moderne et réformateur
convaincu », sous le règne de As-Sâdiq Bey il est promu Qâdi du Bardo puis
Muftî » ( Tlili) p 507
[5] L’école ferma ses portes en
1868 ou en 1869 selon les différentes versions, l’historien Hamadi Sahli penche
vers la seconde date, il rapporta ceci : « après la promotion de
Mohamed Karoui , Sadok Bey a décidé , après l’institution de la commission
financière internationale, de fermer définitivement l’école militaire du Bardo
a cause du cout élevé de sa gestion »
[6] Béchir Tlili , opt cité 446
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