lundi 9 novembre 2015

Histoire des réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle : introduction générale





Dans cette note qui introduit le cycle de notes que nous allons entamer, dès la semaine prochaine, et qui seront consacrées à l’histoire des réformes  éducatives en Tunisie, depuis le XIXème siècle, nous avons fait une sélection d’écrits sur la question qui traitent des différentes problématiques en rapport avec les réformes éducatives en guise de prélude.


Deux types de réformes

Le premier extrait fait la distinction entre  deux types  de réformes : « En réalité, dans le monde éducatif, le terme de « réforme » recouvre deux significations : d'une part, des réformes institutionnelles importantes (lois), d'autre part, des modifications pédagogiques et administratives plus modestes (arrêtés, circulaires et notes de service) qui sont rendues quasi obligatoires pour la gestion du système »[1] . C’est ainsi qu’on a connu, en Tunisie, trois grandes réformes, celles de 1958, de 1991 et de 2002, mais aussi une multitude de petites et moyennes réformes intermédiaires (celle de Ben Salah, celle de Mzali, celle de Chelly et Khlil…

Le processus des réformes est un processus qui ne s’arrête guère alliant continuité, rupture et retour.

Les deuxièmes  extraits  considèrent que le processus des réformes est un processus répétitif, qui ne s’arrête guère ; à peine une réforme est- elle mise en application, qu’une autre commence à se manifester ; mais cela ne signifie pas qu’il y ait une rupture ;  il y a plutôt une continuité entre les réformes ; un chercheur canadien[2] parlant de la réforme en cours dans son pays disait : «   la réforme actuelle est en continuité avec toutes les réformes précédentes et qu’elle annonce, dans un avenir indéterminé, une autre réforme…Parce que  (…) nous, les éducateurs, avons aussi une histoire. Et l’histoire, c’est plus que des dates figées sur une ligne du temps. L’histoire est aussi faite d’allers-retours fréquents, d’avancées, de replis et de détours. L’histoire d’une collectivité et de son système d’éducation est un outil de régulation puissant pour adapter nos actions d’aujourd’hui et leur donner tout leur sens.
Toutes ces réformes qui se succèdent périodiquement, qui se complètent, se corrigent ; parfois aussi se contredisent les unes les autres ; elles attestent à la fois les difficultés et l’urgence du problème. La question, d’ailleurs, n’est pas spéciale à notre pays. Il n’est pas de grand État où elle ne soit posée et dans des termes presque identiques »
  Perrenoud,[3] de son côté, rappelle, sans équivoque, qu’aucune réforme, quelle qu’elle soit, ne résout tous les problèmes qui étaient à l’origine de son adoption ; pour lui, « La réforme n’est jamais permanente, stricto sensu. Toutefois, les systèmes éducatifs, comme les autres organisations, ont appris qu’aucune réforme ne réglera durablement les problèmes auxquels elle prétend répondre. On pressent désormais qu’au moment où l’on met une réforme en œuvre, on jette déjà les bases de la suivante qui, quelques années plus tard, la corrigera ou la prolongera, à moins qu’elle n’en prenne le contre-pied, si la volonté politique ou la conjoncture ont radicalement changé. Le rythme des réformes s’est accéléré, les systèmes les enchaînent désormais à la manière dont un grand fumeur allume une nouvelle cigarette, avec les derniers rougeoiements de celle qu’il va jeter… Si bien qu’il y a toujours “ une réforme dans l’air ”, la précédente, dont l’actualité s’efface progressivement au profit de la suivante, dont la possibilité et l’opportunité captent peu à peu les énergies."

Les réformes entre le mythe  du passé et la préparation pour un avenir difficilement prévisible

Les troisièmes   extraits traitent du dilemme vécu par les concepteurs des réformes éducatives qui se trouvent pris entre la tentation  d’un passé surestimé et érigé en modèle et la nécessité de se projeter dans un avenir qu’ils n’arrivent pas à cerner (quels savoirs nouveaux  et  quelles compétences nécessaires pour les générations futures, quels nouveaux métiers vont-elles trouver ?) ; notre collègue Bennour rappelle dans sa réflexion sur les réformes scolaire[4] « "Qu'il n’ya pas  de place à la nostalgie du passé  en éducation, même si ce passé est glorieux,  parce qu’à chaque génération son école ; et à ce propos,  on se rappelle  une citation  attribuée à Ali ibn Abi Taleb[5], "Ne limiter pas ce que vous  enseigner à vos enfants  à ce que vous avez appris, car  ils sont nés pour un temps différend du votre " ; dire que l’école et l'éducation d’avant était meilleure  que celle  d’aujourd’hui  ne peut guère être généralisée, la comparaison n’est pas valable parce que les sociétés évoluent et les priorités et les objectifs changent." La commission Thélot qui a préparé en 2004 un rapport sur l’avenir de l’école  en France avait signalé la difficulté d’anticiper, on lit dans son rapport [6]« La prise en compte des évolutions de l’emploi : une tâche difficile et incertaine … Les finalités de l’École sont diverses et difficiles à hiérarchiser ; il est néanmoins incontestable que l’intégration professionnelle de chacun constitue l’une d’entre elles. Le chômage, l’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi, les difficultés de l’insertion professionnelle des jeunes conduisent les familles et le monde du travail à développer des attentes fortes vis-à-vis de l’École en matière de préparation à la vie professionnelle : on lui demande de mettre en place des voies de formation adaptées au marché du travail et d’éviter d’orienter les élèves vers des filières ou des études dépourvues de débouchés. La Commission, sans nier la légitimité d’une telle attente, entend cependant mettre en garde contre une illusion : la quête d’une adéquation entre la formation et l’emploi se heurte, et se heurtera toujours davantage dans l’avenir, d’une part aux difficultés de prévoir les besoins futurs d’une économie dont le dynamisme repose essentiellement sur l’innovation technologique et organisationnelle, d’autre part à la déconnexion croissante, empiriquement constatée, , entre la formation initiale suivie et l’emploi occupé… »

Une réforme ne fait jamais l’unanimité

Les quatrièmes  extraits  évoquent la question de la difficulté d’obtenir l’unanimité autour d’une réforme ; l’histoire des réformes éducatives révèlent qu’il est presque impossible de trouver une réforme qui a réussi à faire l’unanimité, pire encore, certaines réformes ont été abandonnées avant d’entrer en application ( réforme de Ben Salah), d’autres ont été stoppées après le départ du Ministre qui l’a conçue ( Réforme Charfi) ;  à ce propos, Perrenoud[7] rappelait  qu’   « Aucune réforme ne saurait faire l’unanimité. Elle a  forcément des adversaires, déclarés ou clandestins, qu’ils s’opposent activement ou pratiquent la résistance passive » .Marc St-Pierre rapporte les propos de Jean-Pierre Proulx, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal qui écrivait ceci« la mise en œuvre de la réforme n’est pas encore terminée, quand s’amorce et s’intensifie une nouvelle vague de mécontentement et de revendications contradictoires : au même moment, les uns se plaignent que la réforme est improvisée ou va trop vite, les autres clament que l’école est « en crise », ce qui provoque évidemment un sentiment d’urgence contradictoire avec le premier constat ».[8]

La succession des réformes dérange et déstabilise le corps enseignant

Les cinquièmes extraits  évoquent  la question des réactions des différentes parties, vis-à-vis de la réforme nouvellement adoptée,  paradoxalement, ces différentes parties ( parents , enseignants,…) qui revendiquent et demandent  la réforme de l’école et de ses programmes sont souvent  les premiers  qui ouvrent le feu sur la réforme, une fois celle-ci est adoptée ; certains chercheurs expliquent ces réactions  naturellement en rappelant que  « Certes, le renouveau que nous entendons insuffler au système scolaire québécois pourra parfois déranger certaines habitudes, provoquer parfois des réticences … »[9], d’autres plus pessimistes[10] , ils vont jusqu’à dire à propos des réformes en France  que   «… toute volonté de réformer - c'est-à-dire sur le long terme à l'issue d'un bilan raisonnable, circonstancié, établi avec méthode et dans la sérénité - échoue….. Les réformes cumulées depuis une trentaine d'année, qui ont en commun l'absence d'envergure et une juxtaposition souvent synonyme de retour en arrière, déstabilisent et même démoralisent les enseignants… ».Un autre auteur[11] partage la même attitude en disant qu’ « Il faut compter aussi avec l'humiliation que ressent la communauté éducative de se voir sommée de répondre à tout et n'importe quoi sur des injonctions ministérielles et collectives qui se contredisent et décrédibilisent le travail des commissions précédentes. Car à qui fera-t-on croire que ce qui était formidable en 2002 ou en 2008 doit être jeté aux ordures en 2013 ? Avec quel mépris regarde-t-on les enseignants qui font de perpétuels efforts pour se former et qui doivent s'adapter constamment aux publics dont ils ont la charge, en leur imposant ce spectacle de commissions, de conseils qui bavardent, vantent fièrement leurs programmes que le ministre suivant va dézinguer.( Figuré : Démolir, mettre à mal, critiquer violemment ) ».

Une réforme a besoin de temps et de moyens

Les sixièmes extraits insistent sur le fait qu’une réforme ne se conçoit pas dans l’urgence et qu’on ne fait pas de réformes avec de petits moyens :   « Il est clair également qu’on ne fera de grande réforme avec de petits  moyens  … Il y a des mesures d’urgence à prendre, mais l’urgence peut être l’ennemie de la réflexion et de la démocratie... .»[12]
« La réforme globale … ne pourra pas se faire du jour au lendemain : elle nécessitera un travail préalable de préparation, d’appui et de formation des enseignants, de réorganisation du système éducatif, une transformation progressive des réseaux et un travail de longue haleine dans toutes les écoles qu’il faudra commencer aussi tôt que possible, dans un maximum d’écoles volontaires, afin d’expérimenter et d’évaluer en vue de généraliser. »[13] et , dans le même ordre d’idées, Mohamed Mzali[14] , à l’époque où il occupait le poste de ministre de l’éducation disait  ceci : «  même si des commissions arrivent après ses réunions à mettre en place un système éducatif qui bénéficie d’un large consensus et qui répond aux besoins de la société en 1985  et même en 1990 , il faudrait une , deux ou trois années pour traduire les grandes orientations sous la forme pédagogique adéquate et les transposer en séquences d’apprentissage et dans des manuels scolaires , puis il faudrait une année ou deux pour recycler les enseignants et les entrainer pour qu’ils  assimilent les nouveaux programmes et les nouvelles méthodes ».

La réforme doit être le produit d’un travail collaboratif, car « de nombreux acteurs se préoccupent de formation, et il faut que chacun soit impliqué.»[15]et « Pour réussir la réforme, il faut mobiliser toutes les énergies et les bonnes volontés disponibles, et elle doit être conduite dans la continuité, sur la base d’un accord politique stable résultant d’un large débat démocratique …au sein non seulement des milieux politiques, mais aussi de la société tout entière ».[16] Le rapport de concertation sur la refondation de l’école en France avait insisté sur ce point en appelant à ce que « Les réformes doivent être désormais mieux préparées, selon un processus participatif, associant les acteurs de terrain, personnels comme institutionnels. »[17] 

La réforme perd beaucoup une fois transposée sur le terrain

Les septièmes extraits évoquent l’écart entre la conception théorique de la réforme, et la réalité du terrain ; en effet,  les réformes conçues et préparées par les experts de l’éducation, une fois transférée sur le terrain, sont souvent  «  défigurées » ;  les auteurs des réformes ne les reconnaissent plus ;  cela est du généralement  à la conjonction de plusieurs facteurs, ( déficit au niveau de la communication et ou du suivi et de l’accompagnement et du pilotage) , Perrenoud parle de «  la difficulté objective d’anticiper ce que deviendra un changement sur le terrain, lorsque la réforme rencontrera la réalité des établissements et des pratiques » ;[18]  d’autres  affirment que « Les réformes en matière éducative, …, sont souvent dévoyées – quand elles sont, …, appliquées.
 Ces échecs s’expliquent en partie par le choix des instruments d’intervention publique mobilisés – trop directifs, prenant insuffisamment en compte les besoins locaux – et, en partie, par une absence de suivi garantissant leur mise en œuvre»[19]
Conclusion
Telles sont les principales questions qu’affrontent les réformes éducatives à travers le monde, nous avons voulu les évoquer brièvement pour introduire les articles qu’on va publier à partir de la semaine prochaine qui seront consacrés à l’histoire des réformes éducatives en Tunisie depuis le dix neuvième siècle (les réformes de la Tunisie précoloniale, puis la période du protectorat et enfin de l’indépendance)  

Nous allons bien sûr nous focaliser sur les grandes réformes (1958 , 1991, 2002 ) mais aussi sur les nombreuses réformes qui avaient  été engagées pour palier les insuffisances de la réforme en cours et préparer le terrain à la réforme suivante .



Hédi Bouhouch & Mongi Akrout  Inspecteurs généraux de l’éducation
Tunis, Novembre 2015


Des études  sur le même thème
Bennour ,A.( 2015)   « A propos de la  réforme du système éducatif » Blog pédagogique.
Bonneau ,F et al .   « Refondons l’école de la république La réforme vue par le rapport de la concertation », p 30, octobre 2012
Denommé, Jean et Marc ST-PIERRE. « Les réformes au Québec, d’hier à aujourd’hui : une symphonie inachevée ». Dans Vie Pédagogique, [en ligne], no. 146 février-mars 2008, http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/viepedagogique/146/index.asp?page=reformes (page consultée le 6 mars 2009)
Perrenoud, Ph.(  1998) Évaluer les réformes scolaires, est-ce bien raisonnable ?
 Perrenoud, Ph. «   Six façons éprouvées de faire échouer une réforme scolaire »

Perrenoud, Ph . ( 2000) «  L’évaluation des réformes scolaires : autopsie ou source de régulation ? De l’expertise alibi au pilotage accompagné »

Thélot ,C. et al( 2004)   « Pour la réussite de tous les élèves Rapport de la Commission du débat national sur l’avenir de l’École » http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/044000483.pdf. consulté le 2 novembre 2015.

Thomas ,F, (professeur agrégée, docteur en STAPS, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II).  Le système éducatif : grandes réformes et réajustements.





Articles publiés par le blog pédagogique sur le même thème
Bouhouch et Akrout . Les axes de la future réforme de l’éducation aux yeux du nouveau ministre de l’éducation tunisien
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/03/les-axes-de-la-future-reforme-de.html
Bennour, A. A propos de la réforme du système éducatif  -
Bennour, A.  A propos de le réforme éducative : les références juridiques
Bouhouch et Akrout . Rapport de la commission sur l’enseignement secondaire[1] L’Action 18-9-1967
Jerbi,A.  La politique éducative ou quelle politique éducative pour quelle réforme de l'éducation?
Boukhari . O.  la gouvernance du système éducatif tunisien

Bennour, A :  Les références de la réforme scolaire : Deuxième partie














[1] Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II.  Le système éducatif : grandes réformes et réajustements https://www.maif.fr/content/pdf/enseignants/votre-metier-en-pratique/systeme-educatif/maif-systeme-educatif.pdf
[2] «   Denommé, Jean et Marc ST-PIERRE. « Les réformes au Québec, d’hier à aujourd’hui : une symphonie inachevée ». Dans Vie Pédagogique, [en ligne], no. 146 février-mars 2008, http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/viepedagogique/146/index.asp?page=reformes (page consultée le 6 mars 2009)
M. Jean Denommé est directeur général de la Commission scolaire de l’Or-et-des-Bois, M. Marc St-Pierre est directeur général adjoint à la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord et M. Guy Lusignan est consultant en éducation.
[3] Perrenoud, Ph.(  1998) Évaluer les réformes scolaires, est-ce bien raisonnable ?

[4] Bennour ,A.( 2015)   « A propos de la  forme du système éducatif » Blog pédagogique. http://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/05/a-propos-de-la-reforme-du-systeme.html
 [5] Ali ibn Abi Taleb : quatrième khalife  (v. 600 - 661)
[6]  Thélot ,C. et al( 2004)   « Pour la réussite de tous les élèves Rapport de la Commission du débat national sur l’avenir de l’École » http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/044000483.pdf. consulté le 2 novembre 2015.
 [7] Perrenoud ,Ph. «   Six façons éprouvées de faire échouer une réforme scolaire »http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_2003/2003_25.html
[8] Opt cité
[9] Gouvernement du Québec, L’école québécoise – Énoncé de politique et plan d’action, Québec, Ministère de l’Éducation, 1979. (p. 12) , rapporté par DENOMMÉ, Jean et Marc ST-PIERRE , opt cité
file:///C:/Users/MONGI/Downloads/127834.pdf consulté le 31 octobre 2015

[11] Le billet de Gilles Fumey :  Saint Dié 2013 : Programmes, programmes  cafemensuel@cafepedagogique.net  Octobre 2013 - Numéro 146
Gilles Fumey est professeur de géographie culturelle à l’université Paris-Sorbonne et à l’IUFM de Paris. Il a animé les Cafés géographiques  jusqu’en 2010. Il est le rédacteur en chef de la revue La Géographie

[12] Claire Pontais, secrétaire nationale du syndicat des professeurs d’EPS (SNEP-FSU)  

[13] Réflexions en vue d’un système éducatif plus performant pour tous les enfants ; Centre d’étude et de défense de l’école publique (CDEP) Communauté française Belgique

[14] انظر النظام التربويّ التونسيّ: واقعُه وتطويره، نشر دار العمل 1985، ص 12.
[15] Claire Pontais, secrétaire nationale du syndicat des professeurs d’EPS (SNEP-FSU)  

[16] Réflexions en vue d’un système éducatif plus performant pour tous les enfants ; Centre d’étude et de défense de l’école publique (CDEP) Communauté française Belgique
[17] François BONNEAU et al .   « Refondons l’école de la république La réforme vue par le rapport de la concertation », p 30, octobre 2012
 [18]  Philippe Perrenoud. «   Six façons éprouvées de faire échouer une réforme scolaire »
[19] François BONNEAU et al .   « Refondons l’école de la république La réforme vue par le rapport de la concertation », p 30, octobre 2012

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