Le
ministère de l'éducation organisait ou supervisait à cette époque sept examens
nationaux dont six ont disparu aujourd'hui. Le seul rescapé est l'examen du
baccalauréat.
1- Le concours d'entrée en première
année de l'enseignement secondaire
- Présentation
Le
concours d'entrée en première année du secondaire est né à l'époque du
protectorat[1]. Il
s'appelait à l'époque l'examen de sixième[2]
et il a gardé cette appellation pendant très longtemps. Son institution remonte
à 1933, et sa première session a eu lieu à la fin de l'année scolaire
1933-1934. L'examen a pris depuis son institution la forme d'un examen écrit
afin de permettre aux commissions chargées de fixer les listes des élèves dont
le niveau scolaire leur permet de poursuivre leurs études en classe de sixième
des établissements publics.[3]
La
réforme de 1958 a maintenu cet examen qui changea d'appellation tout en gardant
à peu près la même fonction. Il sanctionnait les études primaires et ouvrait la
voie pour les admis vers l'enseignement secondaire avec ses deux composantes :
l'enseignement secondaire long (dont la
durée était de 5 à 6 ans selon la
filière jusqu'en 1968 puis de 6 à 7 ans) qui est ouvert aux élèves des écoles primaires
âgés de moins de 14 ans à la rentrée de l'année de l'examen et l'enseignement
secondaire moyen puis professionnel (durée trois années) qui accueillait les
élèves âgés de plus de 14 ans.
Le
concours dans sa forme originelle a cessé d'exister avec l'entrée en
application de la nouvelle loi de l'enseignement qui a institué l'enseignement
de base. Il a vécu sa dernière session en juin 1991.
- Statistiques de la session
1979/1980
Présentés
|
Admis
|
Taux de réussite
|
|
l'enseignement
secondaire long
|
186920*
|
45049
|
39.38%
|
l'enseignement
secondaire professionnel
|
28562
|
||
Total
|
73611
|
* Tous les candidats passent les mêmes épreuves, en
cas de réussite ils sont orientés selon l'âge comme indiqué plus haut.
Commentaire : six
élèves sur 10 sont recalés. Certains ont redoublé et d'autres ont quitté les
bancs de l'école sans aucune certification.
Ils étaient d'après les chiffres officiels 38167, soit 20% de l'ensemble des
élèves inscrits en 6ème et 7ème année[4] en
1979/80[5]. Mais
à comparer avec la session précédente (1978/79), les résultats ont enregistré un bond très important (+13 points).
L'amélioration s'est poursuivie l'année suivante (1980/81 : 48.1%). Les
résultats avaient toutefois rechuté à la session suivante (1981/82) pour
n’atteindre que 39.1%.
2- Le diplôme de technicien
- Présentation
Ces
diplômes remontent à l'époque coloniale. En 1945 le brevet de l'enseignement
commercial sanctionnait les études commerciales, suivi en 1948 par le
certificat d'aptitude industrielle pour les garçons et le brevet industriel
pour les jeunes filles.
La
réforme de 1958 a créé trois options pour l'enseignement secondaire long :
l'enseignement général, l'enseignement secondaire technique et l'enseignement
secondaire économique[6].
L'enseignement
secondaire économique comportait deux sections : la section économique[7] qui
préparait les élèves pour les études supérieures après le baccalauréat et la
section commerciale destinée à former des cadres moyens[8].
Et
c'est en 1959 que le brevet d'enseignement commercial fut institué par décret[9], qui
changera plus tard de nom plusieurs fois. L'enseignement secondaire technique
comportait lui aussi deux sections : la section math technique qui préparait
les élèves pour les études supérieures après le baccalauréat et la section
industrielle destinée à former les agents techniques, les techniciens moyens et
les cadres de maîtrise[10]. Cette
section comportait plusieurs spécialités qui conduisaient au brevet
d'enseignement industriel[11] qui
changera lui aussi plusieurs fois d'appellation.
Ces
deux examens ont continué à exister jusqu'en 1994 (dernière session) puisque la
réforme de 1991 avait supprimé ces sections après avoir unifié le cursus de
l'enseignement secondaire.
Statistiques session juin 1979/1980
Option économique
|
candidats
|
admis
|
Taux d'admission
|
Technique
Economique Administrative TEA secrétariat
|
620
|
488
|
78,7%
|
Technique
Economique de Gestion TEG
comptabilité
|
713
|
348
|
48,8%
|
Option industrielle
|
candidats
|
admis
|
Taux d'admission
|
Mécanique
|
958
|
462
|
48,2%
|
Electrotechnique
|
1038
|
579
|
55,8%
|
Travaux
public
|
550
|
248
|
45,1%
|
Topographie
|
261
|
170
|
65,1%
|
Hydraulique
|
92
|
59
|
64,1%
|
Métiers
d'habillement
|
147
|
122
|
83,0%
|
Autres
|
282
|
241
|
85,5%
|
Total
|
4661
|
2717
|
58,3%
|
3- Le Baccalauréat
-
Présentation
L'examen
du baccalauréat est une institution qui remonte selon certaines sources à
l'année 1891[12],
c'est-à-dire 10 ans après l'occupation française[13].
A l'époque c'était le baccalauréat français destiné aux enfants des français
installés en Tunisie. En 1947 le conseil d'administration d'al Khaldounya[14] créa un
diplôme arabe qui sanctionnait l'enseignement secondaire tunisien moderne. Ce
diplôme fut appelé le baccalauréat moderne qui permettait l'accès à
l'université, mais l'autorité coloniale a refusé de reconnaitre ce diplôme.
En
1950 fut créé le baccalauréat franco tunisien[15]
qui a inclus une épreuve d'arabe en plus des épreuves du bac français.
Et
c'est en 1957, une année avant la promulgation de la loi de 1958, et deux
années après l'autonomie interne, que le baccalauréat tunisien est né par
décret[16], suivi
par un arrêté d'organisation signé par le premier secrétaire d'état à
l'instruction Mohamed Lamine Chebbi. La première session eut lieu le 31 mai
1957.
Statistiques : session 1979/1980
Section
|
candidats
|
% par rapport total des admis
|
Admis
|
% par rapport total des admis
|
Taux d'admission par section
|
Lettres
|
4532
|
30,1%
|
2611
|
38,1%
|
57,6%
|
Math-Sciences
|
9105
|
60,5%
|
3536
|
51,7%
|
38,8%
|
Math-Techniques
|
1413
|
9,4%
|
698
|
10,2%
|
49,4%
|
15050
|
100
|
6845
|
100
|
45,5%
|
Commentaire
Le
nombre des candidats qui se sont présentés, cela représente 11.4% du nombre
d’inscrits à l’examen du baccalauréat de l'année passé (2019). Cela traduit le bon réalisé par la
scolarisation .
4- Le Diplôme de Fin d'Études
Secondaires Normales
- Présentation
C'est
l'un des plus anciens diplômes en Tunisie qui remonte à la fin du dix-neuvième
siècle. Il a été institué avec l'ouverture de l'école normale des instituteurs
de Tunis en 1884 et l'école normale des institutrices en 1912. Ce diplôme
sanctionnait les études normales et permettait l'accès à la fonction
d'instituteur.
Après l'indépendance, la loi
de 1958 a maintenu cet examen (article 18) suite à l'instauration de la section
normale destinée à la formation des instituteurs et la création du diplôme de
fin d'études secondaires normales (article 24)[17].
Ce qui est paradoxal, c'est que le décret[18]
instituant ce diplôme et l'arrêté d'organisation n'ont été publiés qu'en 1963
(année qui correspond à l'arrivée de la première cohorte de la réforme de 1958
au niveau de la classe terminale).
La dernière session de cet examen s'est tenue à la
fin de l'année scolaire 1991/1992 après la transformation des écoles normales
en Instituts Supérieurs de Formation des Maîtres (ISFM) avec la réforme de
1991.
Statistiques : sessions 1979/1980 -
80/81 et 81/82
Juin 1980
|
Juin
1981
|
1982
|
|
Candidats
|
506
|
1225
|
1133
|
Admis
|
452
|
913
|
856
|
Taux
de réussite
|
89,3%
|
74,5%
|
75,6%
|
5- Le Brevet de l'enseignement
secondaire professionnel
- Présentation
L'enseignement
secondaire professionnel n'existe pas dans la loi de 1958, il a pris la place
de l'enseignement moyen à la rentrée 1968/69[19]
en application des recommandations de la commission nationale d'évaluation de
la réforme de 1958[20].
L'enseignement secondaire professionnel
accueillait les élèves admis au concours d'entrée
en première année secondaire dont l'âge dépassait 14 ans au mois de septembre
de l'année du concours. Leur nombre a dépassé les 50 milles à la fin des années
soixante-dix, soit un peu plus du tiers de l'effectif de l'enseignement
secondaire.
Cet
enseignement secondaire court (dure 3 ans) est sanctionné par le Brevet de l'enseignement secondaire
professionnel qui n'est pas un examen national car il est délivré par
l'établissement de l'élève et il couvrait plusieurs spécialités (23 en
1980/1981).
Contrairement
aux autres diplômes, aucun décret ou arrêté n'est publié au sujet du BESP[21]. Il
semble que l'organisation de cet examen s'est référée au texte relatif au
brevet de l'enseignement moyen. Ce n'est qu'en 1975 qu'une circulaire est venue
préciser les modalités de l'examen en précisant qu'il s'agit d'un examen local,
c'est-à-dire qu'il relève de l'établissement même.
La
dernière session de cet examen a eu lieu à la fin de l'année scolaire 1990/1991
auquel ont participé 8492 candidats seulement soit 2.8% de l'ensemble des
élèves du premier cycle de l'enseignement secondaire.
Statistiques : sessions 1979/1980-
80/81 et 81/82
Juin 1980
|
Juin 1981
|
1982
|
|
candidats
|
15695
|
15888
|
12995
|
Admis
|
14002
|
13584
|
11692
|
Taux de réussite
|
89,2%
|
85,5%
|
90,0%
|
6- Le diplôme de fin d'études
secondaires islamiques (7 ans) et le diplôme de prédication et d'orientation (6
ans).
- Présentation
Au sujet de ces deux derniers examens éphémères,
nous ne disposons d'aucune information écrite. Nous avons fait appel à notre
collègue Mohamed Habib Sallami, ancien inspecteur de l'éducation islamique qui
nous a informé que ce cursus avait été institué à Rakkada au milieu des années quatre-vingt par la
direction des affaires religieuses dirigée à l'époque par Mustapha Kamel Tarzi.
Ce cursus comportait deux sections, la première préparait les élèves à
rejoindre l'université de la Zitouna après le diplôme de fin d'études
secondaires islamiques, la deuxième
formait les futurs Imams et les prédicateurs. La population de ces deux
filières était constituée surtout par des élèves venus des pays de l'Afrique
subsaharienne.
-
Statistiques
présentés
|
admis
|
%
|
|
diplôme de fin d'études secondaires islamiques
|
45
|
41
|
91.1%
|
diplôme de prédication et d'orientation
|
10
|
10
|
100%
|
Source des statistiques : Annuaire statistique de la Tunisie, Année 1982 , volume n° 27 , République Tunisienne, Ministère du Plan et des Finances , Institut national de la statistique .
Tunis, juin 2020
[1]L'appellation sixième est en
rapport avec l'appellation de la première classe du collège à l'époque,
c'est-à-dire le cycle secondaire qui durait 4 années de la sixième jusqu'à la
troisième.
[2]l'examen de sixième fut institué par
l'arrêté du 1° septembre 1933.
[3] Bouhouch,H et Akrout,M. comment
accédait-on à l’enseignement secondaire à la fin des années quarante ? Le blog
pédagogique , 14 juin 2014; https://bouhouchakrout.blogspot.com/2014/06/comment-accedait-on-lenseignement.html
[4]
en 1977 fut lancé un projet expérimental avec la création d'une 7ème et une
8ème année , pour faire face au redoublement en 6ème et limiter l'abandon
scolaire, ces deux années sont destinées à préparer les élèves à la vie active
par un programme de formation manuelle, les élèves de 7ème avaient le droit de
passer le concours et non les élèves de la 8 ème.
[5] Ministère de l'éducation nationale/
direction de la planification, des statistiques, de l'organisation et de
l'informatique /statistique de l'année scolaire 1981/1982
[6]l'article 15 de la loi 1958/118 sur
l'enseignement datée du 4 novembre 1958
[7]la section économique n'a vu le jour qu'en
1963 appelée à l'époque section sciences économiques qui mène au baccalauréat
(voit décret n°87 de l'année 1963 du 1 avril 1963.
[8]l'article 19 de la loi 1958/118 sur
l'enseignement datée du 4 novembre 1958
[9]décret 1959-154 du 22 mai 1959 instituant
un nouveau diplôme appelé brevet d'enseignement commercial
[10]l'article 20 de la loi 1958/118 sur
l'enseignement datée du 4 novembre 1958
[11]décret 1959-153 du 22 mai 1959 instituant
un nouveau diplôme appelé brevet d'enseignement industriel
[12] Le bac tunisien fête son 120e anniversaire-
abdel-aziz-hali.blogspot.com/.../le-baccalaureat-tunisien-fete-son-120e.ht,
publié le 24 juin 2O1 - Le baccalauréat souffle ses 119 bougies -
www.turess.com/fr/lapresse/6694
[13]Machuel a évoqué l'ouverture de la
première classe qui prépare au baccalauréat en 1886 au lycée de l'abbé Louis à
Carthage (qui changea plus tard de nom pour s'appeler le lycée de l'abbé saint
Charles, puis le lycée Carnot). Après la
signature d'un accord entre le Cardinal Lavigerie, propriétaire du lycée, le
gouvernement tunisien et le ministre de
l'instruction publique qui stipule de faire appel à des professeurs universitaires pour y donner des cours pour les élèves du
secondaire classique et les préparer pour passer le baccalauréat. Trois classes
ont été ouvertes : une classe de Mathématiques élémentaires, une autre pour les
mathématiques préparatoires et une troisième de sciences et de rhétorique. Machuel précise que depuis la création de la direction de
l'enseignement public en 1883, huit baccalauréats ont été délivrés, 5 en
Lettres et 3 en sciences. Ces informations
sont tirées d'un document intitulé :" l'enseignement public dans la
régence de Tunis préparé en 1889 par MACHUEL, directeur de l'instruction
publique.
[14] Al Khadounya est la 1ere école tunisienne moderniste,
fondée en 1896 par les principaux membres du mouvement jeunes tunisiens présidé
par Béchir Sfar, son objectif était de donner une culture scientifique aux
élèves de la Zitouna, on y enseigna la géographie, les mathématiques, le droit
et les langues étrangères, l'association était subventionnée par des dons des
jeunes tunisiens et par d'autres institutions.
[15] Décret du 26 janvier 1950 en application du décret d'aout
1948 relatif aux épreuves du baccalauréat français dans les colonies qui permet
d'inclure une épreuve de langue de la colonie (décret 1267 de l'année 1948 du
17 aout 1948).
[16] Décret du premier ministre président du conseil daté du 17
ramadhan 1376 / 17 avril 1957 relatif au baccalauréat de l'enseignement
secondaire, JORT N° 32 ? année 100 ? ; vendredi 19 avril 1957
[17] Depuis le début de l'indépendance et
l'entrée en vigueur de la loi 58/118, plusieurs sections normales ont été
ouvertes dans les lycées.
[18] Décret 1963/87 du 1 avril 1963 relatif au
baccalauréat de l'enseignement secondaire, du diplôme de fin d'études normales,
commerciales et industrielles, jort n° 16 du 2 avril 1963.
[19].
Le secrétaire d'état à l'instruction publique l'a annoncée dans une
conférence de presse consacrée à la rentrée scolaire 1967/1968
[20].
C'est une commission créée par le parti et présidée par Ahmed Ben Salah,
le vice-secrétaire général du parti, elle remit son rapport en juin 1967.
[21]. Un document de la
direction général des examens (daté du 18/11/1988) relative aux examens
nationaux précise que cet examen était organisé à l'échelle nationale en 1974
et 1975 en parlant d'un certificat de l'enseignement secondaire professionnel,
puis on ne trouve aucune indication dans aucun document.
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