Le 6 janvier 1989 s'est tenue, au
palais du Gouvernorat à la Kasbah, la réunion du Conseil Supérieur de
l'Éducation, de l'enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique.
C'était la première et dernière
session du C.S.E avec sa nouvelle organisation et sa nouvelle composition
prévues par le décret 1988/1819 daté du 25 octobre 1988.
La réunion, présidée par le
premier Ministre HédiBaccouche et en présence du Ministre de l'Education
Mohamed Hédi Khelil,
était consacrée à la présentation du projet[1] de réforme et de son cadre juridique
préparés par le ministère de l'éducation nationale en 1988.
Ont pris part à cette session des
membres du gouvernement et les représentants des syndicats et des
organisations nationales, dont la ligue tunisienne des droits de l'homme
représentée par son président par intérim Mohamed Charfi.
Le blog pédagogique a voulu
publier dans ce numéro la contribution de Mohamed Charfi à l'occasion de la
commémoration de sa mort, survenue le 6 juin 2008.
Mais avant cela , nous avons jugé
utile de reproduire le post publié cette semaine par notre ami Brahim Ben Salah
pour présenter succinctement notre
cher disparu.
Le Blog Pédagogique, juin 2020
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Remarque
: les propos de Mohamed Charfi
sont repris tels qu'ils étaient rapportés par le PV officiel de la réunion du
conseil, préparé par le Ministère de l'éducation et visé par le premier
Ministre.
«
Après la présentation faite par le
Ministre de l'éducation (Mohamed Hédi Khelil) la parole est donnée aux
différentes personnalités présentes. Le premier intervenant est M. Mohamed
Charfi, président de la ligue tunisienne pour la défense des droits de l'homme.
L'intervention de Charfi a porté sur
les points suivants :
1- A propos de l'école de base :
Il a exprimé sa satisfaction du contenu du projet, particulièrement du deuxième
article relatif à l'obligation de l'enseignement pour les enfants âgés de 6 à
15 ans. Toutefois, il a formulé quelques réserves quant à la rédaction de
l'article du point de vue technique et juridique et s'est interrogé sur les
moyens que l'État peut déployer pour rendre opérationnel le caractère
obligatoire de l'enseignement, en particulier pour les filles.
Il a aussi relevé l'approbation de
l'école de base comme une expérience qui met fin à la sortie des deux tiers des
élèves avant l'âge de quinze ans, affirmant dans son discours que la démocratie
éducative faisait l'objet du consensus de tous les tunisiens.
2- Le problème de la baisse du
niveau : Charfi a souligné que le manque de moyens a entraîné une
détérioration du niveau de l'enseignement, ainsi que du niveau des bacheliers
et des diplômés universitaires, compte tenu de la faiblesse de l'enseignement
primaire et secondaire, expliquant cela par plusieurs facteurs, notamment :
le pourcentage élevé d'enseignants dans le secondaire qui
n'ont pas la maitrise.
la désaffection du métier d'enseignement en raison des bas
salaires.
3- La question du baccalauréat
: il a appelé à trancher la question du baccalauréat. Est-il un diplôme de fin
d'études secondaires ou un certificat pour accéder à l'université.
4- La question de la formation
continue : M. Mohamed Charfi a appelé à la préparation d'un programme pour
la mise à niveau des enseignants du secondaire.
4- Au sujet des orientations de
la future réforme, il a proposé :
-
d'accorder la priorité à l'aspect qualitatif indiquant en même temps ses
préoccupations concernant l'intérêt qu'on a tendance à donner à la quantité au
détriment de la qualité
- de renforcer l'esprit national et
la formation générale dans l'enseignement secondaire. Pour ce faire, il a suggéré :
●
de retarder l'orientation de deux ans après le cycle de
l'enseignement de base au lieu d'une seule année, pour la mettre à la fin de la
(cinquième/ actuelle deuxième) année secondaire,
●
d'introduire l'enseignement des principes des droits de
l'homme dans les programmes de l'éducation nationale,
●
de renforcer l'éducation religieuse et d’adapter ses
programmes conformément à la charte nationale pour éviter la schizophrénie et
pour former le citoyen équilibré.
Mohamed Charfi, contribution au débat au cours de la tenue de la session du CSE,
janvier 1989
Texte traduit par Mongi Akrout et Abessalam Bouzid,
inspecteurs généraux de l'éducation.
Tunis, jun 2020
[1]Bouhouch,H et Akrout,M
(2016).Les grandes orientations pour la
réforme du système éducatif tunisien, janvier 1988, le blog pédagogique28 MARS 2016;http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/03/les-grandes-orientations-pour-la.html
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