lundi 28 mars 2016

Les grandes orientations pour la réforme du système éducatif tunisien, janvier 1988


Cette semaine le blog pédagogique consacre son billet hebdomadaire à la présentation d’un document tombé dans l’oubli malgré son importance dans l’histoire de l’enseignement, ce document ignoré par les écrits sur l’histoire des réformes de l’éducation a été élaboré par la commission de réflexion sur le système éducatif  et paru, en janvier 1988 sous le titre suivant ; Les grandes orientations pour la réforme du système éducatif tunisien, ce document était destiné à servir comme base d’une consultation nationale dans le cadre de la préparation d’une nouvelle loi pour remplacer celle de 1958.   


Le document est composé de trois éléments :
Le premier élément est le texte d’une lettre   adressé par le Ministre de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche scientifique  feu Tijani Chelly à la grande famille éducative  dans laquelle il annonça «  la décision du ministère de préparer  une nouvelle loi d’orientation (une loi cadre) pour l’enseignement » et « le lancement  d’un dialogue global dans le cadre d’une large consultation, pour collecter les avis et les propositions de toutes les parties concernées »
Le deuxième élément est une brève énumération des motifs de la réformes  et une présentation des grandes lignes de la réforme souhaitée: les principes de base, les voies et les moyens de la réalisation de la réforme.
Le troisième élément ( et le plus important en volume)  est une présentation des principaux axes  qui seront  l’objet du dialogue et de la consultation nationale , on a dénombré sept thèmes qui ont été présentés dans cet ordre : l’organisation administrative du système éducatif, le premier niveau d’enseignement et l’école de base - le deuxième niveau et le baccalauréat- l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, le cadre enseignant , l’enseignement privé, et le dernier se rapporte au financement du système éducatif.
L’organisation de la consultation
Le 23 février 1988 s’est tenu  au ministère de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche scientifique ( MEERS) la conférence des directeurs régionaux de l’enseignement secondaire et des délégués régionaux de l’enseignement primaire[1] sous la présidence du Ministre feu Tijani Chelly[2] et du secrétaire d’état chargé de l’enseignement secondaire et primaire Monsieur Mohamed Hédi Khlil[3] , l’ordre du jour de la conférence comportait plusieurs points mais c’est la question de la consultation en était la principale.   
Le ministre a insisté sur l’importance de la consultation et de ses objectifs et sur l’urgence de la réforme en rappelant «  qu’après plusieurs années d’indépendance,  il n’est pas normal que certains aspects négatifs continuent à exister dans notre système éducatif et qu’il est temps de réfléchir sérieusement sur l’avenir de ce système afin d’y introduire les réformes nécessaires  pour plus d’efficacité et pour atteindre trois objectifs :  limiter le nombre d’abandon, garantir la scolarité pour tous les enfant jusqu’à l’âge de 15 ou 16 ans pour enrayer l’analphabétisme   et enfin relever le niveau de l’enseignement ».
Le ministre a rappelé que  «  la consultation doit  toucher le plus grand nombre d’enseignants, de parents et de toutes les parties concernées par l’enseignement, sachant que certaines organisations nationales vont organiser la consultation au sein de leurs propres structures » ; il a ensuite présenté les six axes de la consultation  ( voir le document ci-dessous), tout en reconnaissant qu’il y avait  d’autres questions que le document n’a pas cité comme la « question du passage du cycle primaire à la dernière étape de l’école de base » ;dans le même ordre d’idées le secrétaire d’état avait proposer quatre autres questions qui étaient :le passage du cycle primaire au dernier cycle de l’école de base,   le passage de l’école de base à l’enseignement secondaire, faut-il le faire par  la simple orientation - comment mettre en place l’école de base avec les établissements existants ( dans ce cadre et en réponse à la question , s’il était possible de recourir l’ancien rapport sur l’école de base, le secrétaire d’état avait écarté cette possibilité car - d’après lui - il est difficile d’exploiter ce document car beaucoup de choses ont changé) - la question de la conception d’un programme  complet de réforme  et le renforcement du niveau scolaire ».
A la fin de la séance, les participants avaient arrêté la démarche à suivre pour la consultation et le calendrier des opérations, c’est ainsi qu’il a été convenu pour- l’enseignement primaire- de procéder en trois temps , la consultation démarrera au niveau des écoles puis au niveau des circonscriptions pour arriver au niveau de la délégation , alors que pour l’enseignement secondaire , la consultation  commencera par les lycées pour aboutir au niveau des directions régionales, quant au corps des inspecteurs , ils ont été sollicités individuellement et appelés  à  étudier le document et à remettre leur rapport avec leurs remarques et leurs recommandations aux directeurs ou aux délégués régionaux.
Les directions et les délégations  devraient  faire la synthèse pour remettre leur rapport à la fin du mois de mars 1988, afin de permettre à la commission de réflexion sur le système éducatif de préparer le rapport national sur la réforme.
La consultation fut réalisée dans les délais  et selon le plan prévu, le rapport final fut fin prêt  au mois de Juillet 1988 sous le titre : la réforme du système éducatif : les grandes orientations et le cadre législatif ; nous lui consacrerons un note dans nos prochaines publications.
Le document de la consultation
La lettre du Ministre
Ministère de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche scientifique
Commission de réflexion sur le système éducatif
Les grandes orientations de la réforme du système éducatif
janvier 1988

Messieurs, Mesdames
J’ai l’honneur de vous informer de la volonté du Ministère de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche scientifique de préparer une nouvelle loi- cadre de l’enseignement, en remplacement de la loi de 1958 qui organise actuellement l’enseignement en Tunisie.
Ce document vise à établir un dialogue global dans le cadre d’une large consultation, pour collecter les avis et les propositions de toutes les parties concernées.
La consultation portera essentiellement sur les questions suivantes : la mise en place de l’école de base, les modalités de passage de l’école de base à l’enseignement secondaire, l’adoption d’un tronc commun  après l’école de base et sa durée, avant l’orientation, la diversification du diplôme du baccalauréat, les modalités d’accès à l’université ( par voie de concours, au choix ou sur dossier), l’encouragement de l’enseignement privé, le financement du système éducatif.
Je vous prie de nous faire part de vos avis sur ces thèmes, et de nous faire parvenir vos propositions,   que vous jugez utiles, avant le mois de Mars 1988.
Salutations
Le Ministre de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche scientifique
  Tijani Chelly  

Les grandes orientations de la réforme du système éducatif
La réforme du système éducatif tunisien représente l’une des grandes priorités de la politique du gouvernement et l’une des principales questions qui préoccupent l’opinion publique nationale.
C’est qu’aujourd’hui, après trente années de la promulgation de la loi de 1958,  qui est n’est plus conforme à la réalité, il est nécessaire de tirer les leçons de cette expérience, et d’entamer une révision profonde de notre politique éducative,  en fonction de la situation actuelle de notre système éducatif qui se trouve enchainé par une série de mesures contradictoires et inadaptées aux nouveaux défis  qui nous sont imposés par les mutations  scientifiques et  technologiques, et par les  exigences de l’évolution économique, sociale et culturelle, des prochaines décennies.
Commentaire
la révision radicale de la politique éducative a été toujours une composante  de la politique de développement en Tunisie depuis 1967 ; en effet la commission nationale de l’enseignement a été constituée pour évaluer le système éducatif ( produit de la loi 1958) , cette commission a présenté ses recommandations en juin 1967 et certaines d’entre elles  étaient entrées en vigueur dès la rentrée scolaire 1976/1968 avec le ministre Messadi puis avec son successeur Ben Salah, mais le limogeage de ce dernier  a donné un coup d’arrêt aux réformes.
 en 1970 le gouvernement  a mis en place les commissions permanentes de l’enseignement pour concevoir une nouvelle politique éducative après l’abandon de la politique  socialiste et les nouvelles orientations vers une économie libérale, ces commissions avaient remis en avril  et juin  1972  ses rapports , les ministres Mzali ( 1971 -1973) et Guiga ( 1973-76) avaient mis en application plusieurs recommandations comme l’arabisation de l’école primaires et des écoles normales  des institutrices et des instituteurs, la création d’une classe de 7ème et de 8ème à l’école primaire , l’introduction de l’initiation  travaux manuels, l’arabisation de l’histoire , de la géographie et de la philosophie au lycée  , accorder une importance à l’enseignement technique et professionnel, révision du système d’évaluation des élèves  et la réforme du baccalauréat …
En 1982 ( le Ministre Md Frej Chedly) des commissions techniques furent chargées de préparer des études sur l’école de base après son  intégration dans le VIème plan , la commission avait remis son rapport en juin 1984 et il était prévu de démarrer la mise en place à la rentrée , mais le projet fut gelé pour des raisons de coût , il sera repris en 1988 et constituera la pierre angulaire du projet de réforme de 1988 ( Chelly et Khlil)

§  Les principes fondamentaux
Celui qui étudie l’expérience éducative tunisienne, que nous avons vécue durant les dernières trente  années, ses résultats et les problèmes  actuels qu’elle a engendrés, et qui compare  cette expérience avec les autres expériences à l’étranger, en ce qu’elle a de positif et de négatif, arrive à dégager quelques principes fondamentaux qui font l’unanimité les milieux nationaux concernés, et la majorité de l’opinion publique.
Et, il est possible de formuler ces principes de la manière suivante :
1)    Promouvoir l’homme tunisien et la culture nationale selon les exigences de l’authenticité et la modernité.
2)    Affirmer le caractère démocratique du système éducatif, car la démocratie est un choix national qui a été adopté et suivi depuis l’indépendance ; la poursuite de l’application de ce principe est une condition nécessaire pour relever le niveau culturel et éducatif de la nation, et pour former l’élite dont le pays a besoin à tous les niveaux.
3)    Assurer l’égalité sociale en offrant à tous les citoyens, chacun selon ses aptitudes, les mêmes chances de profiter des services éducatifs et des possibilités de promotions sociales ; or, pour mettre en application ce principe, il faudrait garantir un niveau d’enseignement de base pour tous les enfants, et d’ouvrir, dans une étape suivante, les portes de l’enseignement devant tous les enfants dont les aptitudes et les compétences leurs permettent de poursuivre les études.
4)    Faciliter l’adéquation permanente entre la politique de l’éducation et de la formation et les besoins actuels et attendus du pays.
Commentaire
nous constatons que le projet soumis à la consultation reprend les principes adoptés par les anciennes réformes ou tentatives de réformes , c’est pour dire qu’il y avait un consensus national sur les grands choix , la différence est au niveau  de l’ordre d’importance des principes , dans ce sens  ce qui distinguerait peut être  les projets de 1967  et de 1972  et celles qui vont venir après  , c’est la volonté de lier les contenus de l’enseignement au modèle économique et aux besoins de la société , et d’orienter l’enseignement vers l’avenir , l’école se doit de préparer l’avenir , ce qui explique l’intérêt accordé à l’enseignement professionnel , technique et économique  et à l’initiation au travail manuel dès l’école primaire.
Dans le projet de 1988 , la justice  sociale  exprimée par le concept de l’équité et l’égalité des chances  a pris une nouvelle dimension , en effet tout en insistant sur ce droit , le nouveau projet a émis des conditions et des limites puisqu’il l’a conditionné par les aptitudes  et les moyens de l’élève à poursuivre les études dans les niveaux supérieurs, le projet nous semble se balancer entre le désir d’assurer à tous les enfant un enseignement de base et la formation de l’élite.  se distinguerait peut etre ves de réformes , c' projet de réforme de 1988 (  gelé


§  Les voies et les moyens
La réalisation de ces objectifs généraux nécessitent la mobilisation de certains moyens, comme :
1)     La concertation avec les milieux nationaux concernés, au sujet de la conception d’un projet éducatif approprié, et assurer leur participation d’une manière effective, dans sa mise en œuvre.
2)    La responsabilisation de tous les membres de la communauté nationale et en premier lieu les enseignants et les élèves, pour réaliser le projet éducatif et de formation.
3)    L’amélioration du rendement de l’institution éducative nationale par l’amélioration de son rendement interne et externe et par la rationalisation de l’utilisation des moyens humains, financiers et matériels disponibles.
4)    L’amélioration des programmes et des moyens et des outils pédagogiques qui aident à la mise en application de ces programmes, en veillant à leur adéquation permanente avec les nouvelles données scientifiques et les besoins du milieu.
5)     La formation de formateurs et la promotion de la recherche scientifique, car celle-ci est le moyen du développement national.
6)      Faire participer les entreprises publiques et privées dans la réalisation des objectifs du projet, mais en veillant à garantir le contrôle de l’état pour assurer le niveau et la qualité de l’enseignement donné par ses entreprises.
Commentaire
ce paragraphe présente la méthodologie qu’il est nécessaire de suivre pour élaborer la réforme et  les moyens qui vont y conduire , pour le ministère le la méthodologie s’appuie sur  la concertation et la coparticipation , d’ailleurs toutes les réformes s’accorde sur ce point , puisqu’on a cherché à responsabiliser tout le monde , chacun selon son statut et sa place dans le système ; quant aux moyens il ya toujours les programmes évolués, les formateurs qualifiés , les bons  chercheurs  et l’association entre le secteur privé et le secteur public.

§   La loi d’orientation
Le cadre juridique qui permet la mise en œuvre de cette politique doit se fonder, selon la constitution, sur :
1)    Une loi d’orientation qui fixe les principes fondamentaux de la réforme.
2)    Des décrets et des textes d’application qui traduisent ces principes sur le terrain et qui permettent de les adapter d’une façon permanente.
Les principes généraux qui vont guider la réorganisation de notre système éducatif peuvent être résumés dans les chapitres suivants.
Commentaire
l’idée ou le concept  de loi d’orientation est apparu pour la première fois , il s’agit de limiter la loi aux principes généraux  c'est-à-dire aux valeurs qui rassemblent tous les tunisiens et qui peuvent se maintenir pendant des générations , et de consacrer les décrets et les arrêtés pour toutes les questions d’organisation ce qui permet de les mettre à jour en fonction des évolutions et des innovations pédagogiques


§           Le premier chapitre : L’organisation du système éducatif du point de vue administratif
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La responsabilité dans l’organisation du système éducatif revient au ministère de l’éducation, l’enseignement et la recherche scientifique ; c’est à lui qu’incombent les missions de conception, de coordination entre les différentes institutions en charge de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche ; enfin, c’est au ministère qui contrôle les activités de ces institutions.
Il est faudrait à ce que le ministre ait, à ses côtés, un conseil national de l’enseignement et de la recherche scientifique qui l’aidera en tant qu’instance consultatif, surtout au niveau de la conception.  
Il faudrait, en outre, au niveau intermédiaire de l’organisation :
1)    Régler l’organisation de l’enseignement supérieur au niveau ي'عىيا على الصعيد القومي بحسب متrégional que tutkions e katif  ifique milieu.
1)    nseignants et les élèves d’universités qui pourraient être élargies progressivement, selon les besoins.  
La difficulté à ce niveau réside dans le choix des critères qu’il faut utiliser pour créer des universités et leur localisation ; ces universités régionales peuvent comporter plusieurs spécialités ou des universités nationales spécialisées.
2)    Veillez à créer, progressivement, des entités régionales décentralisées, surtout pour le cycle primaire et le cycle secondaire, qu’on appelle académie.  
Les universités et les académies seront organisées sur la base de l’autonomie dans la gestion ; cette autonomie doit être effective et large, dont les limites seraient arrêtées par une loi adaptée.
Les universités et les académies seront sous la tutelle du ministère de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche scientifique selon des modalités nouvelles qui tiennent comptent de la nouvelle répartition des rôles entre l’administration centrale et les académies.
Commentaire
le première chapitre évoque l’organisation administrative  du système éducatif, il fixe les missions et les prérogatives  du ministère  aidé par le conseil national consultatif, le ministère a essentiellement une mission de conception globale qui regroupe les trois cycles , les tâches administratives seront déléguées aux entités administratives régionales  qui doivent disposer de larges prérogatives , ces entités seront les académies pour l’éducation et des universités pour l’enseignement supérieur.
la nouveauté est peut être au niveau de l’enseignement supérieur car le secteur de l’éducation était décentralisé , il y avait des délégations régionales pour le primaire et des directions régionales pour le secondaire qui vont fusionner en une seule structure dans chaque gouvernorat dès 1988, donc il s’agit tout simplement de changer l’appellation.
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§  Deuxième Chapitre : Le premier cycle de l’enseignement et l’école de base
Le premier cycle compte le plus grand nombre d’élèves ; sa réforme peut se réaliser  grâce la mise en place de l’école de base qui dure 9 ans et qui correspond à l’enseignement primaire et au premier cycle de l’enseignement secondaire  actuels.
Le mérite de ce  nouveau système  est de garantir à l’enfant -   en même temps - un niveau scolaire approprié, une formation qui lui permet de s’initier,  d’une façon pratique, à  composer avec son milieu,  et de développer chez lui le sens de responsabilité ; l’école de base va permettre d’améliorer le rendement interne de l’enseignement et de parer aux défaillances ( insuffisances)  du système actuel qui n’a pas apporté de solutions aux élèves qui ne réussissaient pas le concours d’entrée en première année de l’enseignement secondaire.  
Au terme des neufs années de l’école de base, l’élève peut selon ses mérites, soit de poursuivre ses études secondaires dans sa nouvelle forme qui sera décrite plus loin, soit de rejoindre un enseignement professionnel dont les finalités sont précises, et qui permet aux lauréats d’intégrer l’enseignement secondaire.
Il va de soi que la mise en place de ce système va nécessiter un remaniement radical des structures financières des institutions scolaires primaires et secondaires, et un redéploiement des moyens humains, financiers et matériels disponibles, et d’un important renforcement de ces moyens.  Et c’est en considération de ces difficultés, qu’il faudrait adopter une démarche progressive dans la mise en place de l’école de base qui tient compte des moyens disponibles.

commentaire
le projet utilise le terme « école de base » et non « enseignement de base »  qui était le plus courant dans la littérature à l’époque ; il est nécessaire de rappeler que le projet de  l’école de base fut inscrit depuis 1982 dans le VIème plan (1982- 1986) après de longs débats, le projet a pris forme en 1984 .
Il nous semble que la reprise du projet en 1988 ( profitant de la nouvelle conjoncture politique est le résultat d’un constat d’échec de toutes les solutions qui avaient été expérimentées pour dépasser le problème des élèves qui ne réussissaient pas le concours d’entrée en première année de l’enseignement secondaire long ou professionnel.
L’idée était d’allonger la durée de la scolarité obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ou de 16 ans .
le projet se caractérise par la mise en place de l’école de base progressivement, il a aussi tranché la question du devenir de l’élève à la fin de l’école  de base  , l’élève peut soit rejoindre l’enseignement secondaire dans sa nouvelle version soit l’enseignement professionnel  soit enfin l’apprentissage professionnel , le schéma prévoit des passerelles puisque les lauréats auront la possibilité d’intégrer une  voie meilleure, mais le projet a passé sous silence les modalités de certification à la fin de l’école  de base, se limitant à demander qu’elles soient débattues dans le cadre de la consultation.

Troisième chapitre
Le deuxième cycle de l’enseignement et le baccalauréat
a)   Le deuxième cycle de l’enseignement
Avec la mise en place de l’école de base, le deuxième cycle va prendre une nouvelle forme, puisqu’il va correspondre au deuxième cycle de l’enseignement secondaire actuel.
Cet enseignement, dans sa nouvelle forme, va intéresser des élèves dont le niveau scolaire et les capacités d’adaptation sont bien meilleurs que ceux qu’assure le système actuel, ce qui va amener une amélioration du rendement interne de ce cycle ; le nouvel enseignement secondaire sera constitué de deux sections :
-      Un enseignement secondaire général
-      Un enseignement secondaire technique
Et il faudrait penser à créer une un cycle d’enseignement professionnel.
1)    L’enseignement secondaire général
La solution la plus convenable consiste à organiser l’enseignement secondaire général en deux cycles : le premier cycle sera consacré à une formation générale commune, et le deuxième cycle pour une formation spécialisée.
2)    L’enseignement secondaire technique
Cet enseignement devrait associer la formation technique spécialisée et une formation générale dans les disciplines sociales et littéraires.
Il faudrait aussi que ses programmes puissent former des agents techniques s onformer des techniciens spécialisée et une formation générale dans les disciplnes sociales et littéraires d’exécution, et préparer les élèves à suivre des études techniques supérieures, surtout dans les écoles d’ingénieurs.
3)    L’enseignement professionnel
L’enseignement professionnel est prévu pour accueillir les élèves qui ne sont pas acceptés à l’enseignement secondaire, et il vise à leurs donner des compétences professionnelles spécialisées ; cet enseignement sera assuré dans des écoles de métier ; les lauréats de l’enseignement professionnel ont la possibilité de rejoindre l’enseignement secondaire technique.
b)    Le baccalauréat
L’enseignement secondaire général et L’enseignement secondaire technique seront sanctionnés par le diplôme du baccalauréat général pour le premier, et le baccalauréat technique pour le second, en fonction de la spécificité de la formation suivie par l’élève au cours des dernières années de l’enseignement secondaire. Le baccalauréat représente un diplôme de fin d’études secondaires ; il permet à son détenteur d’accéder à l’enseignement supérieur selon les modalités qui seront précisées dans le quatrième chapitre. 
Les candidats qui ratent l’examen du baccalauréat ont la possibilité de se représenter de nouveau, ou de suivre une formation spécialisée qui facile leur intégration dans le marché de l’emploi.S
Commentaire
ce chapitre est réservé à l’enseignement secondaire dans sa nouvelle forme , le projet propose de rétablir l’enseignement professionnel , et de scinder l’enseignement secondaire en deux : l’enseignement général et l’enseignement technique sans plus de  précision, mais il développe sa conception de l’enseignement professionnel qui doit être la deuxième chance pour ceux qui ne réussissent pas à intégrer l’enseignement secondaire , cet enseignement doit centrer sur l’acquisition de compétences spécialisées  dans des écoles de métiers.
La nouveauté du projet réside dans le rapport entre le baccalauréat et l’accès à l’université , pour les concepteurs du projet le baccalauréat doit devenir un examen certificatif essentiellement ( l’idée remonte à 1982  et exprimé par le ministre Md Frej chedly lors de la présentation du projet de l’école de base) l’accès à l’université doit obéir à d’autres procédures.


Quatrième chapitre
L’enseignement supérieur et la recherche scientifique
a)    La préparation pour l’enseignement supérieur
Dans le souci d’assurer les meilleures chances de réussir au cours des études supérieures pour les bacheliers, et afin de réduire les taux d’échec  qui atteignent actuellement un niveau inquiétant  au cours du premier cycle de l’enseignement supérieur , il faudrait mettre en place une formation préparatoire d’une année qui sera assurée, soit par les universités, soit par un nombre d’instituts qui se chargeront d’assurer un enseignement proche de leur spécialité.
b)    L’organisation de l’enseignement supérieur
1.     A la fin de l’année préparatoire, l’étudiant peut selon ses moyens suivre soit :
§  L’enseignement supérieur long qui est organisé en cycles, selon les spécialités ; cette filière pourrait amener vers le troisième cycle.
§  L’enseignement supérieur court qui sera sanctionné par un diplôme aux objectifs bien déterminés ; il comportera plusieurs passerelles qui permettent aux étudiants les plus compétents d’intégrer les filières de l’enseignement supérieur long.
2.     A la fin de l’enseignement supérieur long, les lauréats qui se distingueraient par leurs aptitudes à faire de la recherche scientifique peuvent accéder au troisième cycle.
Vu la grande importance de ce dernier et de son rôle dans la formation des cadres du futur d’un niveau supérieur, qu’ils soient des enseignants ou des chercheurs, il faudrait lui accorder une attention particulière.
La priorité serait de réaliser l’harmonie entre les études du troisième cycle effectuées par les différentes institutions universitaires ; or, pour atteindre cet objectif, il faudrait que le ministère pense à mettre en place un système qui accorde à ces institutions les prérogatives dont elles auront besoin.
Le troisième cycle de l’enseignement supérieur doit être de deux types : le premier académique, le second spécialisé.
§  Le troisième cycle académique
Cette voie sera réservée aux étudiants qui ont obtenus les 4 certificats du deuxième cycle, dans l’une des spécialités, et ont fait preuve d’aptitudes  qui les destinent à la recherche scientifique.
Il est nécessaire de choisir les enseignants qui vont assurer l’encadrement des étudiants du troisième cycle sur la base de leurs compétences et de leurs aptitudes à créer et à encadrer les études et la recherche en même temps.
§  Le troisième cycle spécialisé
Il serait bénéfique d’organiser - dans un cadre particulier- un troisième cycle de spécialisation orienté vers le renforcement de la formation des candidats dans des spécialités déterminées en fonction des filières et des besoins du marché de l’emploi.
Ce cycle sera organisé sur la base d’une étroite collaboration avec les structures professionnelles, ce qui permet à l’université de s’ouvrir à son environnement.
§  La recherche scientifique
L’enseignement supérieur est intimement lié à la recherche scientifique ; il ne peut exister sans lui ; la recherche scientifique est aussi une condition nécessaire pour que l’université puisse contribuer au développement total du pays.
Pour que la recherche scientifique puisse remplir ce rôle, il faudrait :
-      Renforcer les institutions de recherche existantes
-      Penser à en créer de nouvelles ou à les étendre selon les besoins 
-      Prévoir les moyens nécessaires pour ces recherches et pour la publication.
§  La formation continue
Afin de permettre aux agents de l’administration, des entreprises publiques et privées  de profiter des possibilités de promotion sociale, il est nécessaire d’appliquer pleinement  la législation et la règlementation en vigueur, en assurant à  ces agents la formation continue et le recyclage ; les universités pourraient se charger de cette mission .
commentaire
ce  chapitre est le plus long , il traite de plusieurs questions en rapport avec l’enseignement supérieur :
la première évoque  la question de l’accès à l’enseignement supérieur , le projet propose la mise en place d’une année préparatoire au terme de laquelle l’étudiant pourrait - selon ses aptitudes - soit se diriger vers un enseignement supérieur long qui prépare à la recherche scientifique , soit intégrer l’enseignement supérieur court et spécialisé qui se termine par un diplôme spécialisé, le projet prévoit là aussi des passerelles qui  permet aux lauréats de poursuivre leurs études.
Quant au troisième cycle , le projet propose deux voies  , la première est une voie de recherche fondamentale , la deuxième est une voie spécialisée qui sera organisée en concertation avec la profession .

Cinquième chapitre
Le cadre enseignant
Afin de permettre au cadre enseignant de remplir sa mission dans l’application de la nouvelle réforme scolaire, la loi d’orientation doit spécifier une série de mesures qui visent particulièrement :
-      Le recyclage des enseignants de tous les niveaux et de leur assurer une formation continue.
-      La révision du système d’évaluation qui sera la base de l’évolution de la carrière de l’enseignant et des fonctions qu’il pourrait occuper.
-      La révision des conditions de recrutement pour attirer les meilleurs éléments, et pour garantir le recrutement des plus doués pour le métier d’enseignants.
L’application de ce principe général, surtout au niveau de l’enseignement supérieur, va réduire le nombre de grades qui existent aujourd’hui dans l’enseignement supérieur, et d’introduire plus de souplesse au niveau du recrutement des enseignants débutants.
-      Définir les règles générales de l’éthique de la profession et veiller à son respect.
Commentaire
la question du recrutement et de la formation continue  des enseignants  était présente dans toutes les réformes depuis la réforme de 1958, caque ministre a tenté de trouver la bonne solution pour faire face aux nouveaux  besoins et pour relever le niveau académique et pédagogique des enseignants en exercice, les différentes institutions de formation sont là pour en témoigner comme les écoles normales des instituteurs et des institutrices , l’école normale des professeurs adjoints,l’école normale supérieure et l’école normale supérieure de l’enseignement technique, le projet recommande la généralisation de la formation continue et la révision des modalités de recrutement afin de nr recruter que les meilleurs, et enfin la mise en place d’un système d’évaluation qui sera la base de la promotion des enseignants.


Le sixième chapitre 
L’enseignement privé
L’enseignement privé existait en Tunisie depuis 1958 ; mais il a connu plusieurs dérapages volontaires,   en l’absence de garanties suffisantes dans la loi relative à l’enseignement privé, qui en a fait de simple structure d’accueil des élèves exclus de l’enseignement professionnel.
Il est nécessaire de repenser le rôle de l’enseignement privé qui doit participer, avec le secteur public, dans la réalisation des finalités du système éducatif.
C’est pour cela que l’enseignement privé doit répondre aux conditions suivantes :
-      La première condition est relative au niveau scientifique et pédagogique.
Afin de garantir les meilleurs services éducatifs, l’ouverture d’établissements privés ne pourrait se faire qu’après l’accord du ministère, et que les programmes des ces établissements, leurs régimes d’études, et la participation de leurs élèves aux examensgique  meilleurs  nationaux doivent faire l’objet de conventions établies entre le ministère et les établissements de l’enseignement privé.
-      La deuxième condition est relative au cadre enseignant qui doit être recruté sur la base du niveau et des compétences suffisantes pour le métier d’enseignant.
-      Quant à la troisième condition, elle est relative au financement des établissements privés d’enseignement et de la recherche ; il faut promulguer une loi spécifique qui permet aux initiatives privées d’ouvrir des établissements d’enseignement, et des institutions pour la recherche et qui institue le droit de contrôle de l’état sur les sources de financement ; cette loi garantit le bénéfice des promoteurs d’avantages financiers et fiscaux justifiés par le caractère du service public de ces établissements dans le cadre du contrôle de l’état.
Commentaire
l’enseignement privé est une institution très ancienne, certains établissements étaient là bien avant le protectorat , depuis l’indépendance , l’état a concentré ses efforts sur l’enseignement public , du coup l’enseignement privé secondaire est devenu un enseignement de repêchage pour les exclus de l’école publique , pour le projet l’enseignement privé de tous les niveaux doit répondre aux critères de qualité  pour devenir un partenaire du secteur public.


Le septième chapitre
Le financement du système éducatif
L’application de la réforme va nécessiter une révision du plan global du financement du système éducatif. Cette réforme va permettre de rationnaliser la gestion des ressources disponibles et de réaliser un meilleur rendement avec les moyens mis à la disposition des établissements publics
D’un autre côté, il faudrait préciser que la réforme va avoir besoin, sans doute, de nouvelles ressources financières.
Et comme l’éducation est une mission nationale fondamentale, la participation effective de tout le monde, chacun selon ses moyens, dans l’effort financier, devient nécessaire.
Et si la scolarisation de l’école de base est gratuite, les ressources supplémentaires nécessaires à l’application de la nouvelle réforme imposent de trouver un cadre juridique adéquat qui définit les modalités de répartitions du poids financier entre l’état, les entreprises publiques et privées, et les membres de la communauté nationale, dans le respect du principe de l’égalité sociale.
Commentaire
la dernière question est la question la plus sensible , elle une source de débats ardus , on se rappelle de la célèbre réflexion de Md frej Chedly au milieu des années quatre vingt dix  quand il disait devant le parlement  «  quel mal y-t-il si chaque parent contribue avec un Dinar », le projet , tout en reconnaissant le principe de la gratuité de l’école de base, il passe sous silence le cas de l’enseignement secondaire, il reconnait qu’il faudrait trouver de nouvelles sources pour financer le système , et il propose qu’il y ait un partage du fardeau entre l’état , les entreprises publiques et privées et la collectivité nationale

Hédi Bouhouch & Mongi Akrout, inspecteurs généraux de l’éducation.
Tunis , Mars 2016 .





[1]  A cette époque les deux cycles avaient deux structures indépendantes au niveau de la région
[2]  Tijani Chelly fut chargé du MEERS  entre  le mois de novembre 1987 et le mois d’avril 1988
[3] Mohamed Hédi Khlil était le  secrétaire d’état chargé de l’enseignement primaire et secondaire de novembre 1987 jusqu’au mois d’avril 1988 , puis Ministre de l’éducation   entre avril 1988 et  avril 1989.

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