Cette
semaine le blog pédagogique consacre son billet hebdomadaire à la présentation
d’un document tombé dans l’oubli malgré son importance dans l’histoire de
l’enseignement, ce document ignoré par les écrits sur l’histoire des réformes
de l’éducation a été élaboré par la commission de réflexion sur le système
éducatif et paru, en janvier 1988 sous
le titre suivant ; Les grandes orientations pour la réforme du système éducatif
tunisien, ce document était destiné à servir comme base d’une consultation
nationale dans le cadre de la préparation d’une nouvelle loi pour remplacer celle
de 1958.
Le premier élément
est le texte d’une lettre adressé par le Ministre de l’éducation, de
l’enseignement et de la recherche scientifique feu Tijani Chelly à la grande famille
éducative dans laquelle il annonça «
la décision du ministère de préparer
une nouvelle loi d’orientation (une loi cadre) pour l’enseignement »
et « le lancement d’un dialogue
global dans le cadre d’une large consultation, pour collecter les avis et les
propositions de toutes les parties concernées »
Le deuxième
élément est une brève énumération des motifs de la réformes et une présentation des grandes lignes de la
réforme souhaitée: les principes de base, les voies et les moyens de la
réalisation de la réforme.
Le troisième
élément ( et le plus important en volume)
est une présentation des principaux axes
qui seront l’objet du dialogue et
de la consultation nationale , on a dénombré sept thèmes qui ont été présentés
dans cet ordre : l’organisation administrative du système éducatif, le
premier niveau d’enseignement et l’école de base - le deuxième niveau et le baccalauréat-
l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, le cadre enseignant ,
l’enseignement privé, et le dernier se rapporte au financement du système
éducatif.
L’organisation
de la consultation
Le 23
février 1988 s’est tenu au ministère de l’éducation,
de l’enseignement et de la recherche scientifique ( MEERS) la conférence des
directeurs régionaux de l’enseignement secondaire et des délégués régionaux de
l’enseignement primaire[1] sous la présidence du
Ministre feu Tijani Chelly[2] et du secrétaire d’état chargé
de l’enseignement secondaire et primaire Monsieur Mohamed Hédi Khlil[3] , l’ordre du jour de la
conférence comportait plusieurs points mais c’est la question de la
consultation en était la principale.
Le ministre
a insisté sur l’importance de la consultation et de ses objectifs et sur l’urgence
de la réforme en rappelant « qu’après plusieurs années d’indépendance,
il n’est pas normal que certains aspects
négatifs continuent à exister dans notre système éducatif et qu’il est temps de
réfléchir sérieusement sur l’avenir de ce système afin d’y introduire les
réformes nécessaires pour plus
d’efficacité et pour atteindre trois objectifs : limiter le nombre
d’abandon, garantir la scolarité pour tous les enfant jusqu’à l’âge de 15 ou 16
ans pour enrayer l’analphabétisme et enfin relever le niveau de l’enseignement ».
Le ministre
a rappelé que « la consultation doit toucher le plus grand nombre d’enseignants, de
parents et de toutes les parties concernées par l’enseignement, sachant que certaines
organisations nationales vont organiser la consultation au sein de leurs
propres structures » ; il a ensuite présenté les six axes de la
consultation ( voir
le document ci-dessous), tout en reconnaissant qu’il y avait d’autres questions que le document n’a pas cité
comme la « question du passage du cycle primaire à la dernière étape de
l’école de base » ;dans le même ordre d’idées le secrétaire
d’état avait proposer quatre autres questions qui étaient :le passage du
cycle primaire au dernier cycle de l’école de base, le
passage de l’école de base à l’enseignement secondaire, faut-il le faire
par la simple orientation - comment
mettre en place l’école de base avec les établissements existants ( dans ce
cadre et en réponse à la question , s’il était possible de recourir l’ancien
rapport sur l’école de base, le secrétaire d’état avait écarté cette
possibilité car - d’après lui - il est difficile d’exploiter ce document car
beaucoup de choses ont changé) - la question de la conception d’un programme complet de réforme et le renforcement du niveau scolaire ».
A la fin de
la séance, les participants avaient arrêté la démarche à suivre pour la
consultation et le calendrier des opérations, c’est ainsi qu’il a été convenu pour-
l’enseignement primaire- de procéder en trois temps , la consultation démarrera
au niveau des écoles puis au niveau des circonscriptions pour arriver au niveau
de la délégation , alors que pour l’enseignement secondaire , la
consultation commencera par les lycées
pour aboutir au niveau des directions régionales, quant au corps des
inspecteurs , ils ont été sollicités individuellement et appelés à étudier le document et à remettre leur rapport
avec leurs remarques et leurs recommandations aux directeurs ou aux délégués
régionaux.
Les
directions et les délégations
devraient faire la synthèse pour
remettre leur rapport à la fin du mois de mars 1988, afin de permettre à la
commission de réflexion sur le système éducatif de préparer le rapport national
sur la réforme.
La
consultation fut réalisée dans les délais
et selon le plan prévu, le rapport final fut fin prêt au mois de Juillet 1988 sous le titre :
la réforme du système éducatif : les grandes orientations et le cadre
législatif ; nous lui consacrerons un note dans nos prochaines
publications.
Le document
de la consultation
La lettre du Ministre
Ministère de l’éducation, de
l’enseignement et de la recherche scientifique
Commission de réflexion sur le système
éducatif
Les grandes orientations de la réforme
du système éducatif
janvier 1988
Messieurs, Mesdames
J’ai l’honneur de vous informer de la
volonté du Ministère de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche
scientifique de préparer une nouvelle loi- cadre de l’enseignement, en
remplacement de la loi de 1958 qui organise actuellement l’enseignement en Tunisie.
Ce document vise à établir un dialogue
global dans le cadre d’une large consultation, pour collecter les avis et les
propositions de toutes les parties concernées.
La consultation portera essentiellement
sur les questions suivantes : la mise en place de l’école de base, les modalités
de passage de l’école de base à l’enseignement secondaire, l’adoption d’un
tronc commun après l’école de base et sa
durée, avant l’orientation, la diversification du diplôme du baccalauréat, les
modalités d’accès à l’université ( par voie de concours, au choix ou sur
dossier), l’encouragement de l’enseignement privé, le financement du système
éducatif.
Je vous prie de nous faire part de vos
avis sur ces thèmes, et de nous faire parvenir vos propositions, que vous jugez utiles, avant le mois de Mars
1988.
Salutations
Le Ministre de l’éducation, de
l’enseignement et de la recherche scientifique
Tijani
Chelly
Les grandes orientations de la réforme
du système éducatif
La réforme du système éducatif tunisien
représente l’une des grandes priorités de la politique du gouvernement et l’une
des principales questions qui préoccupent l’opinion publique nationale.
C’est qu’aujourd’hui, après trente
années de la promulgation de la loi de 1958, qui est n’est plus conforme à la réalité, il
est nécessaire de tirer les leçons de cette expérience, et d’entamer une
révision profonde de notre politique éducative, en fonction de la situation actuelle de notre
système éducatif qui se trouve enchainé par une série de mesures contradictoires
et inadaptées aux nouveaux défis qui
nous sont imposés par les mutations scientifiques et technologiques, et par les exigences de l’évolution économique, sociale
et culturelle, des prochaines décennies.
Commentaire
la révision radicale de la politique
éducative a été toujours une composante
de la politique de développement en Tunisie depuis 1967 ; en
effet la commission nationale de l’enseignement a été constituée pour évaluer
le système éducatif ( produit de la loi 1958) , cette commission a présenté
ses recommandations en juin 1967 et certaines d’entre elles étaient entrées en vigueur dès la rentrée
scolaire 1976/1968 avec le ministre Messadi puis avec son successeur Ben
Salah, mais le limogeage de ce dernier
a donné un coup d’arrêt aux réformes.
en 1970 le gouvernement a mis en place les commissions permanentes
de l’enseignement pour concevoir une nouvelle politique éducative après
l’abandon de la politique socialiste
et les nouvelles orientations vers une économie libérale, ces commissions
avaient remis en avril et juin 1972 ses rapports , les ministres Mzali ( 1971
-1973) et Guiga ( 1973-76) avaient mis en application plusieurs recommandations
comme l’arabisation de l’école primaires et des écoles normales des institutrices et des instituteurs, la
création d’une classe de 7ème et de 8ème à l’école
primaire , l’introduction de l’initiation
travaux manuels, l’arabisation de l’histoire , de la géographie et de
la philosophie au lycée , accorder une
importance à l’enseignement technique et professionnel, révision du système
d’évaluation des élèves et la réforme
du baccalauréat …
En 1982 ( le Ministre Md Frej Chedly)
des commissions techniques furent chargées de préparer des études sur l’école
de base après son intégration dans le
VIème plan , la commission avait remis son rapport en juin 1984 et
il était prévu de démarrer la mise en place à la rentrée , mais le projet fut
gelé pour des raisons de coût , il sera repris en 1988 et constituera la
pierre angulaire du projet de réforme de 1988 ( Chelly et Khlil)
|
§ Les principes
fondamentaux
Celui qui étudie l’expérience éducative
tunisienne, que nous avons vécue durant les dernières trente années, ses résultats et les problèmes actuels qu’elle a engendrés, et qui compare cette expérience avec les autres expériences à
l’étranger, en ce qu’elle a de positif et de négatif, arrive à dégager quelques
principes fondamentaux qui font l’unanimité les milieux nationaux concernés, et
la majorité de l’opinion publique.
Et, il est possible de formuler ces
principes de la manière suivante :
1)
Promouvoir l’homme tunisien et la culture nationale selon
les exigences de l’authenticité et la modernité.
2)
Affirmer le caractère démocratique du système éducatif,
car la démocratie est un choix national qui a été adopté et suivi depuis
l’indépendance ; la poursuite de l’application de ce principe est une
condition nécessaire pour relever le niveau culturel et éducatif de la nation,
et pour former l’élite dont le pays a besoin à tous les niveaux.
3)
Assurer l’égalité sociale en offrant à tous les
citoyens, chacun selon ses aptitudes, les mêmes chances de profiter des
services éducatifs et des possibilités de promotions sociales ; or, pour
mettre en application ce principe, il faudrait garantir un niveau
d’enseignement de base pour tous les enfants, et d’ouvrir, dans une étape
suivante, les portes de l’enseignement devant tous les enfants dont les
aptitudes et les compétences leurs permettent de poursuivre les études.
4)
Faciliter l’adéquation permanente entre la politique
de l’éducation et de la formation et les besoins actuels et attendus du pays.
Commentaire
nous constatons que le projet soumis à
la consultation reprend les principes adoptés par les anciennes réformes ou
tentatives de réformes , c’est pour dire qu’il y avait un consensus national
sur les grands choix , la différence est au niveau de l’ordre d’importance des principes ,
dans ce sens ce qui distinguerait peut
être les projets de 1967 et de 1972
et celles qui vont venir après ,
c’est la volonté de lier les contenus de l’enseignement au modèle économique
et aux besoins de la société , et d’orienter l’enseignement vers l’avenir ,
l’école se doit de préparer l’avenir , ce qui explique l’intérêt accordé à
l’enseignement professionnel , technique et économique et à l’initiation au travail manuel dès
l’école primaire.
Dans le projet de 1988 , la
justice sociale exprimée par le concept de l’équité et
l’égalité des chances a pris une
nouvelle dimension , en effet tout en insistant sur ce droit , le nouveau
projet a émis des conditions et des limites puisqu’il l’a conditionné par les
aptitudes et les moyens de l’élève à
poursuivre les études dans les niveaux supérieurs, le projet nous semble se
balancer entre le désir d’assurer à tous les enfant un enseignement de base
et la formation de l’élite.
|
§ Les voies et
les moyens
La réalisation de ces objectifs généraux
nécessitent la mobilisation de certains moyens, comme :
1)
La concertation
avec les milieux nationaux concernés, au sujet de la conception d’un projet
éducatif approprié, et assurer leur participation d’une manière effective, dans
sa mise en œuvre.
2)
La responsabilisation de tous les membres de la
communauté nationale et en premier lieu les enseignants et les élèves, pour
réaliser le projet éducatif et de formation.
3)
L’amélioration du rendement de l’institution éducative
nationale par l’amélioration de son rendement interne et externe et par la rationalisation
de l’utilisation des moyens humains, financiers et matériels disponibles.
4)
L’amélioration des programmes et des moyens et des
outils pédagogiques qui aident à la mise en application de ces programmes, en
veillant à leur adéquation permanente avec les nouvelles données scientifiques
et les besoins du milieu.
5)
La formation de
formateurs et la promotion de la recherche scientifique, car celle-ci est le
moyen du développement national.
6)
Faire
participer les entreprises publiques et privées dans la réalisation des
objectifs du projet, mais en veillant à garantir le contrôle de l’état pour
assurer le niveau et la qualité de l’enseignement donné par ses entreprises.
Commentaire
ce paragraphe présente la méthodologie
qu’il est nécessaire de suivre pour élaborer la réforme et les moyens qui vont y conduire , pour le
ministère le la méthodologie s’appuie sur la concertation et la coparticipation ,
d’ailleurs toutes les réformes s’accorde sur ce point , puisqu’on a cherché à
responsabiliser tout le monde , chacun selon son statut et sa place dans le
système ; quant aux moyens il ya toujours les programmes évolués, les
formateurs qualifiés , les bons chercheurs et l’association entre le secteur privé et
le secteur public.
|
§ La
loi d’orientation
Le cadre juridique qui permet la mise en
œuvre de cette politique doit se fonder, selon la constitution, sur :
1)
Une loi d’orientation qui fixe les principes fondamentaux
de la réforme.
2)
Des décrets et des textes d’application qui traduisent
ces principes sur le terrain et qui permettent de les adapter d’une façon
permanente.
Les principes généraux qui vont guider
la réorganisation de notre système éducatif peuvent être résumés dans les
chapitres suivants.
Commentaire
l’idée ou le concept de loi d’orientation est apparu pour la
première fois , il s’agit de limiter la loi aux principes généraux c'est-à-dire aux valeurs qui rassemblent
tous les tunisiens et qui peuvent se maintenir pendant des générations , et
de consacrer les décrets et les arrêtés pour toutes les questions
d’organisation ce qui permet de les mettre à jour en fonction des évolutions
et des innovations pédagogiques
|
§
Le premier chapitre : L’organisation du système
éducatif du point de vue administratif
****
La responsabilité dans l’organisation du
système éducatif revient au ministère de l’éducation, l’enseignement et la
recherche scientifique ; c’est à lui qu’incombent les missions de conception,
de coordination entre les différentes institutions en charge de l’éducation, de
l’enseignement et de la recherche ; enfin, c’est au ministère qui contrôle
les activités de ces institutions.
Il est faudrait à ce que le ministre ait,
à ses côtés, un conseil national de l’enseignement et de la recherche
scientifique qui l’aidera en tant qu’instance consultatif, surtout au niveau de
la conception.
Il faudrait, en outre, au niveau
intermédiaire de l’organisation :
1)
Régler l’organisation de l’enseignement supérieur au
niveau
1)
d’universités qui
pourraient être élargies progressivement, selon les besoins.
La difficulté à ce niveau réside dans le
choix des critères qu’il faut utiliser pour créer des universités et leur localisation ;
ces universités régionales peuvent comporter plusieurs spécialités ou des
universités nationales spécialisées.
2)
Veillez à créer, progressivement, des entités
régionales décentralisées, surtout pour le cycle primaire et le cycle secondaire,
qu’on appelle académie.
Les universités et les académies seront
organisées sur la base de l’autonomie dans la gestion ; cette autonomie
doit être effective et large, dont les limites seraient arrêtées par une loi
adaptée.
Les universités et les académies seront
sous la tutelle du ministère de l’éducation, de l’enseignement et de la
recherche scientifique selon des modalités nouvelles qui tiennent comptent de
la nouvelle répartition des rôles entre l’administration centrale et les
académies.
Commentaire
le première chapitre évoque
l’organisation administrative du
système éducatif, il fixe les missions et les prérogatives du ministère aidé par le conseil national consultatif, le
ministère a essentiellement une mission de conception globale qui regroupe
les trois cycles , les tâches administratives seront déléguées aux entités
administratives régionales qui doivent
disposer de larges prérogatives , ces entités seront les académies pour l’éducation
et des universités pour l’enseignement supérieur.
la nouveauté est peut être au niveau
de l’enseignement supérieur car le secteur de l’éducation était décentralisé
, il y avait des délégations régionales pour le primaire et des directions
régionales pour le secondaire qui vont fusionner en une seule structure dans
chaque gouvernorat dès 1988, donc il s’agit tout simplement de changer
l’appellation.
|
.
§ Deuxième
Chapitre : Le premier cycle de l’enseignement et l’école de base
Le premier cycle compte le plus grand
nombre d’élèves ; sa réforme peut se réaliser grâce la mise en place de l’école de base qui
dure 9 ans et qui correspond à l’enseignement primaire et au premier cycle de
l’enseignement secondaire actuels.
Le mérite de ce nouveau système est de garantir à l’enfant - en même temps - un niveau scolaire approprié,
une formation qui lui permet de s’initier,
d’une façon pratique, à composer
avec son milieu, et de développer chez
lui le sens de responsabilité ; l’école de base va permettre d’améliorer
le rendement interne de l’enseignement et de parer aux défaillances (
insuffisances) du système actuel qui n’a
pas apporté de solutions aux élèves qui ne réussissaient pas le concours
d’entrée en première année de l’enseignement secondaire.
Au terme des neufs années de l’école de
base, l’élève peut selon ses mérites, soit de poursuivre ses études secondaires
dans sa nouvelle forme qui sera décrite plus loin, soit de rejoindre un
enseignement professionnel dont les finalités sont précises, et qui permet aux
lauréats d’intégrer l’enseignement secondaire.
Il va de soi que la mise en place de ce
système va nécessiter un remaniement radical des structures financières des
institutions scolaires primaires et secondaires, et un redéploiement des moyens
humains, financiers et matériels disponibles, et d’un important renforcement de
ces moyens. Et c’est en considération de
ces difficultés, qu’il faudrait adopter une démarche progressive dans la mise
en place de l’école de base qui tient compte des moyens disponibles.
commentaire
le projet utilise le
terme « école de base » et non « enseignement de
base » qui était le plus courant
dans la littérature à l’époque ; il est nécessaire de rappeler que le
projet de l’école de base fut inscrit depuis
1982 dans le VIème plan (1982- 1986) après de longs débats, le projet a pris
forme en 1984 .
Il nous semble que la reprise du
projet en 1988 ( profitant de la nouvelle conjoncture politique est le
résultat d’un constat d’échec de toutes les solutions qui avaient été expérimentées
pour dépasser le problème des élèves qui ne réussissaient pas le concours
d’entrée en première année de l’enseignement secondaire long ou professionnel.
L’idée était d’allonger la durée de la
scolarité obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ou de 16 ans .
le projet se caractérise par la mise
en place de l’école de base progressivement, il a aussi tranché la question
du devenir de l’élève à la fin de l’école
de base , l’élève peut soit
rejoindre l’enseignement secondaire dans sa nouvelle version soit
l’enseignement professionnel soit
enfin l’apprentissage professionnel , le schéma prévoit des passerelles
puisque les lauréats auront la possibilité d’intégrer une voie meilleure, mais le projet a passé sous
silence les modalités de certification à la fin de l’école de base, se limitant à demander qu’elles
soient débattues dans le cadre de la consultation.
|
Troisième
chapitre
Le deuxième
cycle de l’enseignement et le baccalauréat
a)
Le deuxième cycle de l’enseignement
Avec la mise en place de l’école de base,
le deuxième cycle va prendre une nouvelle forme, puisqu’il va correspondre au
deuxième cycle de l’enseignement secondaire actuel.
Cet enseignement, dans sa nouvelle forme,
va intéresser des élèves dont le niveau scolaire et les capacités d’adaptation
sont bien meilleurs que ceux qu’assure le système actuel, ce qui va amener une
amélioration du rendement interne de ce cycle ; le nouvel enseignement
secondaire sera constitué de deux sections :
-
Un enseignement secondaire général
-
Un enseignement secondaire technique
Et il faudrait penser à créer une un
cycle d’enseignement professionnel.
1)
L’enseignement secondaire général
La solution la plus convenable consiste
à organiser l’enseignement secondaire général en deux cycles : le premier
cycle sera consacré à une formation générale commune, et le deuxième cycle pour
une formation spécialisée.
2)
L’enseignement secondaire technique
Cet enseignement devrait associer la
formation technique spécialisée et une formation générale dans les disciplines
sociales et littéraires.
Il faudrait aussi que ses programmes
puissent former des agents techniques d’exécution, et préparer les élèves à
suivre des études techniques supérieures, surtout dans les écoles d’ingénieurs.
3)
L’enseignement professionnel
L’enseignement professionnel est prévu
pour accueillir les élèves qui ne sont pas acceptés à l’enseignement secondaire,
et il vise à leurs donner des compétences professionnelles spécialisées ;
cet enseignement sera assuré dans des écoles de métier ; les lauréats de
l’enseignement professionnel ont la possibilité de rejoindre l’enseignement
secondaire technique.
b)
Le baccalauréat
L’enseignement secondaire général et L’enseignement
secondaire technique seront sanctionnés par le diplôme du baccalauréat général
pour le premier, et le baccalauréat technique pour le second, en fonction de la
spécificité de la formation suivie par l’élève au cours des dernières années de
l’enseignement secondaire. Le baccalauréat représente un diplôme de fin d’études
secondaires ; il permet à son détenteur d’accéder à l’enseignement
supérieur selon les modalités qui seront précisées dans le quatrième chapitre.
Les candidats qui ratent l’examen du
baccalauréat ont la possibilité de se représenter de nouveau, ou de suivre une
formation spécialisée qui facile leur intégration dans le marché de l’emploi.S
Commentaire
ce chapitre est réservé à
l’enseignement secondaire dans sa nouvelle forme , le projet propose de
rétablir l’enseignement professionnel , et de scinder l’enseignement
secondaire en deux : l’enseignement général et l’enseignement technique
sans plus de précision, mais il
développe sa conception de l’enseignement professionnel qui doit être la
deuxième chance pour ceux qui ne réussissent pas à intégrer l’enseignement
secondaire , cet enseignement doit centrer sur l’acquisition de compétences
spécialisées dans des écoles de
métiers.
La nouveauté du projet réside dans le
rapport entre le baccalauréat et l’accès à l’université , pour les
concepteurs du projet le baccalauréat doit devenir un examen certificatif essentiellement
( l’idée remonte à 1982 et exprimé par
le ministre Md Frej chedly lors de la présentation du projet de l’école de
base) l’accès à l’université doit obéir à d’autres procédures.
|
Quatrième chapitre
L’enseignement supérieur et la recherche
scientifique
a)
La préparation pour l’enseignement
supérieur
Dans le souci d’assurer les meilleures
chances de réussir au cours des études supérieures pour les bacheliers, et afin
de réduire les taux d’échec qui
atteignent actuellement un niveau inquiétant
au cours du premier cycle de l’enseignement supérieur , il faudrait
mettre en place une formation préparatoire d’une année qui sera assurée, soit
par les universités, soit par un nombre d’instituts qui se chargeront d’assurer
un enseignement proche de leur spécialité.
b)
L’organisation de l’enseignement supérieur
1.
A la fin de l’année préparatoire, l’étudiant peut
selon ses moyens suivre soit :
§ L’enseignement supérieur long qui est
organisé en cycles, selon les spécialités ; cette filière pourrait amener
vers le troisième cycle.
§ L’enseignement supérieur court qui sera
sanctionné par un diplôme aux objectifs bien déterminés ; il comportera
plusieurs passerelles qui permettent aux étudiants les plus compétents
d’intégrer les filières de l’enseignement supérieur long.
2.
A la fin de l’enseignement supérieur long, les
lauréats qui se distingueraient par leurs aptitudes à faire de la recherche
scientifique peuvent accéder au troisième cycle.
Vu la grande importance de ce dernier et
de son rôle dans la formation des cadres du futur d’un niveau supérieur, qu’ils
soient des enseignants ou des chercheurs, il faudrait lui accorder une
attention particulière.
La priorité serait de réaliser
l’harmonie entre les études du troisième cycle effectuées par les différentes
institutions universitaires ; or, pour atteindre cet objectif, il faudrait
que le ministère pense à mettre en place un système qui accorde à ces
institutions les prérogatives dont elles auront besoin.
Le troisième cycle de l’enseignement
supérieur doit être de deux types : le premier académique, le second spécialisé.
§ Le troisième cycle académique
Cette voie sera réservée aux étudiants
qui ont obtenus les 4 certificats du deuxième cycle, dans l’une des spécialités,
et ont fait preuve d’aptitudes qui les
destinent à la recherche scientifique.
Il est nécessaire de choisir les
enseignants qui vont assurer l’encadrement des étudiants du troisième cycle sur
la base de leurs compétences et de leurs aptitudes à créer et à encadrer les
études et la recherche en même temps.
§ Le troisième cycle spécialisé
Il serait bénéfique d’organiser - dans
un cadre particulier- un troisième cycle de spécialisation orienté vers le
renforcement de la formation des candidats dans des spécialités déterminées en
fonction des filières et des besoins du marché de l’emploi.
Ce cycle sera organisé sur la base d’une étroite collaboration
avec les structures professionnelles, ce qui permet à l’université de s’ouvrir
à son environnement.
§ La recherche scientifique
L’enseignement supérieur est intimement
lié à la recherche scientifique ; il ne peut exister sans lui ; la recherche
scientifique est aussi une condition nécessaire pour que l’université puisse
contribuer au développement total du pays.
Pour que la recherche scientifique puisse remplir ce
rôle, il faudrait :
- Renforcer les institutions de recherche
existantes
- Penser à en créer de nouvelles ou à les
étendre selon les besoins
- Prévoir les moyens nécessaires pour ces
recherches et pour la publication.
§ La formation
continue
Afin de permettre aux agents de
l’administration, des entreprises publiques et privées de profiter des possibilités de promotion
sociale, il est nécessaire d’appliquer pleinement la législation et la règlementation en
vigueur, en assurant à ces agents la
formation continue et le recyclage ; les universités pourraient se charger
de cette mission .
commentaire
ce
chapitre est le plus long , il traite de plusieurs questions en rapport
avec l’enseignement supérieur :
la première évoque la question de l’accès à l’enseignement
supérieur , le projet propose la mise en place d’une année préparatoire au
terme de laquelle l’étudiant pourrait - selon ses aptitudes - soit se diriger
vers un enseignement supérieur long qui prépare à la recherche scientifique ,
soit intégrer l’enseignement supérieur court et spécialisé qui se termine par
un diplôme spécialisé, le projet prévoit là aussi des passerelles qui permet aux lauréats de poursuivre leurs
études.
Quant au troisième cycle , le projet
propose deux voies , la première est une voie de recherche fondamentale
, la deuxième est une voie spécialisée qui sera organisée en concertation
avec la profession .
|
Cinquième chapitre
Le cadre enseignant
Afin de permettre au cadre enseignant de remplir sa mission dans
l’application de la nouvelle réforme scolaire, la loi d’orientation doit
spécifier une série de mesures qui visent particulièrement :
-
Le recyclage des enseignants de tous les niveaux et de
leur assurer une formation continue.
- La révision du système d’évaluation qui
sera la base de l’évolution de la carrière de l’enseignant et des fonctions
qu’il pourrait occuper.
-
La révision des conditions de recrutement pour attirer
les meilleurs éléments, et pour garantir le recrutement des plus doués pour le
métier d’enseignants.
L’application de ce principe général,
surtout au niveau de l’enseignement supérieur, va réduire le nombre de grades qui
existent aujourd’hui dans l’enseignement supérieur, et d’introduire plus de
souplesse au niveau du recrutement des enseignants débutants.
-
Définir les règles générales de l’éthique de la
profession et veiller à son respect.
Commentaire
la question du recrutement et de la
formation continue des enseignants était présente dans toutes les réformes
depuis la réforme de 1958, caque ministre a tenté de trouver la bonne
solution pour faire face aux nouveaux besoins
et pour relever le niveau académique et pédagogique des enseignants en
exercice, les différentes institutions de formation sont là pour en témoigner
comme les écoles normales des instituteurs et des institutrices , l’école
normale des professeurs adjoints,l’école normale supérieure et l’école
normale supérieure de l’enseignement technique, le projet recommande la
généralisation de la formation continue et la révision des modalités de recrutement
afin de nr recruter que les meilleurs, et enfin la mise en place d’un système
d’évaluation qui sera la base de la promotion des enseignants.
|
Le sixième chapitre
L’enseignement privé
L’enseignement privé existait en Tunisie
depuis 1958 ; mais il a connu plusieurs dérapages volontaires, en l’absence de garanties suffisantes dans la
loi relative à l’enseignement privé, qui en a fait de simple structure d’accueil
des élèves exclus de l’enseignement professionnel.
Il est nécessaire de repenser le rôle de
l’enseignement privé qui doit participer, avec le secteur public, dans la
réalisation des finalités du système éducatif.
C’est pour cela que l’enseignement privé
doit répondre aux conditions suivantes :
-
La première condition est relative au niveau
scientifique et pédagogique.
Afin de garantir les meilleurs services éducatifs,
l’ouverture d’établissements privés ne pourrait se faire qu’après l’accord du
ministère, et que les programmes des ces établissements, leurs régimes d’études,
et la participation de leurs élèves aux examens nationaux doivent faire l’objet de conventions
établies entre le ministère et les établissements de l’enseignement privé.
-
La deuxième condition est relative au cadre enseignant
qui doit être recruté sur la base du niveau et des compétences suffisantes pour
le métier d’enseignant.
-
Quant à la troisième condition, elle est relative au
financement des établissements privés d’enseignement et de la recherche ;
il faut promulguer une loi spécifique qui permet aux initiatives privées
d’ouvrir des établissements d’enseignement, et des institutions pour la
recherche et qui institue le droit de contrôle de l’état sur les sources de
financement ; cette loi garantit le bénéfice des promoteurs d’avantages
financiers et fiscaux justifiés par le caractère du service public de ces
établissements dans le cadre du contrôle de l’état.
Commentaire
l’enseignement privé est une
institution très ancienne, certains établissements étaient là bien avant le
protectorat , depuis l’indépendance , l’état a concentré ses efforts sur
l’enseignement public , du coup l’enseignement privé secondaire est devenu un
enseignement de repêchage pour les exclus de l’école publique , pour le
projet l’enseignement privé de tous les niveaux doit répondre aux critères de
qualité pour devenir un partenaire du
secteur public.
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Le septième chapitre
Le financement du système éducatif
L’application de la réforme va
nécessiter une révision du plan global du financement du système éducatif. Cette
réforme va permettre de rationnaliser la gestion des ressources disponibles et
de réaliser un meilleur rendement avec les moyens mis à la disposition des
établissements publics
D’un autre côté, il faudrait préciser que
la réforme va avoir besoin, sans doute, de nouvelles ressources financières.
Et comme l’éducation est une mission
nationale fondamentale, la participation effective de tout le monde, chacun
selon ses moyens, dans l’effort financier, devient nécessaire.
Et si la scolarisation de l’école de
base est gratuite, les ressources supplémentaires nécessaires à l’application
de la nouvelle réforme imposent de trouver un cadre juridique adéquat qui
définit les modalités de répartitions du poids financier entre l’état, les
entreprises publiques et privées, et les membres de la communauté nationale,
dans le respect du principe de l’égalité sociale.
Commentaire
la dernière question est la question
la plus sensible , elle une source de débats ardus , on se rappelle de la
célèbre réflexion de Md frej Chedly au milieu des années quatre vingt dix quand il disait devant le parlement « quel mal y-t-il si chaque parent
contribue avec un Dinar », le projet , tout en reconnaissant le principe
de la gratuité de l’école de base, il passe sous silence le cas de
l’enseignement secondaire, il reconnait qu’il faudrait trouver de nouvelles
sources pour financer le système , et il propose qu’il y ait un partage du
fardeau entre l’état , les entreprises publiques et privées et la
collectivité nationale
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Hédi Bouhouch & Mongi Akrout,
inspecteurs généraux de l’éducation.
Tunis , Mars 2016 .
[3] Mohamed Hédi Khlil
était le secrétaire d’état chargé de
l’enseignement primaire et secondaire de novembre 1987 jusqu’au mois d’avril
1988 , puis Ministre de l’éducation entre avril 1988 et avril 1989.
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