Avant propos
Nous poursuivons avec cette note, la présentation de deux importants
documents qui sont les témoins du débat sur l’enseignement dans notre pays,
depuis la fin du des années soixante ; ce débat avait précédé et préparé
les réformes des années soixante- dix.( Pour revenir à la première partie ,cliquer ICI)
il s’agit du rapport de synthèse de la
commission de l’enseignement secondaire : les grandes lignes de la réforme
des structures et de l’organisation de l’enseignement secondaire , qui
nous ont été gracieusement remis par l’illustre éducateur le professeur Ahmed
Zghal , l’ancien directeur du lycée 15 novembre 1955 de Sfax et l’ancien directeur régional de
l’enseignement de Sfax qui nous a ouvert les portes de sa bibliothèque
personnelle, une véritable mine de trésors qui renferme des documents rares qui
se rapportent à l’histoire de l’école tunisienne . Nous voulons profiter
de cette occasion pour lui présenter nos meilleurs sentiments de reconnaissances
et lui souhaitons santé et longue vie.
Rappel
Deux années seulement après la fin des travaux de la commission nationale
de l’enseignement[1]
qui a été instituée en 1967 et la remise
de ses rapports qui avaient arrêté les
grandes orientations pour les trois degrés de l’enseignement[2], dont
certaines avaient déjà été mises en application, dès la rentrée d’octobre 1967, par le ministre M. Messadi , puis par le
Ministre A. Ben Salah, dès Juillet 1968. ( voir L’histoire des réformes scolaires en Tunisie, depuisl’indépendance (Chapitre 3) : Evaluation de la réforme de 1958 et lestentatives d’adapter le système à l’évolution continue de la réalité : Les réformes de la période de 1967 à 1969.
Le gouvernement de Hédi Nouira a formé une commission
ministérielle qui s’était chargée
« d’analyser les points faibles du système éducatif et d’introduire
les améliorations nécessaires » ,[3] ensuite des « commissions
permanentes spécialisées » avaient été constituées au cours de l’été 1970
qui avaient « travaillé sans relâche
, au sein du ministère de l’éducation ( à l’époque du ministre Chedly Ayari [4] puis de
son successeur Mohamed Mzali ) ; ces commissions avaient réalisé
des études approfondies du système
éducatif et des ses différentes disciplines .» [5] Mais en réalité les commissions visaient
au départ à « effacer » les mesures introduites
par l’ancien ministre de l’éducation Ahmed Ben Salah. (Une sorte de
« débensalhisation », puis elles sont devenues un outil entre les
mains du Ministre Mzali et sa politique d’arabisation.
Le contexte général
Il est nécessaire de rappeler le
contexte général de l’époque, pour comprendre certaines recommandations
proposées par ces commissions : le pays venait de vivre une grave crise
politique, l’ancien ministre de l’éducation et président de la commission de
1967 venait d’être limogé du ministère de l’éducation et remplacé par Ahmed
Noureddine (En novembre 1969) puis jugé et condamné[6] , l’ancien modèle de développement est
abandonné (le socialisme destourien) au profil du modèle libéral. Les commissions permanentes avaient travaillé
dans ce contexte de « débensalhisation, le résultat sur le plan éducatif
fut un gel des réformes et des mesures introduites entre octobre 1967 et 1969 et
un retour à la situation d’avant.
Les commissions permanentes ont
travaillé de 1970 à 1972 , pour préparer leur rapport ; elles se sont appuyées sur les résultats
d’une « large consultation et sur
des rapports de diverses commissions techniques dont surtout des commissions
régionales constituées par le parti socialiste destourien et sur plusieurs études [7] que les commissions avaient réalisé ;
tout ceci dans le but de mettre en place
les bases d’une nouvelle politique éducative en adéquation avec les nouvelles
orientations économiques libérales, surtout que le système éducatif mis en
place depuis la réforme de 1958 s’est distingué par « un déficit au niveau de l’efficacité
et son coût élevé ».
Ainsi la mission des commissions
permanentes consistait à concevoir une nouvelle politique éducative qui devrait
être différente de celle entreprise depuis l’indépendance, et non plus l’introduction de simples
aménagements de la réforme de 1958. C’est dans cette optique « que les
commissions permanentes avaient d’abord axé leurs travaux sur les changements
qui avaient touché le système éducatif entre 1958 et 1970, pour proposer
ensuite les nouvelles orientations et fixer les mesures qu’il est nécessaire de
prendre pour remédier aux insuffisances enregistrées »[8] .
Les commissions permanentes s’étaient
organisées par cycle, c'est-à-dire en trois sous commissions : la sous-
commission de l’enseignement primaire, la sous- commission de l’enseignement
secondaire la sous-commission de l’enseignement supérieur ; et c’est au
mois de juin 1972[9]
que les commissions avaient remis leurs rapports et les résultats de
leurs travaux[10] ; dans cette note, nous allons nous
intéresser aux résultats qui concernent le cycle primaire et secondaire pour présenter brièvement les résultats de son diagnostic, ses
recommandations et ses orientations.
Deuxième partie : Les orientations et les
recommandations de la commission permanente de l’enseignement secondaire
Nous nous référons au rapport de la
commission permanente de l’enseignement secondaire[11] ; ce rapport est composé de trois
parties et d’un bref avant propos :
La première partie de neuf pages intitulée
analyse de la situation en vigueur dans l’enseignement secondaire. La deuxième partie
de trois pages intitulée : Objectifs de l’enseignement secondaire .La
troisième partie qui comprend sept pages sous le titre de : projet d’une
nouvelle organisation de l’enseignement secondaire et professionnel.
La dernière partie du rapport est
constitué de 4 annexes sous la forme de tableaux et de données relatives aux
différentes sections, aux enseignants et aux établissements de l’enseignement
secondaire du pays
1.
L’évaluation des aménagements introduits
sur le système
a.
Au sujet de la durée et de la structure
de l’enseignement secondaire
Les commissions avaient énuméré les
modifications introduites depuis octobre 1967, comme :
-
L’allongement de la durée des études secondaires de 6
à 7 ans et l’enseignement professionnel de 3 à 5 ans, puis elle fut ramenée à 4
ans dès 1970.
-
L’unification du premier cycle de l’enseignement
secondaire et de l’enseignement moyen par l’institution d’un tronc commun
depuis la rentrée 1967/68. puis de leur scission l’année suivante (1969/70)
-
L’abandon des sections A ou la section
classique dont l’enseignement était assuré en arabe, et la section C dont
l’enseignement se faisait en français, pour ne conserver que la section B ;
c’est à dire la section qui utilise le bilinguisme, mais qui « accorde à
la langue française une place particulière » selon les commissions.
b.
Au sujet des sections de l’enseignement
secondaire, le rapport a
énuméré les principales modifications comme :
-
la fusion des deux sections lettres modernes et
lettres classiques en une seule section appelé la section
« Lettres »,
-
ou le regroupement des sections normales dans les
écoles normales des instituteurs ou des institutrices dont l’accès se faisait
depuis 1970 par la voie d’un concours et non plus par la voie de l’orientation
-
ou la suppression de la section générale de
l’enseignement professionnel depuis 1968 et la réforme de la section
commerciale de l’enseignement professionnel depuis 1970, ne laissant que la
section industrielle qui va constituer le fondement de l’enseignement
professionnel nouvellement mis en place en remplacement de l’enseignement
moyen.
-
Ou les nouvelles sections de l’enseignement secondaire
et le nouveau système de l’orientation (
une première orientation à la fin de la troisième et une deuxième à la fin de
la quatrième, à ce propos le rapport estime qu’il y a « encore beaucoup
de filières et une multitude de spécialités , et que les élèves ne désirent pas
s’orienter vers les sections techniques, car ils ne souhaitent pas suivre une
carrière de profession manuelle, et ils évitent la section mathématique, car ils pensaient qu’elle est
difficile » .
c.
Au sujet des disciplines et des matières : certaines matières ont vu leur
horaire, d’autres ont vu leur programme modifié, comme les programmes des
langues, ou ceux des disciplines sociales et des sciences, les principales
modifications ont touché :
-
L’horaire de la langue arabe pour le tronc commun et
les sections scientifiques.
-
L’allègement des programmes de français qui étaient
jugés au dessus du niveau des élèves et l’orientation vers l’étude des thèmes
contemporains, de la langue et des auteurs contemporains.
-
Le report de l’enseignement de l’anglais à la
troisième année puis à la quatrième année, au lieu de la deuxième année avec
une réduction de l’horaire.
-
La suppression de quelques disciplines des programmes
de certaines sections comme les sciences physiques ou l’histoire et la géographie.
-
L’introduction de l’enseignement des mathématiques
modernes (d’une façon précipitée d’après le rapport).[12]
d.
Le corps enseignants : le rapport estime que le corps
enseignant de l’enseignement secondaire « se caractérisait par son
hétérogénéité, son instabilité et le déficit de sa formation
professionnelle » … et qu’un nombre important de professeurs
enseignaient des disciplines qui n’étaient leur spécialité »
Pour conclure, Le rapport
signale que « les
modifications et les aménagements cités ci-dessus ont été la cause directe et
constante d’une large expansion d’un
sentiment d’instabilité et d’inquiétude parmi les élèves, les parents et les
enseignants, les changements ont été aussi
à l’origine d’une dégradation de la discipline dans les rangs des
élèves ( les rapports entre élèves
et le rapport des élèves vis-à-vis de la direction et des enseignant
sont devenus tendus, les élèves affichent un sentiment de frustration.»[13]
2.
Les orientations et les recommandations
des commissions permanentes
a.
Au sujet des objectifs de l’enseignement
secondaire
Les commissions estiment que les
objectifs de la loi 1958 n’ont pas été atteints et elles proposent de redéfinir ces objectifs plus
clairement, les commissions avaient fixé quatre objectifs pour la réforme :
-
Premièrement relever le niveau de l’enseignement et
améliorer sa qualité : cet objectif constitue pour les commissions la priorité absolue ;
cela nécessite la révision du concours d’entrée en première année de
l’enseignement secondaire, des programmes et des méthodes d’enseignement, et
enfin des modes d’évaluation et de passage et du niveau des diplôme délivrés à
la fin de l’enseignement secondaire ;
cela implique enfin une politique bien conçue pour la formation initiale
et continue des enseignants au niveau de l’université, une formation qui
inclura les « aspects académiques , professionnels et moraux » .
-
Deuxièmement la matérialisation de l’authenticité au
niveau de l’enseignement : ce deuxième objectif est, du point de vue des commissions, « une
nécessité inéluctable et une finalité vitale pour toute nation qui tient à sa
souveraineté et son immunité » ; il est aussi la condition pour
assurer une participation de notre pays au développement culturel de l’humanité
et au dialogue avec les civilisations avoisinantes.
Le corollaire naturel de cet
objectif est « la tunisification du cadre enseignant et l’arabisation
des disciplines scolaires » , les commissions considèrent que
l’arabisation est « une
obligation qui n’a pas besoin de
preuves »), et si elles concédaient que l’arabisation des matières
scientifiques devrait se faire par étapes, les commissions estiment que
celle « des disciplines littéraires devrait se
faire dans un délai relativement court, et dans les meilleures conditions », les commissions ont demandé
l’arabisation de l’histoire, de la géographie, de la philosophie, de
l’instruction civique, de l’instruction religieuse et des mathématiques.
-
Troisièmement L’efficacité du système[14] éducatif, pris dans le sens de la réduction de l’abandon
scolaire, l’amélioration des taux de réussite aux examens nationaux, en dotant
l’école des moyens naturels afin qu’elle puisse assurer son rôle de moteur de
progrès tout en améliorant son efficience, c'est-à-dire « réduire le coût
de la formation par élève ».
-
Quatrièmement Consolider les liens entre
l’enseignement et l’emploi et « faire en sorte que
« la formation dans les établissements scolaires soit en rapport avec
le marché de l’emploi, et veillant à
réaliser l’adéquation entre les
enseignements programmés ( surtout dans les filières techniques et
professionnelles) et les normes exigées par les employeurs », ce 4ème objectif nécessite , bien évidemment, que le
ministère de l’éducation ait à sa
disposition une liste des besoins immédiats et des besoins à long terme dans
les diverses catégories de cadres pour le développement du pays. »[15]
b.
A propos de la structure de
l’enseignement secondaire
Nous avons déjà vu que les commissions
estimaient que le nombre des filières dans l’enseignement secondaire était élevé
et que les spécialités étaient très
nombreuses, et elles ont proposé une nouvelle structure qui se base sur les
principes suivants :
-
Maintien du concours d’entrée à l’enseignement
secondaire, en fixant l’âge limite à 14 ans.
-
Généralisation de la durée pour le secondaire (7 ans d’études pour toutes les filières et toutes les sections) et de l’examen du baccalauréat.
-
Introduction de l’initiation technologique au niveau
de la 4ème année secondaire (l’équivalent de la 1ère
année actuelle), sans pour autant aller vers un excès de spécialisation.
-
Report de l’orientation finale pour la 5ème
année pour éviter au maximum les erreurs et réduire le taux des hésitations.
-
Adopter des programmes scolaires au niveau de la
sixième année qui permettent aux élèves de choisir la spécialité vers laquelle
ils seront dirigés.
-
Aménager les programmes de la section sciences
mathématiques et de la section technique de façon à encourager les élèves à les
choisir.
-
Créer une nouvelle section dédiée aux sciences islamiques
à la fin de la quatrième année Lettres vers laquelle on orienterait 5% des
élèves de la section Lettres et qui auront le même enseignement moderne avec un
complément de formation spécifique en sciences religieuses.
Selon les principes présentés ci-dessus,
les commissions avaient proposé la structure suivante :
1ère 2ème 3ème
|
4ème
|
5ème
|
6ème
|
7ème
|
|
tronc commun
|
LETTRES
30%
|
Lettres
25%
|
lettres arabes
|
||
langues vivantes
|
|||||
Sciences humaines
|
|||||
Sciences religieuses 5%
|
|||||
sciences mathématiques
70%
|
Sciences mathématiques
|
sciences
|
|||
Mathématiques
|
|||||
Sciences Techniques
|
mathématiques
|
||||
math technique
|
|||||
Technique industrielle
20%
|
Génie civile
|
||||
électromécanique
|
|||||
Technique Economique
10%
|
économie gestion
|
||||
économie administrative
|
|||||
En résumé, la structure qui est proposée
aboutit en 7ème année à 4 spécialités pour la section Lettres et 7
autres pour la section « Sciences mathématiques » ; cela nous
donne 11 spécialités, ce qui représente une réduction effective du nombre de
sections (deux sections seulement) et la suppression deux sections (la section
agricole et la section Sciences de l’éducation), une augmentation des filières,
et l’institution d’une orientation au niveau de la classe terminale.
Cette structure proposée ne diffère pas de celle
mise en place par Ben Salah (seul le moment de spécialisation n’est pas la
même) ; c’est ainsi que la section sciences et Mathématiques est presque
une image de la section Sciences dans le projet du Ministre Ben Salah.
c.
En ce qui concerne l’enseignement
professionnel
La commission prévoit un enseignement de
trois ans fondé selon les principes suivants :
-
Passer par le concours d’entrée pour les admis qui
dépassent 14 ans et ont moins de 16 ans.
-
Conserver la seule section industrielle.
-
Réduire l’horaire imparti aux matières générales au
profit des travaux pratiques au collège.
-
Remanier le programme pour assurer l’harmonisation
avec les besoins de la formation professionnelle.
-
Créer un conseil dans chaque collège avec des
représentants des entreprises et les organisations sociales de la région afin
d’assurer une formation fonctionnelle et l’organisation de stage pour préparer
la voie à l’emploi.
d.
En ce qui concerne les programmes et le
régime des études
Les commissions recommandent de :
-
Soigner l’élaboration des programmes, et adopter le principe
de l’expérimentation pour éviter tout changement radical et brusque et assurer
la stabilité nécessaire.
-
La tunisification des contenus de toutes les matières
littéraires, car la nécessité implique
que les centres d’intérêt, les faits de civilisation et les textes choisis
soient puisés de la réalité, de l’histoire et de la culture tunisienne et
arabe.
-
La tunisification et l’arabisation des programmes
d’histoire .
-
L’encouragement des enseignants à élaborer des manuels
scolaires conformes aux nouveaux programmes.
-
Instituer une épreuve d’arabe à l’examen du
baccalauréat dans toutes les spécialités.
-
Remanier les programmes de français en le considérant
comme une première langue vivante et comme un outil d’ouverture sur le monde
moderne et d’accès direct aux sciences et à la technologie.
-
Introduire l’enseignement de l’anglais dès la
troisième année, avec un nouvel horaire à cause de la pénurie de cadres
enseignants tunisiens et lui accorder une attention puisqu’il est considéré
comme le premier outil pour maitriser certaines spécialités scientifiques et
économiques.
-
Organiser l’enseignement de la philosophie sur les
cours magistraux, l’étude de textes et le débat animé avec les élèves.
-
La nécessité d’unifier les programmes de sciences
physiques et de chimie pour faciliter l’élaboration des manuels et l’équipement
les laboratoires.
-
La nécessité d’un retour à l’enseignement de
l’arithmétique au premier cycle de l’enseignement secondaire, pour les filières
de la section technique industrielle et pour l’enseignement professionnel.
e.
En ce qui concerne le corps enseignant
« l’amélioration de l’état de
l’enseignement secondaire dans le plus rapidement possible » nécessite « l’adoption d’un plan précis
qui vise à former le nombre suffisant d’enseignants tunisiens ( en quantité et en
qualité), pour remplacer les professeurs étrangers, et pour répondre aux
nouveaux besoins, pour les matières techniques dont l’enseignement est
actuellement assuré pour l’essentiel par des moniteurs d’enseignement
professionnel, ou par des professeurs adjoints d’enseignement technique qui
n’ont pas eu une formation suffisante qui les habilite à enseigner les aspects
théoriques, il faudrait créer une école normale supérieure d’enseignement
technique, afin de promouvoir ce corps et tunisifier les cadres de cet
enseignement »[16].
f.
En ce qui concerne les établissements
scolaires
Pour permettre à l’enseignement de
retrouver ses qualités et son efficacité, il faudrait fixer la taille maximale
des établissements, qui ne devrait être entre 1500 et 2000 élèves au maximum
dans tous les cas, car au-delà de cet effectif l’établissement deviendrait
ingérable.
g.
Au sujet de la vie scolaire
L’innovation devrait toucher le régime
des études et celui de la discipline, elle devrait consacrer la coopération
entre la famille et l’école, il faudrait aussi organiser et activer les moyens
de distraction au sein des établissements scolaires par l’encouragement des
divers clubs (clubs d’étude et de recherche, clubs culturels) avec la
participation effectives des enseignants.
h.
A propos de l’arabisation
Les commissions recommandent les mesures
suivantes :
-
La possibilité d’arabiser l’enseignement de la
philosophie dans un intervalle de 5 ans.
-
La poursuite de l’arabisation de l’enseignement de
l’histoire à partir de la 4ème année et l’enseignement de la
géographie dès la 1ère année. Pour les autres matières, les
commissions proposent le calendrier
suivant : les sciences naturelles et les mathématiques ( démarrage de
l’arabisation en 1981/82), les sciences physiques ( démarrage de l’arabisation
en 1984/85) .
Les commissions pensent que pour mettre en application les
recommandations précédentes, il est nécessaire de constituer des commissions
techniques spécialisées qui se chargeraient de préparer les programmes, et les
moyens didactiques, ainsi que les textes d’application relatifs au régime des études
et au système de l’évaluation des apprentissages ; c’est une tâche qui
« nécessite le maximum de stabilité et de continuité pour assurer les
chances réelles de succès. » [17]
Telles étaient les grandes orientations des commissions permanentes de
l’enseignement, dont la finalité était de relever le niveau de l’enseignement
et de sa qualité, et d’assurer l’authenticité des contenus et des programmes,
d’arabiser l’enseignement secondaire, d’accorder un grand intérêt aux disciplines scientifiques et techniques, et enfin d’assurer aux enseignants une formation initiale et continue qui leur donne
les moyens de remplir leur mission dans les meilleures conditions .
Ces orientations tendent à assurer à tous les élèves de l’enseignement
secondaires les mêmes horizons, puisque toutes les filières amènent au
baccalauréat dans une tentative d’éliminer la distinction entre les
sections « nobles » et les filières courtes.
Enfin ces orientations représentent les bonnes semences qui vont engendrer le système éducatif, et l’on
retrouverait leurs échos ou au moins les échos de certaines d’entre elles
dans les réformes qui seront décidées
par les ministres au cours de la
décennie. »
Conclusion générale
Les commissions permanentes et avant elles la
commission nationale de 1967 étaient deux mécanismes similaires pour évaluer le
système éducatif engendré par la loi de 1958 et les réformes qui étaient initiées entre
1967 et 1970 , cette dernière période fut une période d’instabilité et
d’hésitation pour le système éducatif , elle fut marquée par la prise de certaines
mesures qui furent ensuite annulées ou gelées
ou modifiées en fonction de la conjoncture et les conceptions du
Ministre qui dirigeait le département .
Les deux commissions avaient adopté une même approche ( constitution de sous
commissions par cycle , partir du diagnostic de la situation en vigueur pour
aboutir aux propositions et aux recommandations , élaboration d’un rapport
indépendant pour chaque cycle , absence d’un travail de synthèse qui couvre les
trois cycles qui trace les orientations générale du système éducatif).
La comparaison des rapports des rapports de synthèse des commissions permanentes nous montre que les deux sous commissions (
celle du primaire et celle du secondaire ) partageaient les mêmes soucis, dont le plus important était la faiblesse du
rendement du système causé par les programmes, le temps scolaire et les
compétences des enseignants , dès lors il n’est pas étonnant que l’on constate que les deux sous
commissions aient cherché à redéfinir les finalités du cycle qui l’intéresse ,
c’est ainsi que le commission de l’enseignement primaire proposa
que l’enseignement primaire soit une entité autonome dont la finalité
est de donner aux enfants les principes éducatifs élémentaires , elle proposa
aussi de rompre les liens entre la formation au niveau du cycle primaire et le
passage pour le cycle secondaire , si bien que tout
élève qui achève les études primaire devrait quitter l’école.
Quant à la commission de l’enseignement secondaire,
elle avait fixé quatre objectifs pour le deuxième cycle qui cherchent à
améliorer le niveau et la qualité des études et à consolider son authenticité
par l’arabisation , et la tunisification
des contenus et du cadre enseignant et
enfin à améliorer l’efficacité de
l’enseignement secondaire et renforcer ses liens avec le marché du travail .
Les commissions permanentes partageaient
le même intérêt pour la langue de l’enseignement et la place des langues
étrangères , c’est ainsi que la sous commission de l’enseignement primaire a
longuement évoqué la question du bilinguisme qui prédominait à l’époque au
niveau de l’école primaire , pour la
sous commission le bilinguisme s’est fait au détriment de la langue nationale ,
c’est pour cette raison que la sous commission a appelé à l’arabisation de
toutes les matières à l’école primaire , et de reporter l’apprentissage du
français au niveau la 5ème et
la 6ème année qui sera enseignée comme une langue vivante étrangère
.
La sous commission de l’enseignement
secondaire a suivi la même voie en appelant à la poursuite de l’arabisation de
l’enseignement de l’histoire et à entamer celui de la géographie , elle a
proposé un calendrier pour démarrer l’arabisation
l’enseignement de la philosophie, des sciences naturelles , des mathématiques
et des sciences physiques, tout en reconnaissant que l’arabisation des
disciplines scientifique demanderait du temps , alors que celles des sciences
sociales devrait se faire dans des
délais très brefs , la sous commission a en outre proposé de programmer une
épreuve d’arabe au baccalauréat pour tous les candidats, ces orientations n’avaient pas
l’intention d’enfermer les élèves dans le cadre de la langue nationale ,
pour la sous commission l’apprentissage des langues étrangères est très utiles
car il permet l’ouverture sur le monde et l’accès direct aux sciences et à la
technologie ,néanmoins la sous commission
a proposé de réviser les programmes du
français pour qu’elles soient plus conformes aux nouveaux objectifs et elle a
recommandé de développer l’enseignement de la langue anglaise.
Les commissions permanentes partagent
aussi le même intérêt pour les compétences scientifiques et professionnelles du corps enseignant , la sous commission de
l’enseignement primaire déplore le recrutement d’un grand nombre de moniteurs
et d’instituteurs non qualifiés , elle explique la baisse du niveau des élèves
par ces recrutement imposé par le choix de la généralisation très rapide de
l’enseignement , la sous commission regrette aussi la décision de se passer des
instituteurs français compétents qui avaient le mérite de donner à nos enfants
une formation de qualité qui leur a permis de maîtriser la langue française ,
la sous commission pense qu’il n’y avait pas d’espoir de retrouver le niveau
d’antan chez les élèves d’aujourd’hui ,
toute fois elle recommande de mettre sur pied un plan de recrutement d’élèves pour les écoles normales pour leur
donner une formation de qualité ,
elle recommande aussi d’assure un encadrement continu pour les instituteurs et
de charger les meilleurs inspecteurs de cette mission surtout au cours les
premières années de métier.
La sous commission de l’enseignement
secondaire a estimé que le corps des
professeurs était très hétérogène et souffre d’un déficit de formation
professionnelle , un grand nombre enseigne des matières qui n’ont aucun rapport
avec leurs diplômes , la sous commission recommande de concevoir un plan de
formation de professeurs et d’ouvrir une
école supérieur de l’enseignement technique à l’instar de l’école normale supérieure qui
formaient des professeurs de l’enseignement général car la réalisation des
objectifs arrêtés par la commission dépend
essentiellement de la qualité des enseignants.
Enfin les deux sous commissions
demandent que l’autorité de tutelle
assure une certaine stabilité pour le système éducatif et d’éviter les mesures
précipitées et l’improvisation afin de
rassurer tous les acteurs du système et
afin de permettre au système de regagner la confiance de la société.
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout ,
inspecteurs généraux de l’éducation ,
Tunis , 25 septembre 2015.
Articles publiés par le
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Bennour,
A. « A propos de le réforme éducative : les références
juridiques : première partie ».; Blog pédagogique
Bennour, A : « A propos de le réforme éducative :les références de la réforme scolaire : deuxième partie » ; Blog pédagogique
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Bouhouch et Akrout . Rapport
de la commission sur l’enseignement secondaire[1] L’Action 18-9-1967, ; Blog pédagogique
Jerbi,A. La
politique éducative ou quelle politique éducative pour quelle réforme de
l'éducation?
Boukhari . O. la
gouvernance du système éducatif tunisien
Bennour, A : Les
références de la réforme scolaire : Deuxième partie
Bouhouch
et Akrout. Histoiredes réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème
siècle jusqu’à no jours :les réformes de la période précoloniale (1ère
partie) . Blog
pédagogique
Bouhouch et Akrout.Histoire des
réformes éducatives enTunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les
réformes de la période précoloniale(2ème partie) ; Blog pédagogique
Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de 1958 (1er partie) ; Blog pédagogique
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/12/les-reformes-scolaires-depuis_28.html
Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de 1958 (2ème partie) ; Blog pédagogique
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Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de 1958 (3ème partie) ; Blog pédagogique
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/01/les-reformes-scolaires-depuis_11.html
Bouhouch et Akrout.Histoire
des réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no
jours 3ème partie : Evaluation de la réforme de 1958 et les
tentatives d’adapter le système à l’évolution continue de la réalité : Les
réformes de la période de 1967 à 1969( 1° partie)
Bouhouch et Akrout. Histoire
des réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no
jours 3ème partie : Evaluation de la réforme de 1958 et les
tentatives d’adapter le système à l’évolution continue de la réalité : Les
réformes de la période de 1967 à 1969(2ème partie)
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/01/lhistoire-des-reformes-scolaires-en_25.html
[1] le 17 janvier 1967 le parti socialiste
destourien a institué ,dans le cadre de la commission des études socialistes,
la sous- commission de l’enseignement présidé par le secrétaire général adjoint
Ahmed Ben Salah, le président de la
république Habib Bourguiba avait présidé la séance inaugurale des travaux le 31
janvier 1967 , ils furent achevés au cours de l’été de la même année , , la mission de la commission était « d’évaluer le système éducatif mis en
place par la réforme de 1958 et de faire des propositions qui permettraient une
meilleure adéquation entre les objectifs de la réformes et des ses produits .
[2] La
commission nationale s’est scindée en 3 sous commissions : une pour l’enseignement primaire, une autre pour l’enseignement secondaire, et une
troisième pour l’enseignement supérieur .
[3] Voir le rapport de synthèse de la commission
de l’enseignement secondaire : les grandes lignes de la réforme des
structures et de l’organisation de
l’enseignement secondaire, juin 1972, P1, imprimé par le collège professionnel Bab
Alouj, Tunis, Non daté . Ce document nous a été gracieusement remis par M°
Ahmed Zghal, ancien directeur du lycée 15 novembre de Sfax et ancien directeur
régional de l’enseignement de Sfax au début des années 80.
[4] Chedly Ayari a succédé à Mohamed Mzali au mois de juin 1970 , il fut remplacé
le 29 octobre 1971 par le même Mohamed Mzali.
[5] Opt cité
n° 3
[6] Ben Salah
fut traduit devant la Haute Cour et condamné le 25 mai 1970 à dix ans de
travaux forcés pour haute trahison, manque e confiance, falsification des
statistiques
[7] Opt
cité p 1
[8] Voir le document publié par le ministère de
l’éducation nationale en juin 1972 sous le titre : « rapport de synthèse: les grandes
lignes de la réformes des structures et de l’organisation de l’enseignement
secondaire » avril 1972 , p 4, le rapport imprimé par le collège
secondaire professionnel de Bab Al Alouj
( sans date) , ce rapport de 20 pages
de texte et plusieurs annexes sous la formes de graphiques et de
statistiques.
[9] Il est utile de faire remarque que les
travaux des commissions avaient démarré avec le ministre Chedly Ayari et
s’étaient poursuivi sans interruption avec
le ministre Mohamed Mzali , signe que le gouvernement était décidé de traiter
la question dans le cadre institutionnel
[10] Les commissions permanentes avaient produit
trois rapports , un rapport par cycle d’enseignement, nous avons eu la chance
d’accéder à ses rapports qui nous été offerts gracieusement par notre cher
professeur Ahmed Zghal , l’ancien directeur du lycée 15 novembre de Sfax ( l’ex
annexe de la zitouna ) et ancien directeur régional de l’enseignement de Sfax qui
a eu la gentillesse et l’amabilité de nous ouvrir les portes de sa bibliothèque
personnelle , une véritable mine de documents rares pour les chercheurs et les historiens de
l’éducation , qu’il en soit vivement remercié.
[11] Voir le document
publié par le ministère de l’éducation nationale en juin 1972 sous le
titre : « rapport de
synthèse: les grandes lignes de la réformes des structures et de l’organisation
de l’enseignement secondaire » avril 1972 , p 4, le rapport imprimé par
le collège secondaire professionnel de Bab Al Alouj ( sans date) , ce rapport de 20 pages de texte et plusieurs annexes sous la formes
de graphiques et de statistiques. Dans la première page il était indiqué que le rapport de synthèse fut élaboré à partir des rapports
des commissions permanentes de chaque discipline .
[12] Le
rapport p 3
[13] Opt cité page 3
[14] L’efficacité du système éducatif est la
capacité du système à atteindre les
objectifs assignés par la nation
[15] Tout ce qui est en italique
dans le texte est reproduit du rapport de synthèse déjà cité
[16] Opt cite p 17
[17] Opt cite p 20
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