dimanche 16 juillet 2023

Débat controversé autour des deux concours « sixième et neuvième » et accès à l’enseignement pilote en Tunisie[1]

 

 

Dr. Mustapha Chikh Zaouli

Le blog pédagogique propose cette semaine à ses lectrices et ses lecteurs un extrait d'une étude  très intéressante réalisée par Dr. Mustapha Chikh Zaouli , parue dans la revue
Al Hayat Athaqafia" (la vie culturelle)  en 2021 dans laquelle le chercheur avait étudié deux questions liées, la première concerne le débat qui a eu lieu au cours de l'été 2018 à la suite de la décision du ministre de l'éducation de l'époque de respecter la condition de la moyenne minimale de 15 sur 20 pour avoir le droit de postuler pour une place dans l'un des établissements pilotes , quant à la deuxième question, le chercheur l'avait réservée pour présenter son point de vue par rapport aux institutions pilotes.


En accord avec le chercheur, nous avons choisi de nous limiter cette semaine à reproduire la première partie de l'étude.

Le blog pédagogique tient à présenter au Dr. Zaouli ses vifs remerciements pour sa confiance et espère pouvoir compter sur ses contributions futures.

 

   

 

 « Tout ce qui est fait pour moisans moiest fait contre moi »

Gandhi

Introduction

Le débat qui prévaut depuis des années sur l'enseignement pilote et les concours de sixième et de neuvième s'inscrit dans le débat général sur de nombreuses questions liées à l'éducation en Tunisie. Ce débat concerne l'évaluation des différentes réformes qu'avait connues le système éducatif, la place de l'éducation en Tunisie hier et aujourd'hui, la question de l'arabisation, le statut de la langue française, le financement de l'éducation entre le secteur public et le secteur privé, le rôle des syndicats et d'autres questions importantes qui interpellent l'opinion publique tunisienne.

          Ce débat est présent partout, dans les médias, dans les débats et dans les forums organisés par le ministère de l'éducation, les associations et les organisations autour de la réforme du système de l’éducation.

Dans la plupart du temps, ce débat reste superficiel et stérile et ne va pas au-delà du niveau de l'échange d'idées connues qui ne font que ressasser des formules toutes faites sur le sujet. On ne trouve pas de fonctions réelles à ce type de débats autres que donner à son initiateur l’illusion d'un sentiment de puissance et le plaisir de domination  tout en perdant du temps et en faisant de l'obstruction, souvent involontairement, aux solutions des problèmes en question.

Face à de telles situations, il convient d'agir selon le principe qui dit que "le meilleur moyen de l'emporter dans une controverse, c'est de l'éviter"[2], car elle conduira inévitablement à des désaccords et à des discordes entre les membres de la société. Mais à d'autres moments, le débat peut aider à approfondir la discussion, à affiner la compréhension du sujet et à affronter les obstacles qui entravent les solutions, en échangeant des points de vue, en révisant le discours et en confrontant les arguments des uns et des autres…

Cette étude vise à contribuer à approfondir la discussion sur l'enseignement pilote en Tunisie en traitant  les deux aspects suivants :

- Premièrement : Présenter quelques remarques et quelques interrogations en marge du débat annuel sur les concours de «sixième» et de « neuvième  ».

- Deuxièmement : Présenter des exemples d'opinions et d'évaluations à propos de l'enseignement pilote, que nous jugeons importants et dignes de publication, mais qui sont absents  dans le débat qui a lieu chaque année sur les deux concours  et sur les écoles pilotes en Tunisie.

Nous partirons de la polémique suscitée autour des concours de Sixième et de Neuvième de la session de 2018, compte tenu de la virulence des discussions qui ont eu lieu sur Facebook, à l'Assemblée des représentants du peuple avec le ministre de l'Éducation, sur les pages des journaux électroniques et papiers. L'affaire fut même portée devant les tribunaux, puisque   certains parents ont eu recours  aux tribunaux administratifs  pour défendre le droit de leurs enfants.

Nous avons  choisi la session 2018  à cause des  réactions  provoquées par  la décision surprenante du ministre de l'Éducation de ne pas descendre en dessous de la moyenne de 15 sur 20 pour l'accès  aux  collèges  et aux lycées pilotes. Notre choix est aussi justifié pour éviter qu'une part des effets pervers" des deux concours et de la décision du ministre  ne se reproduisent  comme nous le verrons plus loin.

Premièrement – Le débat  controversé autour des concours de «sixième et  de Neuvième » : la session 2018 comme modèle

Pour tenter de concilier  entre  assurer l'équité pour les  candidats aux deux concours, et respecter  la  décision du Ministre, certaines associations de parents avaient appelé dans un communiqué publié le 16 juillet 2018, à l'organisation d'une session de «rattrapage» exceptionnelle7. Ce communiqué a suscité une vaste polémique, notamment parmi les enseignants et les parents. Certains l’avaient commenté en choisissant  le titre suivant : « Qui cherche à consacrer la médiocrité ?». Le long paragraphe rédigé  peut être résumé comme suit : "Celui qui n'a pas le niveau requis pour faire partie de l'élite appelle le ministère à consacrer la médiocrité". [3]

Les avis étaient partagés sur la proposition et sur les commentaires qu'elle avait suscités. Nous avons constaté un vif désaccord et des commentaires tendus entre ceux qui réclamaient une session de rattrapage exceptionnelle et ceux qui étaient contre d’un côté ; et entre ceux qui voulaient supprimer tout simplement les collèges et les lycées pilotes et énumèrent leurs inconvénients et les ardents défenseurs de ce type d'institutions faisant fi de leurs inconvénients de l’autre.

En  suivant les publications  des parents sur facebook, notamment le groupe appelé "les  parents en colère"[4]  nous avons enregistré les souffrances et les tensions vécues par les parents suite à la décision du ministre, à la polémique et au conflit en cours avec le ministre de l'Éducation durant de longs mois. Les parents et les enseignants ont continué à écrire et à commenter tout ce qui était en rapport avec ce qu'on a appelé la question des « opprimés de la session 2018 » et la réalité de l'éducation et de l'enseignement en Tunisie. Le groupe a été particulièrement actif sur Facebook en juillet 2021 à l'occasion de la publication des résultats du concours de Neuvième de 2021, en publiant  des dizaines de commentaires qui témoignent  avec amertume de ce qui s'était passé lors de la session 2018. [5]

Mais en plus des réactions intempestives des "parents en colère" face aux accusations de "médiocrité" et de mesquinerie" lancées par les défenseurs de la décision du ministre, nous avons enregistré chez eux une capacité à faire face au discours officiel et à ceux qui le défendent, en formulant des critiques constructives et en avançant  des preuves, des arguments et des témoignages directs de gens qui ont une expérience dans le domaine des deux concours en question, objet de la controverse, y compris des enseignants, des inspecteurs, des universitaires et des élèves. Nous avons trouvé chez les parents de riches échanges qui traduisent une bonne connaissance du système éducatif et une richesse des formes d'expression et de présence dans l'espace public afin d'obtenir le soutien à leur cause et d'en faire une question d'opinion publique.

Tout cela nous a poussé à adopter une lecture compréhensive de leur discours et à chercher à dégager les différents aspects de la polémique permanente  autour des concours de sixième et de neuvième. Nous allons nous inspirer  des arguments qui ont été présentés, des données véhiculées  sur les deux concours et de la réalité de l'enseignement public et privé en Tunisie, pour formuler un ensemble d'observations générales et de questions pour déclencher une réflexion et une discussion sur la réalité des deux concours, leurs épreuves, leur utilité et sur certaines  origines  du  dysfonctionnement  du système éducatif en Tunisie.

A- Remarques générales sur la décision du ministre et la controverse des deux concours.

1. En principe, il n'est pas permis d'imposer de nouvelles règles qui n'étaient pas en vigueur auparavant sans en informer les parties concernées dans un délai suffisant, par respect pour celles-ci et afin d'assurer le bon fonctionnement du système éducatif. Nous  rappelons que  la décision controversée a été rendue le 10 juillet 2018, c'est-à-dire après l'annonce des résultats des deux concours. Nous rappelons aussi que le nombre de candidats  admis n'a pas dépassé 50% des places prévues dans ces établissements. En effet, 1662 élèves ont été orientés vers les collèges pilotes alors que leur capacité était autour de 3725 places, soit un taux de remplissage  de 41,61 seulement. Il s'agit là du taux le plus bas enregistré par les deux concours. [6]

 

Cette situation a généré un déséquilibre dans les pyramides des classes dans les établissements pilotes, entrainant ainsi un surplus  d'enseignants  par rapport aux besoins qui nécessitent  leur mutation vers d'autres établissements, ou dans le cas d'un  refus de ces mutations, on a été amené à dédoubler les classes pour leur donner un service même réduit, tandis que leurs collègues, dans les autres établissements, continuent à travailler avec des emplois de temps et des classes surchargés.

 

2. Nous considérons le changement brusque des règles d'admission pour les deux concours, le discours ironique des partisans de la décision du ministre de l'éducation, le manque de reconnaissance des points de vue de ceux qui étaient contre, la justification de ce discours par  le souci de « protéger l'intérêt public », de « défendre la qualité » et de «combattre  la médiocrité  et l'absurdité », que tout cela exprime un élitisme transcendantal et la consécration du phénomène de la condescendance de l'école sur la famille qui fait partie de la condescendance de l'État sur la société et la persistance de la logique de tutelle sur ceux qui sont considérés comme des mineurs et c'est le ministre qui est responsable de leur "bonheur malgré eux"[7].

 

3. Dans le discours justifiant la décision du ministre, on a évoqué « la baisse du niveau au sein des établissements d'enseignement pilote et le recul des résultats dans les examens nationaux». Nous considérons cela comme un moyen pour éviter de faire face au mal le plus grave du système éducatif, qui est l'accumulation des problèmes de l'éducation qui sont restés en général sans de réelles solutions et en particulier la baisse continue du niveau général des élèves depuis des années. Et s'il fallait prendre des "décisions urgentes pour  remédier  à la médiocrité", l'une des premières priorités serait de faire pression sur les taux de réussite au baccalauréat, qui n'ont cessé de grimper régulièrement  depuis plus de 20 ans, en contradiction avec la réalité de la baisse continue du niveau général des élèves. N'est-il pas légitime de se demander : pourquoi le ministère n'a-t-il rien entrepris  afin de réduire le très grand nombre d'admis grâce au  rachat? Leur pourcentage a atteint 42 % en 2019, voire même  75 % et 80 %  en Lettres et en sciences de gestion dans certaines régions.

 

L'enseignement supérieur, pour s'adapter à cette baisse du niveau des nouveaux arrivants, a mis en place, lui aussi, un dispositif de rachat qui était à l'origine une mesure exceptionnelle, mais il est devenu outil essentiel qui a contribué à la dégradation du niveau des diplômés universitaires.

 Quant à l'enseignement primaire, l'un des plus grands  paradoxes auquel  il faudrait  faire face d'après nous, c'est l'augmentation des taux de passage  de la sixième primaire à la septième selon le  « mérite » et  au « rachat », et en même temps  le nombre des  faibles moyennes annuelles chez les élèves de septième année, et les taux de redoublement  très élevés à ce niveau qui détient le record des abandons scolaires chaque année.

 

4. Ceux qui ont réussi brillamment leur cursus scolaire et universitaire, et en particulier un grand nombre de candidats aux concours de Neuvième et de Sixième[8] ne sont pas, selon nous, concernés par ce qui vient d'être mentionné dans le paragraphe précédent en rapport avec la dégradation du niveau général des élèves, ni  par le discours répété sur « la  baisse du niveau des études  dans les  établissements pilotes et le recul  des performances  aux examens nationaux ». Dans ce contexte, nous comprenons les attitudes  des « parents en colère » vis-à-vis de la décision du ministre de l'éducation et vis-à-vis des discours de ses partisans les accusant de  « consacrer la médiocrité ».

 

5. En dépit de tout ce qui est diffusé officiellement et socialement pour célébrer les lauréats des examens nationaux provenant du système d'enseignement public, tous ceux qui s'intéressent aux questions éducatives en Tunisie constatent  que les lauréats ne comptent plus  sur le secteur public  pour assurer leur distinction dans les examens. En fait, l'excellence scolaire est le produit d'un projet familial auquel participent les élèves et leurs parents qui s'attellent à la construction d'une stratégie de travail et à la mobilisation de diverses ressources pour assurer la réussite et l'excellence à l'intérieur et à l'extérieur de l'établissement d'enseignement.

Aujourd'hui, en Tunisie, derrière l'excellence scolaire, il ya les efforts extraordinaires des familles, et une mobilisation de plusieurs ressources pour assurer les cours particuliers et une recherche des meilleurs enseignants particuliers du pays et  de la région, du quartier et même via  internet. Dans ce contexte, l’un des administrateurs de la page Facebook «Parents en colère»  a écrit ceci : « 90 % des raisons du succès reviennent  aux élèves et à leurs familles, donc il n'y pas de quoi pour que les établissements d'enseignement se vantent  de leur taux de réussite »

 

B - Questionnement sur la nature des épreuves dans les deux concours et leurs résultats dans l'enseignement public et privé

1. Les deux concours mesurent-ils le niveau des élèves acquis durant l'année scolaire auprès de leurs professeurs de l'enseignement public ou privé, ou mesurent-ils le niveau de la préparation intensive qu'ils ont reçue pour réussir le concours,  préparation assurée par des « experts  des concours » dans le cadre de cours particuliers ?

2. Lorsqu'il y a beaucoup de «zéros» dans les deux concours  obtenus par des candidats  qui ont déjà collectionné de nombreux «vingt» au cours de l'année scolaire, mais aussi qui ont, pendant la période de révision, réussi à faire les épreuves des deux concours des  dix dernières sessions, n'est-il pas plus approprié de chercher les sources du dysfonctionnement au sein du système éducatif ?

3. Quels sont les effets psychologiques sur les milliers d'élèves qui obtiennent de très faibles notes aux épreuves du  concours, alors qu'ils ont été habitués, tout au long de leur parcours scolaire, à des notes très élevées dans leur classe ? Peut-être pour éviter de telles situations et d'autres problèmes liés aux concours, qu'un pays comme la Finlande a décidé de programmer  un seul examen annuel « standardisé » à la fin du cycle secondaire[9], et c'est peut être pourquoi la Finlande garde-t-elle, depuis des années, une position avancée parmi les cinq meilleurs pays en matière d'éducation au niveau mondial.

4. Avec l'évolution constante du niveau d'excellence scolaire d'un grand nombre de candidats aux deux concours, pour les raisons que nous avons évoquées, sur quelle base les candidats seront-ils sélectionnés ? Qu'est-ce qui fera, dans l'avenir, la différence entre eux ? D'après les expériences des années précédentes, il nous semble que le chercheur Ahmed Bouazi avait raison quand il avait avancé que dorénavant ce sera la capacité à « résoudre les problèmes mathématiques» qui fera la différence.

5. Cependant, avec le développement du niveau de formation et de préparation à la résolution des problèmes mathématiques, sous l'égide « d'experts en examen », comment cela va-t-il être  géré par les commissions chargées de concevoir les épreuves ? Il semble inévitable de recourir à certaines astuces et techniques qui étaient habituellement utilisées par les "enseignants traditionnels" : c'est la méthode des "pièges", et des épreuves inattendues et imprévisibles. De telles pratiques reflètent, à notre avis, l'intériorisation d'une conception traditionnelle de l'école, de la fonction des examens et du rôle de l'enseignant, et elles sont aussi une consécration du modèle de l'école qui transcende la société, et c'est dans le même ordre d'idées que nous citons la justification, reprise plusieurs fois de cette pratique par un proverbe qu’on disait autrefois : « Lors de l'examen, la personne sera soit honorée soit   humiliée »[10]. Ce vieux proverbe n'est pas compatible avec la logique "de la modernité recherchée" et des textes garantissant les droits de l'enfant dans toutes les législations nationales et internationales

6. Dans quelle mesure est-il vrai de dire que les épreuves de mathématiques des deux  concours ne peuvent pas être traitées par les enseignants eux-mêmes dans le temps imparti à l'épreuve ?

7. Certaines épreuves ont-elles respecté le principe des "situations  significatives"  du contexte dans lequel vit l'élève ? Quelle est la représentation implicite du modèle d'élève auquel se destine l'épreuve ? Dans l'épreuve d'éveil scientifique du concours de Sixième  2018, les concepteurs des sujets des épreuves  ont considéré que la bonne réponse à la question sur  "le secret de la longévité du grand-père agriculteur à Sbiba (gouvernorat de Kasserine)  est  le fait de manger du poisson et des oranges" ?!! Ici, nous  évoquons  un autre exemple plus révélateur du phénomène de l'inadaptation de situation  et la faible adéquation  avec la réalité de la société, manifestation de  la transcendance  de l'école sur la famille et la société,  c'était lors de l'examen de sixième de 1968. Le sujet  de la rédaction arabe  proposé   était  le suivant: « A l' occasion d'une promenade en famille, la voiture est tombée en panne. Décrivez  l'incident ». Le sujet avait constitué une énigme pour la plupart des élèves de la campagne, car ni la voiture ni les promenades ne faisaient partie de leur mode de vie. Un tel sujet dépasse leurs capacités. Le côté positif de ce sujet c'est qu'il stimule l'imagination », comme l'a mentionné le chercheur Sghaier Salhi (2017, p. 242). [11]

8. Comment expliquer la dissonance observée entre la méthode qui doit être utilisée officiellement par les enseignants, qui est l'approche par compétences, et la méthode utilisée par les commissions chargées de l'élaboration des épreuves dans les deux concours, qui est plutôt une approche disciplinaire ?

9. Alors que l'abolition de l'enseignement privé ou la limitation de sa diffusion  constituent  un objectif stratégique souhaité que tout système éducatif cherche à atteindre[12], nous remarquons, qu'en Tunisie, de nombreux indicateurs montrent exactement le contraire, sinon  quel est le principal bénéficiaire des concours de Neuvième et Sixième sinon l'enseignement privé et les "entrepreneurs de l'enseignement" ? Selon les témoignages d'élèves et de toutes les parties prenantes de l'établissement scolaire, les séances de cours dans les écoles publiques sont détournées vers les "entrepreneurs de l'enseignement ". Elles sont devenues un outil pour faire pression sur les élèves pour les amener vers les cours particuliers. "Les parents n'ont d'autre choix que d'accepter le fait accompli », c'est ce nous entendons de leur bouche chaque fois que nous leur demandons de prendre l'initiative de résister à ce phénomène.

10.           Certaines écoles primaires privées réalisent des taux de réussite de 100% au concours de sixième, et des taux d'accès relativement élevés aux collèges pilotes, est-ce que ces performances étaient  dues à la qualité de leurs services et à l'atteinte  des objectifs du système éducatif, ou bien à leurs "capacités" et leurs  "astuces" pour s'adapter aux exigences des épreuves du concours de sixième ? La majorité de ceux qui s'intéressent à la question éducative savent que ces écoles adoptent diverses stratégies pour assurer des scores «brillants» au concours, comme le recours à la sélection des candidats qu'elles présentent au concours, elles ont pris l'habitude  de ne pas permettre à ceux qu'elles jugent  «non conformes aux critères » de se présenter à l'examen, ou encore  l'organisation des campagnes médiatiques pour attirer ou «recruter» les meilleurs élèves de cinquième année dans les écoles publiques en les encourageant à les rejoindre en offrant des services supplémentaires ou une inscription gratuite. Par ailleurs, ces écoles réservent le dernier trimestre de l'année scolaire à la préparation intensive des élèves dans les matières  programmées dans le concours, et elles décident de ne pas perdre du temps avec le reste des matières, et enfin ces écoles font appel aux services   "d'experts des examens" parmi des enseignants et des inspecteurs retraités.

Dr. Mustapha Chikh Zaouali, conseiller général en communication et expert de la vie scolaire

Traduction – Mongi Akrout, & Abdessalam Bouzid  inspecteurs généraux de l'éducation.

Pour accéder à la version AR, Cliquer ICI

 



[1]  Cette étude a été publiée en langue arabe dans la revue «"Al Hayat Athaqafia" (la vie culturelle) n°323  septembre 2021 Revue du ministère des affaires culturelles -Tunisie.

[2] Dale Carnégie

[3] Le commentaire que nous pris comme exemple a été publié sur facebook , en voici quelques extraits :

"Qui cherche à consacrer la médiocrité ? Ces derniers jours, certaines voix se sont élevées pour demander au Ministère de l'Education Nationale de réorganiser une nouvelle session des Concours nationaux afin de repêcher à peu près 2000 élèves dont la barque n'est pas arrivée à bon port ! 
Nous suggérons par conséquent au Ministère de l'Education Nationale d'être sage et de ne pas succomber à la démagogie des uns et au manque de discernement des autres ! 
....
Le nivellement par le bas ne sert pas la Tunisie",
K. H.

 

[4] Plusieurs groupes de mécontents  sont apparus, nous nous sommes intéressés à deux d'entre eux : " parents en colère" et  "parents et enseignants unis", le premier comptait 53910 membres et le 2ème  9783 ( à la date du 23 septembre 2021.

[5] Nous reproduisons des exemples de commentaires qui traduisent l'amertume suite à ce s'était passé en 2018 :" Enfin, mon fils, l'un des victime de 2018, a réussi. Nous, les victimes de 2018 nous avons gagné le pari"-  " mille félicitations aux victimes de 2018, vous avez prouvé votre mérite et votre victoire" – les élèves ou plutôt les héros  de 2018 ont réussi" -   " Ma fille qui a été qualifiée de médiocre a brillamment réussi avec 18.59" – oh! L'injuste, … mon fils  a réussi, l'histoire vous jugera pour l'injustice de 2018" – " l'histoire de l'éducation et de l'enseignement se rappellera de  l'odyssée des élèves et de leur parent qui ont refusé l'injustice  et ont fait face avec beaucoup de courage, le tribunal administratif leur a rendu justice …  au final, la réponse est là  avec le brillant succès  de nos enfants" – " nous avons gagné la manche de la neuvième … reste la 2ème en 2022 avec le bac.." ces commentaires ont été publiés par le groupe " parents et enseignants unis"  au mois de juillet 2021.

[6] À titre d'exemple des autres sessions de la sixième , le taux de couverture en 2017 a atteint 92% -  en 2019 : 81.68% - en 2020: 68.65% - en 2021 : 97.81%

 

[7]  Voir notre article dans le journal électronique  " Az-zourai- ("Les semeurs » ) du 13 novembre 2019 sous le titre :" jusqu'à quand va se poursuivre la condescendance de l'élite tunisienne  sur  la société  et notre étude publiée dans la revue «"Al Hayat Athaqafia" (la vie culturelle) n° 304 – OCTOBRE 2019  sous le titre : " les intellectuels et le pouvoir en Tunisie  avant la révolution : une étude critique".

[8] Les deux concours ont une chute du nombre de candidats entre 2018 et 2019 qui pourrait s'expliquer par la controverse de 2018,  à la session 2018, ils étaient 56.814 à se présenter au concours d'accès aux collèges pilotes , à la session 2019 ils n'étaient que 55.207; pour la neuvième ils sont passés de 31000 en 2018 à 26464 en 2019.

 

[9] En Finlande … ni devoirs ni examens … et elle est meilleure que l'Amérique.

https://gate.ahram.org.eg/daily/News/652740.aspx

[10] Un vieux proverbe perse  cité par Hariri  et repris plusieurs fois  par le ministre de l'éducation pour justifier sa décision.

 

[11] La colonisation interne et l'inégal développement : le système de marginalisation en Tunisie comme modèle. Tunis 2017.

[12]  A l'exemple de la Finlande qui l'a réussi en effet il n'y a pas d'enseignement privé dans ce pays.

 


 [MCZ1]Débat controversé autour des deux concours "sixième" et "neuvième" et de l'enseignement pilote en Tunisie

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