dimanche 16 avril 2017

Question d’actualité : Quoi de neuf dans les nouveaux statuts des Inspecteurs pédagogiques - 2ème partie



Nous poursuivons cette semaine la présentation et le  commentaire des décrets relatifs au statut du corps des inspecteurs pédagogiques ,   pour revenir à la première partie , cliquer ici .

A la fin du mois de février 2017, deux décrets gouvernementaux ont été publiés dans le journal officiel de la république tunisienne n°15 en date du 15 février 2017, il s’agit :
-         Du décret gouvernemental n° 2017-296 du 13 février 2017, portant statut particulier du corps de l’inspection pédagogique de l’enseignement préparatoire et secondaire du ministère de l’éducation.

-         Décret gouvernemental n°2017-297 du 13 février 2017, portant statut particulier du corps de l’inspection pédagogique des écoles primaires du ministère de l’éducation.
Les deux décrets remplacent le décret 2001-2348 daté du 2 octobre 2001 fixant le statut particulier du corps des personnels de l'inspection pédagogique du ministère de l'éducation, et à cette occasion le Blog pédagogique consacre le billet de cette semaine pour présenter les deux nouveaux décrets en insistant surtout sur les nouveautés accompagnées de quelques commentaires.

La sixième nouveauté : les deux nouveaux grades
L’inspecteur général émérite
Le décret relatif  aux inspecteurs des écoles primaires a crée comme on l’a déjà vu précédemment un nouveau grade, il s’agit de l’inspecteur général émérite, et lui a fixé 20 attributions ou tâches (soit 5 de plus que les tâches de l’inspecteur général selon le texte de 2001,) réparties dans trois domaines :
§  le domaine de l’audit scolaire : il a remplacé le domaine de l’évaluation dans le statut de 2001 , les concepteurs du nouveau texte ont peut être considéré ce champ comme le plus important des trois , par le nombre de tâches qu’il compte( 9 sur 20 ) mais aussi par sa position en tête des attributions.   

le domaine de l’audit scolaire
1- évaluer l’ingénierie et les ressources des programmes,
2- évaluer l’ingénierie et les contenus des manuels scolaires,
3- évaluer les outils et les supports didactiques,
4- évaluer le rendement interne des établissements éducatifs,
5- évaluer le fonctionnement des structures des écoles primaires ainsi que les activités de la vie scolaire,
6- participer aux travaux des commissions d’évaluation des dossiers de la promotion,
7- participer aux travaux des commissions des examens scolaires nationaux,
8- participer aux travaux des commissions des concours professionnels des inspecteurs,

9- établir les rapports de synthèse généraux et analyser les rapports de synthèse régionaux.


En étudiant la liste des attributions  ci-dessus , on se demande s’il était pertinent d’y introduire les tâches 6,7et 8  dans le domaine de l’audit, car il nous semble que celles-ci sont loin de faire partie du domaine de l’audit, d’autre part il était plus pratique de grouper ces trois tâches en une seule et même  tâche  comme par exemple «  la participation  aux travaux des commissions des examens scolaires et concours professionnel»
§  le domaine d’ingénierie de la formation pédagogique
le domaine d’ingénierie de la formation pédagogique[1]
1- observer les besoins à la formation des enseignants, des directeurs, des directeurs adjoints et des assistants pédagogiques,
2- la coordination des travaux des commissions d’élaboration des plans de formation des enseignants, des directeurs, des directeurs adjoints et des assistants pédagogiques,
3- participer aux travaux des commissions de suivi et d’évaluation des plans de formation des enseignants, des directeurs, des directeurs adjoints et des assistants pédagogiques,
4- participer à l’audit des plans de formation des enseignants, des directeurs, des directeurs adjoints et des assistants pédagogiques,
5- participer à l’élaboration des plans de formation des inspecteurs,
6- participer à l’exécution des plans de formations des inspecteurs,
7
- participer à l’évaluation et au suivi des plans de formation des inspecteurs.

§  le domaine de la recherche éducative

le domaine de la recherche éducative
1- participer à l’analyse des rapports d’audit et définir les axes de recherche sur terrain,
2- coordonner les opérations de la préparation des projets de recherche sur terrain,
3- accompagner la mise en œuvre des projets de recherche,
4- contribuer à l’évaluation et au suivi de la mise en œuvre des projets de recherche.

En regardant de près les attributions 3 ,4et 7  (en rouge)  du deuxième domaine  1et 4(en rouge)   du troisième domaine il nous semblent qu’elles s’entrecroisent avec le domaine de l’audit.
En résumé , on constate une tendance à  trop détailler les attributions de ce nouveau grade  comme si les architectes du texte voulaient allonger la liste des attributions pour justifier sa création , mais ils sont tombés dans les redondances et les répétitions ,  d’autre part les auteurs ( dans cette partie du texte et dans les autres parties aussi ) avaient incorporé des concepts pompeux (pour impressionner peut être) du genre audit, ingénierie très à la mode ces derniers temps,  or il nous semble qu’il aurait été plus heureux d’utiliser les concepts utilisés par le texte de 2001 ,  au moins pour harmoniser les deux nouveaux décrets.
L’inspecteur général expert en éducation
L’inspection du secondaire  et de l’enseignement préparatoire a opté pour une autre appellation , elle a remplacé le terme d’émérite , par le terme expert,  , bon , pourquoi pas ? émérite, expert , hors classe , beaucoup d’appellations possibles , mais n’y-avait-il pas moyen de faire une coordination au moins à ce niveau, puisqu’il parait qu’on ne pouvait faire une coordination au niveau des attributions ( la fameuse question de spécificité de l’enseignement primaire)

les attributions de l’inspecteur général expert en éducation
Art. 8 - Les inspecteurs généraux-experts en éducation sont appelés notamment à :
1- participer à la définition des options et des grandes orientations du système éducatif et à assurer le suivi de leur mise en œuvre,
2- participer à l’élaboration des plans d’action,
3- assurer le suivi des expériences innovantes,
4- participer à l'évaluation des méthodes et des programmes didactiques,
5- évaluer les résultats des examens et concours nationaux,
6- établir les rapports de synthèse généraux,
7- évaluer les résultats des évaluations nationale et internationale,
8- former, accompagner et encadrer les inspecteurs stagiaires,
9- participer à l'évaluation d’impact de la formation,
10- participer au suivi et à l'évaluation de rendement des établissements éducatifs et de l’enseignement scolaire,
11- participer à l’élaboration des référentiels des compétences des métiers des travailleurs au secteur de l’éducation,
12- participer aux choix et à l’évaluation des méthodes pédagogiques et d'assurer le suivi de leur expérimentation et leur mise en œuvre,
13- participer à l’élaboration, au suivi et à l’évaluation des projets éducatifs nationaux et régionaux,
14- participer au développement du système éducatif dans toutes ses composantes,
15- coordonner les divers programmes de l'enseignement afin de garantir ses cohérences et ses complémentarités.
Les inspecteurs généraux-experts en éducation sont appelés à relever au ministre de l'éducation au moins deux rapports chaque année concernant ces tâches.
Et ils sont chargés :
a- dans le domaine de l'évaluation :
1- d'évaluer les projets, les recherches éducatives et les études sur le terrain,
2- de participer à tous les étapes des examens et des concours scolaires et professionnels et assurer leur suivi,
3- de participer à l'évaluation des programmes des perfectionnements des compétences des cadres éducatifs et administratifs dans leur domaine de compétence,
4- de participer aux travaux des commissions d’évaluations des dossiers de la promotion,
5- de participer aux travaux des commissions nationales des examens et des concours scolaires nationaux,
6- de participer aux travaux des commissions de correction et aux centres des examens et des concours scolaires nationaux,
7- de participer aux travaux des commissions des évaluations nationale et internationale,
8- de participer à l'élaboration des manuels scolaires et des outils didactiques, ainsi qu’à leurs choix et leurs évaluations
b- dans le domaine de la formation et de l'encadrement :
1- d'arrêter les besoins en formation des inspecteurs, de définir les programmes de formation et d'assurer le suivi de leur mise en œuvre,
2- de participer à l'encadrement des inspecteurs et des élèves inspecteurs,
3- de la formation des superviseurs des centres des examens et des concours scolaires,
4- de superviser les travaux des commissions spécialisées et d'en exploiter les résultats,
5- de la formation des inspecteurs en activité selon le programme de formation arrêté par le ministère.
c- dans le domaine de l'innovation :
1- d'effectuer des recherches éducatives et des études,
2- d'identifier les innovations éducatives afin de les utiliser pour améliorer les pratiques de l’enseignement et assurer le suivi de leur application,
3- de participer à la conception des projets éducatifs innovants,
4- de participer aux travaux des commissions des compétitions innovantes.

Le nouveau texte a conservé la structure  adoptée par le texte de 2001 et il a reproduit  les tâches   de l’inspecteur général incluses dans le texte de 2001 aussi mais en y ajoutant de nouvelles tâches, d’ailleurs les concepteurs de ce texte se sont montrés plus prolifiques que les concepteurs du texte du primaire en réussissant à produire 33 tâches pour notre inspecteur général expert , peut être pour bâillonner les mauvaises langues qui n’ont cessé de dénigrer les inspecteurs généraux qui vivaient en état de « chômage technique » depuis des années.
Nous voulons terminer par une remarque de fond sous la forme d’une question, n’y-avait-il pas une possibilité de répartir les 15 premières attributions (au domaine inconnu)  sur les trois domaines connus. Le texte aurait beaucoup gagné en clarté et en lisibilité.
Septième nouveauté : l’augmentation des chances de promotion
Si  les deux nouveaux textes ont maintenu les mêmes conditions et les mêmes voies de promotion que celles en cours depuis le texte de 2001 , ils ont néanmoins augmenté les chances de promotion , comme l’indique le tableau suivant :

texte de 2017
texte de 2001
le grade
le nombre des inspecteurs généraux émérites ou experts de l’éducation ne doit pas dépasser 40% du nombre total des inspecteurs généraux

promotion au grade d’inspecteur général émérite  ou expert
le nombre des postes mis en concours ne doit pas être inférieur à 40% du nombre total des candidats justifiant des conditions requises pour la participation au concours.
le nombre des inspecteurs généraux émérites ou experts de l’éducation ne doit pas dépasser 30% du nombre total des inspecteurs principaux des lycées , des écoles primaires et de la vie scolaire
promotion au grade d’inspecteur général
Les postes mis en concours sont ouverts annuellement, le nombre des postes mis en concours ne doit pas être inférieur à 40% du nombre total des candidats justifiant des conditions requises pour la participation au concours
le nombre des inspecteurs principaux ne doit pas dépasser 40% du nombre total des inspecteurs
promotion au grade d’inspecteur principal


Huitième nouveauté : la contagion des promotions exceptionnelles
Ce sont peut être les nouveaux grades et les dispositions transitoires  prévues par les deux textes qui sont à l’origine de la promulgation des nouveaux statuts et ce sont ces deux nouveautés qui intéressent le corps et que tous les inspecteurs attendaient  , en effet les dispositions transitoires accordent à tous les membres du corps une promotion automatique au grade supérieur , « à compter du premier juillet 2016, les inspecteurs généraux, les inspecteurs principaux  , pour les inspecteurs appartenant au corps au premier janvier 2017 , la promotion exceptionnelle se fera par voie de concours en se basant sur l’ancienneté dans le corps en deux tranches égales :  la première à compter du premier janvier 2017, et la deuxième  à compter du premier janvier 2018 sur deux tranches .
Ces mesures, applaudies par les inspecteurs, ce qui est tout à fait naturel d’un point de vue personnel étroit, sont à notre point de vue dangereuse car elles contribuent à dévaluer le sens des promotions et faire perdre aux différents grades leur sens et beaucoup de leur valeur puisqu’elles ne vont plus représenter le couronnement de l’effort des plus méritants.
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout ; Inspecteurs généraux de l’éducation, Brahim Ben Atig, Professeur principal émérite
Tunis, AVRIL 2017



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