Introduction
Le rapport occupe une place importante
dans l'activité de l'inspecteur. C'est la trace matérielle qui reste après une
visite d’inspection ou d’assistance ou après une activité quelconque. Le
rapport est ce document que l'institution attend et que l'enseignant appréhende,
malgré cette importance, nous avons constaté une rareté des documents officiels qui traitent
de cette question ( notes de services, circulaires…) ainsi nous trouvons peu d’informations
qui éclairent et clarifient les
caractéristiques du rapport, ses composantes et ses objectifs.
C'est cette indigence qui a déterminé le
choix de ce sujet pour qu'il soit parmi les
thèmes de ces journées de sensibilisation organisées par le Ministère au profit
des nouveaux inspecteurs.
Tentative de définition du rapport.
En
se référant aux dictionnaires de langue française
et de langue arabe, nous avons pu donner
une définition suivante au rapport : « C’est un document qui
rapporte ce que nous voyons, entendons et observons. Le rapport peut être verbal ou écrit ».
Le rapport que nous intéresse est le
rapport écrit, qui est établi et rédigé après une activité de l'inspecteur pour rendre compte de ce qu’il a constaté et visionné lors de l'exercice de sa mission.
L'inspecteur étant appelé à exercer des
activités multiformes et diverses en vertu de ses prérogatives, il est amené à
rédiger un nombre important de rapports, et si nous voulions énumérer les
différentes missions de l’inspecteur en se référant aux textes officiels (statut
du corps de l’inspection pédagogique 1973[1]) et à l’usage,
nous pouvons citer les activités suivantes :
L'inspecteur est appelé:
§ à
effectuer des visites d’assistance aux stagiaires ;
§ à
faire des visites d’inspection aux
professeurs titulaires;
§ à
donner son avis sur l’organisation pédagogique
des collèges et des lycées ;
§ à mener des enquêtes à caractère administratif
et disciplinaire.
Telles sont les activités prévues par la loi de 1973, mais l’usage et la
pratique ont ajouté d'autres tâches comme
l'évaluation des manuels et des guides scolaires, la présidence des commissions
de correction des examens et des concours professionnels …
Si l'on se réfère à la définition que nous
avons présentée au début de ce paragraphe, à savoir que le rapport est une
procédure qui suit chaque activité de l'inspecteur, nous concluons que L'inspecteur consacre beaucoup de temps à rédiger
plusieurs sortes de rapports
Les
types de rapport
La multiplicité des rapports que doit
rédiger l’inspecteur nécessite leur classification, si l'on adopte le sujet
comme critère de base pour cette classification, nous pouvons distinguer trois
principaux types de rapports :
1) Les rapports qui concernent l'activité des professeurs.
Ce type est le plus répandu, il comprend les rapports d'assistance,
d'inspection, des cahiers de stage, le rapport de fin de stage de la ère
année , de la 2ème année et de la 3ème année, les
rapports de non renouvellement, les rapports de confirmation. (Je reviendrais
plus tard à ces rapports avec plus de détails).
2) Les rapports qui concernent l’inspecteur
lui-même
Il
s'agit d'une catégorie de rapport qui consignent les activités de l’inspecteur dont :
- Le rapport d'activité mensuel[2], il s’agit d’un tableau
détaillé des activités réalisées au cours du mois (date et type d’activités
doivent être consignés), ce rapport est
destiné à la direction générale des programmes
via la direction régionale d’attache qui
garde une copie pour régler les frais de déplacement et l’indemnité journalière
dus à l’inspecteur).
- Le rapport de synthèse, c'est un
rapport qui doit présenter une synthèse des observations de l’inspecteur, de ses
conclusions et de ses suggestions sur l’application des programmes, du contrôle
continu et tout ce qui concerne sa spécialiste, ce rapport doit être remis à la
fin du mois d’avril de chaque année à la direction régionale, qui se charge de
le transmettre à la Direction générale des
programmes et de formation Continue.
3) les rapports qui concernent les établissements
scolaires (lycées et collèges). C’est le type la moins
fréquent malgré son importance (rapport
sur l’état du matériel didactique de la spécialité, rapport sur les emplois du
temps des enseignants et sur l’organisation pédagogique…).
Après cette rapide présentation rapide des
différents types de rapports, nous allons nous intéresser aux rapports qui concernent les professeurs
pour des raisons purement pragmatiques.
Les rapports qui concernent l'activité
du professeur.
Comme
nous l'avons indiqué les rapports concernant le professeur se distinguent par
leur diversité, et ils sont au nombre de six (6).
§ Le rapport d’inspection
C’est un rapport qui
vient après chaque visite d’un
professeur titulaire (visite de la
classe, suivi la leçon, discussion après l’observation)
a. Ce rapport : Pour qui ? et pourquoi ?
La réponse à ces deux questions va déterminer le contenu du rapport ; ses
parties et les conditions qui doivent être remplies par le rapport qui émet un
message à trois destinataires en même
temps :
- Le 1er destinataire est l’enseignant
inspecté, le message contient des informations sur la séance
(le test oral ou écrit, le cours, le cahier de texte, l’avancement du
programme…) en plus de l’information ; le rapport doit donner une
évaluation (aspects positifs et aspects
négatifs, une appréciation générale, une note chiffrée , et des recommandations).
- Le 2ème destinataire est l’institution
(la direction régionale) qui a besoin de collecter des données sur la qualité
et les performances du cadre enseignant, et sur le degré de la réalisation des
objectifs de l’école.
- Le 3ème destinataire est l'inspecteur
lui-même, le rapport va lui fournir des informations sur l’impact de
son travail de formation continue et
d’encadrement et sur les performances de ses enseignants ce qui va lui
permettre de mettre en place un plan.
pour consolider les acquis et rectifier les points faibles.
Or
pour que chacune de ces trois parties
trouve ce qu'il attend du rapport, celui-ci doit contenir un ensemble
d’éléments qui puissent répondre aux attentes de chacune de ces parties.
b. Les principales composantes du rapport d’inspection.
Notre étude d’un large échantillon de
rapports représentatif de toutes les spécialités, rédigés par nos anciens
inspecteurs et les nouveaux, nous a permis de préciser les composantes du
rapport qui sont au nombre de quatre (4)
§ Une composante descriptive
qui donne une image fidèle du déroulement de la séance (les étapes, le contenu
et les moyens mises en œuvre …) ;
§ Une composante critique qui
montre les points positifs et les points négatifs (faire un choix
sélectif).
§ Une composante formative qui doit contenir
des recommandations et des conseils pour consolider les bonnes pratiques et
remédier aux insuffisances.
§ Une composante évaluative, une
évaluation globalement de la séance par
une observation générale accompagnée d’une note sur 20 ou une lettre
A.B.C… (l’inspecteur peut se réserver le
droit de ne pas donner une note si la leçon est ratée et donner une nouvelle
chance à l’enseignant en programmant une autre visite).
En
plus des ces 4 composantes, le rapport comporte d’autres informations comme le
nom et le prénom de l’inspecteur et de l’enseignant, le nom de l’établissement,
la date de la visite…
c. Les différentes formes de rapports d’inspection
Si
tous les rapports d’inspection que nous
avons pus étudier comportent toutes les composantes citées précédemment, leur
forme varie (il n’y a pas un modèle unique imposé par l’administration). Nous
avons rencontré les trois modèles suivants [3]:
§ Le 1ère modèle :
le modèle détaillé qui présente séparément chacune des 4
composantes, ainsi le rapport se présente avec 4 parties distinctes portant chacune
un titre ( le déroulement de la séance, les observations, les recommandations,
l’évaluation).
Le
mérite de ce modèle est la bonne visibilité et la clarté, il est facile à lire,
mais son défaut c’est qu’il saucissonne artificiellement l’acte pédagogique.
§ Le 2ème modèle: le modèle intégratif,
c’est le modèle qui intègre deux ou trois composantes dans le même paragraphe
comme par exemple l’intégration de la description avec la critique et l’évaluation ; parmi
les avantages de cette forme c’est la synthèse de tous les éléments de l’action
éducative, mais son tort c’est qu’elle est obligée de passer sous silence
parfois quelques aspects de l’acte éducatif.
§ Le 3ème modèle: le modèle de la grille,
c’est le dernier né des modèles et le moins utilisé, il adopte le principe de
la décomposition de la séance en une série de domaines qui sont décomposés à
leur tour en une série de comportements et de capacités, par exemple le domaine de la matière de la leçon qui se
fractionne en préparation - plan- connaissances
et degré de la maitrise… ou le domaine des moyens didactiques (préparation-
diversité- exploitation…)
Ce
modèle a été introduit par les
inspecteurs d'histoire et de géographie de Sousse (MM. Rachid Toumi &
Abdelhamid Jedda) et puis il s'est répandu peu à peu auprès de plusieurs autres
inspecteurs d'histoire et de géographie et des disciplines techniques.
Parmi
les avantages de ce modèle est qu’il
couvre presque tous les aspects de la leçon et plus particulièrement les
comportements et les capacités, son
défaut c’est le fractionnement qui rend
toute synthèse très difficile
Le rapport doit remplir certaines conditions.
Quelques soient les modèles et styles, et
pour assurer une bonne qualité du message , tous les rapports d’inspection
doivent être :
§ Fidèles et objectifs.
C’est-à-dire qu’ils doivent donner une information fidèle à ce que l’inspecteur a
vu et entendu au cours de la séance et lors de la discussion, sans déformation ni altération et pour garantir cela,
il est recommandé de rédiger le rapport immédiatement après l’inspection, car avec le
temps nous pouvons oublier certains points importants.
§ Précis et concis : La
combinaison de ces deux exigences semble
étrange à première vue. mais en réalité, il est possible de combiner les deux
qualités. La concision nécessite des
choix et l'exclusion des détails, il faudrait se limiter aux aspects les plus importants et les traiter d’une manière précise afin de réduire les risques d'interprétation
(choisir les bons termes explicites).
§ cohérents et sans fautes.
Les rapport doivent être rédigés dans une langue, un style et une expression irréprochable (
n’hésiter pas à recourir aux dictionnaires et prendre son temps), quant à la
cohérence , il faudrait éviter qu’il y ait une contradiction entre les composantes,
par exemples entre la critique et l’observation ou entre cette dernière et
l’évaluation.
Telles
sont les conditions de base qui sont les seules capables de garantir une bonne
qualité du message que le rapport souhaite transmettre aux différentes parties
intéressées..
Les rapports réservés aux stagiaires.
Les rapports destinés aux stagiaires
arrivent en deuxième position en termes de nombre en général, avec des
exceptions selon les régions et les spécialités. Ils sont au nombre de cinq.
1. les rapports d'assistance
Le rapport d'assistance se distingue du
rapport d'inspection en cela qu’il axe principalement sur des directives et des
recommandations, mais il partage avec le rapport d'inspection les mêmes conditions, il doit
être concis, bref et sélectif, il est donc inutile de verser dans les détails
et de multiplier les conseils et les recommandations pour que le stagiaire ne se perd pas entre
ce qui est important et ce qui est
secondaire[4].
Il doit être bien structuré en
séparant le contenu de la méthode ; enfin, il doit valoriser
les points positifs ( même s’ils sont rares, ce qui est normal pour un
stagiaire lors de la 1ère visite) pour encourager le stagiaire et
lui donner confiance car le rapport d’assistance a pour premier objectif de
l’aider et de le former, c’est pour cela qu’il doit lui parvenir le plus
rapidement possible. Le rapport d’assistance ne porte pas de note, le stagiaire
devrait coller une copie dans son cahier de stage accompagné d’un compte rendu
de la discussion[5].
2. Les rapports de synthèse du stage
Les
objectifs de ces rapports diffèrent des rapports que nous avons décrits
jusqu’à maintenant :
- Ils
couronnent chaque phase du stage, c'est-à-dire à la fin de la première année de
stage et à la fin de la deuxième année
de stage ou parfois de la 3ème année.
- Ils n'ont pas pour objectif la formation de
l'enseignant en lui fournissant des recommandations et des conseils, ni un
bilan de son stage ;
- Ils
sont destinés à l’administration, ce sont (en principe) des rapports confidentiels ;
- Ce sont des rapports qui fournissent à
l’administration une information sur les capacités et les compétences du
stagiaire à la fin de sa de formation ;
- Ce sont enfin des rapports qui comportent des décisions sur l’avenir du stagiaire en proposant soit sa
titularisation, soit son ajournement soit son licenciement.
Nous remarquons que ces rapports ont leurs
propres objectifs, ce qui rend leur contenu fondamentalement différent du
contenu des rapports d'inspection et d’assistance. Et cette fois, nous avons
trouvé des documents officiels qui précisent
le contenu de ces rapports[6]
a. Le rapport final de la première année de stage doit donner des
précisions sur :
§ L’assiduité
du stagiaire aux séances de formation [7];
§ La qualité de ses participations aux
discussions des leçons modèles
§ Le degré de son bénéfice de ces leçons et de la formation en
général
§ L'avis
de l’inspecteur sur le travail du
professeur à travers les cours et le cahier de stage
Ce rapport constitue un élément du dossier de titularisation.
3. Le rapport de la mémoire pédagogique
En deuxième année de stage, l’enseignant
stagiaire est appelé à préparer un mémoire sur un sujet en accord avec
l’inspecteur directeur du stage, le mémoire peut porter sur une question
pédagogique ou une analyse critique d’un manuel scolaire[8] …
4. Rapport de non renouvellement du recrutement
Ce dernier rapport est comparable au
rapport de fin de la 2ème année de stage sauf au niveau de la décision, dans le cas où
l’inspecteur juge que le stage n’est pas
concluant au bout de la 3ème année, il propose le licenciement de
l’enseignant pour incompétence, et vu la gravité d’une telle décision, la
circulaire 43/91 a amené une nouvelle procédure , la décision devrait être
prise par une commission composée de deux professeurs et de l’inspecteur, après
une dernière visite d’inspection.
5. Le rapport de confirmation
Ce dernier type de rapport concerne les
enseignants titulaires qui réussissent un concours pour passer d’un grade à un
autre (d’un instituteur à un professeur de 1er cycle ou d’un professeur
de 1er cycle à un PES), ces derniers sont astreints à une année de
confirmation au terme de laquelle, ils font l’objet d’une inspection qui peut
proposer leur confirmation dans le nouveau grade ou un retour à leur ancien
grade. Ce rapport sera obligatoirement accompagné d’une note chiffrée.
Conclusion
Tels sont les différents rapports
préparés par l’inspecteur et les
spécificités de chaque type, nous avons essayé de vous donner une idée générale
dans un but d’information et non de formation et d’initiation à la rédaction de
ces rapports, c’est là un deuxième aspect non moins important que l’information.
Nous espérons que la direction des programmes et de la formation continue organisera une autre rencontre qui prendrait la forme d'un atelier associant information et formation.
Merci de votre attention.
Tunis
le 3 octobre 1991,
Mongi Akrout, inspecteur principal de
l'enseignement secondaire, (histoire et géographie)
Pour accéder à la version Arabe, cliquer
ici
[1] Décret 110/1973 en date du 17 /3/1973 , portant statut particulier des personnels de l’inspection pédagogique du M.E.N
[2]
Circulaire 10-88 émanant de la dirction
des programmes et de la formation continue en date du 29 janvier 1988.
[3] Cette typologie est l’œuvre du professeur Abdelaziz Ben Youssef – inspecteur principal .
[4]
A.B.Youssef op.cit
[5] La circulaire fixe le délai de la remise du rapport d’assistance à deux semaines
[6] Note de service 8853 émanant de la direction de l’enseignement secondaire en date du 26 /1/ 1976 portant sur le stage pédagogique.
[7]
Circulaire 43/1991 émanant du cabinet en
date du 8 mai 1991 fixant le nombre d’absence qui entraine l’obligation de refaire le stage de 1er
année, ( si le taux d’absence dépasse le tiers des séances)
[8]
Circulaire 185/1976 émanant
de la direction de l’enseignement
secondaire en date du 8 /11/ 1976.
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