dimanche 9 mars 2025

Extraits du rapport réalisé par la Banque mondiale sur le VIème plan de développement économique et social (1982-1986) [1)

 

 

Deuxième partie : Objectifs et Investissements du VIème Plan 

 

Hédi Bouhouch

Le blog pédagogique propose à ses lectrices et ses lecteurs des extraits  d’un rapport réalisé par la Banque mondiale au mois de décembre 1983[2] sur le VIème plan de développement économique et social (1982-1986) et plus précisément le chapitre 8 consacré au secteur de l’éducation ; de l’enseignement et de la formation professionnelle. 


D’après le rapport les travaux de la commission qui a préparé le plan sont partis des insuffisances et des problèmes qui se sont manifestés depuis les années soixante dix (faiblesse des performances du système, inadéquation entre la formation et les besoins du marché de l’emploi…) et des nouveaux défis            (répondre aux demandes croissantes de la scolarisation, diversification des besoins de l’économie du pays…amélioration des performances du système…).

Le plan  de développement du secteur éducatif a  accordé  une attention particulière à l’amélioration de la qualité et des performances du système par le biais d’une meilleure  formation des instituteurs, l'investissement dans les infrastructures scolaires, et le renforcement de l'enseignement technique et supérieur et de la formation professionnelle   pour mieux répondre aux besoins du marché du travail.

 

A.   Les Objectifs et les investissements du VIème Plan.

Commentaire 3 – le VIème Plan avaient arrêté les objectifs suivants :

-        Perfectionner l'enseignement à tous les niveaux et réduire le nombre des abandons et des redoublements.

-         Former des instituteurs qualifiés (développer le réseau des ENI et améliorer la qualité de la formation).

-        Passer la priorité de l’enseignement supérieur à  l’enseignement primaire et secondaire.

-        L’expansion sélective de l’enseignement secondaire, professionnel et technique et renforcement de la formation professionnelle

-        Prévoir une configuration nationale optimale des écoles primaires en vue de combler les disparités régionales (construction de 3000 nouvelles écoles).

 

 

 8.7 Le présent rapport est fondamentalement conforme aux objectifs d'ensemble du VIème plan dans le secteur de l'enseignement, de même qu'au programme d’investissement proposé. Le problème essentiel sera de perfectionner l'enseignement à tous les niveaux et de réduire le nombre des abandons et des redoublements au moment même ou le nombre  d’élèves devrait augmenter à un rythme encore plus rapide que dans le passé.

 Parmi d'autres problèmes, se pose celui fort urgent de la quantité et de la qualité des moyens de formation des enseignants. La reforme de l’enseignement longuement discutée, qui se traduira par des changements substantiels du système actuel, sera probablement réalisée graduellement pendant le VIème plan et en sera par conséquent la grande épreuve intellectuelle, comme l’évoque la section C du présent chapitre.

8.8 Tandis que l'investissement global envisagé dans le VIème Plan fait apparaitre une augmentation légèrement inferieure à 20 % par rapport au Plan précédent, les priorités intersectorielles subissent de considérables changements. C’est ainsi que la priorité passe de l’enseignement supérieur à  l’enseignement primaire et secondaire dont les investissements doublent et triplent respectivement. L'accent n'est plus sur une couteuse expansion de l’enseignement supérieur (27,6 % du budget lui est alloue contre 45,6 % dans le Vème Plan), mais sur l’acceptation de toutes les inscriptions et la consolidation des résultats obtenus dans le primaire, accompagnées de l’expansion sélective de l’enseignement secondaire, professionnel et technique et du renforcement de la formation professionnelle à ces niveaux. Cette nouvelle orientation de politique est élogieuse.

 

 8.9 En ce qui concerne 1a scolarisation primaire, la question essentielle à considérer en sus de la réforme de l'enseignement, porte sur la configuration nationale optimale des établissements du secteur de l'enseignement, en vue de combler les disparités régionales grâce à une prévision scolaire. Cette question en contient d'autres telles que: Faut-il construire des éco1es nouvelles ou des écoles de remplacement ? Faut-il développer les écoles existantes ? Quelles sont les localités les plus attrayantes ? Quelle doit être la taille optimale d'une école compte tenu du nombre d'inscriptions envisagé et quel  est le coût le plus bas?

De la configuration finalement adoptée ressortira le plan d'investissement et l'établissement du calendrier de construction. Les p1anificateurs de l'enseignement disposeront bientôt d'une base de données adéquate pour de telles analyses car ils étendent actuellement la cartographie des écoles au pays tout entier. Celle-ci devait être terminée pour le secondaire en septembre 1982 et pour le primaire à la mi-1983. Le Plan prévoit la construction d'un peu plus de 3.000 nouvelles écoles primaires.

Commentaire 4- les objectifs pour l’enseignement primaire

-       Atteindre des taux d'inscriptions de 100 % pour les garçons et de 93 % pour les filles dès 1986-87.

-       Améliorer l'efficacité interne (limiter à 30 % les redoublements et de 11 % pour les abandons en sixième année).

-       Maintenir  l'accès au secondaire au même niveau de 45 % tout au long du Plan.

-       Former le nombre suffisants d’instituteurs qualifiés pour couvrir les nouveaux besoins et remplacer les instituteurs temporaires recrutés parmi les diplômés de l’enseignement secondaires ou qui ne l’ont pas achevé.

 

 8.10 Les objectifs de l'enseignement primaire visent des taux d'inscriptions de 100 % pour les garçons et de 93 % pour les filles dès 1986-87. Les projections d'efficacité interne sont de 30 % pour les redoublements et de 11 % pour les abandons de sixième année en 1986-87; pour l'accès au secondaire, on envisage de maintenir le même niveau de 45 % tout au long du Plan. Pour ce faire il conviendra que le gouvernement élabore rapidement une stratégie exhaustive et détaillée. II conviendrait également de promouvoir la performance interne, tout d'abord en assurant un nombre suffisant d'enseignants, compte tenu d'un taux de croissance des inscriptions estime à 4 % par an, et ensuite en s'assurant que de bonnes équipes pédagogiques remplaceront les suppléants et les enseignants recrutes parmi les diplômes du secondaire ou ceux qui ont abandonne leurs études à ce niveau.

Commentaire 5- Les besoins en nouveaux instituteurs durant le VIème plan sont estimés à 16.400, d’autre part le principe du recrutement exclusif dans les ENI ou parmi d'autres diplômés ayant bénéficié d'une formation pédagogique sera désormais de rigueur, cette bonne décision ne sera malheureusement pas respectée.

 

8.11- En conséquence, le programme développera la formation des enseignants du primaire car 16.400 nouveaux instituteurs devront être formés au cours des cinq prochaines années. Depuis 1977, le nombre insuffisant de diplômés sortant des six petites écoles de formation d'instituteurs (Ecoles Normales d'Instituteurs-ENI) a conduit au recrutement d'enseignants parmi les diplômes du secondaire qui n'ont reçu aucune formation pédagogique. Le principe du recrutement exclusif dans les ENI ou parmi d'autres diplômés ayant bénéficié d'une formation pédagogique sera désormais de rigueur. La qualité de la formation sera améliorée grâce à une année complète d'enseignement pratique. Toutefois, afin d'augmenter rapidement le nombre d'instituteurs qualifiés (2.300 enseignants supplémentaires seront requis en 1982-83 et 3.500 en 1986-87), des mesures d'urgence ont été prises pour mettre en œuvre un certain nombre de stages de formation accélérée. Dans ce contexte, les quatre ENI qui seront bientôt construites offriront un bref cours de formation pédagogique postsecondaire d'une durée d'un an aux bacheliers, ainsi qu'un programme d'études de 4 ans après le premier cycle du secondaire plus un an de formation pédagogique.

Commentaire 6- les objectifs du plan pour l’enseignement secondaire

- création de 134.700 nouvelles places pour accueillir les nouveaux  venus

- Améliorer la performance interne   grâce aux efforts déployés pour relever le niveau de qualification du corps enseignant.

- Revoir l’option des lycées techniques qui posent de sérieuses questions quant à leur efficacité interne et leur productivité externe. (les dernières années, plus de 40 % des inscrits aux deux options techniques -industrielle et commerciale- ont abandonné leurs études).

- Envisager le développement d'instituts polytechniques postsecondaires en tant qu'alternative à l'onéreuse expansion des lycées techniques

 

 8.12 Plan d'investissement dans les écoles secondaires. II porte sur la création de 134.700 nouvelles places pour accommoder le taux de croissance des inscriptions estime à 7,5 % par an de 1981-82 à 1986-87. Parmi celles-ci, 84 % seront consacrées à des études classiques et 16 % à des études techniques (pour la plupart dans des écoles secondaires techniques - les lycées techniques). Les mesures visant à rehausser la performance interne et à réduire les coûts unitaires restent encore à définir. Le Plan espère que la performance interne s'améliorera  grâce aux efforts déployés pour relever le niveau des qualifications du corps enseignant. On a crée à cette intention une nouvelles direction au Ministre de l'Education qui est chargée de la formation en cours d'emploi, de l'évaluation et de la supervision pédagogiques.

 8.13 Le développement envisagé des lycées techniques pose toutefois de sérieuses questions quant à leur performance interne et leur productivité externe. Ces dernières années, plus de 40 %des inscrits aux deux options techniques (industrielle et commerciale) ont abandonné leurs études. Au lieu  d'investissement dans une expansion onéreuse (les coûts unitaires atteignent près du double de ceux du second cycle secondaire dans son ensemble), une réduction des abandons, conjuguée à une expansion ultérieure mais modeste, devrait permettre à l'enseignement secondaire technique de satisfaire les besoins du marché du travail. Les évaluations préliminaires de la demande d'emplois dans la catégorie technique intermédiaire semblent indiquer qu'au niveau actuel de sortants, les diplômés de l'enseignement secondaire technique entreront en compétition avec ceux de l'enseignement secondaire général pour le petit nombre d'emplois spécialisés. Cela pose la question supplémentaire de savoir jusqu'à quel point les programmes des lycées techniques répondent effectivement aux besoins des employeurs en matière de personnel technique blen préparé et susceptible de devenir un personnel qualifié et efficace après une expérience sur le tas. Afin de satisfaire les besoins de l'économie en matière de personnel technique expérimenté, il conviendrait d'envisager le développement d'instituts polytechniques postsecondaires en tant qu'alternative à l'onéreuse expansion des lycées techniques. Une étude concernant les besoins de formation de techniciens industriels sera entreprise sous peu et permettra de définir les options à cet égard. Elle évaluera l'offre et la demande d'emplois par secteur, par grande catégorie d'activité et par région au moyen du modèle dont est doté l'Institut Bach Hamba. Les données disponibles font apparaitre des excédents continuels de main d'œuvre peu qualifiée et des déficits de personnels hautement et moyennement qualifiés.

 

Commentaire 7 – les objectifs du plan pour la formation professionnelle

-         Elargir les programmes de formation aux zones défavorisées.

-        Définir les qualifications requises pour répondre aux besoins du marché.

-         Remédier au manque de données sur les besoins des employeurs.

-         Trouver des solutions au déficit de formateurs qualifiés.

-        Améliorer le système de la formation professionnelle et de revoir son rôle

 

8.18 Les investissements destinés à une formation professionnelle autre que la formation agricole permettront d'achever le programme d'expansion physique lancé dans la dernière phase du Vème plan et de l'étendre à quatre autres régions  défavorisées. Les qualifications requises dans chaque domaine  seront stipulées dans les programmes de promotion de l'emploi et de développement de la main-d’œuvre à instaurer par le nouveau Commissariat au Développement Régional. La pénurie de données sur les besoins des employeurs pourrait continuer d'entraver l'atteinte de l'objectif visant à élargir la gamme de spécialisations pour lesquelles il existe une formation. En fait la demande effective diminue pour certaines spécialisations dotées d'une formation (textile et construction) alors que les projections indiquent qu'elle augmentera dans d'autres domaines (industries électriques et mécaniques)

8.19 Les objectifs spécifiques de l'apprentissage restent à déterminer. La pénurie actuelle de quelque 90 instructeurs est d'autant plus inquiétante qu'en plus des 18.000 apprentis actuellement contractés par l'OTTEEFP[3] , un nombre probablement analogue de travailleurs en apprentissage dans de petites entreprises informelles (les apprentis sauvages) ne sont pas déclarés, sont fréquemment exploités par leurs employeurs et n'ont aucune chance de se perfectionner. L'obstacle principal à leur intégration dans le système contractuel réside dans l’absence de contrôle de la qualification en fin d'apprentissage et donc d'un certificat officiel de travailleurs qualifiés. L'OTTEEFP prévoit d'élaborer des tests de formation professionnelle  à l'endroit de tels apprentis et de délivrer des certificats appropriés en outre, il prépare une législation portant à intégrer les apprentis non-déclarés du secteur informel  dans le système contractuel. Cependant, il en ressortira un besoin supplémentaire d’instructeurs dont le recrutement devrait dès maintenant être envisagé par l'OTTEEFP dans tous ses détails.

 8.20 Malgré l'absence de données fiables. 1es sondages effectués par le Ministère de l'Education et l'Office ont revé1é  que plus de 40 % des diplômés du premier cycle des programmes de formation professionnelle du secondaire sont  dans l'incapacité de trouver un emploi, se retrouvent stagiaires dans des centres de formation professionnelle de l'OTTEEFP où i1s représentent 50 % de l'effectif total. Dans ce contexte, il  reste à déterminer si 1e Ministère de l'éducation possède 1a capacité nécessaire à la dispensation de la formation professionnelle.

FIN DE LA 2 ème  partie,  A suivre

Extraits choisis et commentés par Mongi Akrout, inspecteur général de l’éducation

Tunis – septembre 2024

Pour accéder à la version ARABE, Cliquer ICI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Un premier projet de rapport a été discute avec les autorités du Département du Plan (Ministère du Plan et des Finances). Les chiffres et objectifs définitifs du Plan, tels qu'approuves par le Parlement a la mi-1982, ont été incorpores au texte à l'issue des discussions du dernier projet de rapport (janvier 1983).

[2] Tunisie - revue du sixième plan de développement (1982-86) -  volume  11: Les principaux secteurs économiques et sociaux - 20 décembre 1983 - Le rapport a été préparé par les membres d'une mission économique qui a visite la Tunisie de septembre à novembre 1981.  https://documents1.worldbank.org/curated/en/797451468303573097/pdf/41370SR0v20FRE101Official0Use0Only1.pdf  . Consulté novembre 2024

 

[3] Office des travailleurs Tunisiens à l'Etranger de l'emploi et de la formation professionnelle   ديوان العملة التونسيين بالخارج و

 التشغيل  و التكوين المهني

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