dimanche 23 mars 2025

Extraits du rapport réalisé par la Banque mondiale sur le VIème plan de développement économique et social (1982-]1986)[1


Troisième partie : La réforme prévue par  le VIème Plan institution de l’école  de base

 

Hédi Bouhouch

Le blog pédagogique propose à ses lectrices et ses lecteurs des extraits  d’un rapport réalisé par la Banque mondiale au mois de décembre 1983[1] sur le VIème plan de développement économique et social (1982-1986) et plus précisément le chapitre 8 consacré au secteur de l’éducation ; de l’enseignement et de la formation professionnelle.



D’après le rapport, les travaux de la commission qui a préparé le plan sont partis des insuffisances et des problèmes qui se sont manifestés depuis les années soixante dix (faiblesse des performances du système, inadéquation entre la formation et les besoins du marché de l’emploi…) et des nouveaux défis            (répondre aux demandes croissantes de la scolarisation, diversification des besoins de l’économie du pays…amélioration des performances du système…).

Le plan  de développement du secteur éducatif a  accordé  une attention particulière à l’amélioration de la qualité et des performances du système par le biais d’une meilleure  formation des instituteurs, l'investissement dans les infrastructures scolaires, et le renforcement de l'enseignement technique et supérieur et de la formation professionnelle   pour mieux répondre aux besoins du marché du travail.

 

III.          La Reforme de l'Enseignement

Commentaire 8- Les caractéristiques et les objectifs  du projet de réforme de l’éducation approuvé en 1982.

 - Garantir l’égalité des chances et renforcer la justice sociale.

- Garder  les enfants à l’école jusqu’à l’âge de 15 ans,

- Assurer une formation cognitive et professionnelle solide et offrir une seconde chance aux élèves déscolarisés.

-  Assurer la  coordination entre les différents niveaux d'enseignement et les programmes de formation professionnelle.

 

8.21 Le projet de réforme de l'enseignement a été approuvé en Conseil des Ministres au printemps de 1982; bien des années de discussions et de réflexions ont mené à un consensus sur la philosophie du nouveau système éducatif. II doit offrir à chaque tunisien des chances égales de développement intellectuel et de formation professionnelle, de manière à lui assurer, en accord avec les besoins de l'économie, une existence fructueuse et la mobilité sociale nécessaire au progrès.

Le système serait donc caractérisé par 1a flexibilité qu'appelle 1'utilisation optimale du potentiel humain du pays ainsi que par la promotion de l'équité sociale.

8.22  Le nouveau système gardera les enfants à l'école jusqu'à l'âge minimum légal de travail (15 ans), période au cours de laquelle ils se verront inculquer les connaissances solides et aptitudes nécessaires à la vie professionnelle. Il donnera en permanence une seconde chance à tous les étudiants et aux anciens élèves, y compris ceux qui ont abandonné leurs études.

 En comparaison, le système actuel est une système "fermé" dont les cycles d'instruction primaire et secondaire ne comprennent pas d'objectifs à connotation professionnelle; il envoie chaque année des milliers de jeunes sans qualifications immédiatement utilisables, sur le marché du travail, n'offre aucune seconde chance et condamne souvent ces jeunes à être traités d'inadaptés sociaux parce qu'ils ont échoué à certains examens sélectifs. De plus, on observe une coordination insuffisante entre les programmes d'enseignement secondaires et universitaires et de formation sous la tutelle des divers ministères.

Commentaire 9 : la réforme éducative adoptée prévoit :

-        le passage d'un système de six années d’enseignement primaire et de trois années de tronc commun secondaire à un enseignement de base de neuf ans.

-         une scolarité obligatoire de neuf ans pour tous les enfants,

-        Un enseignement  secondaire diversifié avec des collèges d’enseignement général et des collèges d’enseignement techniques

 

 

8.23 La réforme propose en particulier de remplacer les 6 années du primaire et les 3 premières années du secondaire (tronc commun) par un enseignement de base de 9 ans (école de base) analogue à celui de nombreux pays du Moyen-Orient; par conséquent, tous les enfants recevraient obligatoirement un enseignement de neuf ans, alors qu'à l'heure actuelle environ la moitié d'entre eux quittent l'école après six ans d'études.

 L'école de base comprendrait trois cycles; le nombre d'heures de cours serait porté à 25 heures par semaine pour le premier cycle et à 30 heures par semaine pour les deux autres. Le nombre d'élèves par classe serait limité à 30 quelque soit le niveau de scolarité (il est de 34 en moyenne à l'heure actuelle). Un système diversifié composé de deux grands types d'écoles a été proposé pour l'enseignement secondaire: collèges d'enseignement général et scientifique, et collèges techniques; les collèges d'enseignement général et scientifique auraient un tronc commun initial d'un an d'études suivi d'un cours de trois ans. Les collèges techniques auraient deux cycles de deux ans : le premier cycle comprendrait un programme de formation professionnelle de fin d'études sanctionné par la remise d'un diplôme, mais ouvrirait l'option du passage en second cycle après examen[2]. Ces collèges remplaceraient toutes les écoles secondaires.

Au niveau universitaire, toutes les institutions seraient fusionnées en une seule université avec un campus dans chacune des six régions. Le système universitaire aurait un programme postsecondaire de fin d'études de deux ans adapté à la demande du marche en techniciens supérieurs, qui offrirait l'option, ici encore sanctionnée par un examen, d'accéder à la scolarité universitaire de quatre ans.

Toute l'infrastructure existante de formation professionnelle serait reconvertie pour la brève formation professionnelle des élèves sortants ou qui auraient abandonné l'école de base. Quelque 45 à 50 % des diplômés de l'enseignement primaire accèderaient au secondaire après avoir réussi un concours d'entrée. De même, l'admission à l'université serait sanctionnée par un concours d'entrée (à l'heure actuelle le baccalauréat est suffisant) et le nombre de succès serait ajusté suivant la demande du marche.

 8.24 Bien que ce système soit attrayant, il sera difficile à mettre en place. En soi, la transformation d'un programme de six ans en scolarité de neuf ans d'enseignement primaire pourrait ne pas améliorer de manière, significative l'efficacité interne du système primaire, comme le démontrent les résultats de telles réformes dans d'autres pays. Ces résultats confirment que l'amélioration de l'efficacité interne est essentiellement fonction de stratégies bien conçues et de mesures spécifiques.

 La reforme prévoit que le développement des programmes et de la pédagogie, conjugué au passage semi-automatique d'un niveau à l'autre dans le système de l'école de base, ferait tomber de 3 ou 4 % en moyenne le taux de redoublements et de 2 a 3 % en moyenne celui des abandons par an .

 Des comités techniques ont entamé l’étude des programmes, de la pédagogie, des investissements à prévoir et de la formation du corps enseignant. Au fur et à mesure de l'avancement des travaux, le Ministère de l'Education pourrait concevoir et simuler les résultats d’alternatives permettant d’organiser graduellement l’école de base et y incorporer les éléments importants du contenu, des objectifs et des méthodes pédagogiques du programme de neuf ans dès qu'ils seraient connus. L'un des buts de cet exercice serait de déterminer la meilleure combinaison possible en matière de coûts des composantes du programme, c'est-a-dire celle qui éviterait, entre autres, la surcharge des programmes au détriment du processus d'érudition scolaire (acquisition effective des connaissances et aptitudes de base). Des stratégies visant à mettre un terme aux redoublements et à limiter les abandons pourraient alors être testées et évaluées pendant la première phase d'installation de l'école de base.

 Les implications financières de l'extension de l'enseignement de base de six ans seront à analyser avec le plus grand soin et à comparer avec les avantages probables relevant du changement.

L'impact sur le corps enseignant (nouvelles exigences quantitatives et qualitatives) devra être également analysé afin d'éviter des goulots d'étranglement.

8.25 Les activités de planification et de développement des nouvelles structures et nouveaux contenus des programmes d'enseignement secondaire et universitaire devront être soigneusement coordonnées avec l'établissement de l’école  de base qui ne peut d'ailleurs se faire que progressivement. L'expérience acquise dans d'autres pays en matière d'introduction de systèmes d'enseignement secondaire diversifiés devrait également être prise en compte. Dans la mesure où elle constitue un abandon brutal des méthodes et pratiques éducatives traditionnelles, la performance du système diversifié est susceptible d'être contrecarrée par la lenteur des changements de comportement et de rencontrer une certaine résistance. Elle requiert de très grandes modifications dans la formation du corps enseignant et d’autres composantes du système éducatif, des intrants physiques et autres couteux, et de nouvelles méthodes pédagogiques. Comparé au système conventionnel, un système diversifié est difficile à gérer et à administrer ».

 Extraits choisis et commentés par Mongi Akrout, inspecteur général de l’éducation

Tunis – septembre 2024

Pour accéder à la version ARABE, Cliquer ICI 

Pour revenir à la 1er partie CLIQUER ICI  et pour la 2ème  partie CLIQUER ICI     



[1] Tunisie - revue du sixième plan de développement (1982-86) -  volume  11: Les principaux secteurs économiques et sociaux - 20 décembre 1983 - Le rapport a été préparé par les membres d'une mission économique qui a visite la Tunisie de septembre à novembre 1981.  https://documents1.worldbank.org/curated/en/797451468303573097/pdf/41370SR0v20FRE101Official0Use0Only1.pdf  . Consulté novembre 2024

 

[2] En raison de l’échec du programme de formation professionnelle sous la tutelle  du ministère de l’éducation, ( par 8/20) cette proposition demande à être examinée soigneusement

 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire