Troisième partie :
La réforme prévue par le VIème Plan
institution de l’école de base
Le blog
pédagogique propose à ses lectrices et ses lecteurs des extraits d’un rapport réalisé par la Banque mondiale
au mois de décembre 1983[1]
sur le VIème plan de développement économique et social (1982-1986) et plus
précisément le chapitre 8 consacré au secteur de l’éducation ; de
l’enseignement et de la formation professionnelle. D’après le
rapport, les travaux de la commission qui a préparé le plan sont partis des
insuffisances et des problèmes qui se sont manifestés depuis les années
soixante dix (faiblesse des performances du système, inadéquation entre la
formation et les besoins du marché de l’emploi…) et des nouveaux défis (répondre aux demandes
croissantes de la scolarisation, diversification des besoins de l’économie du
pays…amélioration des performances du système…). Le
plan de développement du secteur
éducatif a accordé une attention particulière à l’amélioration
de la qualité et des performances du système par le biais d’une
meilleure formation des instituteurs,
l'investissement dans les infrastructures scolaires, et le renforcement de
l'enseignement technique et supérieur et de la formation professionnelle pour mieux répondre aux besoins du marché
du travail. |
III.
La
Reforme de l'Enseignement
Commentaire 8- Les caractéristiques
et les objectifs du projet de réforme
de l’éducation approuvé en 1982. - Garantir l’égalité des chances et
renforcer la justice sociale. - Garder les enfants à l’école jusqu’à l’âge de 15
ans, - Assurer une formation cognitive
et professionnelle solide et offrir une seconde chance aux élèves
déscolarisés. -
Assurer la coordination entre
les différents niveaux d'enseignement et les programmes de formation
professionnelle. |
8.21
Le projet de réforme de l'enseignement a été approuvé en Conseil des Ministres
au printemps de 1982; bien des années de discussions et de réflexions ont mené à
un consensus sur la philosophie du nouveau système éducatif. II doit offrir à
chaque tunisien des chances égales de développement intellectuel et de
formation professionnelle, de manière à lui assurer, en accord avec les besoins
de l'économie, une existence fructueuse et la mobilité sociale nécessaire au progrès.
Le système serait donc caractérisé
par 1a flexibilité qu'appelle 1'utilisation optimale du potentiel humain du
pays ainsi que par la promotion de l'équité sociale.
8.22
Le nouveau système gardera les enfants à
l'école jusqu'à l'âge minimum légal de travail (15 ans), période au cours de
laquelle ils se verront inculquer les connaissances solides et aptitudes nécessaires
à la vie professionnelle. Il donnera en permanence une seconde chance à tous
les étudiants et aux anciens élèves, y compris ceux qui ont abandonné leurs études.
En comparaison, le système actuel est une système
"fermé" dont les cycles d'instruction primaire et secondaire ne
comprennent pas d'objectifs à connotation professionnelle; il envoie chaque année
des milliers de jeunes sans qualifications immédiatement utilisables, sur le
marché du travail, n'offre aucune seconde chance et condamne souvent ces jeunes
à être traités d'inadaptés sociaux parce qu'ils ont échoué à certains examens sélectifs.
De plus, on observe une coordination insuffisante entre les programmes
d'enseignement secondaires et universitaires et de formation sous la tutelle
des divers ministères.
Commentaire
9 : la réforme éducative adoptée prévoit : -
le passage
d'un système de six années d’enseignement primaire et de trois années de
tronc commun secondaire à un enseignement de base de neuf ans. -
une scolarité obligatoire de neuf ans pour
tous les enfants, -
Un
enseignement secondaire diversifié
avec des collèges d’enseignement général et des collèges d’enseignement
techniques |
8.23 La réforme propose
en particulier de remplacer les 6 années du primaire et les 3 premières années
du secondaire (tronc commun) par un enseignement de base de 9 ans (école de
base) analogue à celui de nombreux pays du Moyen-Orient; par conséquent, tous
les enfants recevraient obligatoirement un enseignement de neuf ans, alors qu'à
l'heure actuelle environ la moitié d'entre eux quittent l'école après six ans
d'études.
L'école de base comprendrait trois cycles; le
nombre d'heures de cours serait porté à 25 heures par
semaine pour le premier cycle et à 30
heures par semaine pour les deux autres. Le nombre d'élèves par classe serait limité
à 30
quelque soit le niveau de scolarité (il est de 34 en moyenne à l'heure
actuelle). Un système diversifié composé de deux grands types d'écoles a été proposé
pour l'enseignement secondaire: collèges d'enseignement général et scientifique,
et collèges techniques; les collèges d'enseignement général et scientifique
auraient un tronc commun initial d'un an d'études suivi d'un cours de trois
ans. Les collèges techniques auraient deux cycles de deux ans : le premier
cycle comprendrait un programme de formation professionnelle de fin d'études
sanctionné
par la remise d'un diplôme, mais ouvrirait l'option du passage en second cycle après
examen[2].
Ces collèges remplaceraient toutes les écoles secondaires.
Au niveau universitaire,
toutes les institutions seraient fusionnées en une seule université avec un
campus dans chacune des six régions. Le système universitaire aurait un
programme postsecondaire de fin d'études de deux ans adapté à la demande du
marche en techniciens supérieurs, qui offrirait l'option, ici encore sanctionnée
par un examen, d'accéder à la scolarité universitaire de quatre ans.
Toute l'infrastructure
existante de formation professionnelle serait reconvertie pour la brève
formation professionnelle des élèves sortants ou qui auraient abandonné l'école
de base. Quelque 45 à 50 % des diplômés de l'enseignement primaire accèderaient
au secondaire après avoir réussi un concours d'entrée. De même, l'admission à
l'université serait sanctionnée par un concours d'entrée (à l'heure actuelle le
baccalauréat est suffisant) et le nombre de succès serait ajusté suivant la
demande du marche.
8.24 Bien que ce système
soit attrayant, il sera difficile à mettre en place. En soi, la transformation
d'un programme de six ans en scolarité de neuf ans d'enseignement primaire
pourrait ne pas améliorer de manière, significative l'efficacité interne du système
primaire, comme le démontrent les résultats de telles réformes dans d'autres
pays. Ces résultats confirment que l'amélioration de l'efficacité interne est
essentiellement fonction de stratégies bien conçues et de mesures spécifiques.
La reforme prévoit que le développement des
programmes et de la pédagogie, conjugué au passage semi-automatique d'un niveau
à l'autre dans le système de l'école de base, ferait tomber de 3 ou 4 % en
moyenne le taux de redoublements et de 2 a 3 % en moyenne celui des abandons
par an .
Des comités techniques ont entamé l’étude des
programmes, de la pédagogie, des investissements à prévoir et de la formation
du corps enseignant. Au fur et à mesure de l'avancement des travaux, le Ministère
de l'Education pourrait concevoir et simuler les résultats d’alternatives permettant
d’organiser graduellement l’école de base et y incorporer les éléments
importants du contenu, des objectifs et des méthodes pédagogiques du programme
de neuf ans dès qu'ils seraient connus. L'un des buts de cet exercice serait de
déterminer la meilleure combinaison possible en matière de coûts des composantes
du programme, c'est-a-dire celle qui éviterait, entre autres, la surcharge des
programmes au détriment du processus d'érudition scolaire (acquisition
effective des connaissances et aptitudes de base). Des stratégies visant à
mettre un terme aux redoublements et à limiter les abandons pourraient alors être
testées et évaluées pendant la première phase d'installation de l'école de
base.
Les implications financières de l'extension de
l'enseignement de base de six ans seront à analyser avec le plus grand soin et à
comparer avec les avantages probables relevant du changement.
L'impact sur le corps
enseignant (nouvelles exigences quantitatives et qualitatives) devra être également
analysé afin d'éviter des goulots d'étranglement.
8.25
Les activités de planification et de développement des nouvelles structures et
nouveaux contenus des programmes d'enseignement secondaire et universitaire
devront être soigneusement coordonnées avec l'établissement de l’école de base qui ne peut d'ailleurs se faire que
progressivement. L'expérience acquise dans d'autres pays en matière
d'introduction de systèmes d'enseignement secondaire diversifiés devrait également
être prise en compte. Dans la mesure où elle constitue un abandon brutal des méthodes
et pratiques éducatives traditionnelles, la performance du système diversifié
est susceptible d'être contrecarrée par la lenteur des changements de
comportement et de rencontrer une certaine résistance. Elle requiert de très
grandes modifications dans la formation du corps enseignant et d’autres composantes
du système éducatif, des intrants physiques et autres couteux, et de nouvelles méthodes
pédagogiques. Comparé au système conventionnel, un système diversifié est
difficile à gérer et à administrer ».
Extraits choisis et commentés par Mongi
Akrout, inspecteur général de l’éducation
Tunis – septembre 2024
Pour accéder à la version ARABE, Cliquer ICI
Pour revenir à la 1er partie CLIQUER ICI et pour la 2ème partie CLIQUER ICI
[1]
Tunisie - revue du sixième plan de développement (1982-86) - volume
11: Les principaux secteurs économiques et sociaux - 20 décembre 1983 -
Le rapport a été préparé par les membres d'une mission économique qui a visite
la Tunisie de septembre à novembre 1981. https://documents1.worldbank.org/curated/en/797451468303573097/pdf/41370SR0v20FRE101Official0Use0Only1.pdf
. Consulté novembre 2024
[2] En raison de l’échec du programme de formation professionnelle sous la tutelle du ministère de l’éducation, ( par 8/20) cette proposition demande à être examinée soigneusement
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