Le blog pédagogique propose à ses lectrices et ses lecteurs des extraits d’un rapport réalisé par la Banque mondiale au mois de décembre 1983[2] sur le VIème plan de développement économique et social (1982-1986) et plus précisément le chapitre 8 consacré au secteur de l’éducation ; de l’enseignement et de la formation professionnelle. D’après le
rapport les travaux de la commission qui a préparé le plan sont partis des
insuffisances et des problèmes qui se sont manifestés depuis les années
soixante dix (faiblesse des performances du système, inadéquation entre la
formation et les besoins du marché de l’emploi…) et des nouveaux défis (répondre aux demandes croissantes de
la scolarisation, diversification des besoins de l’économie du pays…amélioration
des performances du système…). Le plan de développement du secteur éducatif a accordé une attention particulière à l’amélioration
de la qualité et des performances du système par le biais d’une meilleure formation des instituteurs, l'investissement
dans les infrastructures scolaires, et le renforcement de l'enseignement
technique et supérieur et de la formation professionnelle pour mieux répondre aux besoins du marché
du travail. |
Chapitre VIII - Le
Secteur de l'enseignement
Première partie :
Bilan du Vème plan
8.1 « Le VIème Plan
propose une augmentation de 20 % en termes réels des investissements dans le
domaine de l'enseignement par rapport aux dépenses effectives du Vème Plan,
augmentation visant principalement l'enseignement primaire et secondaire
(Tableau 8.1). Le présent rapport souscrit à cette proposition, compte tenu de
la croissance importante et continue de la population tunisienne d'âge scolaire
et de l'urgente nécessite de perfectionner l'enseignement; il attire cependant
l'attention sur le fait que, à plusieurs égards, le programme reste encore à définir;
en effet, des objectifs raisonnables ont été arrêtés mais une stratégie concrète
pour les atteindre fait quelquefois défaut.
Tableau8.1 : programme
d'investissement proposé (Millions de Dinars)
|
Vème
Plan Réalisations |
VIème Plan Propositions |
Enseignement primaire |
12,2 |
35 |
Enseignement
secondaire |
62,9 |
125 |
Enseignement supérieur |
108,8 |
80 |
Formation technique |
50,0 |
51 |
Divers |
4,5 |
- |
Total |
238,4 |
291 |
A. Tendances antérieures et Situation Actuelle
Commentaire 1- les
insuffisances du système dont certaines remontent à la fin des années
soixante. -
Faiblesse des
performances du système : des taux élevés d'abandons et de redoublements
surtout au niveau du primaire. -
Une rentabilité marginale de l'investissement
au niveau du primaire et du secondaire. -
L'incompatibilité
des programmes d'études avec les besoins de l'emploi |
8.2
Après avoir établi une infrastructure éducative adaptée à ses besoins
nationaux, la Tunisie entre maintenant dans une phase critique du développement
de son système d'enseignement et de formation. Depuis l'indépendance, les
progrès de la Tunisie en matière d'enseignement sont remarquables: en 1958, 23
% des enfants de 6 a 14 ans fréquentaient l'école; en 1981-82, le ratio de
scolarisation a dépasse 100 % pour l'enseignement
primaire et 25 % pour l'enseignement secondaire; les inscriptions à l'université
ont passé de moins de 800 à 32.800. Le taux de participation féminine a atteint
42% dans le primaire et 37% dans le secondaire. L'enseignement technique et la
formation professionnelle se sont développés et diversifiés rapidement.
8.3- Engendrée par
les revendications sociales et les obligations politiques, cette croissance numérique
a eu deux conséquences séreuses.
En premier lieu, les coûts
financiers ont rapidement augmenté, de sorte qu'en 1970 le budget de l'éducation
représentait 8,7 % du PIB et 27 % du budget de l'Etat; ces niveaux n'ont guère
changé depuis lors.
En second lieu, un taux élevé d'abandons et de
redoublements a caractérisé le système dès son origine, tout particulièrement
dans le primaire. Du fait que bon nombre d'élèves ayant abandonné l'école n'ont
pu trouver de travail et étaient, en tout état de cause, mal préparés à remplir
les emplois qui auraient pu être disponibles, la rentabilité marginale de
l'investissement a décliné à ces deux niveaux de scolarisation. Les raisons de
cette faible performance comprennent des pratiques rigides, des programmes démodés,
des fonds insuffisants pour relever le standard du matériel didactique, les entrées
tardives dans le primaire et les redoublements.
8.4
En raison de l'incompatibilité des programmes d'études avec les besoins de
l'emploi, bon nombre de diplômés ou d'élèves ayant interrompu leurs études ont,
au cours des années, rejoint le rang des chômeurs ou se sont trouvés contraints
d'accepter des emplois pour lesquels ils étalent surqualifiés. En réponse à ce problème,
des mesures compensatoires telles qu'une prorogation de deux ans de la scolarité
primaire (niveaux 7 et 8) ont été greffées sur le système de manière à donner à
ceux qui éventuellement quitteraient les rangs une sorte de formation préprofessionnelle.
Ces mesures tendaient aussi à réorienter les inscriptions au secondaire vers la
formation professionnelle et technique et à diriger les étudiants
universitaires vers la science et la technologie.
Mais ces efforts
"ad hoc" ont été caractérisés par une absence de priorité parmi des
objectifs contradictoires : faciliter la mobilité ascendante dans le système
pour assurer l'égalité sociale, garder les jeunes plus longtemps en classe pour
les sauvegarder du chômage, et perfectionner les qualifications des étudiants
en fonction de la demande de l'économie en main d'œuvre spécialisée dotée d'une
bonne formation.
Cependant, les mesures prises n'ont pas
produit tout l'impact envisagé et le gouvernement a décidé qu'une reforme complète
du système de l'enseignement et de la formation était nécessaire.
Commentaire 2-
Bilan du Ve plan de développement économique et social
|
8.5 Le Vème
Plan, en raison d'une augmentation plus importante que prévu du nombre
d'inscriptions dans les écoles et de l'insuffisance des mesures compensatoires destinées
aux enfants cessant leurs études à la fin du primaire, les redoublements et les
abandons ont dépassé les objectifs du plan en 1979-80, le taux d'achèvement des
études primaires était de 62,3 % contre un objectif de 82,5 %. Par ailleurs, bien
qu'elle se soit trouvée limitée par un manque de ressources, l'expansion des
cours pratiques s'est déroulée de manière satisfaisante. Quant à la progression
du taux de passage de l'enseignement primaire à l'enseignement secondaire, la
formation sur le tas des professeurs, jointe à une révision des programmes d'études
et des manuels d'enseignement, a conduit à un taux de succès de 39,4 % aux
examens d'entrée en secondaire (1979-80), soit 8 % au-dessus des objectifs.
Les efforts visant à améliorer
l'efficacité interne du secondaire ont connu des résultats mitigés : le
nombre d'abandons a considérablement augmente dans le premier cycle mais a
baissé dans le dernier cycle. Des améliorations négligeables ont été notées
dans les taux annuels de passage de la première à la seconde partie des études
secondaires mais les objectifs ayant trait à la structure des inscriptions ont été
réalisés. Au niveau universitaire, les inscriptions en science et technologie
pour l'année scolaire 1980-81 ont atteint 52 % du total.
8.6
La politique de formation s'est aussi concentrée sur les chômeurs adultes et
sur l'augmentation de la productivité et des opportunités d'avancement des
travailleurs dans leurs emplois. Des mesures ont été prises pour élargir la
gamme des spécialisations, améliorer la qualité et assurer une meilleure adéquation aux besoins de l'emploi.
Une attention particulière a été simultanément accordée aux besoins de l'emploi
au niveau régional, y compris l'extension de l'infrastructure de formation. On
a recherché tout particulièrement à former les travailleurs non-spécialistes
pour leur faire acquérir des qualifications répondant aux besoins régionaux et sectoriels
des employeurs. Enfin, les dispositions en vigueur permettant de considérer la première
année de formation sur le tas comme qualification à un emploi permanent ont été
étendues aux travailleurs agricoles pour faciliter le placement des diplômés
des centres de formation agricole dans le secteur privé. L'expérience du Vème
Plan a établi que la formation des apprentis nécessiterait des améliorations importantes,
celle-ci souffrant d'une grande pénurie d'instructeurs et d'une médiocre coordination des
travaux.
FIN DE LA 1ère partie, A suivre - pour revenir à la 1ère partie cliquer ICI
Extraits choisis et
commentés par Mongi Akrout, inspecteur général de l’éducation
Tunis – septembre 2024
Pour accéder à la
version ARABE, Cliquer ICI
[1] Un premier projet de rapport a été discute avec les autorités du Département du Plan (Ministère du Plan et des Finances). Les chiffres et objectifs définitifs du Plan, tels qu'approuvés par le Parlement à la mi-1982, ont été incorporés au texte à l'issue des discussions du dernier projet de rapport (janvier 1983).
[2]
Tunisie - revue du sixième plan de développement (1982-86) - volume
11: Les principaux secteurs économiques et sociaux - 20 décembre 1983 -
Le rapport a été préparé par les membres d'une mission économique qui a visite
la Tunisie de septembre à novembre 1981. https://documents1.worldbank.org/curated/en/797451468303573097/pdf/41370SR0v20FRE101Official0Use0Only1.pdf
. Consulté novembre 2024
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