dimanche 16 mars 2025

Extraits du rapport réalisé par la Banque mondiale sur le VIème plan de développement économique et social (1982-1986)[1]2ème partie

 


Hédi Bouhouch

Le blog pédagogique propose à ses lectrices et ses lecteurs des extraits  d’un rapport réalisé par la Banque mondiale au mois de décembre 1983[2] sur le VIème plan de développement économique et social (1982-1986) et plus précisément le chapitre 8 consacré au secteur de l’éducation ; de l’enseignement et de la formation professionnelle.  


D’après le rapport les travaux de la commission qui a préparé le plan sont partis des insuffisances et des problèmes qui se sont manifestés depuis les années soixante dix (faiblesse des performances du système, inadéquation entre la formation et les besoins du marché de l’emploi…) et des nouveaux défis            (répondre aux demandes croissantes de la scolarisation, diversification des besoins de l’économie du pays…amélioration des performances du système…).

Le plan  de développement du secteur éducatif a  accordé  une attention particulière à l’amélioration de la qualité et des performances du système par le biais d’une meilleure  formation des instituteurs, l'investissement dans les infrastructures scolaires, et le renforcement de l'enseignement technique et supérieur et de la formation professionnelle   pour mieux répondre aux besoins du marché du travail.

 

 

Chapitre VIII - Le Secteur de l'enseignement

Première partie : Bilan du Vème plan

 8.1 « Le VIème Plan propose une augmentation de 20 % en termes réels des investissements dans le domaine de l'enseignement par rapport aux dépenses effectives du Vème Plan, augmentation visant principalement l'enseignement primaire et secondaire (Tableau 8.1). Le présent rapport souscrit à cette proposition, compte tenu de la croissance importante et continue de la population tunisienne d'âge scolaire et de l'urgente nécessite de perfectionner l'enseignement; il attire cependant l'attention sur le fait que, à plusieurs égards, le programme reste encore à définir; en effet, des objectifs raisonnables ont été arrêtés mais une stratégie concrète pour les atteindre fait quelquefois défaut.    

Tableau8.1 : programme d'investissement proposé (Millions de Dinars)

 

Vème Plan Réalisations

VIème Plan

Propositions

Enseignement primaire

12,2

35

Enseignement secondaire

62,9

125

Enseignement supérieur

108,8

80

Formation technique

50,0

51

Divers

4,5

-

Total

238,4

291

 

A.   Tendances antérieures et Situation Actuelle

Commentaire 1- les insuffisances du système dont certaines remontent à la fin des années soixante.

-        Faiblesse des performances du système : des taux élevés d'abandons et de redoublements surtout au niveau du primaire.

-        Une  rentabilité marginale de l'investissement au niveau du primaire et du secondaire.

-        L'incompatibilité des programmes d'études avec les besoins de l'emploi

 

8.2 Après avoir établi une infrastructure éducative adaptée à ses besoins nationaux, la Tunisie entre maintenant dans une phase critique du développement de son système d'enseignement et de formation. Depuis l'indépendance, les progrès de la Tunisie en matière d'enseignement sont remarquables: en 1958, 23 % des enfants de 6 a 14 ans fréquentaient l'école; en 1981-82, le ratio de scolarisation a dépasse 100 %  pour l'enseignement primaire et 25 % pour l'enseignement secondaire; les inscriptions à l'université ont passé de moins de 800 à 32.800. Le taux de participation féminine a atteint 42% dans le primaire et 37% dans le secondaire. L'enseignement technique et la formation professionnelle se sont développés et diversifiés rapidement.

8.3- Engendrée par les revendications sociales et les obligations politiques, cette croissance numérique a eu deux conséquences séreuses.

En premier lieu, les coûts financiers ont rapidement augmenté, de sorte qu'en 1970 le budget de l'éducation représentait 8,7 % du PIB et 27 % du budget de l'Etat; ces niveaux n'ont guère changé depuis lors.

 En second lieu, un taux élevé d'abandons et de redoublements a caractérisé le système dès son origine, tout particulièrement dans le primaire. Du fait que bon nombre d'élèves ayant abandonné l'école n'ont pu trouver de travail et étaient, en tout état de cause, mal préparés à remplir les emplois qui auraient pu être disponibles, la rentabilité marginale de l'investissement a décliné à ces deux niveaux de scolarisation. Les raisons de cette faible performance comprennent des pratiques rigides, des programmes démodés, des fonds insuffisants pour relever le standard du matériel didactique, les entrées tardives dans le primaire et les redoublements.

8.4 En raison de l'incompatibilité des programmes d'études avec les besoins de l'emploi, bon nombre de diplômés ou d'élèves ayant interrompu leurs études ont, au cours des années, rejoint le rang des chômeurs ou se sont trouvés contraints d'accepter des emplois pour lesquels ils étalent surqualifiés. En réponse à ce problème, des mesures compensatoires telles qu'une prorogation de deux ans de la scolarité primaire (niveaux 7 et 8) ont été greffées sur le système de manière à donner à ceux qui éventuellement quitteraient les rangs une sorte de formation préprofessionnelle. Ces mesures tendaient aussi à réorienter les inscriptions au secondaire vers la formation professionnelle et technique et à diriger les étudiants universitaires vers la science et la technologie.

Mais ces efforts "ad hoc" ont été caractérisés par une absence de priorité parmi des objectifs contradictoires : faciliter la mobilité ascendante dans le système pour assurer l'égalité sociale, garder les jeunes plus longtemps en classe pour les sauvegarder du chômage, et perfectionner les qualifications des étudiants en fonction de la demande de l'économie en main d'œuvre spécialisée dotée d'une bonne formation.

 Cependant, les mesures prises n'ont pas produit tout l'impact envisagé et le gouvernement a décidé qu'une reforme complète du système de l'enseignement et de la formation était nécessaire.

 

Commentaire 2- Bilan du Ve plan de développement économique et social

  • Le taux d’achèvement de l’enseignement primaire en 1979-1980 était de 62,3 %, loin de l’objectif de 82,5 %.
  • La réussite au concours d’entrée en secondaire a atteint 39,4 %, dépassant l’objectif de 8 %.
  • Les inscriptions universitaires en sciences et technologies représentaient 52 % en 1980-1981.
  • La formation des chômeurs et ouvriers non qualifiés a été élargie, mais des lacunes persistent en termes de qualité et de coordination.

 

 8.5 Le Vème Plan, en raison d'une augmentation plus importante que prévu du nombre d'inscriptions dans les écoles et de l'insuffisance des mesures compensatoires destinées aux enfants cessant leurs études à la fin du primaire, les redoublements et les abandons ont dépassé les objectifs du plan en 1979-80, le taux d'achèvement des études primaires était de 62,3 % contre un objectif de 82,5 %. Par ailleurs, bien qu'elle se soit trouvée limitée par un manque de ressources, l'expansion des cours pratiques s'est déroulée de manière satisfaisante. Quant à la progression du taux de passage de l'enseignement primaire à l'enseignement secondaire, la formation sur le tas des professeurs, jointe à une révision des programmes d'études et des manuels d'enseignement, a conduit à un taux de succès de 39,4 % aux examens d'entrée en secondaire (1979-80), soit 8 % au-dessus des objectifs.

Les efforts visant à améliorer l'efficacité interne du secondaire ont connu des résultats mitigés : le nombre d'abandons a considérablement augmente dans le premier cycle mais a baissé dans le dernier cycle. Des améliorations négligeables ont été notées dans les taux annuels de passage de la première à la seconde partie des études secondaires mais les objectifs ayant trait à la structure des inscriptions ont été réalisés. Au niveau universitaire, les inscriptions en science et technologie pour l'année scolaire 1980-81 ont atteint 52 % du total.

 

8.6 La politique de formation s'est aussi concentrée sur les chômeurs adultes et sur l'augmentation de la productivité et des opportunités d'avancement des travailleurs dans leurs emplois. Des mesures ont été prises pour élargir la gamme des spécialisations, améliorer la qualité et assurer une  meilleure adéquation aux besoins de l'emploi. Une attention particulière a été simultanément accordée aux besoins de l'emploi au niveau régional, y compris l'extension de l'infrastructure de formation. On a recherché tout particulièrement à former les travailleurs non-spécialistes pour leur faire acquérir des qualifications répondant aux besoins régionaux et sectoriels des employeurs. Enfin, les dispositions en vigueur permettant de considérer la première année de formation sur le tas comme qualification à un emploi permanent ont été étendues aux travailleurs agricoles pour faciliter le placement des diplômés des centres de formation agricole dans le secteur privé. L'expérience du Vème Plan a établi que la formation des apprentis nécessiterait des améliorations importantes, celle-ci souffrant d'une grande pénurie d'instructeurs et d'une médiocre coordination des travaux.

FIN DE LA 1ère partie,  A suivre - pour revenir à la 1ère partie cliquer ICI

Extraits choisis et commentés par Mongi Akrout, inspecteur général de l’éducation

Tunis – septembre 2024

Pour accéder à la version ARABE, Cliquer ICI

 



[1] Un premier projet de rapport a été discute avec les autorités du Département du Plan (Ministère du Plan et des Finances). Les chiffres et objectifs définitifs du Plan, tels qu'approuvés par le Parlement à la mi-1982, ont été incorporés au texte à l'issue des discussions du dernier projet de rapport (janvier 1983).

[2] Tunisie - revue du sixième plan de développement (1982-86) -  volume  11: Les principaux secteurs économiques et sociaux - 20 décembre 1983 - Le rapport a été préparé par les membres d'une mission économique qui a visite la Tunisie de septembre à novembre 1981.  https://documents1.worldbank.org/curated/en/797451468303573097/pdf/41370SR0v20FRE101Official0Use0Only1.pdf  . Consulté novembre 2024

 

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