Introduction
Les premières années de l’indépendance étaient une
période de transition dans tous les
domaines ; le secteur de l’éducation est lui aussi passé par cette
transition marquée par la coexistence au moins de trois régimes scolaires différents : le régime zitounien,
le régime hérité de l’époque du protectorat et le nouveau régime en cours de
mise en place par le premier
gouvernement de la nouvelle Tunisie indépendante ; cet état de fait
explique l’existence, à cette époque, de plusieurs types de baccalauréats, l’un
était déjà très ancien, l’autre faisait encore ses premiers pas.
Nous allons présenter succinctement les baccalauréats
qui existaient depuis la période du protectorat pour se concentrer ensuite sur
le premier baccalauréat de la Tunisie indépendante.
I.
Les baccalauréats sous le protectorat
1.
Le baccalauréat organisé par la
Direction de l’instruction publique
Les sources s’accordent pour dire que le
premier baccalauréat en Tunisie remonte à l’année 1891[1] , c'est-à-dire 10 ans
après l’instauration du protectorat français sur la régence de Tunis[2] ; l’examen du
baccalauréat de cette époque était aligné sur le baccalauréat de la métropole
quant à son organisation, son programme, ses sujets et son déroulement.
Le nombre des premiers bacheliers tunisiens
ne dépassait pas la dizaine (6 exactement), et il est resté longtemps très limité ;
18 en 1912 et 140 en 1950. (Voir le
tableau suivant)
Tableau de l’évolution du nombre de candidats et des
admis au baccalauréat de 1912 à 1953
Présentés
|
admis
|
|||||
total
|
tunisiens
|
% tunisiens
|
total
|
tunisiens
|
% tunisiens
|
|
1912
|
149
|
40
|
26,85%
|
80
|
18
|
22,50%
|
1923
|
1027
|
452
|
44,01%
|
405
|
140
|
34,57%
|
1946
|
416
|
125
|
30,05%
|
302
|
83
|
27,48%
|
1950
|
1024
|
334
|
32,62%
|
360
|
110
|
30,56%
|
1951
|
1091
|
424
|
38,86%
|
544
|
277
|
50,92%
|
1952
|
1089
|
398
|
36,55%
|
457
|
154
|
33,70%
|
1953
|
1207
|
452
|
37,45%
|
405
|
140
|
34,57%
|
Sources ; statistique
générale de la Tunisie, année 1923. Annuaire statistique de la Tunisie
1940-46,1957-58 et 1956, Bulletin officielle de la direction de l’instruction
publique, n°13 octobre - novembre – décembre, 1953.
En 1950 , un arrêté[3] instituait
un baccalauréat franco-tunisien, en application du décret n" 48-1267 du 13
août 1948, relatif aux épreuves du baccalauréat dans les territoires de la
France d'Outre-mer et à l'étranger, qui stipulait que : «Les candidats à la première
partie du baccalauréat qui résident dans les territoires de la France d'Outre-mer
ou à l'étranger peuvent demander à subir à l'écrit une composition dans la langue
du pays où se passe l'examen ; depuis, la direction de l’instruction publique
organisait deux baccalauréats ; une
version normale et une deuxième franco arabe ( voir le tableau suivant)[4]
Baccalauréat
normal
|
Baccalauréat
franco- arabe
|
||
Moderne
|
écrit
|
Langue
vivante et sciences physiques
|
Composition
arabe et Version arabe ou sciences physiques
|
oral
|
Langue
vivante
|
Arabe
|
|
Classique
A
|
écrit
|
Langue
vivante ou mathématiques
|
Composition
arabe
|
oral
|
mathématiques
|
Arabe
ou mathématiques
|
|
Classique
B
|
écrit
|
Langue
vivante 1 Langue vivante 2 ; mathématiques
|
Composition
arabe
Arabe
dialectal ou mathématiques ou autre langue
|
oral
|
Langue
vivante 1, mathématiques ou Langue
vivante 2
|
Arabe,
Arabe dialectal ou mathématiques ou autre langue
|
|
Classique
C
|
écrit
|
Sciences
physiques et Langue vivante 1
|
Composition
arabe
|
oral
|
Langue
vivante
|
Arabe
|
2.
Le baccalauréat d’al Khaldounia
Al Khaldounia[5] avait mis en place un enseignement secondaire
moderne en 1945 ; au mois de Mai 1947, son conseil d’administration , sous
la présidence de Mohamed el Fadhel Ben Achour
a décidé de « créer un diplôme d’arabe libre , couronnant les
études secondaires faites en langue arabe ; ce diplôme est décerné par l’association
de la Khaldounia et porte le nom de
diplôme du baccalauréat d’arabe»[6] ( art I de l’arrêté du 17
Mai 1947), ce diplôme permet à ses titulaires d’accéder à l’enseignement
supérieur.
Le nouveau diplôme comporte deux parties :
-
Une première partie comportant des épreuves de littérature arabe (période
préislamique et les périodes omeyade et abbaside) ; des épreuves d’histoire
contemporaine du monde arabo- musulman, de géographie du monde arabo- musulman,
de langues française, de mathématiques, de physique se de chimie.
-
Une deuxième partie à dominante scientifique, centrée sur les mathématiques,
les sciences physiques, les sciences se la vie, en plus des langues, de la
philosophie et de l’histoire et de la géographie.
La première session eut lieu en 1947, six (6)
étudiants ont été déclarés admis à la première partie après avoir réussis les
épreuves écrites et orales ; en Juin 1948 a vu l’organisation de la 1)
session de la deuxième partie , quatre étudiants (4) ont décroché le premier
baccalauréat d’arabe décerné par l’association de la Khaldounia.
3.
Le diplôme Le tahçil al ‘ulum de la Zaytûna
En 1933, un décret beylical
institua un diplôme qui couronne les études secondaires de La Mosquée Zaytûna ;
il s’agit du
tahçil al ‘ulum[7] ;
en 1953, ce diplôme devient un examen en deux
parties qui clôt la section moderne
créée à La Zaytûna en 1951, devenant ainsi un "baccalauréat zaytûnien".
Ce diplôme, organisé
chaque année en deux sessions, comporte deux sections, la section « sciences »
et la section « philosophie » ; a continué à exister pendant les
premières années de l’indépendance ; 22 étudiants l’avaient décroché à la fin de l’année
scolaire 1957 -1958 (voir le tableau suivant)
Candidats et admis par sections et par
sessions
(Année
scolaire 1957 -1958)
Total
|
sciences
|
philosophie
|
séries
|
||||
%
|
admis
|
candidats
|
admis
|
candidats
|
admis
|
candidats
|
session
|
%57,59
|
15
|
26
|
9
|
14
|
6
|
12
|
juin
|
63,63%
|
7
|
11
|
3
|
6
|
4
|
5
|
octobre
|
84,61 %
|
22
|
26
|
12
|
14
|
10
|
12
|
total
|
Source : Annuaire statistique de la
Tunisie 1956 -1957
II.
Le baccalauréat tunisien de 1957
En
1957 , deux ans après l'indépendance, un diplôme tunisien appelé " baccalauréat de l'enseignement secondaire " fut créé, par un décret[8] du premier ministre ; à la même date, parut
l’arrêté ministériel[9] qui précise l’organisation du nouvel examen . Le ministre de l'Éducation de l'époque fut,
feu Lamine Chebbi.
La
première session a eu lieu à la fin de l'année scolaire 1956-1957. Quelles étaient
les caractéristiques de ce premier baccalauréat tunisien après l'indépendance ?
Combien de candidats s’étaient- ils présentés à cet examen ? Quelles étaient
les différentes sections ? Quelles étaient les matières de l'examen ?
Le nouveau baccalauréat a gardé la même organisation
de l'examen du baccalauréat, de l'ère du protectorat ; c’est ainsi que
nous retrouvons les mêmes caractéristiques, le nouveau baccalauréat est comme son prédécesseur :
1.
constitué de deux parties : l'examen du baccalauréat s’étale sur
deux années scolaires consécutives :
a)
la première partie a lieu à la fin de la classe de Première (équivalent
de la classe de troisième année secondaire actuelle) des lycées et des collèges
et classes correspondantes de l’enseignement technique. "
b)
La deuxième partie a lieu à
la fin des classes terminales de
« philosophie ,de sciences naturelles et de mathématiques et classes correspondantes de l'enseignement technique[10] » ; nul ne passer la
deuxième partie sans avoir réussi la première partie .
2.
Il est organisé en deux sessions :
La première partie ainsi que la deuxième
partie du baccalauréat avaient chacune deux
sessions : la première session à la fin de l'année scolaire ou session de Juin , la deuxième session se tient au début de l'année scolaire qui suit ( session d’ Octobre ) ; celle-ci représente une nouvelle occasion pour ceux qui n'ont pas réussi la première session .
3.
Il comprend des épreuves écrites et orales :
Seuls
les candidats qui réussissent les épreuves écrites sont autorisés à passer les
épreuves orales qui se déroulaient à cette époque dans un seul centre
4.
Sections et épreuves du baccalauréat
Le
baccalauréat 1957 est arrivé avant la
réforme de l'enseignement tunisien , dans une période de transition qui préparait la tunisification du baccalauréat et sa séparation du baccalauréat français ; ceci a impliqué la coexistence, pendant
quelques années, de deux systèmes à la
fois : un régime de transition et le régime
permanent , afin de permettre aux élèves
qui ont suivi l’enseignement de l’ancien régime de choisir entre le baccalauréat dans les séries transitoires aussi bien la
première partie que la deuxième.
a. La
1° partie comprenait trois séries [11](sections) normales et trois 3 séries (sections)
de transitoires à savoir : la section
scientifique et la section littéraire et la section technique A. Les candidats
passent les épreuves écrites et orales suivantes :
§ Les
épreuves écrites des sections normales
épreuves
|
Section lettre
|
Section scientifique
|
Section technique
|
|||
durée
|
Coef
|
durée
|
Coef
|
durée
|
Coef
|
|
Rédaction arabe
|
3
|
3
|
3
|
2.5
|
3
|
2
|
Rédaction française
|
3
|
2
|
3
|
1
|
||
1° Langue étrangère
|
3
|
1.5
|
||||
Mathématiques
|
3
|
1
|
3
|
2
|
3
|
2
|
Sciences physiques
|
3
|
2
|
3
|
2
|
||
Technique graphique
|
4
|
2
|
§
Les épreuves écrites ne dépassent pas quatre pour les
trois sections, ainsi l’examen durait deux journées
§
Tous les candidats passent l’épreuve de langue arabe ;
seul le coefficient diffère.
§
Les épreuves écrites de la section technique ont le
même coefficient, pour les sections lettre et scientifique l’écart entre les
coefficients est modéré.
§ Les
épreuves écrites des sections transitoires
épreuves
|
Section lettre
|
Section scientifique
|
Section technique
|
|||
durée
|
coef
|
durée
|
coef
|
durée
|
coef
|
|
Rédaction française
|
3
|
3
|
3
|
2.5
|
3
|
2
|
1°
langue étrangère
|
3
|
2
|
3
|
1
|
||
Mathématiques
|
3
|
2.5
|
3
|
2
|
3
|
2
|
2° langue étrangère
|
3
|
3
|
||||
Sciences physiques
|
3
|
2
|
3
|
2
|
||
Technique graphique
|
4
|
2
|
Le nombre des épreuves écrites ne dépasse pas
quatre dans toutes les sections et l'examen écrit durait deux journées.
Tous les candidats passent l’épreuve de français quel
que soit la section seul le coefficient change ; par contre l’épreuve
d’arabe est absente ; elle est remplacée par une deuxième langue étrangère :
(latin, grec, anglais, allemand, italien et espagnol). Le candidat peut choisir
la langue arabe comme première ou deuxième langue étrangère.
Comme pour les sections normales, toutes les épreuves
écrites de la section technique ont le même coefficient, pour les sections
lettre et scientifique l’écart entre les coefficients est modéré.
§
Les épreuves orales des sections transitoires et des sections
normales
Section techniques A
|
Section sciences
|
Section lettres
|
Les épreuves
|
1
|
1
|
2
|
Explication de texte arabe(1)
|
2
|
1
|
1 ,5
|
français
|
2
|
3
|
1
|
mathématiques
|
2
|
3
|
1,5
|
Sciences naturelles
|
1
|
1
|
1,5
|
1° langue
étrangère
|
1
|
1,5
|
2°langue
étrangère(2)
|
|
2
|
2
|
2
|
Histoire géographie
|
2
|
Technologie et dessin industriel
|
||
0.5
|
1
|
Civilisation islamique(1)
|
(1) l’épreuve d’explication de texte arabe est supprimée
dans les séries transitoires et remplacer par une 2° langue étrangère avec un coefficient
de 1,5 pour la section lettre et 1 la section science.celle de la civilisation islamique
est absente dans les séries transitoires.
b.
La deuxième partie du Baccalauréat comporte quatre séries normales et quatre autres de transition ,
portant lui-même les appellations , à
savoir: la série philosophie , la série sciences , la série mathématiques
élémentaires , la série technique A . Les candidats de ces séries passent les épreuves écrites et
orales suivantes.
§ Les
épreuves écrites des séries normales et des séries transitoires
Technique A
|
Mathématiques élémentaires
|
sciences
|
Philosophie
|
|||||
coef
|
durée
|
coef
|
durée
|
coef
|
durée
|
coef
|
durée
|
|
1
|
3
|
2
|
3
|
3
|
4
|
3
|
4
|
Philo Générale
|
1
|
3
|
Philo Islamique
|
||||||
3
|
4
|
3
|
4
|
Mathématiques
|
||||
3
|
3
|
2
|
2
|
1
|
1h30
|
Sciences physiques
|
||
2
|
3
|
2
|
2
|
1
|
1h30
|
Sciences naturelles
|
||
2
|
4
|
Technique graphique
|
Remarque :
pour les séries transitoires : la seule différence concerne
la série « philosophie » avec la Suppression de la philosophie
islamique et l’augmentation du coefficient de la philosophie générale de 3 à 4
tous les candidats passent 3 ou 4 épreuves écrites seulement,
et passent tous, quelle que soit la série, les épreuves de philosophie et des
sciences physiques.
§ Les
épreuves orales des séries normales et des séries transitoires
Philosophie
|
sciences
|
Mathématiques élémentaires
|
Technique A
|
|
Philosophie Générale
|
2
|
2
|
1
|
1
|
Philosophie Islamique
|
1
|
1
|
0.5
|
|
Histoire géographie
|
3
|
3
|
3
|
2
|
Cosmographie -
Mathématiques
|
0.5
|
2
|
3.5
|
3.5
|
Sciences physiques
|
0.5
|
2
|
2
|
2
|
Sciences naturelles
|
0.5
|
2
|
1
|
1
|
Texte philosophique
en français
|
1
|
|||
Technologie- travaux
manuels
|
3.5
|
|||
Langue étrangère
|
1
|
1
|
1
|
|
Civilisation
musulmane
|
0.5
|
Remarques :
- Pour les candidats des séries transitoires sont dispensés des épreuves de philosophie et de civilisation islamique .
- En revanche, ils sont appelés à subir une épreuve de langue étrangère (anglais, allemand, italien et espagnol) avec un coefficient 1,5 pour la série philosophie, et 1 pour les séries science et mathématiques,
- Le coefficient de l’épreuve orale de la philosophie générale passe de 2 à 3.
- Les candidats qui réussissent les épreuves écrites passent entre 7 et 8 épreuves orales durant toute la journée, les écarts entre les coefficients des épreuves sont très importants.
5.
La correction des copies et les
conditions d'admission et de rachat
En comparant les procédures prévues par l’arrêté de
1957 avec celles qui sont encore
appliquées aujourd’hui, nous constatons que, si certaines procédures sont semblables, la différence reste une caractéristique marquante, tant au
niveau de la correction qu’au niveau des conditions d’admission.
a)
La correction des copies
Les
copies sont confiées aux correcteurs en appliquant le principe de l’anonymat,
" Les noms sont révélés par le jury au cours des délibérations pour arrêter
la liste des candidats admis à l’écrit, et seulement après l’inscription des
notes accordées par les professeurs correcteurs sur les procès-verbaux ; «
cette opération se faisait manuellement et en présence de tous les membres du jury
d’examen.
"
La correction des copies n’était pas organisée
comme aujourd’hui dans des centres de corrections où sont regroupés les
professeurs correcteurs, le professeur correcteur ramène les copies pour les
corriger chez soi ; et doit les remettre à une date convenue pour préparer
les délibérations.
La
double correction était prévue par l’arrêté de 1957 pour un certains nombres d’épreuves ; il
s’agissait de la composition arabe et la composition française (pour
les séries de transitoires), pour la première partie du baccalauréat , et la dissertation de philosophie générale pour la deuxième partie du baccalauréat ) ; mais contrairement à
ce qui se pratique actuellement, la deuxième correction ne s’applique
qu’aux copies ayant obtenu une note égale ou inférieure à 6 de 20 ; la note
finale, qui sera comptée, est la moyenne des deux.
b)
Les conditions d'admission à l’écrit et
l'admission finale
Les
conditions de réussite étaient très différentes de celles appliquées par le
système actuel du baccalauréat, et cette différence réside dans ce qui suit :
- Il y avait, tout d’abord, une note éliminatoire:
en effet, le zéro dans une épreuve à l’écrit ou à l’oral était une note
éliminatoire , s’il est approuvé et
confirmé par le jury de l'examen , après une délibération spéciale , et après l’étude du livret scolaire du candidat concerné.
- Pour l’admissibilité aux épreuves écrites
, le candidat doit obtenir , au moins, la moyenne ( au
moins la moitié des points maximum pour l’ensemble des épreuves à l’écrit) ;
et pour l’admission finale , le candidat
doit obtenir au moins la moyenne dans les épreuves écrites et orales .
-Le candidat qui ne réussit pas les
épreuves orales à la session de juin garde ses notes obtenues à l’écrit pour la session
d’octobre ; ainsi il ne repassera
que les épreuves orales .
c)
Le rachat.
Le rachat était prévu à l'examen du baccalauréat en
1957 ; et il était laissé à l'appréciation du jury. L’arrêté
d’organisation de 1957 n’a pas prévu des conditions spécifiques et précises
pour accorder le rachat, comme c'est le cas actuellement, il s’est limité à
préciser que : « Si le candidat n’a pas obtenu la moyenne, il peut être déclaré
admis à l’écrit ou à l’oral après avoir examen de son livret scolaire, et par décision
spéciale du jury mentionnée procès verbal »[12].
6.
les fraudes et les diplômes
a) Les
fraudes :
l’arrêté d’organisation a consacré deux articles (23 et 24) aux fraudes et aux
tentatives de fraude à l’examen du baccalauréat. Ces articles ont accordé, dans
le cas de flagrant délit de fraude ou de tentatives de fraudes, au jury de
l’examen le pouvoir d’exclure le fraudeur et l’empêcher de poursuivre l’examen,
et de prononcer l’annulation de l’examen ; dans les autres cas constatés la
décision d’annuler l’examen revient au Ministre de l’Éducation.
Les articles
cités énumèrent les différentes sanctions prévues en cas de fraudes ou de
tentatives de fraudes, qui sont identiques à celles encore en cours ; nous
y reviendrons dans une prochaine note consacrée aux fraudes à l’examen.
b)
Le diplôme du baccalauréat
L’arrêté
de 1957 parle de «certificat d’aptitude», en évoquant le document officiel délivré
aux bacheliers. Il y avait un certificat spécifique à la première partie du baccalauréat,
et un autre à la seconde partie. Ce qui était assez particulier, c'est que tous
les diplômes étaient transmis au ministre pour être visés, lequel pouvait refuser
son visa pour les certificats en cas de vice de forme dans l'examen.
III. Statistiques
de la session 1957
Nous
n'avons pas trouvé de données statistiques complètes et précises pour l’année
scolaire 1956 -1957 ; Certains documents du Ministère de l'Education parlent
289 bacheliers pour cette année, sans plus de détails, d’autres sources avancent
d’autres chiffres[13].
L’annuaire
statistique de la Tunisie pour l’année 1956, publié en 1957, ne contient pas de
données statistiques relatives à l'année scolaire 1956/1957, mais des données relatives
à l'année scolaire 1957-1958 ; nous en avons extrait les données suivantes
qui concernent l'examen du baccalauréat.
1.
Baccalauréat organisé par le ministère de l’Education
tunisien
§ les
élèves inscrits dans l’enseignement secondaire public par niveau et par
nationalité
total
|
Autres nationalités
|
Tunisiens
|
Niveau scolaire
|
2244
|
29
|
2215
|
Classe de 6°
|
1887
|
75
|
1812
|
Classe de 5°
|
1329
|
132
|
1197
|
Classe de 4°
|
1089
|
109
|
980
|
Classe de 3°
|
1023
|
102
|
921
|
Classe de seconde
|
653
|
44
|
609
|
Classe de première
|
127
|
11
|
116
|
Terminale philo
|
106
|
103
|
3
|
Terminale mathématiques
|
94
|
10
|
84
|
Terminale sciences
|
§ Remarques
- l’ enseignement secondaire durait sept années، de la classe de sixième à la terminale.
-Les
élèves de première passent la première partie du baccalauréat.
§ Les
résultats de la première partie (élèves tunisiens uniquement)
total
|
Série sciences
|
Série lettres
|
session
|
||||
%
|
Admis
|
candidats
|
admis
|
Candidats
|
admis
|
candidats
|
|
30,36
|
222
|
731
|
186
|
601
|
36
|
130
|
juin
|
25,55
|
115
|
450
|
94
|
370
|
21
|
80
|
octobre
|
46,1
|
337
|
731
|
280
|
601
|
57
|
130
|
total
|
§
Les résultats de la deuxième partie (élèves tunisiens
uniquement)
total
|
Série sciences
|
Série lettres
|
session
|
||||
%
|
Admis
|
candidats
|
admis
|
Candidats
|
admis
|
candidats
|
|
32 ,04
|
124
|
387
|
73
|
223
|
51
|
164
|
juin
|
22 ,68
|
49
|
216
|
30
|
123
|
19
|
93
|
octobre
|
44,7
|
173
|
387
|
103
|
223
|
70
|
164
|
total
|
2.
Baccalauréat accordée par l'université et de la
mission de la culture française (année 1957)
§ Première
partie
session
|
Elèves Tunisiens
|
Ensembles des élèves
|
% (1)
|
||||
candidats
|
admis
|
%
|
candidats
|
admis
|
%
|
||
juin
|
1075
|
293
|
27,25%
|
1672
|
490
|
29,30%
|
59,79%
|
octobre
|
468
|
168
|
35,89%
|
627
|
238
|
37,97%
|
70,58%
|
total
|
1075
|
461
|
42,88%
|
1672
|
728
|
43,54%
|
63,32%
|
% (1) des tunisiens parmi les admis
Remarques :
- 227 tunisiennes s’étaient présentées à l’examen (21,11 % du
total des candidats tunisiens) ;122 d'entre elles ont été déclarées admises، soit un taux de
réussite de 53,74 % (39,97 % pour les garçons).
- le nombre de candidats tunisiens au
baccalauréat Français avait dépassé le nombre de candidats au baccalauréat
tunisien, bien qu'il existait des dispositions spéciales pour les élèves qui
ont suivi leurs études en français .
§ Deuxième
partie
candidats
|
Elèves Tunisiens
|
Ensembles des élèves
|
% (1)
|
||||
Session
|
candidats
|
admis
|
%
|
candidats
|
admis
|
%
|
|
juin
|
621
|
270
|
43,47 %
|
988
|
448
|
45,34%
|
60 ,26%
|
octobre
|
258
|
66
|
25 ,58%
|
375
|
115
|
30 ,66%
|
57,39%
|
total
|
621
|
336
|
54,1%
|
988
|
563
|
56,98%
|
62,68%
|
% (1) Part des tunisiens parmi les admis
- 131
tunisiennes avaient passé l'examen, soit 21,09 % du total des candidats tunisiens,
91 ont obtenu le baccalauréat soit un taux de réussite de 69,46 % (le taux de réussite
des garçons était de 39,45 %)
- le nombre de candidats tunisiens à la
deuxième partie du baccalauréat français avait dépassé le nombre de ceux qui
ont passer le baccalauréat tunisien،
bien qu'il existait des dispositions spéciales pour ceux qui ont suivi l'étude
en français.
Conclusion
La première session du baccalauréat tunisien fut le premier pas de la nationalisation de l’enseignement Tunisien ; elle a démarré timidement, les candidats ne dépassaient pas quelques centaines (623 candidats en 1956-1957 dont 443 tunisiens, 377 garçons et 66 filles).
Hédi
bouhouch & Mongi Akrout , Inspecteurs généraux de l’éducation
Tunis,
Mai 2014.
Prochain article : le baccalauréat tunisien en 2014.
[1] Le bac tunisien
fête son 120e anniversaire-
abdel-aziz-hali.blogspot.com/.../le-baccalaureat-tunisien-fete-son-120e.ht,
publié lé 24 juin 2O11 - Le baccalauréat souffle ses 119 bougies - www.turess.com/fr/lapresse/6694, Abdelaziz
Hali Publié dans La Presse
de Tunisie le 05 - 06 - 2010
[2] L.Machuel , 1°
directeur le l’enseignement public en Tunisie , écrit dans un rapport sur
l’enseignement public dans la régence de Tunis ,publié en 1889, que la
direction de l’instruction publique a
accordé depuis sa création en 1884 , 8 diplômes de baccalauréat ( 3 bac
es sciences et 5 es lettres ) .
[3] un arrêté[3] du 26 janvier
1950
[4] Ce
tableau est reproduit à partir, Sraïeb, Noureddine,
Mutations et réformes de structures de l'enseignement en Tunisie,
aan.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/AAN-1967-06_36.pdf
[5] L’association ou Al madressa al Khaldounia est
la première école tunisienne moderne innovante , fondée en 1896 par les jeunes
tunisiens dirigés par Béchir Sfar , son objectif était de développer la culture
scientifique des étudiants surtout les
zitouniens qui ne suivaient qu’une formation religieuse ; Al madressa al
Khaldounia assurait des cours de sciences , de géographie, de mathématiques ,
de droit et le langues étrangères, le financement de l’association est assurée
par des dons .
[6] L’arrêté a été
publié par le quotidien de langue arabe « Ez-Zahra » du 27 mai 1947,il
comprend 9 articles , le nouveau diplôme est du point de vue sa structure et
son organistio rappelle le baccalauréat français .
[8] Décret du Premier Ministre, président du conseil du 17
Ramadan 1376 / 17 avril 1957 instituant un nouvel examen dit «
Baccalauréat de l’enseignement secondaire »
[9] Arrêté du Ministre
de l’éducation nationale du 17 Ramadan 1376 / 17 avril 1957 relatif à
l’organisation du Baccalauréat de l’enseignement secondaire, JORT N° 32 –
Année 100 ; du 19 avril 1957 et modifié par l’arrêté publié au JORT N°41 du 21 mai
1957
[10] L’enseignement
secondaire durait 7 années à cette date, la réforme de 1958 le réduisit
provisoirement à 6 années
[11] Le décret du 17
Ramadan 1376 / 17 avril 1957parle de 4 séries mais l’arrêté a fait tomber la
série Technique B
[13] Le 31 mai 1957 eut lieu la première session du baccalauréat tunisien,
1900 candidats ont pris part à l’examen,
la majorité sont des élèves des lycées de Tunis et de sa banlieue ;
600 ont été déclarés admis, soit un taux de réussite de 31.57%. fr.wikipedia.org/wiki/Baccalauréat_en_Tunisie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire