lundi 19 décembre 2016

Mohamed Mzali évalue les programmes scolaires de la réforme de 1958[1] et appelle à la tunisification des programmes scolaires


Avant propos
A l’occasion de la semaine de l’arabisation tenue en 1971, Mohamed Mzali avait donné une conférence, le 23 février 1971, à la tribune de l’Union Générale des Etudiants (UGET), dans laquelle il présenta sa vision pour la tunisification (Attawnassa) et l’arabisation, et son avis sur les programmes scolaires en vigueur, depuis l’indépendance.

Il serait, peut-être utile, de préciser que Mohamed Mzali s’est   adressé aux étudiants alors qu’il était ministre de l’éducation nationale pour la seconde fois ;[2]  nous avons choisi un extrait de la conférence intitulée «  à propos de la tunisianité[3]  et de l’arabisation » ; Mzali a commencé sa conférence par définir les grandes lignes des  fondements de la nation tunisienne ; puis il a analysé les facteurs qui ont éloigné la majorité de la  jeunesse  tunisienne  des finalités que nous lui voulons; or, parmi ces facteurs, on peut citer les transformations sociétales et la politique éducative et les programmes adoptés depuis l’indépendance. Le conférencier a choisi de centrer son intervention sur ce dernier facteur.
 «  Nous le redisons encore, afin que nos intentions soient claires, la tunisianité ne veut pas dire se détacher  de  la nation arabe, et elle ne s’oppose guère l’amour qu’on lui porte ni au dévouement à notre patrimoine. Il ne s’agit pas  aussi, pour nous , de contourner la question de l’arabisation, car la tunisianité est un esprit et une fidélité à soi-même ; c’est une œuvre pour former une jeunesse tunisienne qui croit aux fondamentaux de sa nation qui sont : la religion, la civilisation musulmane, la langue arabe et l’histoire nationale…  
La tunisianité ne signifie pas se renfermer sur soi, ni s’éloigner du monde civilisé ; l’arabisation n’exclut pas l’allégeance à la civilisation universelle et la fidélité à la culture de l’humanité ; nos jeunes peuvent être autant tunisiens qu’humanistes  ; l’ouverture unilatérale n’a pas de sens ; elle n’a pas été fondée sur le principe d’échange équitable. 
Je dis encore, une fois, l’arabisation ne veut pas dire qu’on  supprime les langues étrangères ; ce n’est pas une action réactionnaire, et tous ceux qui appellent à l’arabisation ne sont pas des fanatiques. d’autre part, nous n’appelons pas à sa généralisation immédiate; nous ne sommes ni des aventuriers ni des gens simples. »
M.Mzali, Mawakef, 1973, pp 38, 39.  



« … Puis, il faudrait mettre les programmes scolaires dans la balance, car ce sont les programmes (essentiellement) qui forment les jeunes et qui leur inculquent les grandes valeurs et les préparent à la vie. Ainsi, si on regarde minutieusement, et avec un œil critique les programmes d’histoire et de géographie dans nos écoles, nous allons constater qu’ils sont excessivement ouverts, souffrant «  d’objectivité » ; dans ces programmes rien n’aide l’élève à avoir une connaissance complète et exhaustive  de sa patrie  et de son histoire, qu’elle soit ancienne ou moderne ;  on s’aperçoit de ces lacunes en comparant nos programmes avec les programmes de la plupart des pays, qu’ils soient capitalistes ou communistes, occidentaux ou orientaux…

Dans tous les pays du monde, l’histoire de la nation constitue le cadre et la référence pour connaitre l’histoire de l’autre ; ( p 30) et pour comprendre la nature des rapports qui s’étaient tissés avec lui, et qui avaient influencé le cours des évènements ; mais dans les programmes de nos écoles secondaires, notre histoire est enseignée d’une manière  trop succincte ; le résultat c’est qu’elle se présente d’une façon fragmentée, sans continuité entre les périodes ; rien ne spécifie l’étude de l’histoire de la Tunisie, par rapport à l’étude de l’histoire d’une quelconque  autre nation, et généralement l’histoire nationale se trouve placée à la fin du manuel, et généralement les professeurs ne trouvent  pas le temps suffisant pour l’aborder correctement,  et les élèves n’auront  ni l’envie de l’étudier, ni le temps de s’y imprégner pour en être fier.  
Et malgré le souci des responsables de s’occuper de l’histoire nationale, et surtout l’intérêt que lui accorde le Président de la République lui-même, depuis l’aube de l’indépendance jusqu’à nos jours, un grand nombre de nos universitaires et mêmes les professeurs de l’enseignement secondaire continuent à reprendre la rengaine de « la pseudo ouverture », et continuent à émettre des doutes quant à l’importance de l’histoire nationale et à l’utilité de s’étendre sur son contenu. Certains, parmi ceux-ci, m’ont assuré personnellement que l’intérêt réside dans l’étude de l’histoire du monde et les grandes puissances ; cette mentalité est passée dans les rangs d’un grand nombre d’élèves ;  c’est ce qu’a révélé une étude réalisée par des professeurs étrangers sous la direction de l’institut des sciences de l’éducation en 1968 ;  à la question,  préfères-tu la leçon d’histoire nationale ou celle de l’histoire internationale, la majorité des élèves ont répondu qu’ils n’espèrent aucune utilité dans l’histoire de leur pays. Et quand j’ai insisté une fois, auprès d’un professeur, sur la nécessité d’enseigner l’histoire nationale plusieurs fois au cours de la scolarité, au moins pour les normaliens, il a essayé d’avancer la rareté des ouvrages de références ; puis, il m’a dit  franchement que si  j’exécute vos recommandations, les élèves vont s’ennuyer et se révolter contre votre programme ;  cet enseignant était franc, et il était  malheureusement dans le vrai,  car le mal est plus grave que ne le croient certains… Mais, ne suis-je pas un fanatique aux yeux de ceux qui continuent à enseigner l’histoire qu’ils avaient étudiée dans les facultés étrangères, et en utilisant uniquement des références étrangères…) 
Quand nous appelons à la tunisification de l’histoire, cela ne signifie ni sa falsification ni sa magnificence ; mais nous appelons à en faire une étude exhaustive, et la libérer des erreurs et des déformations introduites par les ennemis de la nation arabo-musulmane (…)

Commentaire
Pour convaincre son auditoire, le professeur Mzali a choisi les programmes d’histoire et de géographie dans l’enseignement secondaire, parce que ces deux disciplines traduisent, selon lui, les finalités assignées aux programmes scolaires en général, telles qu’elles sont définies par le conférencier dans le première partie de l’extrait : « former la jeunesse, lui inculquer les valeurs, la préparer à la vie… ». Mzali appelle à une refonte totale des programmes d’histoire et de ses méthodes d’enseignement, afin qu’ils couvrent toutes les périodes de l’histoire de la Tunisie, et qu’ils se réfèrent à des sources  et des ouvrages nationaux, des programmes qui seront « libérés » des préjugés, des déformations et des tromperies introduits par des historiens injustes qui ne voulaient pas du bien à notre pays, selon le conférencier.
Pour appuyer son raisonnement, Mzali a eu recours à des comparaisons avec les programmes scolaires d’autres pays, dans le but de montrer les défauts de nos programmes (brièveté, fragmentation, et placé à la fin du cursus de chaque année) ; il a dénoncé aussi l’attitude des enseignants qui se sont détournés de l’histoire nationale et l’attitude des élèves qui pensent qu’il n’y avait aucun intérêt à étudier l’histoire de leur pays.
Le discours de Mzali est l’exemple type de l’utilisation de données objectives à des fins politiques, pour convaincre les autres de ses points de vue et de ses orientations politiques.   


Je vais choquer certains gens, quand j’appelle à la tunisification des programmes  de la langue arabe ; c’est qu’en feuilletant les manuels des textes  de littérature de la 1ère à la classe de 6ème secondaire, on trouve à peine 10% de textes tunisiens ; ce qui ne manquerait  pas d’engendrer de graves complexes, croyant que ce pays est stérile sur le plan culturel, et qu’il n’a enfanté ni des poètes, ni des romanciers ni des penseurs ; c’est à dire qu’il n’a pas de civilisation ; c’est ce que voulait le régime colonial qui a essayé de nous élever, en occultant notre passé, et en nous faisant douter de notre présent et de notre avenir ; c’est comme cela que notre jeunesse allait vivre sur autrui, en simple consommateur pour toujours, courant derrière ce que l’orient et l’occident lui présentent. Le pire de tout cela, c’est que cette jeunesse n’aura aucune ambition pour la création littéraire et l’aventure intellectuelle ; mais si nous feuilletons les manuels semblables, partout dans le monde, y compris dans les pays arabes frères, nous trouvons que la majorité des textes qui s’y trouvent sont le produit de leurs enfants, et cela n’empêche l’ouverture sur l’autre, mais à un certain degré. J’ai demandé - depuis une année - aux professeurs d’arabe à ce que 50% des textes qu’ils choisissent doivent provenir d’ouvrages tunisiens (nouveaux et anciens) ; le reste sera choisi parmi les autres grandes œuvres arabes (…)

commentaire
Après l’histoire, Mzali s’attaque aux programmes de la langue arabe[4], en tant que véhicule de la civilisation arabo-musulmane et  porteuse d’un système de valeurs qui regroupe les tunisiens ; mais Mzali n’a pas abordé les programmes comme se fut le cas de l’histoire ; il a préféré s’intéresser à la « nationalité » des auteurs des textes qui étaient présents dans les manuels, pour constater que seuls 10%  étaient  le produit des auteurs tunisiens, contrairement  aux manuels des pays frères.
Mzali recourt encore une fois au parallélisme, pour conclure que cette situation serait à l’origine de la naissance de complexes chez nos jeunes et d’une défiguration de la civilisation ane défiguration de la civilisation rabo-musulmane et enfin    es.vierabo-musulmane, et enfin  du tort qui touche la production littéraire et intellectuelle de la nation tunisienne ; puis, Mzali annonce sa décision pour remédier à cette anomalie en appelant à ce que les textes des auteurs tunisiens  soient dans une proportion de 50% .
Si cette décision avait été applaudie par de nombreux écrivains et poètes tunisiens qui espéraient  qu’on choisisse  leurs textes pour les manuels, et qu’on programme leurs œuvres dans la liste des ouvrages  des bibliothèques scolaires, il y eut même des conférences et des séminaires pour honorer cette mesure et pour étudier les possibilités de la mettre en application pour les manuels scolaires, dès l’année 1971[5], la même décision fut décriée par une large frange d’enseignants et d’auteurs de manuels[6] ; la question fut l’objet d’un long débat qui ne fut tranché qu’au début des années 90, par la commission sectorielle d’arabe.


Quant aux programmes de philosophie dans nos écoles, alors là on peut en disserter sans gêne !  Leur contenu est presque identique  à ce qu’on enseigne en France, et chaque professeur «  philosophie » selon l’école idéologique ou la partie idéologique auxquelles il appartient, tout en sachant que la plupart de ces enseignants étaient des étrangers ; or, je n’ai jamais appris qu’il y avait eu, un jour, un accord sur une « échelle de valeur » claire, et qu’on ait demandé aux auteurs de manuels de philosophie ou aux personnes chargées de choisir les textes philosophiques de s’en tenir et de respecter ; et puis on entend - après  des années  d’indépendance,- s’élever des voix indignées de constater que nous formons une jeunesse déracinée,  étrangère  à son peuple,  comme si elle vivait à l’étranger.
commentaire
Le professeur Mzali a choisi la philosophie comme troisième exemple pour illustrer son discours ;  les reproches qu’il formula vis-à-vis de l’enseignement et du programme de philosophie sont nombreuses : des questions analogues  au programme français, des enseignants qui  fonctionnent chacun selon ses convictions idéologiques ou spirituelles, des textes choisis sans critères déclarés ; le résultat de tout cela : des élèves déracinés; on se demande pourquoi le conférencier s’est-il limité à faire le diagnostic sans proposer sa conception pour un enseignement de la philosophie dans nos écoles ? n’est _ce pas lui-même qui a appelé, quelques années plus tard, à son arabisation, et engager un dialogue avec les universitaires, à l’instar du professeur abdelwaheb Bouhdiba, et encourager à l’élaboration d’un manuel de référence et une sélection de textes arabisés et d’autres textes arabes ?
en réalité, la philosophie (programme et enseignants) faisait à cette époque l’objet d’une lutte entre la gauche progressiste et la droite ; le pouvoir avait saisi l’occasion d’un sujet du baccalauréat à propos de l’Etat et la production d’un candidat pour décider l’arabisation de l’enseignement de la philosophie, dès la rentrée de 1975.


La situation des dizaines de milliers d’instituteurs est semblable à ce que nous venons de décrire ; ces milliers d’institutrices et d’instituteurs formés, ces dernières années dans nos écoles normales, pour assurer l’éducation de nos enfants. Alors que la place de la langue arabe dans ces écoles, à l’époque du protectorat, était presque équivalente à la place de la langue française, nous constatons aujourd’hui - pour des raisons qui dépassent notre entendement- une augmentation de la place du français : l’histoire est désormais enseignée en français depuis 1968, ainsi que les sciences naturelles, alors que la morale , la psychologie et quelques chapitres des sciences de l’éducation et de la psychologie de l’enfant étaient enseignés, obligatoirement, en langue arabe pour tous les normaliens, qu’ils étaient bilingues ou unilingues, depuis l’époque du protectorat ; toutes ces disciplines sont assurées progressivement en français, même le stage appliqué qui était bilingue est devenu unilingue  de français depuis 1965,  à tel point que des centaines d’instituteurs et d’institutrices bilingues trouvent aujourd’hui des difficultés pour enseigner en arabe, et demandent de les en dispenser .
commentaire
Le paragraphe ci-dessus relatif à la formation des instituteurs et des institutrices renferme quelques imprécisions, car, contrairement aux affirmations du conférencier, l’enseignement de l’histoire et de la géographie n’était  pas arabisé, avant 1968 ;  et que si le stage des normaliens se faisait en français essentiellement et avec des références francophones ( Ouvrage de Charmion), une partie des activités de ce stage se faisait en arabe, sans parler des normaliens unilingues d’arabe qui continuaient à être formés, jusqu’au début des années soixante-dix.


Il est urgent de tirer les leçons  des résultats des 15 années de notre politique éducationnelle et culturelle, et scruter les études de valeur qui sont parues ces dernières années, relatives aux mentalités et à ses visions de l’existence et à ses comportements sociaux … Afin d’arriver à comprendre les  véritables raisons de la crise morale et de civilisation de notre jeunesse, cette jeunesse qui souffre de profondes blessures dans ses pensées spirituelles, nous devons conserver les  nombreux aspects positifs  qui sont là -Dieu merci -  et que notre système éducatif et culturel a pu réaliser, et nous devons combattre les aspects négatifs avec toute l’énergie , la clarté de vue et la longue haleine.
Or, cela ne serait possible que si nous accordons, à la formation civique, religieuse et spirituelle,  l’intérêt que nous accordons à la démocratisation de l’enseignement, à l’enseignement scientifique et technique  qui est  vital pour nous , … notre souci  du niveau général doit égaler notre souci pour l’éducation civique ; ( p 37) et rien de tout cela ne serait possible, tant qu’on n’a pas pris conscience de la gravité du danger qui menace notre jeunesse et notre nation, si la situation perdure, et tant qu’on ne s’était mis d’accord sur la nécessité de la tunisification immédiate et la nécessité de mettre un plan  d’arabisation qui soit précis, modéré , posé et par étape ; car l’arabisation est le pilier principal de la tunisification, laquelle n’exclut guère le maintien d’une autre langue vivante que la jeunesse doit maitriser ; elle sera un moyen de communication avec notre époque et de maitrise des sciences, des découvertes et de la technologie… »
commentaire
En partant de l’évaluation de quelques matières et du programme des écoles normales, Mzali reconnait les acquis du système éducatif tunisien, mais il appelle à tirer les leçons d’une politique éducative et culturelle en place, depuis l’accès du pays à l’indépendance, en 1955, et d’évaluer son impact sur la vision de la jeunesse de la vie et de la société, et sur sa personnalité blessée et en crise, sur les plans spirituel et moral.
Mzali pense que la guérison de tous ses maux réside dans une politique qui accorderait à « l’éducation civique, religieuse et spirituelle » autant d’importance que l’éducation scientifique et technique ».  
C’est un appel à l’équilibre,  c'est-à-dire à une éducation qui tient compte,  en même temps, du développement de la dimension nationale spirituelle et la dimension scientifique et technique,  chez les jeunes des écoles et des lycées[7] ; autrement dit,  Mzali pensait que le système éducatif né de l’indépendance avait failli dans les domaines civiques, religieux et spirituels, en donnant la priorité aux sciences et à la technique, et puis il pense que le rétablissement de l’équilibre souhaitable nécessite :
§  La tunisianité immédiate, selon la conception que Mzali a présenté ci-dessus,  dont les fondements sont «  la religion et la civilisation musulmane, la langue arabe, l’histoire nationale ,» pour former des jeunes qui croient à leur nation.
§  La mise en place d’un plan  d’arabisation à plusieurs étapes, modéré et  lui laisser le temps nécessaire
§  Le maintien d’une langue vivante que la jeunesse doit maitriser, et qui sera l’outil pour communiquer avec le monde moderne, et pour maitriser les sciences et les innovations technologiques.
Au sujet de l’arabisation, le professeur Mzali fait la distinction entre deux catégories de matières ; pour la première, « il est possible de mettre en place un plan pour l’arabisation progressive, surtout dans les écoles normales ; il s’agit de l’histoire, la géographie, les sciences naturelles, et la philosophie ». Pour la deuxième catégorie de discipline, « il faudrait être patient et préparer les conditions de succès de l’arabisation, en plus de la tunisification du cadre enseignant, et trouver les ouvrages de références nécessaires, et développer les échanges avec les pays frères. »[8]
Pour terminer, il faudrait préciser que le plan proposé par Mzali est conforme au plan présenté par les commissions permanentes de l’enseignement secondaire.[9]

Mohamed Mzali , Mawakef , STD , 1973.
Traduction , présentation et commentaire : Hédi Bouhouch et Mongi Akrout, Inspecteurs généraux de l’éducation,
Tunis , décembre 2016.





[1] Extraits d’une conférence  de M.Mzali le 23 février  1971 donnée dans le cadre de la semaine de l’arabisation organisée par l’union des étudiants  , publié par le journal Assabah  le 25 février 1971  et repris  par son auteur dans son livre Mawakef , STD , 1973.
[2] Mohamed Mzali a occupé le poste de ministre de l’éducation successivement trois fois : une première fois du 26 décembre 1969 au 12 juin 1970, la deuxième entre le 29 octobre 1971  et le 17 mars 1973 , la troisième du 31 MAI  1976 et le 25 avril 1980 .
[3]  « Notion construite dans la lutte pour l’indépendance, cette identité s’incarnait, depuis l’indépendance dans l’idée bourguibienne de tunisianité. Ce concept se caractérise par son ouverture aux influences successives qu’a connues la Tunisie et ce, depuis la préhistoire. Il s’incarne dans une langue, l’arabe, langue d’expression politique pour le Néo-Destour à l’époque de Bourguiba. Tant le poids de son héritage historique que son appartenance à plusieurs cercles géopolitiques – la Méditerranée, l’Afrique, le monde arabo-musulman – justifient son ouverture vers la modernité » Déborah Perez, « L’évolution des cultures politiques tunisiennes : l’identité tunisienne en débat », Le Carnet de l’IRMC, 7 janvier 2013. [En ligne]http://irmc.hypotheses.org/723


[4] Pour Mzali la langue arabe « n’est pas de simples mots et de sons, elle est la patrie intellectuelle, le cadre affectif, le fondement de la personnalité nationale et le facteur fort de l’authenticité nationale » Mawakef, p 26 - 1973.
[5] Au cours des années 70, les manuels scolaires  comportaient une sélection de textes tunisiens ; on peut citer la collection du nouveau manuel (al jadid)  dirigée par Abdelmajid Attia, ou encore le manuel d’Ahmed Khaled «  l’agréable dans la littérature » «  Al moumtaa fil Adab » qui a écrit dans son introduction ceci :   «  en respectant l’esprit du programme , on a placé en avant  la littérature tunisienne,  afin que  nos jeunes puissent prendre conscience de la valeur de cette littérature qui est restée ignorée malgré son originalité,  et prennent connaissance  de la contribution de notre pays  dans la construction de l’édifice de la littérature arabo-musulmane …p 7.
[6]  Certains auteurs nous ont rapportés qu’une personnalité très proche du Ministre Mzali et qui était un grand partisan de ses thèses, n’arrêter pas de prendre contact avec les auteurs des manuels pour leur demander d’incorporer ses propres textes dans leurs manuels.
[7] Cet équilibre fut l’objet d’une critique de la part des opposants aux orientations du ministre Mzali,  qui voient qu’il vient de détruire l’œuvre du ministre Messadi ;  la réforme de 1991 va appeler clairement à une politique qui garantirait une formation équilibrée, mais il s’agit d’un équilibre d’une autre nature ; il s’agit d’une formation qui « réalise  l’équilibre dans l’éducation … entre  les diverses matières d’enseignement de sorte que les intérêts portés  aux sciences , aux humanités , à la technique , à la dextérité manuelle ainsi qu’aux dimensions  cognitives , morales , affective set  pratiques  »   chap I , art 8.
[8] Mohamed Mzali .Mawakef, pp 38 et 39.
[9] Voir le rapport de synthèse : «  Les grandes lignes de la réforme des structures de l’enseignement secondaire et de son organisation » MEN , juin 1972 . p p 11-12

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