Le blog pédagogique propose cette semaine un extrait d’un rapport de l’UNICEF paru en 2014[1] , l’extrait que nous avons choisi met l’accent sur les défit que le système éducatif tunisien se doit de relever. 1- Améliorer le taux de scolarisation pour la tranche d’âge 12-18 ans : Depuis
plus de dix ans, la Tunisie peine à maintenir un taux de scolarisation
supérieur à 74-75 % pour cette tranche d’âge, malgré une couverture quasi universelle de
l’enseignement primaire (99 % des enfants de 6 à 11 ans). Les taux élevés de
redoublement (17,3 % au collège et 16,8 % au lycée) et d’abandon (9,3 % au
collège et 11,9 % au lycée) illustrent les difficultés du système éducatif,
notamment la transition entre le primaire et le secondaire. 2- Le faible taux de préscolarisation constitue un
autre défi, avec un quart des enfants non couverts et un tiers ne suivant pas
l’année préparatoire. Il est recommandé de rendre le préscolaire obligatoire
et gratuit, d’investir dans les infrastructures et la formation des
éducateurs, et de renforcer l’équité territoriale, notamment en milieu rural. 3- Le 3ème défi concerne la formation des enseignants qui doit être améliorée, avec une redéfinition
des compétences requises et une meilleure adéquation entre qualifications
académiques et pédagogiques. 4- Enfin, après avoir atteint les objectifs d’accès à
l’école pour tous, le système éducatif tunisien doit désormais relever les
défis de la qualité et de l’équité, en adoptant une approche par compétences
et en réformant les curriculums et les méthodes d’évaluation pour améliorer
les performances des élèves. |
La Tunisie n’a pas réussi, et cela
depuis plus de dix ans, à maintenir au Collège et au Lycée plus de 74-75% des
enfants de 12 à 18 ans. |
« La Tunisie actuelle, en
transition vers la démocratie, ne peut que parler le langage de l’objectivité
et de la transparence. Elle ne peut que reconnaître que si elle est arrivée à
scolariser à l’école Primaire 99% des enfants de 6 à 11 ans, elle n’a pas réussi,
et cela depuis plus de dix ans, à maintenir au Collège et au Lycée plus de
74-75% des enfants de 12 à 18 ans. Le ministère de l’Education a saisi
l’opportunité offerte par l’Initiative mondiale en faveur des enfants non
scolarisés (OOSCI), lancée par l’UNICEF et l’Institut de statistique de
l’UNESCO, de soutenir la réalisation d’une étude sur les enfants non scolarisés
afin d’approfondir l’analyse de ce phénomène, de mieux connaître les profils
des enfants non scolarisés grâce à une méthode novatrice, d’établir des liens
entre ces profils et les causes responsables de l’exclusion. Le but étant de
disposer d’éléments pertinents pour élaborer et mettre en œuvre des politiques
efficaces de lutte contre l’exclusion scolaire dans une perspective multisectorielle »
En 2013, le taux net de
scolarisation des enfants de 6 ans est de 99,4% ; celui des enfants de 6
à 11 ans est de 98,9% ; et celui des jeunes de 12 à 18 ans est aux
alentours des 74-75%. Les taux de redoublement sont
17,3% au Collège et 16,8% au Lycée contre 7,5% dans le Primaire. Les taux d’abandon sont 1% dans le Primaire
contre 9,3% au Collège et 11,9% au Lycée » |
« En 2013, le taux net de
scolarisation des enfants de 6 ans est de 99,4% (égalité filles/garçons) et
celui des enfants de 6 à 11 ans est de 98,9% : il s’agit d’une couverture quasi
universelle assurée depuis une dizaine d’années déjà. Par ailleurs, le ratio
d’élèves par enseignants ne cesse de diminuer pour atteindre aujourd’hui 17,2.
Au Collège et au Lycée, la situation est plus problématique puisque le taux de
scolarisation des jeunes de 12 à 18 ans stagne depuis 10 ans aux alentours des
74-75%. Le Collège et le Lycée accusent par ailleurs un taux de redoublement
qui, en 2011-2012, était de 10 points plus élevé que celui du Primaire (17,3%
au Collège et 16,8% au Lycée contre 7,5% dans le cycle Primaire). Le taux
d’abandon est aussi significativement supérieur : 1% dans le Primaire contre
9,3% au Collège et 11,9% au Lycée ».
Les taux d’abandon au primaire
sont passés en 2012 de 9% à 3%, mais cette diminution s’est faite au
détriment d’un système d’enseignement de qualité, les élèves n’ayant pas
acquis les compétences de base requises arrivent au Collège, ce qui explique
les taux de redoublement et d’abandon élevés. |
« En termes de maintien des élèves
dans le cycle Primaire, les données sont encourageantes puisqu’en 2012, le
nombre d’abandons est trois fois moindre que ceux enregistrés en 2000 (passant
de 9% à 3%). Mais cette diminution s’est faite au détriment d’un système d’enseignement
de qualité, les élèves n’ayant pas acquis les compétences de base requises
atteignant malgré tout la sixième année de l’enseignement de base. C’est
pourquoi, au Collège, on enregistre un nombre d’abandons qui, s’il a baissé en
12 ans, reste deux fois plus élevé qu’au Primaire, posant la question de la
délicate transition entre les deux cycles. »
« Les enfants de 12 à 14 ans sont
en dehors de l’école dans des proportions plus élevées qu’au Primaire : un peu
plus d’un enfant en âge d’aller au Collège sur dix… ne suit pas, en effet,
une scolarité dans le deuxième cycle de l’enseignement de base… l’abandon la
problématique majeure du Collège. De 12 ans à 18 ans, la probabilité d’être en
dehors du système scolaire augmente avec l’âge.
Constats et recommandations
Le
système éducatif tunisien reste confronté à une faible préscolarisation des
enfants, ce qui freine le développement de l’enfant et affecte l’efficacité
de l’enseignement primaire… Aujourd’hui encore, un enfant sur quatre ne
bénéficie toujours pas de couverture Préscolaire et un enfant sur trois ne
suit pas l’année Préparatoire avant d’entamer le cycle Primaire. Il
faut rendre « le Préscolaire obligatoire
et gratuit, dans le cadre d’une politique d’ensemble, c’est-à-dire une
politique qui ne se limite pas uniquement à l’année préparatoire, mais qui
intègre aussi la préscolarisation des enfants de 3 et 4 ans. » |
1- « il
faut investir massivement dans le préscolaire : dans les infrastructures,
l’unification et la standardisation des programmes et la formation des
éducateurs.
Le
système éducatif tunisien reste confronté à une faible préscolarisation des
enfants, ce qui freine le développement de l’enfant et affecte l’efficacité de
l’enseignement primaire.
Bien
que le taux de couverture ait augmenté depuis 2006, lorsque la moitié des
enfants ne recevait aucune forme de préscolarité avant 6 ans, aujourd’hui
encore, un enfant sur quatre ne bénéficie toujours pas de couverture
Préscolaire et un enfant sur trois ne suit pas l’année Préparatoire avant d’entamer
le cycle Primaire. La question de la couverture Préscolaire se pose avec plus
d’acuité en milieu rural.
Il
convient de contrer cette tendance en rendant le Préscolaire obligatoire et
gratuit, dans le cadre d’une politique d’ensemble, c’est-à-dire une politique
qui ne se limite pas uniquement à l’année préparatoire, mais qui intègre aussi
la préscolarisation des enfants de 3 et 4 ans. Ces années qui précèdent le
début de la scolarisation Primaire sont en effet cruciales pour le
développement de l’enfant : pour la formation de sa personnalité, pour la
contribution à ses succès scolaires ultérieurs mais aussi pour le dépistage
précoce d’insuffisances physiques ou mentales susceptibles de limiter ses
chances de réussite scolaire. »
« Dans
le cadre d’une stratégie nationale du Préscolaire, relancer la volonté de
généralisation de l’année préparatoire, sous l’impulsion du ministère de
l’Education et du ministère chargé de l’Enfance, et sous les conditions
suivantes :
§ penser
la généralisation dans le cadre d’une politique d’ensemble du Préscolaire –
c’est-à-dire une politique qui ne se limite pas à l’année Préparatoire mais
inclut aussi les enfants de 3 et 4 ans ;
§ penser quantité et qualité ensemble, car il
n’est pas concevable de généraliser l’enseignement Préscolaire s’il n’est pas
de qualité ;
§ et mettre davantage encore l’accent sur les
régions rurales.
§ S’appuyer
sur l’ensemble des acteurs opérant à un niveau local, en particulier les
collectivités locales.
2-
La qualité du
système éducatif tunisien (y compris la qualité de l’offre) reste un défi très
actuel. Cette qualité doit être améliorée à tous les niveaux, en commençant par
le niveau préscolaire, et en privilégiant notamment la transition entre le
primaire et le collège. »
«
Il est indispensable qu’une politique de formation des enseignants ambitieuse
soit élaborée, en distinguant bien les compétences attendues des enseignants
/ éducateurs dans chacun des niveaux. Les
critères de recrutement des enseignants doivent aussi être révisés. Le métier
d’enseignant ne s’improvise nullement et exige des compétences spécifiques
d’ordre pédagogique. |
Le premier défi à relever pour augmenter la
qualité de l’éducation est celui de la formation des enseignants. A ce jour, la
Tunisie ne possède pas de centre de formation pour l’ensemble des métiers de
l’éducation. Il est indispensable qu’une politique de formation des enseignants
ambitieuse soit élaborée, en distinguant bien les compétences attendues des
enseignants / éducateurs dans chacun des niveaux.
Les
critères de recrutement des enseignants doivent aussi être révisés. Le métier
d’enseignant ne s’improvise nullement et exige des compétences spécifiques
d’ordre pédagogique. La balance existant actuellement entre qualifications
(dans une optique de valorisation du métier d’enseignant, via l’exigence de
posséder une maîtrise) et compétences enseignantes (dans une optique d’exercice
du métier d’enseignant) est déséquilibrée et doit être repensée au profit du
deuxième pôle ».
« le système éducatif
tunisien est confronté à de nouveaux défis de qualité et d’équité après avoir
atteint les objectifs quantitatifs (l’accès à l’école pour tous). » |
« A peine cette nouvelle réforme 2002) ) est-elle
promulguée que le système éducatif tunisien est confronté à de nouveaux défis
de qualité et d’équité après avoir atteint les objectifs quantitatifs (l’accès
à l’école pour tous). En mettant en évidence les faibles performances des
élèves, les évaluations nationales et les comparaisons internationales mettent
au jour la faiblesse de l’efficacité du système éducatif de même que le grand
décalage qui existe entre la réforme d’une part et les réalités du terrain
d’autre part. C’est notamment suite à ce constat alarmant que la Tunisie, dans
un souci d’amélioration des acquis des élèves, adopte l’approche par
compétences. Redonner sens aux apprentissages, décloisonner les savoirs, rendre
l’élève plus actif dans la construction de ceux-ci, outiller les enseignants
afin qu’ils interviennent auprès des plus faibles… tels sont les objectifs
recherchés en vue d’augmenter l’efficacité du système éducatif tunisien et de
le rendre plus inclusif et équitable. A cette fin, les curriculums sont
refondés et le système d’évaluation ainsi que la formation des enseignants sont
réformés ».
UNICEF - Ministère de l’éducation tunisienne - TUNISIE
RAPPORT NATIONAL SUR LES ENFANTS NON SCOLARISÉS – octobre 2015
[1] UNICEF
- Ministère de l’éducation tunisienne -
TUNISIE RAPPORT NATIONAL SUR LES ENFANTS NON SCOLARISÉS – octobre
2014
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