Hédi Bouhouch |
L’examen de fin d’année d’éducation
physique ou le « Bac sport » démarre aujourd’hui lundi 16 avril et se terminera le 28 avril prochain , à cette occasion , nous avons pensé à reprendre
la note n°8 que nous avons publiée en avril 2014 consacrée à cette question et
actualisée en avril 2015
Au mois
de décembre 2014 le ministère de l’éducation avait publié un arrêté[1] qui a
modifié l’arrêté de 2008 qui fixait le régime du baccalauréat ;
parmi les modifications qui nous intéresse ici , c’est celle introduite par l’article 9 ( nouveau) et qui conditionne l’obtention d’une note en éducation physique
pour les élèves des établissements publics par la participation effective à l'examen de fin d’année plus connu sous l’appellation du « Bac
sport » «, si le
candidat est dispensé de passer l’épreuve , il sera considéré
comme dispensé de la matière au baccalauréat »
Cette nouvelle disposition, empêche tout candidat qui saute l’épreuve finale,
en cas de dispense, de profiter de sa moyenne annuelle en éducation physique,
qui se transformait avant cette modification en note finale.
Pourquoi cette nouvelle
disposition ?
Nous
pensons que cette modification s’inscrit dans la lutte contre certaines
pratiques malsaines qui avaient pris de l’ampleur , quand certains candidats ,
ayant déjà assuré une bonne moyenne annuelle, évitent de courir le risque de la
voir baisser en subissant l’épreuve de fin d’année, en recourant au dispense
soit à la fin du deuxième trimestre ( puisque avec deux trimestres seulement ,
on peut calculer la moyenne annuelle) ou même à la veille de l’examen même .car
la moyenne finale du baccalauréat est la moyenne arithmétique de la note
obtenue à l’examen de fin d’année et la moyenne annuelle d’éducation physique (
contrôle continu).
Avec
cette disposition, le candidat de l’enseignement public , est appelé a confirmé
ses performances au cours de l’année à l’examen de fin d’année et d’être plus
assidu au cours de l’année , les responsables de l’éducation espèrent
réduire par cette mesure les dispenses
de « complaisance » .
Tunis ,
avril 2015
Histoire de l’épreuve d’éducation
physique à l'examen du baccalauréat.
« Notre propos, dans
cette note, s’intéresse à ce rendez-vous annuel, qui est devenu, depuis
quelques années, un événement national attendu par les lycéens. On entame des
préparatifs pour le fêter, mais c’est un rendez- vous qui inquiète
l’administration des lycées et les autorités locales, régionales et centrales,
car les festivités des élèves sont souvent accompagnées de débordements.
Nous avons pensé utile
de consacrer à cet événement qui marque le commencement du baccalauréat, la
note de cette semaine, pour le présenter et en faire l’histoire.
Quelle est la place de l’épreuve
d’éducation physique au baccalauréat ? Quand est- ce qu’elle est apparue ?
Quelles sont les caractéristiques de cette épreuve ? Quelle évolution a-t-elle
connue ?
1)
Place de l'éducation physique(EEP) dans
le système éducatif tunisien.
Avant d’essayer de répondre à ces différentes
questions, nous allons parler de l’éducation sportive dans le système éducatif
tunisien en général.
La loi de 1958, qui est la 1° loi sur l’enseignement
en Tunisie après l’indépendance, avait ignoré la question, alors que la loi
d’orientation relative à l’éducation et à l’enseignement scolaire de 2002[2] a réservé
à l’éducation physique l’article 55 qui stipule que :«
L'éducation physique et sportive est partie intégrante de l'action éducative.
Elle contribue à faire acquérir aux apprenants les capacités de persévérance,
d'endurance, de maîtrise de soi ; elle développe en eux la volonté de vaincre ;
elle aide aussi à renforcer la confiance en soi et à assurer une formation
cohérente et équilibrée de la personnalité des jeunes. » Cet article
marque une nette évolution par rapport à la loi sur l’éducation de 1991[3] dont l’article 9 consacré à la question dit
qu’il faut « permettre aux élèves d’exercer les activités physiques et
sportives en tant que partie intégrante de la formation éducative ».
Malgré l'importance de l’éducation
physique dans le milieu scolaire au niveau des textes, sa pratique est restée
presque limitée au niveau des collèges et des lycées, pour diverses raisons
(absences de terrains de sport dans les écoles primaires ; manques
d’enseignants spécialisés).
2)
l’épreuve d'éducation physique (EEP) est
née en 1962 comme une épreuve
facultative.
Le premier baccalauréat tunisien , après
l'indépendance , qui a été organisé en 1957 , ne comportait pas une
épreuve d’éducation physique parmi les
épreuves proposées aux candidats pour le baccalauréat ; ce
n’était seulement qu’en 1962,
qu’on a inclus l’EEP ,après avoir modifié l’arrêté de
1957, dans les épreuves de la
première partie et la deuxième partie d'un baccalauréat , et pour toutes les séries ordinaires et transitoires
.
Mais, il était précisé que l’EEP serait,
temporairement, facultative et seuls les points au-dessus de la moyenne seront
pris en compte dans le calcul de la moyenne au baccalauréat. Ce choix était
peut être décidé pour stimuler les
candidats à participer à l’épreuve, car il n’avait rien à perdre mais tout à
gagner.
3)
La consistance de l’EEP en 1962
L’épreuve d’éducation physique se compose de cinq
parties :
a. Une épreuve de
gymnastique, qui consiste à la présentation d’exercices parmi une liste publiée
à l'avance. " Toutefois, cette épreuve n’entrera en vigueur qu’en 1963.
b. Une épreuve de grimper
libre.
c. Trois épreuves
d’athlétisme ", tirées au sort, sur la base d’une épreuve de chacune des
trois groupes suivants :
§ saut en hauteur ou
saut en longueur
§ course de vitesse ou
course de Résistance
§ lancement de poids ou. Lancement de javelots.
Les candidats peuvent choisir la nage libre à la place
d’une épreuve d’athlétisme sus indiquées.
4)
L’épreuve d’éducation physique devient obligatoire à partir de 1963[4]
Quatre ans après l'adoption de la réforme de
l'éducation de 1958, un nouvel arrêté d’organisation de l’examen du
baccalauréat remplace celui de 1957, décide l’obligation de l’EEP dans la
deuxième partie du baccalauréat, et l’exclut de la première partie. L’article 9
indique que : « l’examen du baccalauréat comprend une épreuve obligatoire
d'éducation physique ».
L’EEP aura lieu au cours de la première session de
chaque année ; les notes obtenues resteront valables pour la deuxième
session pour les candidats qui échouent à la première session, et qui seront
appelés à se présenter à la deuxième session.
Il s'agit d’une épreuve obligatoire pour tous les candidats de toutes
les sections, qu'ils soient des candidats appartenant aux
écoles publiques ou aux écoles privées
ou des candidats individuels ;
néanmoins l’arrêté a prévu la possibilité d'obtenir une dispense " qui sera accordé par le médecin scolaire ou un médecin de la santé publique nommé par l'administration
. " (Art 18)
La note de l’EPP entrera dans le calcul de la moyenne
générale de l’examen avec le coefficient (1), quelle que soit sa valeur.
5)
La consistance de
l’épreuve selon l’arrêté
de 1963
L’arrêté de 1963 a introduit quelques
modifications mineures sur la consistance de l’épreuve ; il a gardé toutes
les épreuves mises en place dès 1962 ne supprimant que l’épreuve de grimper
libre.
6)
L’arrêté de 1981[5]
instaure une nouvelle méthode de calcul
de la note de l’EPP.
Depuis la session de juin 1981 , la moyenne annuelle en éducation physique est désormais prise en compte dans le
calcul de la note de l'éducation physique au baccalauréat, à
égalité avec la note obtenue aux
épreuves de l’examen, pour les candidats des écoles publiques ; l’arrêté
note que « l’évaluation de
l’épreuve d'éducation physique se
fait dans le cadre du contrôle
continu, de sorte que la note finale qui
sera attribuée est la moyenne arithmétique des moyennes du premier semestre et du deuxième semestre[6] et le note obtenue au test de fin d'année ».
Quant aux candidats des écoles libres et les candidats
à titre individuel, la note sera la note obtenue dans des tests organisés en
fin d’année, dans un établissement d’enseignement public.
Une dispense des EEP peut être obtenue
dans les cas suivants :
§
Pour les élèves des écoles libres et les candidats à
titre individuel, au cas où ils n’avaient pas la possibilité de suivre, au
cours de l'année scolaire, les leçons d’éducation physiques.
§
Selon les mêmes modalités déjà en cours depuis 1981.
7)
L’arrêté de 1991 exempte les candidats individuellement de l’EEP.
Le nouvel arrêté[7] a reconduit les dispositions précédentes qui
concernaient l’EEP, avec quelques modifications, telles que :
§ Attribution de la
responsabilité de l’organisation du test de fin de l’année aux directions
régionales de l’enseignement.
§ Et l’exemption des
candidats à titre individuel de l’épreuve d’éducation physique.
8)
La décision d'annuler de l’EEP pour la dernière année : 2010
Au cours des dernières sessions, plusieurs
irrégularités ont été enregistrées au cours du déroulement du test de fin
d’année de l’éducation physique, comme par exemple :
·
L’arrêt des cours d’éducation physique dans les
collèges et les lycées dès la fin du mois d’avril, suite à la mobilisation des
enseignants pour assurer les épreuves de l'examen du bac sport ; il a été
décidé, dans la première étape de réduire le temps alloué pour le test d'un
mois à deux semaines.
· La multiplication des
irrégularités au cours de l'examen et les différentes tentatives de contourner
les règlements ; certains
candidats qui ont obtenu et assurer une
bonne moyenne annuelle en éducation
physique évitent le test de fin d’année, en recourant à des dispenses qu’ils
obtiennent aisément, et d’autres au contraire , qui étaient dispensés
au cours de l’année scolaire, participent au
test de fin d’année, espérant récolter quelques points qui peuvent être
utiles lors du calcul de la moyenne
finale du baccalauréat .
·
Enfin, le comportement des candidats avant, au cours
et après le déroulement des épreuves, et les différentes manifestations qu’ils
organisent dans les lycées et dans les rues avoisinantes, dont certaines
avaient mal tournées, provoquant de graves accidents tragiques[8].
Le 20 août 2010, le Conseil des Ministres a pris
la décision d'annuler l’épreuve de fin d’année d'éducation physique,
« afin de «préserver la sécurité des élèves et prévenir les comportements
d'incivisme au sein et en dehors des établissements éducatifs».[9] "
Le ministère a justifié cette décision -
comme l'a déclaré le ministre de l'Éducation, par trois raisons, à savoir :
§ La
première est le coût de l'examen du bac sport s’élevant à 3 millions de dinars.
Une somme qui pourrait être mieux exploitée dans l'acquisition de nouveaux
équipements et l'aménagement des terrains de sport dans les établissements
scolaires.
§ La
deuxième, est d’ordre pédagogique. L'expérience a prouvé que les moyennes de
cet examen sont toujours plus basses que celles attribuées au cours de l'année,
alors qu'elles doivent être supérieures et non inférieures.
§ La
troisième, est la prévention et de la sécurité, parce qu'au cours de cet
examen, des comportements inadmissibles ont été constatés à l'intérieur et à
l'extérieur des établissements éducatifs.
Cette décision, bien accueillie par un grand nombre de
parents et par les directions des établissements d'enseignement, fut très
critiquée et rejetée par d’autres parties comme les syndicats et par les
enseignants de l'éducation physique qui ont vu
dans cette décision une marginalisation de leur discipline.
Un arrêté[10] publié en avril 2011
officialise l’annulation de l’épreuve de fin d’année, et précise le nouveau
mode d’évaluation de l’éducation physique qui se limite désormais aux résultats
obtenus au cours de l’année par les élèves des établissements publics et des
écoles privées.
Quant aux autres mesures relatives aux dispenses,
elles sont reconduites sans changements.
10)
Le retour de l’EEP en 2012
La décision de la suspension du test de fin d’année
d’éducation physique fut appliquée au cours de la session 2011 ; mais le
test fut rétabli l’année suivante, par arrêté en décembre 2011[11] ; une note[12] conjointe du ministère de
l’éducation et du ministère de la Jeunesse et des Sports précisèrent les
modalités pratiques du test qui sont une reproduction des anciennes modalités.
On ignore comment furent traités les problèmes qui ont conduit à l'annulation
de ce test.
11)
La consistance des épreuves lors des
dernières sessions
En réalité, les épreuves ont très peu changées ;
on retrouve l’épreuve de gymnastique et les trois épreuves d’athlétisme :
-
Course de vitesse (60 mètres) et course de fond (1000
m pour les garçons et 600 m pour les filles)
-
Le saut en hauteur ou en longueur ou le triple saut.
-
Le lancement de poids.
Épilogue
Selon les données publiées à l'occasion
du démarrage des EEP, 131 543 élèves prendront part à cet examen sur 140 526
inscrits ; 8983 candidats sont exemptés ou dispensés, ce qui représente un
ratio de 6,3 %.
Hedi Bouhouch et Mongi Akrout,
Inspecteurs généraux de l'éducation
Tunis , avril 2014.
[1] Arrêté du
ministre de l’éducation du 5 décembre 2014 modifiant l’arrêté du 24 avril
2008 relatif au régime de l’examen du baccalauréat. Jort 102
du 19 décembre 2014
[4] Arrêté du secrétaire
d’état à l’éducation du 1 avril 1963 relatif à l’organisation du baccalauréat.
[5] Arrêté du ministre de
l’éducation du 16 avril relatif à l’examen du baccalauréat de l’enseignement
secondaire, Jort n°28 du 24 avril 1981
[6] Cet arrêté fut modifié
par l’arrêté du 13 septembre 1988 pour être conforme au régime trimestriel qui
a remplacé le régime semestriel.
[7] Arrêté du 24 Juin 1992
relatif à l’examen du baccalauréat, Jort n°41 du 26 juin 19
[8]Tunisie: 3 morts
déjà, deux jours après le début du Bac sport
Deux élèves sont morts dans un accident de la circulation
à El Menzah, a appris Tunisie
Numérique de
sources bien informées. L’un des élèves a été tué sur le coup et le deuxième
après son transfert à l’hôpital en état de coma. 3 autres élèves dans la même
voiture sont actuellement en état critique dans [...] Publié le 25
avril, 2012 à 13:25
[10]Arrêté du 20 avril 2011
modifiant l’arrêté du 24 avril 2008 relatif à l’organisation du baccalauréat.
[11] Arrêté du ministre de
l’éducation du 8 décembre 2011 modifiant l’arrêté du 24 avril 2008 relatif à
l’organisation du baccalauréat.
[12] Note n°39 du
ministère de l’éducation et du ministère de la Jeunesse et des Sports relative
au test de fin d’année d’éducation physique pour le baccalauréat, session de
Juin 2012.
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