dimanche 18 juin 2023

Le diplôme de fin d’études de l’enseignement de base général : bref historique et présentation de la session juin 2023

 



Les épreuves du diplôme de fin d’études de l’enseignement de base général et technique  démarrent aujourd'hui 19 juin 2023 et se poursuivent jusqu'au mercredi 21 juin selon  le calendrier ci-dessous.




A cette occasion, le blog pédagogique  présente à ses lecteurs un bref historique  e cet examen et les caractéristiques de la session 2023

Remarque : une partie de ce billet est une reprise d'un billet publié en 2016 . Le blog pédagogique – les examens nationaux : le diplôme de fin d'études de l'enseignement de base – 13 juin 2016. https://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/06/le-diplome-de-fin-detude-de.html(     

 

                              I.            Brève histoire  du DFEEB : un diplôme né avec la réforme de 1991

1)   A sa création c'était un diplôme qui sanctionnait l'enseignement de base et ouvrait la voie à l'enseignement secondaire

 

Le DFEEB est un examen relativement récent ; il fut institué par la réforme de 1991, (art 10), et la mise en place de l’enseignement de base.

Un décret publié en juin 1992[1] le définit en ces termes : « l’examen du diplôme de fin d’études de l’enseignement de base est un examen national organisé…à la fin de la neuvième année de l’enseignement de base. »  (art.1) ; « Il se déroule à la fin de chaque année scolaire, en une seule session »,( art .2.)

Cet examen avait deux fonctions:

§  La première est une fonction certificative, qui permet de donner à ceux qui réussissent l’examen un diplôme qui atteste le niveau scolaire de son détenteur.

§  La deuxième est une fonction d’orientation, puisque le passage   à la première année l’enseignement secondaire dépend de la réussite à cet examen et l’obtention du diplôme.

2)   En 1998 on lui ajoute une nouvelle fonction: la fonction de concours pour accéder aux lycées pilotes

A partir de l'année scolaire 1997/1998 , le DFEEB a remplacer le concours d'entrée aux lycées pilotes institué par le décret 1184 du 22 juin 1992 relatif à l'organisation des lycées secondaires.

3)   En 2002 le DFEEB devient un examen facultatif  sauf pour ceux ou celles qui veulent accéder aux lycées pilotes

Après quatre sessions (la première session a eu lieu en Juin 1998).  un amendement de la loi de 1991 enleva le caractère obligatoire    du DFEEB ,  le passage de l’enseignement de base à l’enseignement secondaire se fera en fonction des résultats du contrôle continu, ainsi l’examen perd la deuxième fonction  mais il garde les deux autres fonctions et il se transforma de fait en un concours d’entrée aux lycées pilotes[2].

Mais avec l'ouverture d'un lycée pilote ou plus[3]  dans chaque gouvernorat, le DFEEB  ressemble plus à un concours régional ,où les candidats d'un même  gouvernorat concourent pour une place dans le lycée de leur région à l'exception des élèves du grand Tunis qui ont la possibilité de concourir pour une place dans un ou plusieurs lycées  du grand Tunis ( 5 lycées).

Ce système engendre une certaine inégalité et une grande disparité entre les régions ; il y a quelques années la moyenne du dernier reçu varie d’une région à une autre, et d’un lycée à un autre ; dans certaines régions, les élèves sont admis avec une moyenne de 15 sur 20 et même moins, alors que dans d’autres régions des élèves ayant obtenu des moyennes supérieures à 16 n’ont pas réussi à rejoindre le lycée pilote qui leur est affecté alors que leurs parents étaient prêts à les inscrire dans un autre lycée même loin de leur lieu de résidence (certains l'avaient fait) .

Remarque : il faut peut être signalé que l’examen DFEEB offre pour les élèves qui n’ont pas obtenu une moyenne générale aux examens du contrôle continu, au cours de l’année, et qui sont condamnés à redoubler ou même à l’exclusion, une chance de passer à l’enseignement secondaire, en cas de réussite au diplôme ; ils sont quelques dizaines à gagner ce pari : 117 en 2003, et 256 en 2006

 

4)   Les épreuves et les coefficients

 L’examen comprend 5 épreuves : Trois épreuves de langues et deux épreuves scientifiques, avec un poids équivalent pour les deux groupes d’épreuves (voir tableau ci-dessous)

Epreuves

Durée

coefficient

Epreuve d' arabe*

2 H

2

Etude de texte français

2 H

1

Etude de texte anglais

1H

1

Mathématiques

2 H

2

SVT

2 H

2

 *  dès cette session 2023, la rédaction sera remplacée par une épreuve composée d'arabe

 

                           II.            Présentation de la session de 2023

1)   La circulaire 2019 précise les conditions d'admission au lycée pilote

Au cours de l'été 2018 , la question des lycées et des collèges pilotes avait occupé le devant de la scène médiatique suite aux mauvais résultats enregistrés et le faible nombre de candidats ayant obtenus une moyenne égale ou supérieure à 15 , condition nécessaire et non suffisante pour accéder à un lycée pilote, d'une part et  le refus du Ministère de descendre en de ça  de cette moyenne bien que 46.7% des places n'ont pas pu être pourvues ,  la décision du ministère fut contestée par   des associations ( voir annexes), les syndicats et les parents qui ont eu recours aux tribunaux , dont certains avaient ordonné l'annulation de la décision du ministère  ) tribunal de Gafsa), d'autres avaient rejeté la plainte, selon le Ministre H.Salem,  dans tous les cas le ministère n'a pas cédé et a maintenu sa décision.

Pour éviter  une éventuelle reproduction de l'affaire à l'occasion de cette session  ,le ministère a reformulé les conditions d'accès aux lycées pilotes pour l'année 2019/2020  à l'occasion de la publication de la circulaire annuelle  qui est rendue public le 25 mars 2019 , on y lit l'ajout suivant dans le deuxième paragraphe : "  Dans tous les cas les élèves  qui ne remplissent pas la condition de la moyenne  (égale ou supérieure à 15) ne seront pas admis  même si les places mises au concours n'étaient pourvues en totalité".

Le ministère avait par la suite comblé le vide juridique en publiant un décret gouvernemental le 29 juillet 2019[4]  qui fixe les conditions d'accès aux lycées pilotes qui stipulent qu'aucun élève ne pourrait être admis dans un lycée pilote si sa moyenne au DFEEB  est inférieure à 15 sur 20. Ce décret est entré en vigueur dès l'année scolaire 2018-2019.

Mais en 2021, le nouveau ministre de l'éducation a publié un nouveau décret[5] qui amende l'article 5  du décret du 29 juillet 2019, avec cet amendement il devient possible de descendre en dessous de 15 lorsque il reste des places à pourvoir à condition de ne pas descendre en dessous de 14 sur 20.Cet amendement est entré en vigueur dès l'année scolaire 2020-2021.

Les candidats de la session 2023 : 32548

§  Un effectif  qui tend vers la stabilisation ces dernières sessions

Depuis la décision de rendre le DFEEB facultatif en 2002, le nombre de candidats a chuté, désormais le part des élèves inscrits en 9ème année qui s'inscrivent à l'examen n'a pas dépassé le tiers  de l'ensemble , en 2023 ils représentent environ 26% ( 32548/127509).

Depuis 2011, le nombre d'inscrits à l'examen du DFEEB connait une certaine stabilité sans dépasser  le chiffre de 33000, il a même enregistré un net fléchissement en 2019 après la crise de 2018 citée plus haut, mais ce fléchissement n'a pas duré puisque les effectifs ont progressé en 2020 , 2021 et 2023 comme le montre le graphique ci-dessous.

  Pour récapituler, cet examen n’est plus un enjeu que pour les bons élèves qui veulent rejoindre un des lycées pilotes et pour une autre catégorie d’élèves qui veulent tester leur niveau et expérimenter ce type d’épreuve en vue de se préparer à l’examen du baccalauréat.



Figure  : l’évolution des candidats 2011/2023

§  Une supériorité  des filles : pour la session 202  les  filles  représentent un peu plus  62 % des candidats (voir graphique ci-dessous)



Figure: composition des candidats par genre en 2023

La  supériorité n’a cessé de s’accentuer au fil des années   , la part des filles passant de 51,13% en 1998 à 55,88% en 2004 puis à 62.17 % en 2023


 


Figure 3 : Evolution de la composition par genre entre 1998 et 2023023

 

4       .Le réseau des lycées pilotes  au cours de l'année scolaire 2023/2024.

L'arrêté  du ministère de l'éducation publié le 26 mai 2023 a dévolé  la liste des lycées pilotes et la capacité de chacun d’eux pour l'année scolaire 2023/2024,  la lecture de cet arrêté nous apprend ce ci :

§  Premièrement que la liste comprend 26 lycées (sans changement par rapport à l'année précédente)  qui offrent  3450  places, c'est le même nombre de lycées que l'année passée mais avec plus de  places à concourir ,  en 2022/2023 il y avait 3100 places .   (en 2011/2010,  on comptait 14 lycées pilotes et  une offre de 1819 places et en 2015/2016 on comptait 16 lycées avec une offre  de 2775 ) ;

§  Deuxièmement que le réseau des lycées pilotes  couvre désormais tous les gouvernorats,.

§  Que le nombre de places  varie beaucoup d’un lycée à un autre ; on enregistre la plus grande capacité au lycée pilote Bourguiba de Tunis, avec 300 places, et le lycée pilote de Sfax1 avec 250 places ; les plus faibles capacités se trouvent dans les nouvelles créations (50 places) pour Gueblli, Tozeur, Tataouine, Zaghouan et Mahdia.

En guise de conclusion : quelle place pour les lycées pilote dans le système éducatif tunisien ? Nous posons cette question, au moment où les commissions techniques planchent sur la prochaine réforme, au moment de la création de ce type d’établissements ( on a commencé par créer  deux lycées pilotes à Tunis et à l’Ariana au début des années 80 ), l’objectif était de former une élite de compétences sélectionnées à la fin de l’école primaire en fonction des résultats du concours d’entrée en première année de l’enseignement secondaire, ces deux lycées devraient jouer le rôle de laboratoire pédagogique où l’on teste de nouvelles approches avant de les généraliser sur le reste des établissements.

Mais l’expérience ne fut jamais l’objet d’un suivi et d’une évaluation continue (une seule évaluation fut effectuée au cours des années 90 qui était centrée sur les objectifs de la formation et sur l’avenir des diplômés). Avec l’entrée en vigueur de l’enseignement de base en 1989, le recrutement des élèves est reporté à la fin de la neuvième année, les lycées pilotes perdent petit à petit de leurs spécificités, ils se « normalisent » on n'y trouve aucune tentative d’innovations, seuls leurs élèves brillants et studieux les distinguent des autres établissements, mais ils suivent  les mêmes programmes, font des cours particuliers !! et passent le même examen national.

Nous estimons que ces établissements ne jouent plus aujourd’hui la fonction de locomotive qui tire le reste des établissements vers le meilleur et l’excellence et qu’il est temps de repenser leur raison d’être et de procéder à une évaluation systématique pour décider le leur avenir .

Le ministre de l'éducation nationale H.Ben Salem  a  évoqué la question au parlement  le vendredi 20 juillet 2018 au cours d'une séance pour répondre aux questions des parlementaires, il a parlé de l'échec de candidats appartenant à des lycées pilotes  pour dire qu'il existe  une anomalie dans le système éducatif qui nécessite une reforme. Il a  ajouté qu'il était contre l'existence des collèges et des lycées pilotes, …, et que le ministère effectuera une étude à ce sujet. Il a appelé  à réfléchir sur  l'avenir de ces collèges et lycées pilotes[6].

 

Tunis , mai 2016, actualisé en juin 2019 et en juin 2023

Hédi Bouhouch & Mongi Akrout, Inspecteurs généraux de l'éducation

Pour accéder à la version Ar, cliquer ici

 



[1] Décret n°92 1181 du 22 juin 1992 , fixant les modalité de l’examen du diplôme de fin d’ études de l’enseignement de base.

 

[2] Décret 581 du 12 mars 2002 modifiant le décret n°92 1181 du 22 juin 1992 , fixant les modalité de l’examen du diplôme de fin d’ études de l’enseignement de base. jort n°24 , du 22 mars 2002.

[3] deux gouvernorats  ont deux lycées pilotes chacun  , le gouvernement de Sfax et de Sousse.

[4] Décret n° 656 -2019 du 29 juillet 2019 fixant les conditions d'accès aux lycées pilotes.

[5] Décret n°342 -2021 du 7 mai 2021  portant amendement du   décret n° 656 -2019 DU 29 juillet 2019 fixant les conditions d'accès aux lycées pilotes.

 

[6] https://www.mosaiquefm.net/fr/actualite-national-tunisie/381126/ben-salem-je-suis-contre-les-colleges-et-lycees-pilotes

 

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