Les épreuves du diplôme de fin d’études de
l’enseignement de base général et technique démarrent aujourd'hui 19 juin 2023 et se
poursuivent jusqu'au mercredi 21 juin selon le calendrier ci-dessous.
A cette occasion, le blog
pédagogique présente
à ses lecteurs un bref historique e cet
examen et les caractéristiques de la session 2023
Remarque : une partie de ce billet est une reprise
d'un billet publié en 2016 . Le blog pédagogique – les examens nationaux : le
diplôme de fin d'études de l'enseignement de base – 13 juin 2016. https://bouhouchakrout.blogspot.com/2016/06/le-diplome-de-fin-detude-de.html(
I.
Brève histoire du DFEEB : un diplôme né avec la réforme de
1991
1)
A sa création c'était un diplôme qui sanctionnait
l'enseignement de base et ouvrait la voie à l'enseignement secondaire
Le DFEEB
est un examen relativement récent ; il fut institué par la réforme de 1991,
(art 10), et la mise en place de l’enseignement de base.
Un décret
publié en juin 1992[1]
le définit en ces termes : « l’examen du diplôme de fin d’études
de l’enseignement de base est un examen national organisé…à la fin de la
neuvième année de l’enseignement de base. » (art.1) ; « Il se déroule à
la fin de chaque année scolaire, en une seule session »,( art .2.)
Cet examen
avait deux fonctions:
§
La première est une fonction certificative, qui permet
de donner à ceux qui réussissent l’examen un diplôme qui atteste le niveau
scolaire de son détenteur.
§
La deuxième est une fonction d’orientation, puisque le
passage à la première année
l’enseignement secondaire dépend de la réussite à cet examen et l’obtention du
diplôme.
2)
En 1998 on lui ajoute une nouvelle fonction: la
fonction de concours pour accéder aux lycées pilotes
A partir de
l'année scolaire 1997/1998 , le DFEEB a remplacer le concours d'entrée aux
lycées pilotes institué par le décret 1184 du 22 juin 1992 relatif à
l'organisation des lycées secondaires.
3)
En 2002 le DFEEB devient un examen facultatif sauf pour ceux ou celles qui veulent accéder
aux lycées pilotes
Après
quatre sessions (la première session a eu lieu en Juin 1998). un amendement de la loi de 1991 enleva le
caractère obligatoire du
DFEEB , le passage de l’enseignement de
base à l’enseignement secondaire se fera en fonction des résultats du contrôle
continu, ainsi l’examen perd la deuxième fonction mais il garde les deux autres fonctions et il se
transforma de fait en un concours d’entrée aux lycées pilotes[2].
Mais avec
l'ouverture d'un lycée pilote ou plus[3]
dans chaque gouvernorat, le DFEEB ressemble plus à un concours régional ,où les
candidats d'un même gouvernorat
concourent pour une place dans le lycée de leur région à l'exception des élèves
du grand Tunis qui ont la possibilité de concourir pour une place dans un ou
plusieurs lycées du grand Tunis ( 5
lycées).
Ce système
engendre une certaine inégalité et une grande disparité entre les
régions ; il y a quelques années la moyenne du dernier reçu varie d’une
région à une autre, et d’un lycée à un autre ; dans certaines régions, les
élèves sont admis avec une moyenne de 15 sur 20 et même moins, alors que
dans d’autres régions des élèves ayant obtenu des moyennes supérieures à 16
n’ont pas réussi à rejoindre le lycée pilote qui leur est affecté alors que leurs
parents étaient prêts à les inscrire dans un autre lycée même loin de leur lieu
de résidence (certains l'avaient fait) .
Remarque :
il faut peut être signalé que l’examen DFEEB offre pour les élèves qui n’ont
pas obtenu une moyenne générale aux examens du contrôle continu, au cours de
l’année, et qui sont condamnés à redoubler ou même à l’exclusion, une chance
de passer à l’enseignement secondaire, en cas de réussite au diplôme ;
ils sont quelques dizaines à gagner ce pari : 117 en 2003, et 256 en
2006 |
4)
Les épreuves et les coefficients
L’examen comprend 5 épreuves : Trois
épreuves de langues et deux épreuves scientifiques, avec un poids équivalent
pour les deux groupes d’épreuves (voir tableau ci-dessous)
Epreuves |
Durée |
coefficient |
Epreuve d' arabe* |
2 H |
2 |
Etude de texte français |
2 H |
1 |
Etude de texte anglais |
1H |
1 |
Mathématiques |
2 H |
2 |
SVT |
2 H |
2 |
* dès cette session 2023, la rédaction sera
remplacée par une épreuve composée d'arabe
II.
Présentation de la session de 2023
1)
La circulaire 2019 précise les conditions d'admission
au lycée pilote
Au cours de
l'été 2018 , la question des lycées et des collèges pilotes avait occupé le
devant de la scène médiatique suite aux mauvais résultats enregistrés et le
faible nombre de candidats ayant obtenus une moyenne égale ou supérieure à 15 ,
condition nécessaire et non suffisante pour accéder à un lycée pilote, d'une
part et le refus du Ministère de
descendre en de ça de cette moyenne bien
que 46.7% des places n'ont pas pu être pourvues , la décision du ministère fut contestée
par des associations ( voir annexes),
les syndicats et les parents qui ont eu recours aux tribunaux , dont certains
avaient ordonné l'annulation de la décision du ministère ) tribunal
de Gafsa), d'autres avaient rejeté la plainte, selon le Ministre H.Salem, dans tous les cas le ministère n'a pas cédé et
a maintenu sa décision.
Pour éviter une
éventuelle reproduction de l'affaire à l'occasion de cette session ,le ministère a reformulé les conditions
d'accès aux lycées pilotes pour l'année 2019/2020 à l'occasion de la publication de la
circulaire annuelle qui est rendue
public le 25 mars 2019 , on y lit l'ajout suivant dans le deuxième paragraphe :
" Dans tous les cas les
élèves qui ne remplissent pas la
condition de la moyenne (égale ou
supérieure à 15) ne seront pas admis même si les places mises au concours n'étaient
pourvues en totalité".
Le ministère avait par la suite comblé le vide
juridique en publiant un décret gouvernemental le 29 juillet 2019[4] qui fixe les conditions d'accès aux lycées
pilotes qui stipulent qu'aucun élève ne pourrait être admis dans un lycée pilote
si sa moyenne au DFEEB est inférieure à
15 sur 20. Ce décret est entré en vigueur dès l'année scolaire 2018-2019.
Mais en 2021, le nouveau ministre de l'éducation a
publié un nouveau décret[5]
qui amende l'article 5 du décret du 29
juillet 2019, avec cet amendement il devient possible de descendre en dessous
de 15 lorsque il reste des places à pourvoir à condition de ne pas descendre en
dessous de 14 sur 20.Cet amendement est entré en vigueur dès l'année scolaire
2020-2021.
Les candidats de la session 2023
: 32548
§
Un effectif qui
tend vers la stabilisation ces dernières sessions
Depuis
la décision de rendre le DFEEB facultatif en 2002, le nombre de candidats a
chuté, désormais le part des élèves inscrits en 9ème année qui
s'inscrivent à l'examen n'a pas dépassé le tiers de l'ensemble , en 2023 ils représentent
environ 26% ( 32548/127509).
Depuis
2011, le nombre d'inscrits à l'examen du DFEEB connait une certaine stabilité
sans dépasser le chiffre de 33000, il a
même enregistré un net fléchissement en 2019 après la crise de 2018 citée plus
haut, mais ce fléchissement n'a pas duré puisque les effectifs ont progressé en
2020 , 2021 et 2023 comme le montre le graphique ci-dessous.
Pour récapituler, cet examen n’est plus un
enjeu que pour les bons élèves qui veulent rejoindre un des lycées pilotes et
pour une autre catégorie d’élèves qui veulent tester leur niveau et
expérimenter ce type d’épreuve en vue de se préparer à l’examen du
baccalauréat.
Figure : l’évolution des candidats 2011/2023
§
Une supériorité
des filles : pour la session 202 les
filles représentent un peu plus 62 % des candidats (voir graphique ci-dessous)
Figure: composition des candidats par
genre en 2023
La supériorité
n’a cessé de s’accentuer au fil des années
, la part des filles passant de 51,13% en 1998 à 55,88% en 2004
puis à 62.17 % en 2023
Figure 3
: Evolution de la
composition par genre entre 1998 et 2023023
4
.Le réseau des lycées pilotes au cours de l'année scolaire 2023/2024.
L'arrêté du ministère de l'éducation publié le 26 mai
2023 a dévolé la liste des lycées pilotes
et la capacité de chacun d’eux pour l'année scolaire 2023/2024, la lecture de cet arrêté nous apprend ce ci :
§ Premièrement que
la liste comprend 26 lycées (sans changement par rapport à l'année précédente) qui offrent 3450 places,
c'est le même nombre de lycées que l'année passée mais avec plus de places à concourir , en 2022/2023 il y avait 3100 places . (en
2011/2010, on comptait 14 lycées pilotes
et une offre de 1819 places et en
2015/2016 on comptait 16 lycées avec une offre de 2775 ) ;
§ Deuxièmement que
le réseau des lycées pilotes couvre
désormais tous les gouvernorats,.
§ Que le nombre de
places varie beaucoup d’un lycée à un autre ;
on enregistre la plus grande capacité au lycée pilote Bourguiba de Tunis, avec
300 places, et le lycée pilote de Sfax1 avec 250 places ; les plus faibles
capacités se trouvent dans les nouvelles créations (50 places) pour Gueblli,
Tozeur, Tataouine, Zaghouan et Mahdia.
En guise de conclusion : quelle place pour les lycées pilote dans le système
éducatif tunisien ? Nous posons cette question, au moment où les
commissions techniques planchent sur la prochaine réforme, au moment de la
création de ce type d’établissements ( on a commencé par créer deux lycées pilotes à Tunis et à l’Ariana au
début des années 80 ), l’objectif était de former une élite de compétences
sélectionnées à la fin de l’école primaire en fonction des résultats du
concours d’entrée en première année de l’enseignement secondaire, ces deux
lycées devraient jouer le rôle de laboratoire pédagogique où l’on teste de
nouvelles approches avant de les généraliser sur le reste des établissements.
Mais l’expérience ne fut jamais l’objet d’un suivi et d’une
évaluation continue (une seule évaluation fut effectuée au cours des années 90
qui était centrée sur les objectifs de la formation et sur l’avenir des
diplômés). Avec l’entrée en vigueur de l’enseignement de base en 1989, le
recrutement des élèves est reporté à la fin de la neuvième année, les lycées
pilotes perdent petit à petit de leurs spécificités, ils se
« normalisent » on n'y trouve aucune tentative d’innovations, seuls
leurs élèves brillants et studieux les distinguent des autres établissements,
mais ils suivent les mêmes programmes, font
des cours particuliers !! et passent le même examen national.
Nous estimons que ces établissements ne jouent plus
aujourd’hui la fonction de locomotive qui tire le reste des établissements vers
le meilleur et l’excellence et qu’il est temps de repenser leur raison d’être
et de procéder à une évaluation systématique pour décider le leur avenir .
Le ministre de l'éducation nationale H.Ben Salem a évoqué la question au parlement le vendredi 20 juillet 2018 au cours d'une
séance pour répondre aux questions des parlementaires, il a parlé de l'échec de
candidats appartenant à des lycées pilotes
pour dire qu'il existe une
anomalie dans le système éducatif qui nécessite une reforme. Il a ajouté
qu'il était contre l'existence des collèges et des lycées pilotes, …, et que le
ministère effectuera une étude à ce sujet. Il a appelé à réfléchir sur l'avenir de ces collèges et lycées pilotes[6].
Tunis , mai 2016, actualisé en juin 2019 et en juin
2023
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout, Inspecteurs généraux
de l'éducation
Pour accéder à la version Ar, cliquer ici
[1] Décret n°92 1181 du 22 juin 1992 , fixant les modalité de
l’examen du diplôme de fin d’ études de l’enseignement de base.
[2] Décret 581 du 12 mars 2002
modifiant le décret n°92 1181 du 22 juin 1992 , fixant les modalité de l’examen
du diplôme de fin d’ études de l’enseignement de base. jort n°24 , du 22
mars 2002.
[3] deux gouvernorats ont deux lycées pilotes chacun , le gouvernement de Sfax et de Sousse.
[4] Décret n° 656
-2019 du 29 juillet 2019 fixant les conditions d'accès aux lycées pilotes.
[5] Décret n°342
-2021 du 7 mai 2021 portant amendement
du décret n° 656 -2019 DU 29 juillet
2019 fixant les conditions d'accès aux lycées pilotes.
[6] https://www.mosaiquefm.net/fr/actualite-national-tunisie/381126/ben-salem-je-suis-contre-les-colleges-et-lycees-pilotes
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