dimanche 12 novembre 2023

A propos de la réforme éducative


Ridha Ben Said

Le blog pédagogique reprend, cette semaine des réflexions  très d'un ami, M° Ridha B. Said, l'inspecteur principale d'arabe retraité  sur la réforme éducative et sur les conditions  qui doivent être remplies pour élaborer une loi sur l'éducation et l'enseignement, d'après lui, il faudrait du temps, des experts  dans plusieurs domaines ( sociologie générale et sociologie scolaire, psychologie du développement, théories de l'apprentissage, l'économie, la finance, le droit…) en plus des acteurs de terrain.


Nous avons choisi de publier ces réflexions qui nous ont semblées très intéressantes au moment où le ministère de l'éducation  vient de lancer une consultation sur le devenir de l'école tunisienne.

Le blog pédagogique tient à présenter ses remerciements à M° Ridha pour sa confiance, et  l'assure  qu'il restera ouvert à d'autres réflexions de sa part.

 L'élaboration d'une loi sur l'éducation nécessite une approche précise et rigoureuse, ainsi qu'un temps suffisant et des études scientifiques sur tous les aspects de la vie nationale. Il est impératif que des experts en sciences de l'éducation, en sociologie, en sociologie scolaire, en psychologie du développement, en théories de l'apprentissage participent à l'élaboration de cette loi, mais aussi - et c'est important - des experts en économie, en finance, en droit, en droits de l'enfance et en droits de l'homme en général. ... en plus des acteurs de terrain qui travaillent dans le secteur de l'éducation et de l'enseignement.  Tous ces acteurs, chacun dans son domaine, travailleront pour trouver des solutions  aux  questions  urgentes et répondront à plusieurs autres  questions, comme par exemple :

L'individu en Tunisie est-il vraiment un citoyen ? Comment l’école contribue-t-elle à faire de lui un citoyen éclairé ?

L’école tunisienne a-t-elle échoué, comme le disent certains ? Il faudrait faire une évaluation objective qui doit s'effectuer selon des conditions précises.

Pourquoi les diplômés des lycées pilotes et des instituts supérieurs spécialisés émigrent-ils vers l’Europe, l’Amérique et le Japon ?

Et d'un autre côté, nous constatons des résultats faibles et médiocres chez de nombreux élèves : est-ce dû à des facteurs internes, ou à des facteurs externes, ou aux deux à la fois ?

La mondialisation nous a-t-elle envahis pour nous prendre nos cerveaux et nos génies et laisser les autres souffrir du chômage et de la pauvreté et à la recherche de la dignité ?

Le modèle économique actuel est-il capable de suivre une réforme éducative dont les objectifs sont de donner à la science et au savoir un rôle primordial dans le développement humain et social sans maitriser l’intelligence artificielle et sans s'engager dans le système numérique ?

La crise de l'école tunisienne est-elle due aux précédentes lois éducatives (lois de 1958, 1991 et 2002) ou est-elle due à la politique suivie dans l'application de ces lois ? Il nous semble qu'il est nécessaire de se pencher soigneusement sur cette question en particulier, car tout le danger réside dans le fait de nier les aspects positifs des lois précédentes, car, sans aucun doute, il en existe. Les responsables de la réforme éducative attendue y reviendront et vont en tirer profit, puisque eux-mêmes sont le produit de l'école tunisienne, qui a produit des créateurs, des intellectuels, des chercheurs et des éducateurs des deux sexes.

Le succès dans ce domaine réside dans l'adoption d'une approche claire, loin du conflit idéologique, dans laquelle le point de départ est l'observation scientifique et la collecte d'informations, puis leur analyse et leur évaluation, en plus du diagnostic de l'étape politique, économique et sociale. , en interne et en externe, avec un retour aux références fondamentales comme le Journal du Statut Personnel et les prédicats de valeurs humaines qui en découlent. Sur l'orientation de la société... et à la lumière de tout cela, la proposition est.

Quant aux questions techniques telles que le temps scolaire, les programmes, les manuels scolaires, la formation, l'administration et les équipements …, elles sont déterminées en fonction du vocabulaire majeur de la réforme pédagogique et sont réalisées par les directeurs et les spécialistes, sans oublier les enseignants (es) et le personnel administratif, qui sont les plus proches de l'élève et les plus influents dans son intérêt pour l'école ou dans son aversion pour l'école. Tout cela appelle à définir un nouveau sens pour l'école.

La loi de réforme de l'éducation est une question nationale très sensible. Elle est une stratégie pour façonner les générations futures et préserver et développer la nation dans laquelle les enseignants doivent être respectés partout et rémunérés dignement, favorisant ainsi chez eux un engagement envers l'enseignement, la formation et l'auto formation poussés par le désir et par l'équilibre psychologique.

Il est impératif qu'aucun diplômé de nos écoles ne puisse considérer que la patrie est plus vaste que son pays la Tunisie et qu'il affronte les vagues de la mer pour finir dans ses fonds ou pire, tomber victime du terrorisme ou enfin, pour les plus chanceux, émigrer vers les pays développés et contribuer à leur prospérité plutôt que de rester dans son pays pour participer à son développement.

Ridha Ben Said, inspecteur principal retraité.

Sfax – Tunisie, 2023

Texte traduit par Mongi Akrout& Abdessalam Bouzid

Pour accéder à la version AR, cliquer ICI

 

 

 

 

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