Avant-propos
En période de fin de trimestre, la question
des devoirs, particulièrement celle de la correction des copies, de la correction
en classe, des remises des copies et de l’exploitation de ces évaluations, devient
le principal sujet de discussions des familles tunisiennes qui ont des enfants
qui vont à l’école, et aussi le sujet de débats entre les élèves.
Quelles sont les manifestations du problème ?
Quelles sont les manifestations du problème ?
Tel parent ou parente
prétend que l'enseignant ou
l’enseignante ne corrige pas les copies,
et qu’il ou elle se limite à attribuer des notes à la lumière des résultats de la
première évaluation déjà effectuée , en avançant, pour preuve, l’absence de tout
signe ou trace écrite sur la copie de
son fils ou de sa fille.
Tel autre parent(e ) affirme que
l’enseignant(e) de sa fille ou de son
fils ne fait pas de correction en classe,
et ne remet pas les copies dans les délais, privant ainsi les élèves
d’une occasion pour profiter de la séance de la correction collective en classe
et rectifier leurs erreurs ; cet
enseignant(e) a pris l’habitude de remettre les copies aux élèves à la fin
d’une séance de cours , car selon lui ou elle , il ou elle ne
dispose pas de temps, vu la lourdeur du programme et que l'achèvement du
programme est plus important que la correction collective du devoir .
Un troisième avance que son fils
ou sa fille mérite mieux que la note qui lui a été décernée en dissertation, et que la correction faite en classe n’a rien ajouté de plus, et qu’elle n’aide
guère les élèves à acquérir la méthodologie requise - pour ce genre de sujets .
Ce parent estime qu’il faut entrainer les élèves à la méthodologie, et qu’il
faut lui consacrer le temps nécessaire, en la traitant d’une manière pratique.
Ces problèmes et ces questions, bien qu’ils soient exagérés
parfois, et quel que soit le degré de leur subjectivité ou de leur objectivité,
indiquent une défaillance ou manquement au niveau d’un des aspects de l’acte d’enseignement
et de l’apprentissage, à savoir l’évaluation du travail des élèves et de son
exploitation.
L’importance de la correction des
devoirs
Dans les situations d'apprentissage et d'enseignement, s’ il est du devoir des élèves de bien de se
préparer aux examens et de faire de leur mieux pour les réussir, l'enseignant,
de son coté, se doit d’ évaluer le travail de ses élèves ; puis de faire la correction collective en
classe, et de permettre aux élèves de corriger leurs erreurs individuelles sous sa supervision et avec son aide , si
nécessaire .
Cependant, ces problèmes et ces questions ne datent pas d’aujourd’hui ;
ils ont accompagné l’histoire de tous les systèmes éducatifs ; les
responsables administratifs et pédagogiques n’ont cessé d’attirer l'attention
des enseignants sur la question, à chaque fois que des pratiques qui ne sont
pas conformes à ce qui est souhaitable et recommandable dans ce domaine sont
constatées ou rapportées.
L’intérêt accordé à la question s’explique par les fonctions de l’évaluation
du travail des élèves et la correction collective en classe : Certaines concernent
l’enseignant, tandis d’autres concernent les élèves.
§ Pour
l’enseignant, les résultats des élèves aux examens lui permettent d’avoir une idée
sur le degré d’assimilation du cours par ses élèves, et de leur capacité à exploiter
leurs savoirs et savoirs faire dans de nouvelles situations. Quant à la séance
de la correction collective en classe, bien préparée, représente, pour
l’enseignant, une occasion pour reprendre les aspects de son enseignement mal
assimilés, ou mal compris par une partie de ces élèves, ou par toute la classe.
§ Quant
aux élèves, l’évaluation des copies doit leurs donner une information la plus
précise que possible sur le niveau de leur travail ; quant à la correction
collective, elle doit pouvoir aider
ceux qui n’ont pas réussi leur devoir à surmonter les difficultés qu’ils
auraient rencontrées en traitant le
sujet de l’examen, et les entraîne, d’une manière pratique, la méthodologie à suivre pour réussir. Enfin, la correction
des devoirs en classe est, pour l’élève, une nouvelle occasion de revoir ce
qu’il a déjà appris, et de consolider les connaissances et les compétences
acquises.
Les Instructions officielles et la
correction des devoirs
Vu l’importance de la correction et de son rôle dans l'apprentissage et l’enseignement, les directives
relatives au contrôle continu et les instructions officielles
des différentes disciplines insistent
sur la nécessité d’accorder à la
correction des devoirs toute l’attention qu’elle mérite, de lui consacrer le
temps nécessaire et de suivre une méthodologie précise.
La circulaire relative au contrôle continue du 20 Août 1988 dans les collèges et lycées, appelle, d’une manière explicite, les enseignants
à « veiller à corriger les devoirs et les tests» ; elle
insistent sur " l’obligation de remettre les copies aux élèves à temps et les inviter à les conserver
dans un dossier spécial, tout au long de l'année scolaire ".
D'autre part , les instructions pédagogiques de toutes les disciplines consacrent une partie à l’évaluation du travail des
élèves, comme par exemple les instructions relatives aux programmes d'histoire et de géographie de
l'année 1992 qui recommandent : "
que les sujets des tests et des
devoirs doivent être compatibles avec la
durée de l’examen, soigneusement préparés , et doivent être suivis d’ une
correction qui accorde la priorité aux aspects méthodologiques , tout en
évitant de la présenter comme un corrigé
modèle’’.
Mais pour atteindre les objectifs
de l’évaluation et de la correction collective, il existe des techniques
simples qu’il faut maîtriser et appliquer avec beaucoup de rigueur tel
que :
- l’utilisation
de barème et de critères précis au cours de l’évaluation qui seront communiqués
aux élèves avant l’évaluation même.
- l’utilisation
de symboles conventionnels, de codes pour indiquer les erreurs sur les copies,
lisibles par l’élève.
-
combinaison de l'estimation chiffrée ( la note) et les observations écrites; celles -ci peuvent concerner tout le travail ou seulement une partie du devoir ; l’observation portée sur la
copie, bien rédigée, contribue à expliquer et à justifier la note, et elle oriente l’élève
( et ses parents) vers les points forts et les faiblesses de son travail, et elle peut
,aussi, lui apporter des conseils pratiques .
La question de la correction des devoirs dans les anciennes notes de service
et les anciennes circulaires
En consultant les archives de l'école
Tunisienne , nous avons trouvé une note de service de la Direction de
l’Enseignement Public qui remonte à 1952,
consacrée à cette question ; les responsables pédagogiques ayant constaté qu’un certain nombre d'enseignants ont oublié ou avaient
perdu de vue l'importance de la correction
des devoirs ,ont rédigé la dite note , qui
a tout simplement rappelé les instructions pédagogiques en vigueur depuis 1938 concernant le sujet.
Cette note du chef de service de
l’enseignement secondaire rappelle la méthode à adopter et les objectifs attendus
de l’évaluation et de la correction
collective ; en insistant sur le droit de l’élève , qui a fait un
devoir , de savoir que son maître va l’examiner et le juger .
La note de service rappelle aussi que l’évaluation des copies et la correction
font partie des devoirs professionnels de l’enseignant, ce devoir a une grande
influence sur le comportement de la classe et sur la discipline des élèves, en
les amenant à travailler de façon productive.
Vu la richesse de cette note de service et sa valeur historique, nous
avons voulu la publier dans notre rubrique « Mémoire de l’école Tunisienne
», mais ce n’est pas là l’unique raison; son contenu, ses remarques et ses
recommandations nous semblent encore valables aujourd’hui, et l’école peut en
tirer un grand profit.
Hédi bouhouch & Mongi Akrout
Février 2014
Note de service du 4
janvier 1952 relative à la correction des devoirs (M.Calvet et Chef de service de l'enseignement secondaire 1952)
J’ai l’honneur d’appeler votre attention
sur quelques points, relatifs à la correction des devoirs, qui semblent,
parfois, avoir été perdus de vue par certains maîtres. Je me bornerai à ce
propos de citer quelques extraits des instructions du 30 septembre 1938
auxquelles il convient de revenir lorsqu’il importe de mettre un terme à des
pratiques dommageables pour la bonne marche de nos établissements et la
formation des enfants qui nous sont confiés.
I.
Correction écrite des copies
« l’expérience oblige de
reconnaitre qu’il importe à la bonne marche d’une classe que toutes les copies
soient, autant que possible, annotées, en tout cas vues et cotées par le
professeur . Un enfant qui a travaillé espère et a le droit d’espérer que son
travail sera jugé. Un professeur qui se dispenserait de cette obligation ou qui
s’en acquitterait avec négligence non seulement manquerait gravement à son
devoir professionnel, mais encore n’obtiendrait de ses élèves ni discipline
véritable ni travail fécond » (Instruction, page 18)
Le professeur « n’est pas tenu,
d’ailleurs, d’amender toutes les fautes individuelles» (p, 19). « On
constate que la correction minutieusement détaillée ne produit pas toujours sur
les élèves l’effet qu’on s’attend. Selon les classes plus ou moins nombreuses,
selon les professeurs, le mode de correction matérielle des copies peut
différer. Ce qui est essentiel, c’est que les élèvent sachent qu’on verra, de
façon ou d’autre, leurs copies et soient ainsi tenus en haleine » (p.95)
II.
Correction collective
« La correction la plus fructueuses
est la correction collective .Le professeur a relevé les erreurs les plus
fréquentes et les plus graves ; il les signale, aide les élèves à les
expliquer et à les redresser. Il fait refaire le devoir en classe et tout le
monde y collabore »(p.19)
Ce dernier point me paraît
particulièrement important, et les instructions y reviennent longuement à
propos de l’enseignement du français. : « …on ne se bornera pas
à la critique de ce qui aura été fait ; on essaiera encore de montrer ce
qu’il aurait fallu faire. En d’autres termes, l’intérêt et l’utilité de la correction collective », - qui
doit toujours être précédée de la correction écrite des copies, – c’est que le
maître y refait le devoir en collaboration avec les élèves, non pas d’après la
seule conception qu’il s’en est faite, ni d’après les seuls éléments empruntés
aux devoirs mêmes, mais en combinant ce
que ces éléments et sa conception propre
ont de commun, de façon que la leçon de composition aboutisse à une
construction raisonnée, modèle relatif dont le souvenir reste fixé dans les
esprits »(p.96)
Ainsi, le couronnement de la correction
collective d’une dissertation philosophique doit être l’élaboration en commun
d’un plan. Celui-ci sera présenté non comme un « plan –type » mais
comme un des plans possibles, car « une question ne comporte pas forcément
une réponse unique…, un sujet de composition n’impose pas un plan nécessaire et
préétabli » (p.9)
III.
Conservation des copies corrigées
« Les élèves doivent conserver soigneusement
leurs anciennes copies corrigées », car lorsqu’un professeur « a
consacré du temps à corriger une copie, il est en droit d’exiger que ce temps ne soit pas
perdu ». Ces devoirs, dont le texte intégral doit figurer sur le cahier de
texte de la classe et qu’il est souhaitable de voir numéroter, pourront donc
être demandés aux élèves de loin en loin aux élèves par leurs professeurs, et
également par vous-mêmes ou par des inspecteurs.
Je vous serais obligé de bien vouloir
rappeler ces instructions à tout le personnel enseignant de votre
établissement, et me rendre compte des mesures prises pour vous assurer
qu’elles soient observées.
P. le Directeur de l’Instruction
Publique et po
Le Chef de l’Enseignement Secondaire, de
la Jeunesse et des Sport,
M. Calvet
M.Calvet, Chef de service de l'enseignement secondaire,
Note de service du 4 janvier 1952 relative à la correction des devoirs. Bulletin officiel de
l'instruction publique (janvier février mars 1952). n°8; 66° année, pp. 10 -
12.
Y a t-il une circulaire ou une note qui décrit le devoir et son barême ? Exemple : En math, 10 points géométrie et 10 points algèbre ? Mon problème est en éducation civique niveau 8ème année de base. Comment doit être constitué l'examen ? Est t-il normal de n'avoir qu'une question sur 20 points ? Merci de votre retour.
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