Avant
propos
A l’occasion des débats soulevés suite à l’annonce de l’ouverture du concours
externe sur épreuves pour le recrutement des professeurs de l’enseignement
secondaire, par le ministère de l’éducation, et surtout au sujet de ce que
certains appellent le retour du capes, alors que les responsables du ministère ne
cessent de répéter qu’il n’en était rien .
nous avons voulu présenter un bref
historique d’un concours qui a fait couler beaucoup d’encre , sachant que nous l’avons
suivi depuis sa naissance jusqu’à
l’annonce de sa fin, en étant à la tête
de la direction générale des examens[1] qui avait la charge de son organisation.
Introduction
Depuis l’indépendance, le recrutement
des professeurs de l’enseignement secondaire en Tunisie se faisait parmi les diplômés de
l’école normale supérieure et de l’école normale des professeurs adjoints, ou par nomination directe parmi les titulaires des différentes maîtrises ou d’un diplôme universitaire en deçà de la maîtrise, conformément à l’article 7 du décret
114 - 1973 , en date du 17 Mars 1973.
La situation ne posait pas de
problème en raison de l’importance des besoins
et le faible nombre des diplômés ;
mais , depuis la fin des années quatre
vingt dix , la situation s’est inversée et
le problème du recrutement commence
à se poser, en particulier
lorsque il fut constaté l'absence d'égalité
des chances entre les candidats, faute de critères objectifs, ce qui a donné libre
cours aux jeux des interventions et des
pressions sur les services du ministère.
C’est ainsi qu’on commençait à penser à la mise en place d'un mécanisme apte
à remédier à ces inconvénients ,à assurer l'égalité des chances entre les
postulants, et enfin à relever le niveau
académique des nouvelles recrues de l’enseignement,
pour atteindre les finalités de l'école
de demain.
1.
L’année scolaire 1997-1998 : la
première expérience du concours.
C’était le Ministre Ridha Ferchiou[2] qui réorganisa
le système de recrutement, en vertu d’un arrêté interne qui visait à assurer la
transparence du processus de recrutement, et la sélection des meilleurs
diplômés de l’université.
La première session du concours ,qui eu lieu au mois de mars
1998, avait pris une forme très différente de celle des sessions suivantes ;
c'était un concours qui associait le concours sur dossier ( les résultats des études universitaires et
l'ancienneté qui comptent pour 50 points ) , et le concours sur épreuves ( un test psycho- technique qui compte pour 50 points) . Cependant, il s’est avéré que, le grand
nombre de candidats représentait une grande contrainte, et qu’il était difficile de faire les entretiens pour évaluer les qualités et aptitudes des candidats ;
ainsi, on pensa à une nouvelle formule plus gérable et qui permet de compléter
la formation des futurs enseignants.
2.
1998 : la naissance officielle du
Capes
Le concours du Capes a vu le jour en 1998, dans le cadre de la réflexion engagée autour de l'école
de demain ; et il s'inscrit dans le cadre d'une politique de «renforcement
de la formation initiale des futurs enseignants pour leur permettre d’atteindre le niveau bac +5 » qui considère que l'enseignant est le principal levier pour
améliorer la qualité de l'éducation .
Ainsi, on a procédé à la révision [3]du statut de 1973 des enseignants
exerçant dans les établissements de l’enseignement secondaire général,
technique et professionnel (décret du 28 Octobre 1998) :
a. Pour inclure le concours d’aptitude au professorat de l'enseignement secondaire, en
tant que mécanisme parmi d’autres mécanismes
de recrutement des enseignants de
l’enseignement secondaire et technique (art
4 nouveau) : " le recrutement des professeurs de l’enseignement secondaire ,technique et artistique
se fait ... parmi les candidats titulaires
d’une maîtrise ou d’un diplôme équivalent ayant
réussi aux épreuves des concours
d’aptitude au professorat de l'enseignement secondaire ;un
arrêté conjoint du ministre chargé de
l'éducation et du ministre de l'enseignement supérieur définit , chaque année, le règlement ,le programme , et
les modalités d'ouverture des concours. " Les professeurs admis
définitivement aux concours seront nommés
stagiaires deuxième année (art 20 , paragraphe 2 , nouveau ) .
b. et pour instituer « pour les
disciplines concernées (art
7 bis nouveau), un cycle de
préparation au CAPES, l’admission au dit cycle se fait par voie de concours sur
dossiers ou sur épreuves, ouvert aux titulaires d’une maîtrise ou d’un diplôme équivalent
».
3.
Janvier 1999 : La publication du
premier arrêté d’organisation du CAPES
Le premier arrêté d’organisation de ce
nouveau concours fut publié le 16 Janvier 1999 (deux mois après la révision du
statut), alors que le cycle de préparation prévu peine à démarrer dans les
universités. Il finit par être abandonné ; cet échec est le résultat de l’interaction de
plusieurs causes à la fois, comme l'absence d'une étude préalable et approfondie
des aspects organisationnels de ce cycle , de sa faisabilité , et le manque de
coordination entre les deux ministères, et l’attitude réservée des universités …Ainsi le concours a dévié dès
sa première session de sa finalité initiale qui visait l’amélioration du niveau académique
des enseignants tunisiens , comme c’est le cas dans les systèmes éducatifs les
plus avancés qui exigent un niveau bac plus 5 pour les enseignants du primaire
et du secondaire. Le Capes s’est muté en un simple concours de recrutement
identique aux autres concours de la fonction publique.
4.
2007 : Le Capes connait des aménagements
imposés par l’augmentation du nombre élevé de candidats
Avec l’augmentation du nombre des candidats,
- voir Annexe - il est devenu impossible de continuer à l’accomplir de la même façon
(la correction des copies demanderait plusieurs mois) , et la session de 2007 amène plusieurs changements, dont notamment :
a. l’utilisation du réseau éducatif Edunet
dans les différentes opérations du concours, le Ministère de l'éducation a été
un pionnier dans ce domaine, et grâce à l’étroite collaboration entre la
direction générale des examens, le bureau de l’informatique au ministère[4] et de l'Institut National
de bureautique et de microinformatique( INBMI)[5], toutes les opérations
concernant le concours ont été automatisées comme l’inscription,
l’envoi des convocations et la publication des résultats.
L’utilisation des nouvelles technologies
a permis un gain de temps et en facilitant l’inscription à distance via
internet ; elles ont permis d’établir les listes de candidats et d'émettre
les convocations et la diffusion des résultats dans un temps record.
b. l’introduction d’une épreuve préliminaire de sélection
sous la forme d’un QCM, les candidats utilisent des feuilles de réponses normalisées,
sur lesquelles ils collent une vignette portant un code à barre qui permettent
au scanner d’identifier le candidat et de corriger les copies grâce à une
application informatique ; seuls les candidats qui réussissent cette
première épreuve sont autorisés à passer l’épreuve écrite.
c. L’institutionnalisation de la période de
formation pédagogique : ( art 18) «les
candidats admissibles sont appelés à suivre une période probatoire pédagogique
sanctionnée par l’épreuve d’admission finale, toute absence qui dépasse le tiers des séances
prive le candidat concerné de la participation à l'épreuve finale.
5.
L’arrêté du 7 Août 2009 modifie certains
aspects du concours tel qu’il a été fixé par l’arrêté de 2007.
En
2009 , et contre l’avis de tous les gens du métiers ( universitaires et inspecteurs) , qui
appelaient à une élévation du niveau académiques des futurs enseignants , le gouvernement a promulgué un décret qui ouvre tous les concours aux détenteurs du diplôme national de la licence . " Mis
devant le fait accompli, le ministère de
l'Éducation publia une nouvel arrêté
qui modifie celui de 2007
qui amène les modifications suivantes :
a. Le capes est
ouvert devant détenteurs d’un diplôme de niveau Bac + 3.
b.
L’obligation d’obtenir au moins une moyenne de 10 sur
20 aux épreuves d’admissibilité, pour
pouvoir accéder à la dernière épreuve d’admission finale. Au cours des sessions
précédentes, le jury avait la possibilité de descendre en deçà de la barre de 10(une
vaine tentative de sauvegarder le niveau).
c.
La suppression des listes complémentaires[6] ; cette décision est venue suite à
l’affaire des listes d’attentes de la session 2007.
En plus de ces modifications au niveau
du texte, il a été décidé d'adopter le principe de l’anonymat pendant les épreuves
pratiques ; les candidats passeront devant des jurys qu’ils tirent au sort
avec des codes ; le tirage au sort est effectué juste avant le passage des
candidats. Les jurys sont changés tous les jours au cas où l’examen s’étale sur
plusieurs journées.
Après la révolution et devant la
pression de la rue et des syndicats, le ministère de l’éducation annonça que la
session en cours sera la dernière session, la publication de l’arrêté[8] du ministre de l’éducation
du 3 août 2012 relatif à l’organisation
du concours externe sur dossiers
de recrutement des professeurs
officialisa la fin du capes
Conclusion
Ainsi a pris fin l’aventure du capes après
19 sessions qui ont mobilisé des
centaines de fonctionnaires , de techniciens, de professeurs universitaires,
d’inspecteurs ,de conseillers pédagogiques et de professeurs de l’enseignement
secondaire, pour préparer les sujets, assurer le bon déroulement de la
correction des épreuves, encadrer les candidats admissibles et enfin superviser
les épreuves orales.
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout
Tunis, Avril 2014
Annexe : quelques statistiques à
propos du capes
Session
|
nombre de postes
|
Inscrits
|
Présentés
|
1999
|
1251
|
11408
|
10459
|
2004
|
3305
|
48067
|
43175
|
2007
|
1978
|
54990
|
53555
|
2010
|
1410
|
98405
|
ND
|
.
[1] Hédi Bouhouch fut à la tête de la DGE de septembre 1995 Jusqu’en juillet 2001 , Mongi Akrout lui a
succédé de 2001 jusqu’au 30 avril 2011
[2] Ridha
Firchiou a été ministre de l’éducation
nationale d’octobre 1997
au mois de février 1999 ; après avoir occupé le poste de chef de
cabinet du ministère de l’enseignement supérieur.
[3] Décret
2112 du 28 octobre 1998 modifiant et complétant le décret 112 de l’année 1973 portant
statut particulier des personnels enseignants exerçant dans les établissements d’enseignement
secondaires général du ministère de l’éducation nationale.
[4] Le
bureau de l’informatique, devenu une direction générale depuis, était dirigé à
l’époque par Mehdi Ezzine.
[5] L’INBMI,
devenu depuis le centre nationale des technologies en éducation, était
dirigé à l’époque par Fériel el Béji.
[6] « Les listes complémentaires de la session de
novembre 2007 : le 10 février 2009 les centaines ( 546 exactement) de
diplômés qui se considéraient comme admis au concours du capes session 2007 (
ils étaient en fait dans les listes complémentaires) ont appris la bonne
nouvelle , suite à la décision du chef de l’Etat » de recruter les candidats
inscrits dans les listes complémentaires du capes , à partir de la rentrée 2009 et de fermer définitivement ce dossier , et
de ne plus recourir aux listes complémentaires pour les prochains concours
.
10-03 -- 2009 http://www.turess.com/assabah/19014
[7] Le ministre de
l’éducation Taieb Baccouche a déclaré
dans une conférence de presse que la fin du capes ne signifie la fin des
concours, seules l’appellation a changé
et les conditions de candidature , trouvant
très étrange qu’ on demande l’abandon des concours ,alors que c’est là le seul
critère pour faire le bon choix
quant aux enseignants qui vont assurer l’éducation de plusieurs générations
. tunisie.blogspot.com/2011/09/1500.html
Le directeur des examens A .S ,a déclaré, le mardi
au cours de la rencontre d’information hebdomadaire, organisée par la cellule
d’information du premier ministère , que dans l’avenir le capes ne sera plus et
que la session en cours ( la session 2010) sera la dernière .
Le 29 juillet 2011 ,
http://www.e-taalim.com/ar/?p=3297
[8] - Arrêté du ministre de l’éducation daté du 3 août
2012, relatif à l’organisation et à l’ouverture du concours externe sur dossiers
pour le recrutement des professeurs de l’enseignement secondaire au titre de l’année 2012.
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