lundi 3 août 2015

Les consistances des épreuves du bac : problèmes et perspectives d’amélioration (deuxième partie)


Avec cette dernière note qui traite des perspectives d’amélioration des consistances des épreuves du baccalauréat tunisien ( lapremière avait étudié ses problèmes ) , nous  clôturons la série d’articles   que  nous avons consacrés au baccalauréat tunisien qui ont traité les sections et les épreuves et surtout les consistances de ces épreuves.

Orientations pour faire évoluer les épreuves du baccalauréat
Nous allons consacrer cette partie à la présentation de quelques orientations de rénovation et d’évolution, dans le domaine de l’élaboration des consistances des épreuves ; pour ce faire, nous allons nous référer aux textes officiels qui régissent l’enseignement en Tunisie, tels que la loi d’orientation de l’éducation et de l’enseignement scolaire de 2002, le programme des programmes de 2002,le projet de la mise en œuvre de l’école de demain 2002/2007 ,l’architecture de l’enseignement secondaire et surtout les données relatives aux profils des diplômés de chaque filière , publiée en 2004[1] ; nous tenterons d’esquisser quelques orientations générales pour une éventuelle réforme de l’examen du baccalauréat tunisien.
1.    La nécessité d’un document méthodologique de référence
Nous avons relevé, dans la première partie de cette note, que les consistances publiées depuis 1957, n’obéissent pas à une méthodologie  unique, au niveau de la conception, que les différentes commissions devraient suivre dans son travail d’élaboration ; le résultat est là : les consistances ne sont que le produit d’initiatives de personnes, ou d’équipes chargées de les élaborer ; cet état justifie la nécessité de préparer un guide méthodologique qui fixe les constituants qui doivent être présents dans  chaque consistance, comme par exemple les compétences visées, la nouvelle vision de l’évaluation et la description de situation d’évaluation.
a.     Comme les nouveaux programmes sont conçus selon l’approche par compétence, il est nécessaire que les nouvelles consistances des épreuves précisent les compétences dont on cherche à évaluer le développement, qu’elles soient des compétences transversales ou spécifiques ou encore relatives à une famille de matières.
Ø les compétences transversales sont des compétences transdisciplinaires, transférables et aptes à être généralisées. elles sont présentes, à des degrés différents, dans toutes les matières et toutes les filières de l’enseignement. Le programme des programmes de 2002[2] a arrêté neuf (9) compétences transversales qui sont : « exploiter les données/ adopte une méthodologie de travail efficace / utilise les nouvelles technologies / réalise des projets/ résout des problèmes / use de l’esprit critique / communique avec les autres / travaille avec les autres et vit avec eux ».  
Tenir compte de ces compétences transversales, cela veut dire qu’il faudrait concevoir des épreuves qui mettent en avant les capacités  attendues, et dont on veut  mesurer le degré de développement,  ou centrer les épreuves sur les profils des futurs diplômés du l’école ; tel est le premier aspect d’amélioration ou d’innovation au niveau de la nature des épreuves qui consiste à passer du type d’ épreuves qui privilégie les contenus  au type qui centre sur les compétences.
Ø     Les compétences spécifiques ou les compétences disciplinaires sont celles que l’élève doit mobiliser pour traiter le sujet de l’examen ; elles sont développées par une matière particulière, comme les mathématiques ou la langue arabe ou l’économie… Elles sont constituées de savoir et de savoir faire acquis dans un enseignement donné[3] ; ces compétences sont liées à un champ de savoir particulier et sont mobilisables dans  un nombre de situations déterminées ; et c’est cette mobilisation qui est  importante dans les situations d’évaluation, et non pas la simple restitution qui est le résultat de la mémorisation ; c’est là le deuxième aspect d’amélioration qui consiste à demander aux élèves d’utiliser ses connaissances pour résoudre un problème ou traiter une situation donnée, et non une  simple  reproduction ou une restitution de ces connaissances.
Ø Les compétences  relatives à une famille de matières , ce sont des compétences  qui se rapportent à un domaine ou un secteur de l’apprentissage, ou à une famille de disciplines , comme les compétences communes aux matières scientifiques ou celles communes aux sciences sociales ; en s’intéressant  à cette catégorie de compétences,  on va assurer la complémentarité entre les disciplines et  leur décloisonnement ,  car « l’école est appelée à faire acquérir aux apprenants la capacité à exploiter les connaissances et les habilités  qu’ils ont acquis pour trouver des solutions alternatives pour résoudre les problèmes qu’ils rencontrent[4] » Ceci est le troisième aspect de l’innovation un niveau de l’évaluation qui consiste à concevoir des épreuves multidisciplinaires en centrant sur ce qui les lie et  sur ce qu’elles ont  de commun.

b.    La nouvelle conception de l’évaluation

Le document méthodologique de référence doit mettre en avant la nouvelle approche du concept de l’évaluation  qui a connu de profonde mutation,  sous l’effet de l’approche par compétence ; ce nouveau concept n’est plus  centré,  en priorité,  sur les produits de l’apprentissage observables et mesurables, comme ce fut le cas dans l’approche de la  pédagogie par objectifs, c'est-à-dire sur l’acquisition de savoirs , de savoirs faire (habilités)et des savoirs être  ; la nouvelle évaluation s’intéresse plutôt aux processus et aux démarches , c'est-à-dire  qu’elle cherche à connaitre la démarche de l’élève quand il est en situation d’évaluation, ou à observer les changements cognitives qui sont le produit de l’apprentissage .
 L’évaluation, selon cette nouvelle approche, s’intéresse au processus de l’apprentissage ;[5]  c’est pour cela que les exercices (les épreuves) d’évaluation, en cours d’apprentissage ou en évaluation certificative, doivent traduire cette orientation et accorder aux processus, aux approches et aux démarches une valeur aussi importante que celle qu’elle accorde au produit, et cela dans toutes les disciplines, aussi bien scientifiques que littéraires.
Cet aspect innovant  est très intéressant, mais il nécessite beaucoup d’effort pour rénover les tests et les devoirs, au cours du contrôle continu dans un premier temps, en l’orientant vers une évaluation diagnostique et une évaluation de réajustement  ; ensuite viendrait le tour des épreuves des examens certificatifs qui devraient être conçues pour évaluer les capacités de l’apprenant à mobiliser ses acquis, et à évaluer surtout les démarches et les approches qu’il utilise pour résoudre les problèmes et les situations, ou pour réaliser un projet.

c.      Enfin , le document  de référence doit proposer une description de situations d’évaluation, c’est-à-dire  ses composantes qui doivent être  ,d’une part, en adéquation avec la nouvelle conception de l’apprentissage considéré comme « une ouverture sur les pédagogies  qui insistent sur l’effort personnel de l’apprenant dans le processus de l’acquisition des savoirs »,[6] et où l’enseignant joue le rôle  d’assistance, de motivation et de fournisseur de ressources en cas de besoin ; la situation d’évaluation doit être, d’autre part, en symbiose avec la nouvelle conception de l’évaluation, en tant que support de l’apprentissage et source d’information qui fournit les indicateurs sur le degré de développement et de maîtrise des compétences  par l’apprenant.

On pourrait, a priori, définir la situation d’évaluation - selon cette approche -   comme une  « épreuve qui comporte une ou plusieurs tâches que l’apprenant devrait effectuer pour prouver qu’il a atteint l’objectif prévu » ; elle est donc une situation qui donne à l’apprenant l’occasion de mobiliser une ou plusieurs compétences transversales ou spécifiques (disciplinaires) qu’il a déjà maitrisées, pour trouver une solution au problème qui lui est posé, et pour produire un document dans lequel il expliquerait les démarches qu’il a suivi et les résultats auxquels il est parvenu.


Mais pour remplir sa mission, toute situation d’évaluation doit avoir un certain nombre de caractéristiques, et elle doit remplir certaines conditions ; elle doit :
Ø Avoir un sens pour l’apprenant en situation d’évaluation, c'est-à-dire, elle doit être en rapport avec les orientations du programme, et, en même temps, en rapport avec les préoccupations et les centres d’intérêt de l’apprenant ; ce qui constitue pour lui une motivation et un désir d’exécuter le travail, car, en le réussissant, il saisit l’intérêt des apprentissages qu’il vient d’avoir.
Ø En rapport avec le vécu de l’élève (des manifestations naturelles, l’actualité, des évènements en rapport avec le vécu quotidien …)
Ø Porteuse de valeurs positives en relation avec les valeurs du programme (respect de l’environnement, la citoyenneté…)
Ø Ouverte, c'est-à-dire qu’elle propose des situations initiales qui ouvrent la voie sur plusieurs notions et sur plusieurs démarches. (il n’y pas une seule bonne réponse et il n’y a pas une seule approche)
Ø Intégrative, c'est-à-dire qu’elle prévoit la mobilisation de plusieurs types de savoirs d’origines diverses : « Susciter l’intégration et non la juxtaposition de savoirs et savoir-faire[7]. »
Ø Enfin, elle doit « donner une large part à la créativité ».[8]
En préparant une situation d’évaluation, l’enseignant devrait veiller à : 
  • «Proposer aux apprenants « un but opérationnel »
  • Préférer les consignes à la question classique et éviter les formulations complexes.
  •  Ajuster les données, et la façon de les fournir à l’élève.
  • Opter pour des données réelles ou vraisemblables.
  • Vérifier que les consignes ne sont pas interdépendantes.
  • Ajuster le niveau par les contraintes.
  • Susciter l’intégration et non la juxtaposition de savoirs et savoir-faire. »[9]

2.    Le besoin d’avoir de nouveaux types de situations d’évaluation

Avec l’approche par compétence, il devient impossible de poursuivre l’utilisation des anciennes situations d’apprentissages ni les anciens modes d’évaluation, car la nouvelle évaluation met en avant les démarches et les approches et les stratégies ; l’approche par compétences s’est accompagnée par l’apparition de nouveaux types de situations d’évaluation, comme la résolution de problèmes et la réalisation de projets.

a.    La résolution des problèmes

§  Présentation de la situation de la résolution des problèmes :
En général, on parle de problème chaque fois qu’une personne se trouve en face d’une situation qu’il se doit de résoudre, sans qu’il sache exactement comment y parvenir.[10] Pour Gagné, «  il ya un  problème réel quand  quelqu’un poursuit un but donné, sans qu’il ait déterminé déjà les moyens de l’atteindre».
On  pourrait généraliser, en  définissant la situation problème dans les termes suivants :«  il y a problème quand s’érigent un ou plusieurs obstacles entre la situation initiale et le but recherché, autrement dit, le problème pourrait se définir comme «  une situation initiale  avec un but à atteindre, demandant au sujet  d’élaborer une suite  d’actions ou d’opérations pour atteindre ce but ; il n’y a  problème que dans un rapport sujet/situation  où la solution n’est pas disponible d’emblée,  mais à construire »[11] .
 Dans le milieu  éducatif, et contrairement aux idées reçues, la résolution des problème n’est pas une activité exclusive des disciplines scientifiques et techniques : «  l’enseignant qui demande à son élève de lire un texte, pour faire ensuite un exposé oral en classe , se trouve confronter un problème qu’il se doit de résoudre ; et l’élève qui doit rédiger une lettre à ses parents pour les informer qu’il préfèrerait poursuivre ses études secondaire dans un établissement public plutôt que dans un établissement privé se trouve lui aussi devant un problème à résoudre ».[12]
Pour conclure cette présentation, on peut avancer que « la résolution de problème » est un genre d’épreuve d’évaluation qui pourrait être utilisé dans toutes les disciplines ; il peut être appliqué dans « toute situation dans laquelle il faut découvrir des relations, développer des activités d’exploration, d’hypothèse et de vérification, pour produire une solution. » [13]



§  Les caractéristiques des épreuves de la résolution du problème
Les chercheurs s’accordent pour dire que les situations d’évaluation basée sur la résolution des problèmes ont des caractéristiques spécifiques, dont :
   L’existence d’un but qu’on doit atteindre (appelé par les psychologues cognitivistes la situation finale), l’évaluation certificative vise à certifier si l’apprenant a atteint ou non le but programmé, et à préciser le degré de sa maitrise de la compétence.[14]
   L’existence de contraintes ou d’obstacles que l’élève doit surmonter au cours de sa recherche de la solution.
   La nécessité de faire une recherche cognitive pour établir une démarche et une stratégie pour résoudre le problème.
Certains chercheurs ont proposé deux étapes pour la résolution de problèmes ; la première étape consiste à se représenter le problème : «  en prendre connaissance , le décrire , l’analyser pour savoir  ce qui est disponible et ce qui ne l’est pas , imaginer les différentes étapes qu’il faudrait franchir pour arriver à la solution), puis vient la deuxième étape qui est l’étape de la conception de la solution elle-même : ( prévoir un scénario, évaluer l’efficacité des solutions préférées, penser à d’autres solutions en cas de besoin ».[15]

Vu sous cet angle, ce nouveau type d’épreuves (résolution de problème) présente plusieurs avantages, parmi lesquels on peut citer :

   le candidat commence   doit   faire le lien entre ses  anciennes connaissances avec les données du problème et ses contraintes, pour pouvoir mettre en place une stratégie de solution ; c’est la phase de mobilisation des acquis précédents, et c’est là où se manifeste l’importance des compétences disciplinaires qui vont aider le candidat à traiter les informations et les données de la situation initiale significative et pour déterminer la nature du problème ou de la question ; certains parlent, à propos de cette étape, de «  phase de représentation du problème » et  la considère comme une étape principale ( essentielle) sur la voie de la résolution du problème , car, c’est à ce moment que le candidat précise  les connaissances qu’il doit mobiliser, en faisant appel à sa « mémoire de longue durée ».[16]
   Dans un deuxième temps , le candidat  oriente ses efforts vers la solution , en imaginant les différentes possibilités pour ne garder que celle qui peut l’amener vers le but souhaité ; c’est l’étape de réflexion , de questionnement , des essais , de l’expérimentation et de l’évaluation de l’efficacité de la solution par rapport au but poursuivi ; c’est donc une étape de contrôle métacognitif de l’opportunité de la stratégie suivie par le candidat[17].



b.    La planification des projets et leurs réalisations
§  Qu’est ce que la pédagogie des projets ?
« La démarche de projet a été d’abord l’affaire de certains courants de pédagogie active. Le projet, comme " l’école du travail ", le " texte libre ", la " correspondance " ou la " classe coopérative ", s’inscrivaient dans une opposition à une école publique autoritaire, centrée sur l’apprentissage par cœur et l’exercice. »[18]
 « Dans son sens général, un projet est un « ensemble d’opérations qui vise une réalisation précise, dans un contexte particulier et dans un laps de temps déterminé. » (Legendre, 1993 : 1040). »  « Au sein des contextes éducatifs, le projet pédagogique est défini comme une démarche d’apprentissage organisée par un enseignant ou par une équipe d’enseignants qui visent à atteindre une cible déterminée ou qui cherchent à résoudre un problème affirmé, à travers la création d’un objet (Bordallo et Ginestet, 1993 : 5) » [19]
Une autre définition nous précise les constituants du projet pédagogique ; elle considère qu’ « un projet est une globalité (un ensemble, un système …) réunissant des moyens (humains, matériels et financiers), en vue de la réalisation d’une fin :(objectifs généraux et objectifs spécifiques), selon une programmation anticipée et dans un temps contraint »/[20]
La pédagogie du projet a occupé une place importante depuis les années quatre-vingt, grâce au développement du courant Socioconstructiviste[21] d’une part, et grâce à l’intégration des NTIC  dans l’apprentissage ; ce courant est l’héritier de la pédagogie mutualiste  et des apprentissages coopératifs qui sont apparus, après la première guerre mondiale, et il est en accord avec le constructivisme.
La réalisation de projet et la résolution de problème trouvent leurs origines dans un courant pédagogique qui centre sur l’apprentissage beaucoup plus que sur l’enseignement, en mettant l’apprenant au cœur de l’action éducative, et en accordant  à ses motivations et en respectant ses propres stratégies ; ce courant, qui regroupe plusieurs écoles de pensée, de l’éducation nouvelle à Dewey et Cousinet jusqu’à Freinet et bien d’autres encore, propose un nouveau modèle d’apprentissage qui décompose le curriculum en une série de petits  projets ; ainsi le projet devient un mode de pensée  et une nouvelle technique d’apprentissage qui valorise l’activité propre de l’apprenant qui veille à définir par soi même le but de son travail, et choisit les moyens adéquats pour l’atteindre.[22]
§  Les composantes du projet pédagogique :

Tout projet pédagogique doit avoir deux dimensions : une dimension philosophique et culturelle (traduite au niveau des finalités, des objectifs ), et une dimension utilitaire et pragmatique , que traduit la programmation des travaux qui devraient être réalisés à courts ou à moyens termes ».[23] 
Quant aux constituants du projet, les différents chercheurs pensent que la cohérence de tout projet se manifeste en examinant ses constituants qui sont « la situation-problème /– les acteurs engagés dans le projet,– les visées et les buts explicités,– les motifs invoqués,– les stratégies en présence et les moyens utilisés,– les résultats obtenus à court et moyen terme,– les effets secondaires et non voulus, engendrés et leurs conséquences ». [24]
§  L’école tunisienne et la pédagogie du projet
Face à l’importance de cette nouvelle démarche, le ministère de l’éducation tunisien a organisé plusieurs rencontres avec des experts pour étudier les possibilités de l’introduire en Tunisie, surtout que la loi d’orientation sur l’éducation et l’enseignement scolaire de 2002 avait intégré le concept du projet comme le projet de l’école, le projet de la région , le projet pédagogique, … et il l’a intégré dans les compétences entrepreneuriales ( art 57) «  qui consistent en la capacité d’innover , de concevoir un projet et d’en planifier l’exécution et de l’évaluer au regard des critères et des objectifs fixés. Ces compétences s’acquièrent à travers la réalisation de travaux collectifs et individuels, dans l’ensemble des disciplines, dans tous les domaines d’apprentissage ainsi que dans les activités périscolaires. D’autre part, le programme des programme a aussi évoqué la question en considérant la réalisation du projet comme «  la base de la nouvelle orientation de l’éducation au sein de l’école comme en dehors d’elle, l’apprentissage, selon cette orientation, donne à l’apprenant un rôle essentiel et actif qui lui permet de participer à la construction du savoir et de communiquer avec le reste de la classe.[25]   » ; et, c’est dans ce cadre, qu’une épreuve optionnelle fut introduite au baccalauréat depuis 2008 dans toutes les sections .

§  Les caractéristiques du projet en tant qu’outil d’évaluation

La réalisation d’un projet, dans le cadre d’une situation d’évaluation a pour objectif principal l’évaluation du degré d’acquisition par les apprenants   de la méthodologie de la recherche et de l’exploitation des divers documents et de leur degré d’autonomie et de leur capacité d’initiative, sur le plan purement pratique.

le projet est aussi un outil qui permet de déceler le profil de l’apprenant quant à ses capacités à poser les questions utiles, de formuler des hypothèses , d’organiser , de planifier , d’exécuter des tâches , et de contrôler et d’évaluer .
Pour résumer, les finalités de la pédagogie du projet, quand il est utiliser en situation d’évaluation, est le développement chez l’apprenant des capacités à organiser des  savoirs de plus en plus nombreux,   l’esprit   critique  et  la  capacité de programmation et d’exécution[26]. C’est un outil très avantageux qui permet d’évaluer :

- la capacité de l’apprenant à faire « le lien entre les savoirs scolaires (théoriques) et les savoirs sociaux (pratiques et courants) » et de sa capacité à dépasser l’opposition artificielle entre les deux,
-  le degré d’acquisition de savoirs nouveaux à partir du questionnement des anciennes connaissances et de l’action,
-  le degré de l’acquisition de l’approche   interdisciplinaire et de la capacité du transfert des procédures cognitives et des compétences, dans un nouvel cadre.
 - la prise en compte de l’apprenant en tant qu’acteur principal dans son apprentissage, l’exhortation à la créativité et à l’authenticité, la stimulation du conflit sociocognitif à travers l’échange, la confrontation des savoirs, la négociation et la prise de décisions. »[27]



En résumé , on peut dire que la pédagogie de résolution des problème et celle de la réalisation de projet sont parmi les nouvelles orientations aussi bien en situation d’apprentissage qu’en situation d’évaluation ; ce sont des pédagogies qui mettent les connaissances au service des compétences et elles fondent pour des pratiques d’apprentissages nouvelles et différentes de celle du modèle  d’enseignement classique basé sur l’accumulation des connaissances , ces nouvelles pratiques sont en train de mettre le fondement d’un modèle d’enseignement où l’apprenant occuperait une place centrale et met l’évaluation au service de l’apprentissage .[28]

3.    Les moyens d’améliorer l’objectivité des épreuves classiques de dissertations
Nous avons déjà évoqué les différentes mesures qui visent à améliorer l’objectivité des épreuves de dissertations, comme l’institution de la double correction, le contrôle de la correction, la modération …Mais toutes ces mesures n’ont pas réussi à lever le doute sur la qualité et l’efficacité  de ce  type d’épreuve ; et ce n’est pas là l’unique critique que les spécialistes formulent à propos des épreuves de dissertations ;   en effet, de nombreux chercheurs en docimologie pensent que ce type d’épreuve n’évalue que les aptitudes de l’élève à rédiger un texte continu ( produire un texte ), soit dans le genre argumentatif ou descriptif ou explicatif … Ils pensent que pour atteindre l’objectivité dans l’évaluation de cette aptitude,  il serait utile de permettre aux élèves de  rédiger plusieurs textes sur des sujets qu’ils peuvent choisir parmi une liste ; la note qui lui sera attribuée serait la moyenne des notes obtenues dans les différentes productions ,alors qu’un autre tendance appelle à marier les épreuves de dissertation avec les épreuves objectives, pour évaluer le degré de maitrise des compétences disciplinaires ; ainsi, par exemple, pour évaluer le degré de maitrise du système linguistique, on utilisera les questions objectives pour évaluer les savoirs ,les concepts ,les figures de style, la grammaire , la conjugaison, et on utilise l’épreuve de dissertation pour évaluer la capacité de l’élève à rédiger différents genres de textes ;[29] c'est-à-dire sa capacité à « communiquer d’une manière adéquate avec autrui par écrit. » 
4.    Pour une nouvelle grille d’épreuves au baccalauréat
Dans le cadre d’une nouvelle conception du « temps scolaire », qui se réfère aux résultats de la recherche chrono-biologique et chrono- psychologique,  et dans le cadre de l’approche par compétence, il est possible de concevoir une nouvelle grille d’apprentissage pour l’enseignement secondaire, ce qui ne manquerait pas de ce répercuter sur la grille des épreuves au baccalauréat.

Dans ce cadre, il nous semble qu’il faudrait tendre vers la réduction du nombre des épreuves, en choisissant de les limiter selon les deux critères suivants : le profil de la section et la distinction entre les matières spécifiques et les matières générales, de telle sorte que l’on se limite aux épreuves qui constituent les fondements de la formation de la section, contrairement à l’idée défendue par les différents lobbies[30] des disciplines qui appellent à intégrer tous les apprentissages aux épreuves finales du baccalauréat, sans tenir compte de la spécificité de la section et des profils des ses diplômés ; dans ce cadre, nous évoquons le cas de deux situations qui nous paraissent assez représentatifs du problème :
La première concerne la généralisation d’une épreuve d’informatique pour tous les candidats au baccalauréat qui ne nous semblent plus justifié aujourd’hui ; et il faudrait revenir au projet du brevet - B2i - que doivent obtenir tous les élèves à la fin de l’enseignement de base, c’est, il nous semble, une voie plus efficace et plus économique.
La deuxième concerne les matières à option dont la mise en place remonte à 1975 ; il est nécessaire de faire une évaluation de la situation actuelle des options pour avoir une idée sur la pertinence de ce type d’enseignement et leur   raison d’être.     
 Nous pensons qu’une telle orientation va pouvoir rationnaliser et alléger le calendrier du baccalauréat.
Enfin , il serait peut -être utile de repenser la durée de certaines  épreuves, dans le sens de la réduction , car il est injuste de demander aux candidats de passer des épreuves d’une durée de quatre heures, pour la première fois de leur scolarité, au cours d’un examen décisif comme le baccalauréat, la longueur et la durée d’une épreuve n’ont jamais été un gage de pertinence et de fiabilité.


Hédi bouhouch & Mongi Akrout , inspecteurs généraux de l’éducation
Tunis , juin 2015


Articles  du blog sur des questions voisines

Les sections du baccalauréat depuis 1976






[1] « L’architecture de l’enseignement secondaire » Ministère de l’éducation et de la formation, la direction générale des programmes et de la formation continue - octobre 2004, publication CNP.
[2] Le document « le programme des programmes » de 2002 évoque 8 compétences transversales ( p 42)
[3] Opt cité page 10
[4] Le programme des programmes p 4 , et l’article 57 de la loi d’orientation pour l’éducation et l’enseignement scolaire relatif à la typologie des compétences et des capacités générales
[5] Voir «  le programme des programmes »  et surtout le paragraphe réservé à la «  nouvelle évaluation » p 11 , le document décrit d’une façon claire la fonction de l’évaluation alors que le projet de la mise en œuvre de l’école de demain 2002/2007 s’était limité à signaler l’absence d’une culture de l’évaluation sans proposer le système d’évaluation souhaité.
[6] Opt cité p 12
[7] Nadège Bigot : Les Situations Complexes pour Evaluer les Compétences.
http://ww2.ac-poitiers.fr/meip/spip.php?article190
[8] opt cité
[9] Cette liste est reproduite à partir de l’article de N.Bigot
[10] Idem ; p 234 
[11] J. Brun : Didactique 9 ; diapositives tice33.ac-bordeaux.fr/Ecolien/LinkClick.aspx?fileticket...fr
[12] Jacques Tardif : Pour Un Enseignement Stratégique ; Les Editions LOGIQUES ; p 233.
[13]  Citation de G. VERGNAUD (Psychologie du développement cognitif et didactique des Mathématiques Revue Grand N  n°38 198   )  reproduite par  jean-luc.bregeon :  La résolution des problèmes: les aspects méthodologiques
http://jean-luc.bregeon.pagesperso-orange.fr/Page%201-7.htm
[14] Jacques Tardif : Pour Un Enseignement Stratégique ; Les Editions LOGIQUES ; p232.
[15] Idem, p237- 240
[16] Jacques Tardif : Pour Un Enseignement Stratégique ; Les Editions logiques ; p.239
[17] Idem, p 239.
[18] Philippe Perrenoud Apprendre à l’école à travers des projets : pourquoi ? Comment ?Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation Université de Genève1999
[19]  Cité par   Adelina Velázquez Herrera : La pédagogie de projet : une alternative en didactique des langues   http://relinguistica.azc.uam.mx/no007/no07_art10.pdf
[20] Pascal Ourghalian : L’Emergence de la notion de projet, 2006
http://dcalin.fr/cerpe/cerpe13.html , consulté le 23juin 2015
[21]  Le socioconstructivisme est une théorie qui met l’accent sur la dimension relationnelle de l’apprentissage. Pour le Socioconstructiviste : Enseigner c’est Organiser des situations d’apprentissage propices au dialogue en vue de provoquer et de résoudre des conflits sociocognitifs ; apprendre c’est Co-construire ses connaissances en confrontant ses représentations à celles d’autrui ; Méthodes pédagogiques appropriées : Apprentissage par projets, discussions, exercices, travaux.
Les principaux courants théoriques de l’enseignement et de l’apprentissage : un point de vue historique
[22] Dictionnaire Encyclopédique De L’Education et de la Formation.2è Edition, 1998, p836-837 
[23] Dictionnaire Encyclopédique De L’Education et de la Formation.2è Edition, 1998, p836
[24]   J.-P. Boutinet, Anthropologie du projet, PUF, 1990, (3ème éd., 1993, p. 239) Cité par Pascal Ourghalian opt cité
[25] Le programme des programmes p 14
[26] Adelina Velazques Herrera : la Pédagogie de Projet. Http : relinguistica, novembre 2006
[27]   Adelina Velazques Herrera   Idem, p 3.
[28] Le programme des programmes p 9
[29] Traité De Psychologie Appliquée .Tome 6, Maurice Reuchlin. P 64 ; 1973
[30] Certains de ces lobbies pensent que la valeur de la discipline scolaire se mesure par son coefficient et par sa présence ou non à l’examen final du baccalauréat, l’absence de la matière est vécue comme l’expression d’une marginalisation,  le jeu de ces lobbies est responsable de la lourdeur du calendrier du bac tunisien   

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