lundi 20 mars 2017

Radioscopie sur l’évolution quantitative de l’enseignement en République Tunisienne : vue générale: Troisième partie



Le blog poursuit cette semaine la reproduction du rapport présenté par M° Chedly Ayari , en 1971 , alors qu’il occupait le poste de Ministre de l’éducation , et nous consacrons ce numéro au troisième extrait dans lequel l’auteur évoque   le déséquilibre de la scolarisation entre les garçons et les filles  . Pour revenir au premier extrait, CLIQUER ICI. Et  au deuxième, CLIQUER ICI


Le système éducatif tunisien a connu à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix une période de gestation dans un climat politique crispé et une instabilité à la tête du département de l’éducation nationale[1] après le limogeage du Ministre Ahmed Ben Salah, c’est aussi une période de passage du modèle de développement socialiste au modèle libéral. 
Au cours de cette période, le secteur de l’éducation a connu un coup d’arrêt aux réformes lancées par Ben Salah et le démarrage d’une réflexion au niveau central et régional sur l’école  , c’est ainsi qu’on a vu la constitution de plusieurs commissions [2] et le lancement de nombreuses études et rapports [3] dont le but suprême était de concevoir les bases d’une nouvelle politique éducative différente de celle adoptée depuis l’indépendance qui s’est avérée très couteuse et faiblement performante.
Le blog pédagogique a souhaité présenter à ses lecteurs des extraits du rapport préparé par M°Chedly Ayari en avril 1971 pour les idées qu’il contient et qui peuvent nous aider à comprendre l’état de l’enseignement tunisien aujourd’hui. Pour ce faire, nous avons choisi de présenter les extraits choisis selon l’ordre suivant :
Le premier extrait : l’introduction du rapport ;
Le deuxième extrait : le déséquilibre selon les catégories d’âge.
Le troisième extrait : le déséquilibre selon le genre ;
Le quatrième extrait : le déséquilibre entre les régions.

Le troisième extrait : le déséquilibre selon le  genre .

Déséquilibre entre les garçons et les filles dans l'enseignement primaire (p. 22)
Il y a une autre face du déséquilibre existant dans l'enseignement primaire lié au rapport  garçons / filles qui sont scolarisés. Le tableau 9 montre la répartition des élèves masculins et féminins entre l’année scolaire 1956 - 1957 et l’année scolaire 1970-1971.
Ce tableau montre un progrès continu  dans le pourcentage des filles , mais malgré ces progrès  la part des filles est restée faible et le taux  de diffusion de l'éducation parmi elles est beaucoup plus faible que parmi les garçons.
Et effectivement, comme l’indique le tableau 10, le taux de diffusion de l'éducation des filles pour l’année scolaire 1969-1970 est estimé à 58,82% contre 85,82% pour les garçons (pour  les enfants âgés de 6 à 14 ans), et comme nous le verrons plus loin  ce  déséquilibre est plus flagrant  dans certains gouvernorats du pays.
Ce retard dans la diffusion de l'éducation des filles  est du à de nombreuses raisons  qui ne sont pas toutes de la responsabilité du  système éducatif, en effet  la non-discrimination entre les garçons et les filles a été et reste un principe fondamental de notre système éducatif, mais il convient de rappeler la position de certains parents  dans le milieu rural  vis-à-vis  de la question de  l'éducation des filles , cette attitude  qui est responsable du retard  de la scolarisation  non seulement au niveau de la première année de l'enseignement primaire, mais aussi au niveau des autres années de l'enseignement primaire. Nous devons donc poursuivre nos efforts dans la promotion de l'éducation des filles.

B - 2.4: le déséquilibre entre les garçons et les filles dans l'enseignement secondaire
Le déséquilibre existant dans la diffusion de l'éducation entre les garçons et les filles au niveau secondaire est plus important   que celui constaté au niveau de l’enseignement primaire.
Mais en raison de l'absence de statistiques qui s’étendent  sur une longue période, nous allons nous référer dans notre exposé  à la situation telle qu'elle apparait  au  cours de  l’année scolaire  1969-1970. Au cours de cette année scolaire le proportion des garçons dans l'enseignement secondaire s’est élevée à 73,06% contre 26,92% pour les filles (voir tableau    n ° 17)
Il est clair qu’il ya un retard  dans la scolarisation  des filles que tout projet de réforme doit y remédier, et si nous sommes d'accord que l'enseignement secondaire - au moins  au premier cycle- est  devenu une nécessité dans le cadre  d’une  politique économique  en constante évolution, l’encouragement   de déploiement rapide de l'enseignement secondaire parmi les filles devient un  devoir dans le cadre des nécessités de notre  futur système éducatif.
Rapport  garçons / filles dans l'enseignement supérieur
La structure de l'enseignement supérieur se caractérise par plusieurs anomalies  (imperfections)  notamment  celle en relation  du rapport garçons/filles
Nous remarquons pour l'année universitaire 1970-1971  que  27% des étudiants de l'enseignement supérieur sont  composés de  filles, contre 28% dans l'enseignement secondaire et 40% dans l'enseignement primaire - le pourcentage des étudiantes  à l'université est certes honorable  surtout si on le compare à la situation qui prévaut dans l'enseignement secondaire et primaire,
D'un autre côté, les étudiantes  sont présentes dans toutes les facultés et dans tous les instituts supérieurs et  elles sont présentes à tous les cycles de l’enseignement supérieur, y compris le troisième cycle menant au doctorat et à l’agrégation.
Et ceci est la preuve des progrès remarquables accomplis par la jeune fille dans le domaine de l'enseignement supérieur. C’est  ainsi  par exemple que  parmi les 468 étudiantes inscrites à la Faculté des sciences, on compte 347 au premier cycle , 73 au deuxième cycle et 28 au troisième cycle.
Et à la Faculté de droit et des sciences politiques et économique  la situation se présente comme suit : on compte 257 étudiantes au 1er cycle et 28 au second cycle
Et à la Faculté des lettres et des sciences humaines, où se trouve le plus grand nombre d'étudiantes, on trouve parmi les 922 étudiantes   694 au premier cycle , 222 au deuxième cycle et 6 au troisième cycle.
Mais le  progrès des filles dans ce domaine n'a pas atteint encore ses  limites , car il existe certains facteurs qui freinent  ces progrès comme le   mariage   de l’étudiante  qui  dans ce cas, soit elle  interrompt ses études  ,  soit elle décide de les poursuivre , mais en «amatrice» et  il serait peut-être utile de connaitre  le taux d’abandon  (du redoublement et des retards)  parmi les étudiantes mariées.



Fin du troisième extrait : A suivre

Présentation et traduction Hédi bouhouch , Mongi Akrout Inspecteurs généraux de l’éducation, et Brahim Ben Atig, Professeur Principal émérite.
Tunis , mars 2017







[1] Entre 1968 et 1971 , le département de l’éducation nationale a vu se succéder 5 Ministres :  Ahmed Ben Salah ( Aout 1968 - novembre 1969 = 1 an 7 mois  )-  Ahmed Noureddine ( Août -novembre 1969 = 4 mois) - Mohamed Mzali ( décembre 1969- juin 1970 = 7 mois) Chedly Ayari ( juin 1970-octobre 1971 = 1an 4mois) - Mohamed Mzali (octobre 1971 - mars 1973 = 1an 5mois  )
[2] Une commission ministérielle et des commissions permanentes spécialisées ( été 1970)  et plusieurs  commissions techniques  comme les commissions régionales formées par le Parti socialiste destourien au  pouvoir , et des sous commissions pour chaque cycle ( primaire- secondaire - supérieur)
[3]  Rapport sur le coût et la situation de l’enseignement tunisien, par Mahmoud Seklani ( non publié) - l’étude  de l’institut international de planification  de l'éducation (IIPE) -  Etude  sur l’évolution quantitative de l’enseignement en République tunisienne par Chedly Ayari -  les principales orientations de la réforme des structures  et de l’organisation de l’enseignement primaire , juin 1972 - les principales orientations de la réforme des structures  et de l’organisation de l’enseignement primaire , juin 1972

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