dimanche 27 décembre 2020

A propos du travail des enseignants du secteur public dans les établissements scolaires privés ( deuxième partie)

 


Hédi BOUHOUCH
Nous poursuivons la présentation de l'histoire de la question du travail des enseignants du public dans les établissements privés , cette semaine nous nous intéressons  à la période des années 90 et les mesures décidées par les réformes de 1991 et de 2002. Pour revoir la première partie cliquer ICI


Au mois de septembre 2018 , le ministre de l'éducation Hatem Ben Salem avait annoncé «lors de la conférence de presse tenue au sein du ministère de l’Education, qu'à partir de l’année scolaire, 2019-20, il sera interdit aux enseignants de la fonction publique d’enseigner dans les écoles et lycées privés ..
»[1]et a demandé aux responsables de ses institutions de  s'y préparer.

 Cette décision a provoqué beaucoup de réactions parmi les professionnels de l'enseignement privé , la publication d'une note de service le 23 juillet 2019 qui annonce l'entrée en vigueur de la décision ministérielle a ravivé le débat.

Le blog pédagogique a voulu  faire  l'histoire de cette question à partir des textes officiels que nous avons pu trouvés .

 

La deuxième loi sur l'enseignement ( loi 1991/65 du 29 juillet 1991 relative au système éducatif) a traité la question avec plus de restrictions

Vingt ans après la circulaire de Mohamed Mzali, et dans le cadre de la nouvelle réforme de l'enseignement de 1991, on assiste à une réorganisation globale du système éducatif qui s'était traduite par la production d'un nombre impressionnant de textes : (9 décrets et 4 arrêtés ont été publiés dans les numéros 35 et 41 du JORT respectivement le 6 et le 26 juin 1992).

La nouvelle loi sur l'enseignement   a consacré elle aussi un chapitre à l'enseignement privé ( chapitre IV, 6 articles), mais à la différence  de la première loi , elle a évoqué la question qui nous intéresse dans son article 29 qui stipule que « les écoles primaires, les écoles préparatoires et les lycées secondaires privés sont astreints de recruter une partie de leur personnel enseignant à plein temps. La proportion de ces enseignants sera fixée par arrêté ministériel qui prend en considération le nombre de diplômés  universitaires habilités à enseigner et demandeurs d'emploi » en application de la loi, le ministère publia un premier arrêté  le 8 juin 1992  qui a  fixé la proportion du personnel enseignant qui doit être  recrutée à plein temps  dans les écoles primaires, les écoles préparatoires er les lycées privés  pour l'année 192/1993.[2], puis un deuxième arrêté a été publié  le  7 juillet 1993  sans changement et enfin un troisième arrêté paru  le 21 octobre 1994 avec un changement au niveau de la liste des disciplines concernées par le recrutement à plein temps.

Les nouvelles mesures décidées constituent un changement dans le traitement de la question par rapport à la circulaire de 1972. D'une part elles se fondent sur la force de la loi et d'autre part, elles sont plus contraignantes puisque qu'elles imposent aux institutions scolaires privées des quotas dans des cas précis qui seront actualisés selon l'évolution du marché de l'emploi. C'est ainsi que pour l'année 1992/93:

·       Les écoles primaires devraient " répartir au moins la moitié de l'horaire officiel global dans les différents niveaux, sur des maîtres recrutés pour un enseignement à temps plein ".

·       Quant aux " écoles préparatoires et aux lycées secondaires privés, ils étaient tenus, … à recruter les enseignants à plein temps chaque fois que l'établissement dispose d'un temps complet … dans les matières suivantes : Anglais, Sciences physiques, Education islamique, Sciences économiques et Disciplines Techniques." Cette liste est arrêtée en rapport avec les disponibilités sur le marché de l'emploi, c'est donc une mesure qui vise à alléger le poids du chômage des diplômés l'enseignement supérieur.

Néanmoins les nouvelles dispositions n'ont pas interdit le recours aux enseignants du public par les institutions privées, qui ont continué à fonctionner avec eux, tout au plus elles ont imposé aux écoles primaires privées le recrutement à temps complets des instituteurs pour assurer la moitié de l'horaire  et pour les collèges et les lycées , le recrutement de professeurs  "à plein temps chaque fois que l'établissement dispose d'un temps complet dans certaines disciplines " ce ci dit il semble que les établissements privés n'ont pas respecté les directives des arrêtés et  ont continué à faire appel aux enseignants du public moyennant une autorisation et dans certaines limites, c'est-à-dire selon les modalités de la circulaire de 1973.

 

Document 3: Arrêté du ministre de l'éducation et des sciences du 8 juin 1992  fixant la proportion du personnel enseignant  recruté à plein temps  dans les écoles primaires, les écoles préparatoires er les lycées privés  pour l'année 192/1993

.

Le Ministre de l'éducation et des sciences , vu, la loi 91/65 du 29 juillet 1991 relative au système éducatif , notamment l'article 29.

Arrête

Article premier: les écoles primaires privées sont tenues , en ce qui concerne l'année scolaire 1992/1993 , à répartir au moins  la moitié de l'horaire officiel global  dans les  différents niveaux , sur des maîtres recrutés pour un enseignement à temps plein.

Article 2:  Les écoles préparatoires et les lycées secondaires privés sont tenus , en ce qui concerne l'année scolaire 1992/93 , à recruter les enseignants à plein temps chaque fois que l'établissement dispose d'un temps complet et ce dans les matières suivantes : Anglais, Sciences physiques, Education islamique, Sciences économiques et Disciplines Techniques.

Tunis, le 8 juin 1992                          Le Ministre de l'Education et des Sciences

                                                                                   Mohamed Charfi

                                                            Vu  Le Premier Ministre Hamed Karoui

 

 

 

La loi d'orientation de l'éducation et de l'enseignement de 2002 avait reproduit l'article 29 de la loi de 1991

 

En parcourant la loi d'orientation de l'éducation et de l'enseignement qui a remplacé la loi n°65 du 29 juillet 1991 , nous retrouvons une reproduction de l'article 29 dans des termes presque similaires dans l'article 39 de la nouvelle loi qui dit que  " les établissements  éducatifs privés doivent recruter une partie de leur personnel enseignant à plein temps. La proportion de ces enseignants est fixée par arrêté du ministre de l'éducation  qui prend en considération la nécessité de disposer d'un personnel éducatif permanent"  , seulement aucun arrêté d'application ne fut publié depuis, à notre connaissance, notre recherche est restée sans résultat.

 

Fin de la deuxième partie, à suivre. Pour revoir la première partie cliquer ICI

Présentation et commentaire Mongi Akrout & Abdessalem Bouzid, Inspecteurs généraux de l'éducation

Tunis, décembre 2020

Pour accéder à la version Ar, Cliquer ICI



[2] Journal  officiel  de la République  Tunisienne  ,  26 JUIN 1992.

 

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