dimanche 2 avril 2023

A la mémoire de Mde Salah BOUAZIZI , l'inspecteur général de l'éducation : Rapport d'évaluation de l'étude sur les examens nationaux

 

Hédi BOIHOUCH

Il y a quelques semaines, la famille des inspecteurs de l'enseignement secondaire a perdu l'un de ses illustres membres, il s'agit de Mohamed Salah Bouazizi , l'inspecteur général de l'éducation.

Pour honorer  et commémorer sa mémoire le blog pédagogique publie cette   semaine un long extrait d'un rapport d'évaluation rédigé par notre défunt qui a été choisi par l'ancien centre national de l'innovation pédagogique  et de Recherches en Éducation (CNIPRE) pour évaluer une recherche commandée par le musée de l'éducation et qui a été réalisée  en 2017 par deux inspecteurs généraux et anciens directeurs généraux des examens, Hédi Bouhouch, un peu avant sa mort  et Mongi Akrout.

Il faut signaler, que malheureusement, cette recherche n'a pas été  publiée  jusqu'à ce jour. .

 

 


A la mémoire de Hédi Bouhouche

Tu es décédé, que Dieu ait pitié de ton âme. Tu es parti, toi qui as passé ta vie au service des générations. Tu es parti mais  tu continues  toujours à soutenir les fondations  de la maison. Puissent  ces mots te rendre justice, mon frère ?

Mohamed Saleh Bouazizi, Inspecteur général de l'éducation

 

Présentation générale

Nous avons déjà présenté, dans  le premier rapport, les éléments  que nous avons retenus pour évaluer la  recherche sur "l'histoire des examens nationaux en Tunisie depuis l'indépendance". Ces éléments  se  divisent en deux parties; la première concerne les fondements et la deuxième concerne les critères choisis pour évaluer ce travail; nous  les présentons brièvement ci-dessous.

Les fondements sont de trois dimensions

Les fondements intellectuels,  qui  s'occupent notamment des deux dimensions,  évaluative et prospective, du système des examens scolaires, en tenant compte de l'évolution dans les domaines de l'évaluation, des programmes et des approches pédagogiques, et en s'arrêtant sur  certains points forts et  sur certains points faibles dans l'histoire des examens tunisiens, et en reconsidérant quelques questions fondamentales afin d'établir une vision prospective.

Les fondements méthodologiques se manifestent notamment dans l'alternance entre l'approche linéaire pour l'étude de  tout ce qui touche à l'histoire des examens à des fins de documentation et de conservation de la mémoire des aspects législatifs, organisationnels et pédagogiques d'une part, et une approche basée sur les  problématiques en recourant  parfois à des raccourcis et  en approfondissant parfois l'analyse, l'examen, la mise en relation et la conclusion.  Notons que les fondements méthodologiques sont une base pour clarifier et structurer les choix intellectuels et leur structuration, pour en faire des ponts de communication et des points de convergence.

Enfin, les fondements éthiques, qui se révèlent à travers l'étroite interaction entre trois valeurs majeures qui permettent d'éloigner tout travail intellectuel méthodique de tous les  types d'exagération dans un sens ou dans l'autre. Ces valeurs sont la mémoire, la rationalité, et la liberté ; et si nous réfléchissons  attentivement à ces trois mots, nous  saisissons les liens qui existent entre eux  et les trois fondements.

Quant aux critères sur la base desquels la première évaluation a été faite, ce sont la clarté des objectifs, la pertinence du contenu, l'élégance de l'expression, la finesse du style, la méthodologie, et les aides à la lecture.

Résumé  analytique

 La première caractéristique de cette recherche est l'abondance des informations sur les lois, les décrets et les circulaires. Il apparait que ce travail est le résultat d'un long et grand effort avec  deux objectifs qui sont le souci de documentation et le travail de réflexion  autour des examens en particulier et sur la  question éducative en général. Il semble également que les auteurs de ce travail  aient anticipé la demande formulée par les commanditaires  du Centre National de l'Innovation  Pédagogique, et cela n'a rien d'étonnant de leur part, puisque les  deux auteurs en question  sont depuis longtemps au cœur de l'événement, et comme le dit l'adage " Les habitants de la Mecque en savent plus sur ses chemins".

Quant à la seconde caractéristique de ce travail, c'est la profondeur de l'analyse, notamment dans le quatrième et le cinquième chapitre, et l'évocation des principales questions pédagogiques, comme l'évaluation dans toutes ses dimensions.

 Cette recherche est réellement  digne de tout directeur général ou de tout inspecteur général dans les systèmes éducatifs les plus prestigieux de l'occident et de l'orient.

Nous disons cela sans la moindre exagération, mais ce sont des mots libres qui essayent de rendre justice aux auteurs. Ce sont des mots qui s'inscrivent dans le cadre de la pensée, de la méthode et de l'éthique précitées. Une telle étude se devait  de se conformer à ces fondements. Mais tout cela  n'empêche pas d'émettre des avis sur plusieurs questions relatives aux actions sur le terrain, qui font, elles aussi,  partie de l'histoire des examens, comme le fonctionnement des commissions nationales ou régionales, et les manières de faire avec les textes, les personnes et les structures administratives, ainsi que les méthodes de travail dans les centres de corrections et les centres d'examens, et la façon d'utiliser les applications numériques exploitées depuis déjà quelques années, comme  celle qui  détecte les cas litigieux ( les écarts des notes d'un même candidat) qui ont permis de rectifier quelques problèmes au niveau de l'évaluation de certaines copies. Il est vrai que ces questions ne pouvaient pas être traitées par ce travail, mais s'il les avait faites, elles auraient pu l'enrichir et auraient aidé à la prospection.

 

Il va également de soi que la lecture critique du système des examens nécessite de s'arrêter à d'autres aspects de la question éducative, dont notamment la formation initiale et continue des cadres pédagogiques et administratifs, ainsi que des enseignants, et il s'agit d'un sujet qui demande lui aussi beaucoup de temps, d'efforts et d'audace.

La lecture critique des examens n'est pas non plus isolée de tout ce qui concerne les programmes et les manuels scolaires, ce qui nécessite également un énorme travail pour dégager  leurs forces et leurs faiblesses afin que le système d'évaluation soit pleinement cohérent avec ces derniers. Enfin, il est utile de rappeler que plusieurs tentatives ont échoué pour plusieurs raisons. Nous pouvons citer à titre d'exemple la tentative de produire un cadre général de l'évaluation en 2006, ainsi que la tentative de produire un cadre général de la formation continue en 2010.

Parmi les points forts de cette recherche, nous citons :

-Les multiples références à la loi de 2002  qui étaient bien articulées avec les dimensions de l'évaluation certificative et de l'évaluation formative, avec le constat objectif de leurs limites sur le terrain, l'utilisation par les auteurs d'expressions telles  que  « tâtonnement »  traduit l'état des lieux   de la meilleure façon.

- La remarque objective à propos  des erreurs et des lacunes dans le rapport régional sur l'état  des systèmes de l'évaluation dans les pays arabes à propos du système tunisien.

- L'abondance des renvois aux lois, décrets, arrêtés, et circulaires

Enfin, la remarque concernant l'absence  dans notre système éducatif - depuis quelques années- de toute évaluation certificative obligatoire   avant l'examen du baccalauréat. Il s'agit là  d'une lacune du système éducatif tunisien, qui se fie essentiellement  aux évaluations internes durant toute la scolarité.

La méthodologie suivie dans cette  étude 

Puisque l'histoire des examens nationaux, objet de cette recherche, avait eu sa part de définition et d'analyse, comme il sera mentionné dans le rapport détaillé, et a débouché dans les derniers chapitres de l'étude sur une vision prospective qui se caractérisait par une multitude de propositions basées sur l'expérience tunisienne dans le domaine de l'évaluation d'une part, et en se référant aux produits de la pensée humaine dans ce domaine sur le plan théorique, d'autre part, il faut passer rapidement aux détails  qui nécessitent examen, révision et vérification, afin que le document soit vraiment prêt pour la publication.

Après une première lecture pour prendre connaissance du contenu et de la méthodologie, et pour voir l'énorme quantité de renvois, il était nécessaire de faire une deuxième lecture attentive pour s'intéresser aux détails  et pour faire les propositions  qui s'imposent pour que le contenu, l'expression  et le mode de présentation puissent se compléter. Cette dernière remarque, nous la faisons avec beaucoup de réserve, étant donné que de nombreuses fautes  mentionnées dans ce rapport proviennent d'erreurs de saisi. Nous les avons signalées afin d'aider les auteurs  à les retrouver facilement dans le texte  pour les corriger et  débarrasser cette recherche distinguée toute imperfection aussi minime qu'elle soit.

Rapport détaillé

Après les modifications apportées au premier texte et les ajouts qualitatifs dans les derniers chapitres de la recherche, la structure de cette étude s'est précisée, ce qui incite à la lire lentement ou rapidement, mais à en faire une lecture qui ne peut être qu'utile dans tous les cas. Nous remercions les auteurs de cette recherche pour cet effort de sauvegarde de la mémoire nationale à un moment où ceux qui savent se sont tus et ceux qui ne comprennent rien monopolisent la parole, et pour leurs soucis de signaler les maux dont souffre l'enseignement, même si les auteurs sont  restés très réservés dans de nombreux endroits.

Le résumé du sujet de la recherche et de la méthode suivie, fait au début de ce rapport, est le signe fondateur de tout travail méthodologique. Les deux paragraphes aident beaucoup à identifier les dimensions réelles de ce travail et à saisir ses origines et ses fondements, car le but de cette étude est de rendre un service à la mémoire nationale et de mettre une référence nationale à la disposition des personnes et des groupes, afin de mieux les  aider  à comprendre et à arrêter les moyens les plus efficaces pour tracer les traits de l'éducation.

La légitimité d'aborder les théories de l'évaluation, de l'enseignement, de l'apprentissage, des approches pédagogiques et de leur rapport avec l'objet de cette étude, ne dispense en rien d'aborder les manifestations actuelles et futures des systèmes, et de se préparer mentalement  et pratiquement  à faire face aux répercussions complexes et entremêlées dans ce domaine.

L'effort de documentation et de recherche  est un devoir, et les avantages de cette recherche c'est d'avoir contribué  à ôter la poussière qui s'est accumulée au fil des ans sur le système éducatif tunisien pour le large public et même pour beaucoup de ceux qui ont travaillé et travaillent encore dans le domaine de l'éducation.

 La méconnaissance des racines des choses et de leur évolution dans le temps et comment elles ont conduit aux pratiques adoptées actuellement en termes de lois et de traditions de travail, d'organisation, de suivi, de mécanismes, a fait que beaucoup de personnes ont perdu  confiance dans le  système éducatif. La connaissance du devenir de l'éducation et de son histoire, même partielle, renforce le sentiment d'appartenance à un pays séculaire. Nous  pensons que cette étude contribue au développement d'un tel sentiment.

 

Il est utile de signaler le questionnement des auteurs de l'étude, à plusieurs endroits, sur l'absence d'études sérieuses qui portent sur l'histoire de l'éducation en général et sur les examens nationaux en particulier. Leur questionnement est justifié, et il est probable que cette étude soit le prélude d'autres travaux qui peuvent concerner d'autres aspects du système éducatif.  Nous avons la certitude que les crises et les transformations historiques mettent les gens d'opinion et de savoir devant des défis qu'ils devraient affronter et ce n'est pas un hasard, si cette recherche a été menée à un moment où règnent beaucoup de confusions, d'opinions divergentes et de positions contradictoires. Nous devons avouer que si nous n'avons pas écrit ces mots, nous aurons été complaisant et peut être hypocrite.

Quant au mal endémique de la baisse des résultats des élèves au baccalauréat  au niveau national et dans de nombreuses régions de l'intérieur, il a entrainé au fil des années des mesures politiques et administratives, parfois homogènes et parfois contradictoires. Ces mesures n'étaient que du rafistolage. On ne s'est pas attaqué  à l'origine première de ce mal qui se situe au niveau de la formation initiale et continue des cadres pédagogiques et administratifs ainsi que des enseignants. Nous savons très bien les limites de cette formation et l'absence de référentiel de la formation en est la meilleure preuve. Il faut dire que les conséquences de cela étaient extrêmement graves sur le plan éthique essentiellement puisque, aujourd'hui, l'aspect matériel prime dans le paysage éducatif.

Quant à l'aspect cognitif et méthodologique, il a été délaissé et l'idée de ​​l'inefficacité de tout ce qui est formation s'est ancrée chez ceux qui auraient dû être les premiers à en bénéficier et chez ceux qui en avaient la charge ensuite. Il faut dire, aujourd'hui, que la formation n'était pas au rendez-vous ni avec la réforme 1991, ni avec celle de 2002. Le résultat est que le système avance à deux vitesses, la vitesse d'une minorité d'acteurs enthousiasmés pour l'innovation, et une majorité sceptique qui regarde avec méfiance les orientations générales du système. Il semble que la situation se soit aggravée ces dernières années,  si bien que nous nous demandons comment les examens peuvent-ils mener à autre chose que ce à quoi ils ont mené, au moment où une minorité d'enseignants, d'encadreurs et d'administrateurs pouvaient engager les changements, mais leurs efforts ont été emportés par un courant impétueux dominé  par l'esprit revendicatif d'une part, et le recours à la tricherie  et à la fraude d'autre part.

Nous sommes en présence d'une crise essentiellement morale et culturelle. Dans ce cas, les mesures et les injonctions, aussi nombreuses qu'elles soient, n'ont pas réussi à la contrecarrer. Au contraire, elles ont, peut-être, exacerbé les choses et aggravé la crise.

Peut-être que les multiples signes d'indulgence excessive  relevés dans certains rapports, qui ont été mentionnés dans cette recherche, auraient dû s'intéresser à une autre indulgence  excessive dans le choix des profils des encadreurs, des cadres administratifs et des enseignants, parce que le ministère de l'Éducation n'a pas les moyens de réformer d'autres aspects comme les conditions sociales.

Les tableaux et les planches inclus dans cette recherche sont significatifs et convaincants, et je suggère de faire référence, même brièvement, aux rapports sur le faible rendement du système éducatif, y compris les rapports sur les établissements à faible rendement de 2015. Les rapports sur le problème de l'orientation et le rapport général sur l'inspection pédagogique dans toutes les matières pour une année entière, qui se trouvent sur les étagères de l'inspection générale de l'éducation vont dans le même sens que cette étude. Le problème du ministère de l'éducation, c'est qu'à ce jour, ses différentes structures travaillent séparément et sans une stratégie de coordination claire entre elles.

ConConlusion:

 

Cette remarquable recherche a étudié, dans ses six chapitres, les divers aspects des examens nationaux. Parfois, elle s'est contentée d'en faire une présentation et parfois elle a opté pour l'analyse en émettant des opinions et en faisant des propositions.

C'est la raison pour laquelle nous estimons que nous sommes devant l'une des œuvres la plus importante sur la question sinon la plus importante de toute.

Une fois que les modifications proposées par les rapports d'évaluation, cette recherche sera prête pour être imprimée et puis publiée.

Nous suggérons son enrichissement, même ultérieurement, par des témoignages de personnes  d'expérience  et de terrain dans le domaine des examens, Nous pensons que  M. Mongi Akrout  serait le plus apte à faire  le tri et le classement de ces témoignages, pour les numériser et les héberger dans un portail bien protégé de la direction générale des examens et du Centre International de Formation des formateurs  et de l'innovation Pédagogique

 

De cette manière, cette recherche serait enrichie par un contenu lié à la réalité des choses, qui lui donnerait plus de crédibilité et d'objectivité et permettrait de faire évoluer les pratiques de l'évaluation au niveau de la correction des épreuves et de l'attribution des notes et au niveau de l'organisation du travail des centres de correction. Ce travail nécessite une exploitation minutieuse des rapports des présidents des jurys de correction et des rapports des présidents des centres de correction. Tout cela pourrait ouvrir d'autres portes et éclairer les voies.

Tunis 24 juillet 2017

Mohamed Salah Bouazizi, Inspecteur général de l'éducation

Texte traduit par Mongi Akrout et Abdessalam Bouzid , Inspecteurs généraux de l'éducation .

Pour accéder à la version ARABE, cliquer ICI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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