A la mémoire
de Hédi Bouhouche Tu es décédé,
que Dieu ait pitié de ton âme. Tu es parti, toi qui as passé ta vie au
service des générations. Tu es parti mais
tu continues toujours à
soutenir les fondations de la maison.
Puissent ces mots te rendre justice,
mon frère ? Mohamed Saleh Bouazizi, Inspecteur général de
l'éducation |
Présentation générale
Nous avons déjà présenté, dans le
premier rapport, les éléments que nous
avons retenus pour évaluer la recherche
sur "l'histoire des examens nationaux en Tunisie depuis
l'indépendance". Ces éléments
se divisent en deux parties; la
première concerne les fondements et la deuxième concerne les critères choisis
pour évaluer ce travail; nous les
présentons brièvement ci-dessous.
Les fondements sont de trois dimensions
Les fondements intellectuels, qui s'occupent notamment des deux
dimensions, évaluative et prospective,
du système des examens scolaires, en tenant compte de l'évolution dans les
domaines de l'évaluation, des programmes et des approches pédagogiques, et en
s'arrêtant sur certains points forts
et sur certains points faibles dans
l'histoire des examens tunisiens, et en reconsidérant quelques questions
fondamentales afin d'établir une vision prospective.
Les fondements méthodologiques se manifestent notamment dans l'alternance entre
l'approche linéaire pour l'étude de tout
ce qui touche à l'histoire des examens à des fins de documentation et de
conservation de la mémoire des aspects législatifs, organisationnels et
pédagogiques d'une part, et une approche basée sur les problématiques en recourant parfois à des raccourcis et en approfondissant parfois l'analyse,
l'examen, la mise en relation et la conclusion.
Notons que les fondements méthodologiques sont une base pour clarifier
et structurer les choix intellectuels et leur structuration, pour en faire des
ponts de communication et des points de convergence.
Enfin, les fondements éthiques, qui se révèlent
à travers l'étroite interaction entre trois valeurs majeures qui permettent
d'éloigner tout travail intellectuel méthodique de tous les types d'exagération dans un sens ou dans
l'autre. Ces valeurs sont la mémoire, la rationalité, et la liberté ; et si
nous réfléchissons attentivement à ces
trois mots, nous saisissons les liens
qui existent entre eux et les trois
fondements.
Quant aux critères sur la base desquels la première évaluation a été
faite, ce sont la clarté des objectifs, la pertinence du contenu, l'élégance de
l'expression, la finesse du style, la méthodologie, et les aides à la lecture.
Résumé
analytique
La première
caractéristique de cette recherche est l'abondance des informations sur les
lois, les décrets et les circulaires. Il apparait que ce travail est le
résultat d'un long et grand effort avec
deux objectifs qui sont le souci de documentation et le travail de
réflexion autour des examens en
particulier et sur la question éducative
en général. Il semble également que les auteurs de ce travail aient anticipé la demande formulée par les
commanditaires du Centre National de
l'Innovation Pédagogique, et cela n'a
rien d'étonnant de leur part, puisque les
deux auteurs en question sont
depuis longtemps au cœur de l'événement, et comme le dit l'adage " Les
habitants de la Mecque en savent plus sur ses chemins".
Quant à la seconde caractéristique de ce travail,
c'est la profondeur de l'analyse, notamment dans le quatrième et le cinquième
chapitre, et l'évocation des principales questions pédagogiques, comme
l'évaluation dans toutes ses dimensions.
Cette recherche
est réellement digne de tout directeur
général ou de tout inspecteur général dans les systèmes éducatifs les plus
prestigieux de l'occident et de l'orient.
Nous disons cela sans la moindre exagération, mais ce
sont des mots libres qui essayent de rendre justice aux auteurs. Ce sont des
mots qui s'inscrivent dans le cadre de la pensée, de la méthode et de l'éthique
précitées. Une telle étude se devait de
se conformer à ces fondements. Mais tout cela
n'empêche pas d'émettre des avis sur plusieurs questions relatives aux
actions sur le terrain, qui font, elles aussi,
partie de l'histoire des examens, comme le fonctionnement des
commissions nationales ou régionales, et les manières de faire avec les textes,
les personnes et les structures administratives, ainsi que les méthodes de
travail dans les centres de corrections et les centres d'examens, et la façon
d'utiliser les applications numériques exploitées depuis déjà quelques années,
comme celle qui détecte les cas litigieux ( les écarts des
notes d'un même candidat) qui ont permis de rectifier quelques problèmes au
niveau de l'évaluation de certaines copies. Il est vrai que ces questions ne
pouvaient pas être traitées par ce travail, mais s'il les avait faites, elles
auraient pu l'enrichir et auraient aidé à la prospection.
Il va également de soi que la lecture critique du système des examens
nécessite de s'arrêter à d'autres aspects de la question éducative, dont
notamment la formation initiale et continue des cadres pédagogiques et
administratifs, ainsi que des enseignants, et il s'agit d'un sujet qui demande
lui aussi beaucoup de temps, d'efforts et d'audace.
La lecture critique des examens n'est pas non plus
isolée de tout ce qui concerne les programmes et les manuels scolaires, ce qui
nécessite également un énorme travail pour dégager leurs forces et leurs faiblesses afin que le
système d'évaluation soit pleinement cohérent avec ces derniers. Enfin, il est
utile de rappeler que plusieurs tentatives ont échoué pour plusieurs raisons.
Nous pouvons citer à titre d'exemple la tentative de produire un cadre général
de l'évaluation en 2006, ainsi que la tentative de produire un cadre général de
la formation continue en 2010.
Parmi les points forts de cette recherche, nous citons :
-Les multiples références à la loi de 2002 qui étaient bien articulées avec les
dimensions de l'évaluation certificative et de l'évaluation formative, avec le
constat objectif de leurs limites sur le terrain, l'utilisation par les auteurs
d'expressions telles que « tâtonnement » traduit l'état des lieux de la meilleure façon.
- La remarque objective à propos
des erreurs et des lacunes dans le rapport régional sur l'état des systèmes de l'évaluation dans les pays
arabes à propos du système tunisien.
- L'abondance des renvois aux lois, décrets, arrêtés, et circulaires
Enfin, la remarque concernant l'absence dans notre système éducatif - depuis quelques
années- de toute évaluation certificative obligatoire avant l'examen du baccalauréat. Il s'agit
là d'une lacune du système éducatif
tunisien, qui se fie essentiellement aux
évaluations internes durant toute la scolarité.
La méthodologie suivie dans cette
étude
Puisque l'histoire des examens nationaux, objet de
cette recherche, avait eu sa part de définition et d'analyse, comme il sera
mentionné dans le rapport détaillé, et a débouché dans les derniers chapitres
de l'étude sur une vision prospective qui se caractérisait par une multitude de
propositions basées sur l'expérience tunisienne dans le domaine de l'évaluation
d'une part, et en se référant aux produits de la pensée humaine dans ce domaine
sur le plan théorique, d'autre part, il faut passer rapidement aux détails qui nécessitent examen, révision et vérification,
afin que le document soit vraiment prêt pour la publication.
Après une première lecture pour prendre connaissance
du contenu et de la méthodologie, et pour voir l'énorme quantité de renvois, il
était nécessaire de faire une deuxième lecture attentive pour s'intéresser aux
détails et pour faire les
propositions qui s'imposent pour que le
contenu, l'expression et le mode de présentation
puissent se compléter. Cette dernière remarque, nous la faisons avec beaucoup
de réserve, étant donné que de nombreuses fautes mentionnées dans ce rapport proviennent
d'erreurs de saisi. Nous les avons signalées afin d'aider les auteurs à les retrouver facilement dans le texte pour les corriger et débarrasser cette recherche distinguée toute
imperfection aussi minime qu'elle soit.
Rapport détaillé
Après les modifications apportées au premier texte et
les ajouts qualitatifs dans les derniers chapitres de la recherche, la
structure de cette étude s'est précisée, ce qui incite à la lire lentement ou
rapidement, mais à en faire une lecture qui ne peut être qu'utile dans tous les
cas. Nous remercions les auteurs de cette recherche pour cet effort de
sauvegarde de la mémoire nationale à un moment où ceux qui savent se sont tus
et ceux qui ne comprennent rien monopolisent la parole, et pour leurs soucis de
signaler les maux dont souffre l'enseignement, même si les auteurs sont restés très réservés dans de nombreux
endroits.
Le résumé du sujet de la recherche et de la méthode
suivie, fait au début de ce rapport, est le signe fondateur de tout travail
méthodologique. Les deux paragraphes aident beaucoup à identifier les
dimensions réelles de ce travail et à saisir ses origines et ses fondements,
car le but de cette étude est de rendre un service à la mémoire nationale et de
mettre une référence nationale à la disposition des personnes et des groupes,
afin de mieux les aider à comprendre et à arrêter les moyens les plus
efficaces pour tracer les traits de l'éducation.
La légitimité d'aborder les théories de l'évaluation,
de l'enseignement, de l'apprentissage, des approches pédagogiques et de leur
rapport avec l'objet de cette étude, ne dispense en rien d'aborder les
manifestations actuelles et futures des systèmes, et de se préparer mentalement et pratiquement à faire face aux répercussions complexes et
entremêlées dans ce domaine.
L'effort de documentation et de recherche est un devoir, et les avantages de cette
recherche c'est d'avoir contribué à ôter
la poussière qui s'est accumulée au fil des ans sur le système éducatif
tunisien pour le large public et même pour beaucoup de ceux qui ont travaillé
et travaillent encore dans le domaine de l'éducation.
La
méconnaissance des racines des choses et de leur évolution dans le temps et
comment elles ont conduit aux pratiques adoptées actuellement en termes de lois
et de traditions de travail, d'organisation, de suivi, de mécanismes, a fait
que beaucoup de personnes ont perdu
confiance dans le système
éducatif. La connaissance du devenir de l'éducation et de son histoire, même
partielle, renforce le sentiment d'appartenance à un pays séculaire. Nous pensons que cette étude contribue au
développement d'un tel sentiment.
Il est utile de signaler le questionnement des auteurs
de l'étude, à plusieurs endroits, sur l'absence d'études sérieuses qui portent
sur l'histoire de l'éducation en général et sur les examens nationaux en
particulier. Leur questionnement est justifié, et il est probable que cette
étude soit le prélude d'autres travaux qui peuvent concerner d'autres aspects
du système éducatif. Nous avons la
certitude que les crises et les transformations historiques mettent les gens
d'opinion et de savoir devant des défis qu'ils devraient affronter et ce n'est
pas un hasard, si cette recherche a été menée à un moment où règnent beaucoup
de confusions, d'opinions divergentes et de positions contradictoires. Nous devons avouer que si nous n'avons pas écrit
ces mots, nous aurons été complaisant et peut être hypocrite.
Quant au mal endémique de la baisse des résultats des élèves
au baccalauréat au niveau national et
dans de nombreuses régions de l'intérieur, il a entrainé au fil des années des
mesures politiques et administratives, parfois homogènes et parfois
contradictoires. Ces mesures n'étaient que du rafistolage. On ne s'est pas
attaqué à l'origine première de ce mal
qui se situe au niveau de la formation initiale et continue des cadres
pédagogiques et administratifs ainsi que des enseignants. Nous savons très bien
les limites de cette formation et l'absence de référentiel de la formation en
est la meilleure preuve. Il faut dire que les conséquences de cela étaient
extrêmement graves sur le plan éthique essentiellement puisque, aujourd'hui,
l'aspect matériel prime dans le paysage éducatif.
Quant à l'aspect cognitif et méthodologique, il a été
délaissé et l'idée de l'inefficacité de tout ce qui est formation s'est
ancrée chez ceux qui auraient dû être les premiers à en bénéficier et chez ceux
qui en avaient la charge ensuite. Il faut dire, aujourd'hui, que la formation
n'était pas au rendez-vous ni avec la réforme 1991, ni avec celle de 2002. Le
résultat est que le système avance à deux vitesses, la vitesse d'une minorité
d'acteurs enthousiasmés pour l'innovation, et une majorité sceptique qui
regarde avec méfiance les orientations générales du système. Il semble que la
situation se soit aggravée ces dernières années, si bien que nous nous demandons comment les
examens peuvent-ils mener à autre chose que ce à quoi ils ont mené, au moment
où une minorité d'enseignants, d'encadreurs et d'administrateurs pouvaient
engager les changements, mais leurs efforts ont été emportés par un courant
impétueux dominé par l'esprit
revendicatif d'une part, et le recours à la tricherie et à la fraude d'autre part.
Nous sommes en présence d'une crise essentiellement
morale et culturelle. Dans ce cas, les mesures et les injonctions, aussi
nombreuses qu'elles soient, n'ont pas réussi à la contrecarrer. Au contraire,
elles ont, peut-être, exacerbé les choses et aggravé la crise.
Peut-être que les multiples signes d'indulgence
excessive relevés dans certains
rapports, qui ont été mentionnés dans cette recherche, auraient dû s'intéresser
à une autre indulgence excessive dans le
choix des profils des encadreurs, des cadres administratifs et des enseignants,
parce que le ministère de l'Éducation n'a pas les moyens de réformer d'autres
aspects comme les conditions sociales.
Les tableaux et les planches inclus dans cette
recherche sont significatifs et convaincants, et je suggère de faire référence,
même brièvement, aux rapports sur le faible rendement du système éducatif, y
compris les rapports sur les établissements à faible rendement de 2015. Les
rapports sur le problème de l'orientation et le rapport général sur
l'inspection pédagogique dans toutes les matières pour une année entière, qui
se trouvent sur les étagères de l'inspection générale de l'éducation vont dans
le même sens que cette étude. Le problème du ministère de l'éducation, c'est
qu'à ce jour, ses différentes structures travaillent séparément et sans une
stratégie de coordination claire entre elles.
ConConlusion:
Cette remarquable recherche a étudié, dans ses six
chapitres, les divers aspects des examens nationaux. Parfois, elle s'est
contentée d'en faire une présentation et parfois elle a opté pour l'analyse en
émettant des opinions et en faisant des propositions.
C'est la raison pour laquelle nous estimons que nous
sommes devant l'une des œuvres la plus importante sur la question sinon la plus
importante de toute.
Une fois que les modifications proposées par les
rapports d'évaluation, cette recherche sera prête pour être imprimée et puis
publiée.
Nous suggérons son enrichissement, même
ultérieurement, par des témoignages de personnes d'expérience
et de terrain dans le domaine des examens, Nous pensons que M. Mongi Akrout serait le plus apte à faire le tri et le classement de ces témoignages,
pour les numériser et les héberger dans un portail bien protégé de la direction
générale des examens et du Centre International de Formation des
formateurs et de l'innovation
Pédagogique
De cette manière, cette recherche serait enrichie par
un contenu lié à la réalité des choses, qui lui donnerait plus de crédibilité
et d'objectivité et permettrait de faire évoluer les pratiques de l'évaluation
au niveau de la correction des épreuves et de l'attribution des notes et au
niveau de l'organisation du travail des centres de correction. Ce travail
nécessite une exploitation minutieuse des rapports des présidents des jurys de
correction et des rapports des présidents des centres de correction. Tout cela
pourrait ouvrir d'autres portes et éclairer les voies.
Tunis
24 juillet 2017
Mohamed
Salah Bouazizi, Inspecteur général de l'éducation
Texte
traduit par Mongi Akrout et Abdessalam Bouzid , Inspecteurs généraux de
l'éducation .
Pour accéder à la version ARABE, cliquer ICI
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