Nous avons lu, ces derniers jours, une
étude très intéressante sur les effets des SMS [1] intitulée- La
pratique des SMS des collégiens et des lycéens, qui a été publiée au mois Août 2013. L’étude
est réalisée par Josie Bernicot , professeure à l'université de Poitiers, pour
le Centre Henri Aigueperse[2].
Pourquoi cette étude ?
Devant l’explosion de la pratique des SMS, qui est apparue il y a déjà plus que 20
ans , les élèves sont de plus en plus nombreux et de plus en plus de jeunes à utiliser les SMS pour communiquer; un nouveau langage, qui ne respecte ni les règles de l’orthographe, ni celle de la grammaire, ni aussi la
structure des messages classiques , est né ; les parents et les
enseignants s’en inquiètent; ils ont peur du nouveau langage, n’entrave- t-
il pas l’acquisition du langage scolaire? «
Beaucoup n’ont pas hésité à imputer les difficultés scolaires et la baisse du
niveau» à cette nouvelle pratique.
Cette recherche a essayé de donner une
réponse à cette question.
Brève présentation de l’étude
L’étude a durée 3 ans (
2011 – 2013) ; 5 000 SMS
,recueillis de façon longitudinale pendant une année produit par des collégiens
français de 11-12 ans[3] et lycéens français de 13 à 18 ans, ont été analysés et comparés aux
résultats de l’échantillon obtenus dans un test standardisé qui permet de
distinguer l’orthographe d’usage et orthographe de règle aux résultats
scolaires du même échantillon en écrit
traditionnel.
L’étude de 109 pages est
constituée de deux parties :
La 1° intitulée : Les SMS des élèves de 10-12 ans forts ou faibles en
orthographe : Une étude longitudinale d’une durée d’un an au collège
Il s’agit d’élèves de 5°
et de 6° du Collège Camille Guerin
de Vouneuil sur Vienne qui n’ont pas utilisé auparavant des téléphones
mobiles, et à qui on a offert des téléphones mobiles, après l’accord des parents
et de la direction de l’école ; et
après avoir donné leur accord pour la collecte et l’étude des SMS qu’ils ont
produit durant une année.
Les chercheurs ont comparé l’orthographe d’usage et orthographe
de règle aux résultats scolaires du même
échantillon en écrit traditionnel.
La 2° intitulée Les SMS chez les adolescents de 13-18 ans: Une étude
de la longueur, de la structure et de la fonction sociale des messages.
L’étude
a analysé un échantillon constitué de 1131 SMS produits par 115 ; dont 54 adolescents et 61 adolescentes ; ces SMS se répartissent
de la façon suivante :
selon
l’âge:
Catégorie d’âge
|
Nombre d’élèves
|
Nombre d’ SMS
|
13 – 14 ans
|
23
|
227
|
15 – 16 ans
|
41
|
336
|
17 - 18
|
51
|
568
|
TOTAL
|
115
|
1131
|
selon
le sexe et l’ancienneté et la fréquence
SMS recueillis selon le sexe
|
SMS recueillis selon l’ancienneté et fréquence d’utilisation
|
||
Filles
|
655
|
Ancienne
et fréquente
|
802
|
Garçons
|
476
|
Récente et rare
|
329
|
Total
|
1131
|
1131
|
L’étude porte sur le
rôle de l’âge, le genre (fille-garçon) et de la pratique des SMS (récente et
rare/ancienne et fréquente) sur la longueur des messages (nombre de caractères
avec espaces et nombre de mots), leur structure dialogique (avec ou sans
ouverture et clôture) et leur fonction (informationnelle/relationnelle).
L’étude ne s’est pas
intéressée à chaque variable séparément ;
mais elle les a croisées afin étudier leurs effets regroupés. Alors, dans
quelle mesure la longueur, la structure
et de la fonction sociale des SMS varient elles selon les ses auteurs ?
Dans Chaque partie
l’auteure expose, après une introduction, la méthode de travail suivie puis les résultats et termine par une discussion de ces résultats et par les références bibliographiques
Les principales conclusions
Les conclusions de la première partie :
Les conclusions sont
plutôt rassurantes et positives, elles se résument en 4 points:
1. Le lien entre le niveau
des élèves en orthographe et leur pratique des SMS n’est pas clair ; les
élèves forts ou faibles en écrit traditionnel au début du recueil des données
restent respectivement forts ou faibles pendant un an, quelle que soit leur
pratique des SMS (l’échantillon étaient
constitué de jeunes n’ayant jamais utilisé des téléphones mobiles avant l’expérience).
2. l’auteure rejette « l’hypothèse d’une
influence négative de la pratique des SMS sur l’apprentissage de la langue
écrite à l’école », en avançant
qu’« aucune étude n’a démontré de liens négatifs entre la pratique des
SMS et la maîtrise de l’écrit traditionnel » ,elle réfute aussi les
thèses qui considèrent que « les SMS comme une
forme incorrecte et dégradée de l’écrit traditionnel que les élèves seraient
tentés d’utiliser en toutes circonstances » et elle défend l’idée qui considère que « les SMS sont un nouveau registre de la langue écrite …
défini par un ensemble des marques langagières structurales appropriées dans
une situation sociale donnée … On n’écrit pas… de la même façon un SMS à un
copain et le résumé la dernière leçon de géographie à l’école. »
p14-15
3. pour l’auteure « les SMS sont une occasion nouvelle et
supplémentaire de pratiquer l’écrit, qui auparavant, pour des enfants de 11-12
ans, était restreint au milieu scolaire. Nous avons jusqu’à maintenant insisté
sur les 52% de mots qui contiennent des textismes[4]
dans les SMS. Il faut aussi considérer les 48% de mots qui sont écrits selon
les règles traditionnelles. »
4.
Enfin
l’auteure du rapport pense que les SMS pourraient être utilisés comme un allié pour
les apprentissages scolaires en se basant sur quatre faits :
-
les élèves pratiquent cette forme de
communication (en écriture comme en lecture) avec facilité et enthousiasme.
-
aucune étude n’a
démontré de lien négatif de cette pratique avec la maîtrise de l’écrit
traditionnel.
-
un pourcentage important d’élèves
possède un téléphone mobile qui constitue l’une des nouvelles technologies les
moins onéreuses.
Pour toutes ces raisons, (le rapport final) avance que « le téléphone mobile et
les SMS pourraient être utilisés comme support d’apprentissages scolaires» p 47-48
Les conclusions de
la deuxième partie :
L’étude est arrivée aux conclusions suivantes :
§ Au sujet de la taille des
SMS, globalement le nombre de caractères augmente avec l’âge et est plus
important pour les filles que pour les garçons. Surtout pour les tranches d’âge
15-16 ans et 17-18 ans.
§ Pour la structure des SMS,
l’étude a montré que 25% sont conforme à
la structure traditionnelle c'est-à-dire
comportant une ouverture suivi du
message et se termine par une clôture; 75% ne respectent pas cette structure où manquent l’ouverture ou la
clôture ou les deux à la fois ; dans 25% des cas les messages sont seuls
sans ouverture ni clôture ; ainsi on peut admettre que les SMS sont un
type de communication écrit.
§ Pour
la fonction des SMS, l’analyse des contenus des messages a révélé qu’ils
remplissent deux fonctions principales :
-
la première est une fonction « informationnelle-transactionnelle » elle représente 43.13%
de l‘échantillon, cette fonction est plus présente dans les SMS produits
par les garçons (45.09%)
et seulement (41.7% ) chez les filles ; cette fonction est plus
importantes chez la tranche d’âge 17-18 ans (44.98 %) et chez les nouveaux utilisateurs (47.16 %).
-
la deuxième est une fonction «
relationnelle » 56.86 %
des SMS , cette fonction est plus présente dans les SMS des jeunes filles 58.26% contre 54.91 % chez les garçons , elle devient très présente dans le SMS de
la tranche d’âge 15-16 ans ;
Les thèmes de la
fonction« relationnelle » sont par ordre décroissant les relations amicales et l’organisation
sociale (environ 35% pour chaque catégorie), puis les relations amoureuses et
les échanges interpersonnels ritualisés (environ 15% pour chaque catégorie).
Tels étaient les résultats et les conclusions
de cette étude fort originale
PS :
Pour
ceux qui sont intéressés par la question, nous leur proposons les liens suivants :
L'Expresso
du 6 mars 2014 où on peut lire une brève
présentation de l’étude http://www.cafepedagogique.net/Documents/06032014Article635296861458424606.pdf
Extraits
de la synthèse (Josie Bernicot)
Communication
rapide (SMS, réseaux sociaux) et pratiques pédagogiques
http://www.education.com/spip.php?article69
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