Les filles occupent
une position privilégiée dans l'examen du
baccalauréat tunisien; en effet depuis
des années, les filles sont devenues plus nombreuses, plus performantes que les
garçons.
Pour analyser ce phénomène devenu structurel, nous avons utilisé les données de la
session 2011 comme exemple, en raison de
la disponibilité de données statistiques complètes et précises dans le site de
l’éducation « Edunet ».
I.
Les filles représentent la majorité des
participants à l’examen.
Depuis les années quatre-vingt dix, les
filles sont devenues majoritaires parmi
les candidats à l'examen du baccalauréat tunisien; les
statistiques de la session 2011
confirment la tendance; les filles représentaient 57,32 % du total des candidats.
Cependant, la situation varie selon plusieurs variables :
1.
Elle varie selon les régions : entre 51,79 % à la direction régionale de Tunis[1]
et 67,89% dans celle de Kebili, on peut distinguer deux groupes
distincts :
§
Un groupe où le taux des candidates est supérieur à
60% : ce groupe est constitué de 5 gouvernorats situés au sud tunisien; il
s’agit par ordre croissant des
gouvernorats de Tozeur, Mednine, Gabès, Tataouine et Kebilli. Cette situation
pourrait s’expliquer par l’importance des taux d’abandon des garçons, dans ces
régions, avant la fin du cycle secondaire.
§ Un deuxième groupe où l’on enregistre les
taux de filles les plus faibles (en dessous de la moyenne nationale : 57 ,32%)
constitué par 11 gouvernorats situés au nord, au sahel et au centre.
2.
Selon les sections ou la spécialité
Les filles sont
majoritaires dans quatre sections sur les
sept spécialités[2] ;
elles sont 72,48 % dans la section « sciences expérimentales »
et 67,07 % dans la section « lettres » ; les garçons ne dépassent
les filles que dans les sections des sciences techniques, les sciences
informatiques et la section sport.
Au point de vue quantitatif, les trois
quarts des filles se retrouvent dans deux sections seulement, à savoir la
section « lettres » et la « section sciences expérimentales »;
leur nombre est plutôt faible dans les sections « sciences techniques,
sciences informatiques et sport ».
3.
selon le type d’enseignement
La proportion de filles parmi les
candidats appartenant à des écoles privées se réduit et elles deviennent minoritaires, ne
représentant que 38,37 % seulement,
alors que leur proportion s'élève à 61,22 % parmi les candidats des
institutions publiques et à 54,33 % parmi
candidats libres ou individuels.
II.
supériorité quasi - absolue des filles
dans les études et la réussite.
1.
Supériorité numérique pour les filles
Depuis 2005, sur 10 nouveaux bacheliers 6 étaient des filles ; au cours de la
session 2011, le taux de réussite des filles
était de 60,3 %. Ce taux a
enregistré une hausse continue depuis la fin des années quatre vingt dix;
l'écart entre les deux sexes a lui aussi
augmenté; il est passé de 6 points au cours de la session de 1999 à plus de 20 points depuis la session 2007 ;
atteignant son record lors de la session 2009 pour atteindre 22,84
points.
La distribution
des admis par sexe entre 1999 et 2011.
L’écart
|
Part des garçons
|
Part des filles
|
Session
|
6,54
|
46,73%
|
53,27%
|
1999
|
17,2
|
41,4%
|
58,6%
|
2004
|
22,84
|
38,58%
|
61,42%
|
2009
|
21,09
|
39,45%
|
60,54%
|
2011
|
2.
Supériorité des filles dans toutes les sections
Les filles surpassent les garçons dans toutes
les sections , sans exception, avec
cependant quelques variantes : alors que l’écart s’approche de vingt points dans la section « lettres» , il descend à presque 14 points dans la section « économie et gestion » , et il est moins de 6 points dans les trois sections , où la proportion des filles est faibles comme on l’a vu plus haut , il s’agit des section « sciences
techniques , sciences informatiques et sport ».
Taux de réussite par section et par genre (session 2011)
L’écart
|
filles
|
garçons
|
|
19,97
|
55,34%
|
35,37%
|
Lettres
|
7,42
|
80,61%
|
73,19%
|
Mathématiques
|
9,25
|
72,28%
|
63,03%
|
Sciences expérimentales
|
13,53
|
72,94%
|
59,41%
|
Economie et gestion
|
4,45
|
73,45%
|
69%
|
Sciences techniques
|
4,49
|
65,51%
|
61,02%
|
Sciences informatiques
|
5,83
|
98,45%
|
92,62%
|
Sport
|
.
3.
Supériorité des filles en termes de taux
de réussite
Les filles s’illustrent aussi par leur performance
et leur efficacité dans l'examen baccalauréat; en effet, elles réussissent mieux que les garçons; les statistiques montrent que la différence entre le taux de réussite
entre les sexes ne cessent d’augmenter; elle était de l'ordre de 4 points
jusqu'à la session de 2001 , mais elle a plus que doublé au cours des dernières sessions pour atteindre 8,41% au cours de 2011 .
Evolution des taux d’admission par sexe
L’écart
|
Part des garçons
|
Part des filles
|
Session
|
3,72
|
48,41%
|
52,13%
|
1999
|
3,26
|
46,07%
|
49,33%
|
2001
|
6,04
|
60,63%
|
66,67%
|
2002
|
6,20
|
51,82%
|
58,02%
|
2006
|
8,41
|
59,08%
|
67,49%
|
2011
|
Il faut ajouter que les bachelières raflent souvent
les premières places, entre 2009 et 2012, elles ont réalisées les meilleures
moyennes dans 4 à 6 sections sur 7.
4.
Supériorité des filles dans tous les gouvernorats
La supériorité des filles dans les
études en général et aux examens du baccalauréat en particulier est un phénomène perçu dans toutes les régions
du pays , mais son importance varie d'une une région à une autre : elle est limitée
( moins de 4 points ) dans deux régions (Monastir , Sfax ), mais elle s'élève à plus de 10 points dans sept gouvernorats
, à savoir Tunis 1 , Siliana , Sidi Bouzid , Manouba , Jendouba , Kasserine et
Bizerte ;il est à noter que la différence entre les gouvernorats n'obéit pas
à une logique géographique claire, mais
elle est plutôt en relation avec le niveau des résultats globaux de chaque région ,
en effet les deux gouvernorats où la différence est la plus faible ( Sfax et
Monastir) sont connus par un taux de
réussite général élevé, au contraire des
septs autres gouvernorats qui
connaissent des taux de réussite faibles.
Conclusion
Peut-on considérer les performances des
filles tunisiennes aux examens du baccalauréat comme un indice de réussite du
système éducatif ou plutôt comme un signe de son échec ?
Il est assez difficile de trancher car on est
tenté de répondre que c’est un grand succès parce que les réalisations de la jeune fille
tunisienne relève du miracle (
au baccalauréat de 1923[3] sur 417 candidats au baccalauréat , il y avait
64 filles mais aucune d’elles n’étaient tunisienne musulmane , au baccalauréat
de 1946 elles n’étaient que Six (6) une
seule fille obtient le titre de bachelière , en 1958 elle étaient 66 candidates
soit 14 , 89 % du total des candidats 29 décrochaient leur bac ) , en trois générations les choses ont totalement changé; mais on
serait de tenter de dire c’est un signe d’échec, parce que le taux d'abandon des
garçons, sans diplôme, est devenu
problématique .
Qu’en est-il hors de nos frontières
Au Maroc : Pourquoi lesfilles obtiennent de meilleures notes que les garçons
Aux îles Maurice :Année après année, les filles font systématiquement mieuxque les garçons aux examens nationaux.
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