lundi 28 juillet 2014

La qualité de l'enseignement va-elle s’améliorer si on supprimait les 25% dans le calcul de la moyenne du baccalauréat?


La question des 25% a fait couler beaucoup d'encre et  a suscité beaucoup de débats  au sein de  la communauté éducative et au-delà, et généralement on en dit plutôt du mal que du bien, on leur fait porter la responsabilité de tous les maux de l’école tunisienne et surtout  la baisse du  niveau des diplômés.

Ce jugement  qui n’est pas fondé sur des études scientifiques (du moins à notre connaissance) est plutôt basé sur des impressions et des préjugés,  c’et la raison pour laquelle nous avons voulu consacrer le point de vue de cette semaine  à cette question, il s’agit d’un témoignage  de deux anciens acteurs directs[1] qui exerçaient au ministère de l’éducation à l’époque où  ce nouveau système de calcul de la moyenne finale du baccalauréat fut décidé et institué
Pour entamer le débat, commençons par poser les questions suivantes : Est-ce que l'école et l'enseignement supérieur  étaient dans un meilleur état avant l'entrée en vigueur du nouveau système? Est-ce que ce sont les  « 25% » qui sont la cause de la baisse du niveau (si cette baisse  est un fait établi et confirmé), enfin va-t-on améliorer la qualité de l'éducation si on les abandonnait?
I.      Un peu d’histoire pour faire une mise au point et préciser certaines choses.
1.       L’histoire a commencé en juin 2001
Après une période de hausse constante des taux de réussite au baccalauréat depuis la session de 1994, ce  taux a enregistré  à la session 2001 une baisse  de quelques points (voir tableau1ci dessous) ; cette baisse fut  la cause directe de larévision  du mode  de calcul de la moyenne du baccalauréat  et des conditions du  rachat[2] en vigueur depuis  1992.
Tableau 1 : évolution des taux de réussite au baccalauréat
Session
Taux de réussite des candidats du public
Taux de réussite général
1997
41 %
%35,5
2000
60 %
%52
2001
%57
%48
La décision de réviser le mode de calcul de la moyenne finale de l'examen du baccalauréat  a été prise à la suite de la session de juin 2001, c’était une décision politique[3] et administrative, (elle n’était ni l’aboutissement d’une étude approfondie, ni une recommandation des autorités pédagogiques , ni encore une demande des parents d'élèves) , c’était une mesure administrative qui permet aux candidats qui se voyaient recalés , alors que leur moyenne au baccalauréat étaient comprise entre 9 et 9.99 , et qu’ils avaient la moyenne annuelle , parce qu’ils ne remplissaient pas l’une des conditions du rachat qui exigeait l’obtention d’au moins une moyenne supérieure à 9 dans les deux matières spécifiques de la section.
      2.  la  révision du mode de calcul de la moyenne finale du bac  n’est qu’une mesure parmi  une série de mesures qui visent le même objectif
En novembre 2001 et en Janvier 2002, deux nouveaux  arrêtés  modifient l’arrêté de 1992 relatif à l’organisation de l'examen du baccalauréat et introduisaient quatre modifications importantes qui touchent le mode de calcul de la moyenne du bac et les conditions de rachat:
a.   la première modification intègre la moyenne   annuelle  générale ( MAG) de la quatrième année dans du calcul de la moyenne finale du baccalauréat, en attribuant un coefficient 3 à la moyenne de l’examen et le coefficient 1 pour la MAG, c’est de là qu’est venu le terme de 25% ; cette formule n’est appliquée que si elle permet d’améliorer la moyenne finale ( voir l’illustration ci-dessous) ; Cet amendement est le plus connu  de toutes les autres modifications.
Illustration de la formule de calcul

Moyenne  de l’examen
moyenne annuelle  Générale en 4°
Moyenne finale
1° cas
14
16
14* 3+16/4=14.5
2° cas
14
13
14

Prenons le cas d’un élève qui obtient une moyenne de 9 à l’examen, voyons son gain si sa moyenne générale en 4° est de :
MAG
10
12
14
16
18
20
Gain
0.25
0.75
1.25
1.75
2.25
2 .75
Moyenne Finale
9.25
9.75
10.25
10.75
11.25
11.75
Décision
rachetable
admis
Prenons le cas d’un élève qui obtient une moyenne de 7 à l’examen, voyons son gain si sa moyenne générale en 4° est de :
MAG
10
12
14
16
18
20
GAIN
0.75
1.25
1.75
2.25
2.75
3 .25
M Finale
7.75
8.25
8.75
9.25
9.75
10.25
Décision
refusé
rachetable
admis
Prenons le cas d’un élève qui obtient une moyenne de 6 à l’examen, voyons son gain si sa moyenne générale en 4° est de :
MAG
inférieure à 18
18
20
Gain

3
3/5
Moyenne Finale

9
9.5
Décision
Refusé
Rachetable
Avec ce mode de calcul il ya un risque de voir un candidat obtenir son diplôme par rachat:
   avec une moyenne à l’examen égale à 6 sur 20 dès que lors que sa MAG soit  égale ou supérieure à 18 sur 20.
   ou une moyenne de 7 sur 20 dès que lors que sa MAG soit  entre  16  et 18 sur 20 
   ou une moyenne de 8 sur 20 dès que lors que sa MAG soit  entre  12  et moins de 16 sur 20.
En réalité  depuis l’entrée en vigueur du nouveau mode de calcul, ce n’était plus une hypothèse mais bien un fait à chaque session, on enregistre  quelques centaines de cas  dont la grande majorité appartient aux écoles libres qui obtiennent le baccalauréat avec une moyenne  comprise entre 6  et 7 à l’examen et ils sont quelques milliers à l’obtenir avec une moyenne inférieure à 8 sur 20.
Prenons  maintenant le cas d’un élève brillant qui  obtient une moyenne de 15 à l’examen et la mention bien, voyons son gain si sa moyenne générale en 4° est  supérieure  celle de l’examen:
MAG
16
17
18
19
20
Gain
0.25
0.5
0.75
1
1.25
Moyenne Finale
15.25
15.5
15.75
16
16.25
Mention
bien
bien
Bien
T. bien
T. bien
Le gain  théorique dans ce cas peut varier entre 0.25 et 1.25  ce qui pourrait entrainer un changement de mention.
b.    Deuxième modification a touché  deux  conditions du  rachat  à savoir :
-       l’abandon de l'exigence d’une moyenne arithmétique égale  au moins à 10 sur  20 entre la moyenne  obtenue à l’examen et la MGA   et  son remplacement par une condition moins sévère  puisque il suffisait d’avoir la moyenne annuelle de 10 sur 20 .
-      quant à la deuxième condition, elle concernait la moyenne arithmétique des notes obtenues dans les deux matières spécifiques qui fut abaissé de 9 à 8 de 20.
c.     la troisième modification concernait  l’ajournement à la session de contrôle, le nouvel arrêté a supprimé  la condition de la  moyenne annuelle qui était exigée  pour ceux qui  obtenaient à la session principale une moyenne inférieure à 8 et au moins égale à 7.
d.    Enfin, la dernière modification concernait aussi la session de contrôle, elle  généralise  le principe du calcul des meilleures notes à toutes les épreuves que le candidat ajourné décide de repasser, auparavant cette faveur était réservée aux deux matières spécifiques.
Toutes ces mesures combinées ont contribué à modifier les conditions de réussite, et ont permis à une nouvelle catégorie de candidats d’obtenir leur diplôme, comme nous le verrons plus tard ; d’ailleurs la première session (Juin 2002) qui a vu l’application de ces nouvelles mesures avait enregistré un taux de réussite record (taux général égal à 64 % et 71,5% pour les établissements publics).
II.     Fondements et finalités de la prise en compte des résultats du contrôle continu dans la certification finale.
La décision d’intégrer les résultats du contrôle continu dans le calcul de la moyenne finale du baccalauréat, en dépit  des circonstances  qui l’ont  engendrée, ne manquait ni d’intentions louables  ni  de fondements pédagogiques que nous allons développer ci dessous, en effet ce système permet :  
a)     La valorisation du travail des élèves au cours de l'année scolaire, et la prise en compte des résultats des différentes évaluations  tout au long de l’année au moment de la certification finale de la scolarité ; de nombreux systèmes éducatifs de part le monde incluent dans les examens certificatifs, comme un baccalauréat, une part des résultats des élèves au cours de l'année scolaire, dans le calcul du résultat final.
Une étude menée par le réseau Eurydis[4] sur l’évaluation certificative dans 17 pays européens durant l'année scolaire 1995-1996 a montré que:
   la majorité de ces pays[5] associent les résultats de l’examen final et les résultats du contrôle continu, avec des variantes quant à la part respective de chaque évaluation et au nombre d’années prises en compte pour le contrôle continu ; le Portugal réservent 70% au contrôle continu, les Pays bas adoptent la parité entre les deux, le Luxembourg consacre le tiers seulement au contrôle continu.
Et si la Belgique ne tient compte que des résultats du contrôle continu de la classe terminale seulement, la Grèce prend en compte les résultats des trois dernières années, le Portugal  tient compte des résultats de toute la scolarité.
   Un nombre limité de pays n’a pas d’évaluation certificative terminale centralisée et se contentent de l’évaluation continue comme l’Espagne, la Suède, l’Islande et la Lettonie.
   Un troisième groupe adopte un système  d’évaluation certificative finale exclusivement comme la France, l’Irlande et l’Autriche
Un rapport[6] très récent ( 2011) sur le baccalauréat Français confirme cette tendance , en précisant que « La préoccupation est de favoriser des examens qui sanctionnent le travail accompli qui évitent les aléas de l’examen couperet» et le rapport poursuit en disant «  les pays étudiés proposent des modalités de certification qui valorisent les études en lycée et font de l’obtention du diplôme l’issue naturelle des études » ce qui est tout à fait normal et logique , car il n’est ni  de la sagesse ni de la bonne gestion d’investir dans la formation des jeunes durant 13 années ( sans compter les années de redoublement) puis on laisse ces jeunes quitter l’école sans diplômes et si cela arrive c’est la faute de l’école en premier lieu, c’est elle qui n’a pas rempli les termes du contrat qui la lie avec la société, car elle n’a pas donné à ces jeunes les moyens et les compétences nécessaires  pour réussir.    
b)   Ce système permet d’atténuer les insuffisances des procédures de  l'évaluation et de la correction des copies , combien d’élèves échouent  à l'examen, alors que leur moyenne générale était proche de 10,  certains auraient pu réussir si leurs copies avaient été corrigées  par un autre correcteur , le redoublement de cette catégorie ne serait d’aucune utilité , cela  représentera  un lourd fardeau pour la famille , pour  l'institution et pour l’état  , de  nombreuses études étaient  d'accord pour  dire que le redoublement est contre productif , une étude sur la disparité  entre les régions tunisiennes des résultats    du baccalauréat ( réalisé par le ministère en 2006)  avait confirmer  l'existence d'une relation entre la baisse des résultats  dans certaines régions et de la forte proportion de candidats redoublants dans ces régions.
Ainsi, l’objectif d’intégrer les résultats du contrôle continu était de  pousser les élèves à d’avantage d’assiduité et d’efforts réguliers qui leur garantiraient un parcours scolaire sans encombres.
Nous pensons que personne ne pourra contester la noblesse de cette finalité, et c’est pour cela  que nous disons que l’outil en soi n’est  ni un mal ni un bien, c’est la façon de l’utiliser qui peut être source du bien ou du mal, or l’expérience de ces quelques années semblent pencher au sujet des 25% vers le mal plutôt que vers le bien.
III.      Les résultats de l’application des  nouvelles procédures
1.  Les nouvelles procédures ont  permis d’augmenter le nombre de bacheliers et d’améliorer  les taux de réussite
L'application des mesures combinées (et non pas  la formule de calcul de la moyenne finale de l’examen seulement  )  a permis d’améliorer le  taux de réussite au baccalauréat , et la diminution de  la pression sur les lycées, en particulier au  le niveau de la quatrième année,   et  d’un autre coté  elle a augmenté le  flux des étudiants , de ce point de vue  les nouvelles mesures ont pleinement rempli leur mission première.
l’augmentation moyenne du  taux  de réussite est estimée entre 8 et 12 points , mais  elle varie  sensiblement selon les sections (augmentant  dans les sections « lettres » et diminuant dans la section « mathématiques »  en raison de la nature des épreuves , celles de la section « lettres »  constituées essentiellement de dissertations, les notes ont tendance à se regrouper autour  des valeurs moyennes comprises entre  8 et 12, tandis que notation des épreuves mathématiques et sciences physiques est plus discriminatoire) ; l’augmentation varie aussi selon le type d’enseignement elle est  plus forte  dans les écoles privées qui en ont profité d’une façon  aussi spectaculaire qu’anormale comme l’illustre le tableau 2 suivant.
Tableau 2 : Evolution des résultats des écoles privées
Taux d’admission
admis
Candidats
Session
23.25
4702
20219
2000
16.55
3467
20951
2001
36.01
6826
18958
2002
33.53
5722
17066
2003
28.43
5974
21011
2010

2.      Augmentation de la proportion de bacheliers admis  avec des moyennes à l’examen inférieure à 10 sur 20.
Une  importante frange de candidats ont obtenu le baccalauréat  avec une moyenne en dessous de  10 de 20 à l’examen du baccalauréat  , ils  représentent en moyenne  le tiers  des admis  appartenant aux écoles publiques et  peuvent atteindre  plus de 80%  parmi les admis des écoles privées ,  certains d’entre eux réussissent avec une  moyenne inférieure à  8 des 20.
3.                L’obtention  du Baccalauréat avec des notes très faibles dans les matières spécifiques
un certain nombre d'élèves(bien que  limité) ont réussi  a décroché  le diplôme de baccalauréat et ont rejoint les bancs de l’université  avec des notes dans les matières spécifiques très faibles[7] (inférieures à  6 de 20) profitant de la condition de rachat  concernant la moyenne  arithmétique des notes des deux matières spécifiques de chaque section , en effet  un candidat de la section «  Lettres »  qui obtient 11 en philosophie et 5 en arabe ou vice versa  assure son rachat  de même qu’un candidat de la section « Mathématiques «  peut être admis avec 3 en mathématiques et 13 en sciences physiques ou vice-versa .
On peut affirmer  que cette mesure est plus  nuisible  et plus  dommageable pour le niveau des bacheliers, mais elle n’attire l’attention que de quelques spécialistes, et elle est  rarement contestée bien qu'elle  soit  plus néfaste.
4.  Apparition de pratiques malsaines
On attendait et on espérait  que la décision d’intégrer  les résultats du contrôle  incite  les élèves à travailler régulièrement et à redoubler d’efforts, mais on a remarqué l'apparition de comportements malsains  et des pratiques  condamnables , telles que  le sur notation , l’inflation des notes du contrôle continu et le gonflement des moyennes trimestrielles et annuelles[8] ,   la comparaison de celles-ci avec les moyennes obtenues  au baccalauréat par les mêmes élèves  , ne laisse pas de place au doute que la plupart des MAG sont gonflés (à des degrés différents ).
Des enquêtes diligentées par les services du  ministère de l’éducation ont constaté plusieurs infractions et des dépassements surtout dans les écoles privées ( inscriptions fictives et notes imaginaires, arrangements des notes, absences de registres des notes et des observations des enseignants…) mais malgré les sanctions qui ont été décidé à l’encontre de certaines écoles et l’annulation de l’inscription d’un certain nombre de candidats[9] , ces pratiques persistent et prennent de l’ampleur , la contagion a touché le secteur public petit à petit ; l’écart entre les résultats du contrôle continu et ceux obtenus au baccalauréat dépasse dans certains cas 6 points et plus[10] , des classes entières d’écoles privées affichent des moyennes annuelles entre 16 pour le dernier de la classe et 18 sur vingt pour les premiers.
Mais il serait  injuste de ne pas évoquer des situations plus saines que celles qu’on vient de décrire, en effet on trouve une proportion importante de candidats (environ le cinquième) dont  les moyennes au baccalauréat étaient supérieures à la MAG ,  et pour une autre catégorie qui enregistre un écart entre la MAG et la moyenne du baccalauréat  , l’écart ne dépassait guère deux points, ce qui est tout à fait normal .
Ceci n’empêche pas de dire que la mesure décidée en 2001 a été dévoyée et détournée vers une direction qui n’amène aucun bien pour la formation des élèves, surtout en l’absence de mesures de régulation et de contrôle pédagogique et administratif rigoureux et stricte ; elle a été détournée par la politique du quantitatif et du nombre et la fièvre du classement des régions et des établissements en fonction des taux de réussite ;ces dérives ont donné l’occasion à diverses parties( média, syndicat , Monsieur tout le monde et surtout des universitaires) de mettre en doute la crédibilité de l’école publique et la valeur du diplôme du baccalauréat, les universitaires n’ont pas hésité un instant ,en prenant le raccourci - pour utiliser le terme en vogue en informatique-, pour expliquer la baisse du niveau  des diplômés de l’université, trouvant là, la bonne excuse pour se désengager de toute responsabilité .
Une étude réalisée par M.H.Zaiem sur les bacheliers de la session 2010 a confirmé ce qu’on vient d’avancer, le chercheur a tiré les conclusions suivantes :
  • 15% des admis avaient obtenu une moyenne au baccalauréat supérieure à la moyenne annuelle
  • Pour les 85%, l’écart moyen est de 1,6 points, mais cet écart  varie  entre  moins de 1 point et peut dépasser les 5 points ;
Il  ne dépasse pas 1.5 pour 33% des candidats, il est compris entre 1.5 et 3.5 dans 41 % des cas  et il est supérieur à cela pour 11% des admis.
D’autre part l’écart moyen varie selon les sections, il atteint 2,4 dans la section lettre ; et seulement  1 en section mathématiques ;
l’écart moyen varie selon le type d’enseignement, il est de 1.4 dans le public mais explose chez le privé (5.1)
l’écart moyen varie selon les régions, il se situe au niveau de 1.3 dans les gouvernorats du littoral mais il atteint 2.1 dans les régions de l’intérieur.
l’écart moyen varie selon les catégories sociales ; il est de 2.1 chez les élèves issus des catégories démunies, et il tombe au niveau de 1.1 chez les élèves issus des catégories favorisées.
Mohamed Hedi Zaiem : Faut-il-supprimer les 25 au baccalauréat.  http://www.leaders.com.tn/article/faut-il-supprimer-les-25-au-baccalaureat?id=14333

IV.    Et maintenant quelle est la solution ?
1.         la solution  de facilité c’est  l'annulation des 25% ?
Depuis quelque temps beaucoup de parties ont exprimé clairement  leur position et ont trouvé aisément la solution ; on a entendu tous les ministres de l’Éducation, depuis le Ministre Taieb Baccouche[11], jusqu’au Ministre actuel Fathi.Jarray[12] 

en passant par le Ministre abdellatif Abid[13]  
déclarer qu’ils sont contre le maintien du mode actuel de calcul de la moyenne finale du baccalauréat adoptée depuis 2002, plus récemment, le Ministre de l'Enseignement supérieur[14] est monté au créneau pour annoncer la fin des 25 % dès l’année scolaire 2014 – 2015, tous ont justifié leur position par « les dégâts provoqués par cette procédure et la détérioration du niveau de l’enseignement et de  la qualité des diplômés »
Nous pensons que cette attitude est dangereuse car elle tend à résumer tous les maux et toutes les insuffisances de l’école tunisienne dans les 25% , et si c’était vraiment le cas, les problèmes de l’école tunisienne seraient simples à résoudre ; nous disons à toutes ces parties , est ce qu’elles peuvent nous garantir l’amélioration de la qualité de la formation de nos élèves si on décide demain de ne plus tenir compte des résultats du contrôle continu ? ( alors que la tendance à l’échelle mondiale est à l’opposé de leur proposition) ;peuvent elles nous assurer une amélioration de la qualité de nos futurs bacheliers ? Enfin peuvent elles s’engager à nous donner des diplômés universitaires  bien formés et de meilleure qualité et facile à intégrer dans le marché de l’emploi ? Nous pensons qu’aucune personne  raisonnable et sensée n’osera s’y engager.
2.    La solution que nous proposons c’est la refonte du système de  rachat.
Peut-être que la première leçon qui devrait être tiré  de la mise en place des  mesures évoquées ultérieurement, c’est d’éviter  de prendre des décisions qui touchent l’éducation et l’école, sans suivre la démarche suivante :
Premièrement ,  il est nécessaire d’entamer une étude  scientifique approfondie de la question qu’on doit confier à une équipe d’experts tunisiens , qui exploitera les bases de données disponibles au ministère de l’éducation et au ministère de l’enseignement supérieur pour faire un constat objectif  des impacts réels des mesures en cours et réaliser des simulations pour les différents scénarios qu’elle proposerait.
Deuxièmement il est nécessaire de prévoir la mise en place d’un plan d’accompagnement et de suivi et d’une équipe de pilotage dont la mission serait celle d’un observatoire, capable de détecter les dérives et de rectifier le tir à temps.
Enfin il faudrait prévoir un plan de formation et d’encadrement administratif et pédagogique des écoles privées, en les encouragent à recruter des enseignants qualifiés capables de résister  aux dérapages et aux doléances malsaines des élèves et de certaines directions d’établissement (sur notation, ou accorder des notes de complaisance à des élèves virtuels) ; un plan de formation des enseignants du secteur public dans le domaine de l’évaluation interne.
Épilogue
Il est vrai que la mauvaise utilisation  par les divers acteurs du  mécanisme des 25% a conduit à la réussite d’un certain  nombre de candidats à l'examen du baccalauréat qui n’auraient jamais pu accéder à l’université sans cette mesure.
Il est vrai aussi que les 25% ont conduit à l'augmentation des taux de réussite au baccalauréat, mais qui n’est pas  le résultat  le résultat de l’amélioration qualitative de la formation des élèves.
 Peut-être les décideurs souhaitent- ils «  doper»  les résultats par des mesures administratives  et afficher des taux de réussite  en augmentation régulière pour l’utiliser  comme un indicateur de l'efficacité du système éducatif, ce fut le cas, par exemple, avec l'examen d'entrée à la septième année de l'enseignement de base où le taux de promotion a dépassé 80%.
En résumé le mécanisme des 25%  a conduit à une série de dysfonctionnements administratifs et pédagogiques,  il a peut-être contribué à la baisse de qualité d’une frange (et non de tous) des diplômés de l'enseignement secondaire. Mais on ne peut pas, à notre avis , résumer tous les problèmes de l'éducation et de l'école dans ce mécanisme, car en fait, il ya d'autres facteurs qui ont davantage  nui au niveau de la formation des élèves, mais ces facteurs rarement évoqués par les responsables et par  les différentes parties qui s’intéressent à la question éducative dans notre pays , c’est pour toutes ces raisons que   nous ne sommes pas pour la suppression des 25% par une décision administrative ou politique , nous savons que cette position prend le contre pied de la tendance dominante[15] et  semble être  une bizarrerie ; mais nous croyons qu'il est possible de rectifier le tir  et de recentrer le mécanisme des 25% afin qu’il puisse remplir sa mission pédagogique  première .
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout ? Inspecteurs généraux de l’éducation
Tunis, Juillet 2014




[1] Hédi bouhouch était directeur général des examens de 1995 à 2002, Mongi Akrout lui succéda et dirigea la DGE jusqu’en avril 2011
[2]  Ce n’est pas la première fois qu’une baisse du taux de réussite  entraine une révision des conditions de rachat, en, 1986   les résultats  catastrophiques du baccalauréat  avaient amené l’organisation d’une session exceptionnelle de rattrapage au mois de septembre et une révision des conditions de rachat.
[3] La décision a été annoncée à l’occasion de la journée du savoir en juillet 2001.
[4] Eurydice  est un réseau qui fournit  de l’information sur les systèmes éducatifs européens, il regroupe 36 pays
[5] La Belgique- l’Allemagne- la Grèce – les Pays bas- le Luxembourg – le Portugal – la Finlande – le Danemark- la Norvège.
[6] Buchaillat et al. : Propositions pour une évolution du baccalauréat,  Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, mars 2012, 151 pages.  http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/124000132/index.shtml , consulté le 25 Mai 2014
[7] Le rapport sur le baccalauréat français déjà cité  a dénoncé le même phénomène et a proposé l’instauration de notes éliminatoires bien qu’en France il n’existe pas un système de rachat similaire au notre
[8] Le Maroc qui a un système comparable au système tunisien vit les mêmes problèmes
[9] Ces candidats  sont autorisés à se présenter en tant candidats libres, certains avaient porté leur affaire devant la juridiction administrative pour casser la décision du ministère.
[10] Cet écart concernait environ le cinquième des candidats des écoles privées au tout début de l’entrée en vigueur des nouvelles mesures, quelques années plus tard la proportion a presque triplé
[12] Fathi Jarray : Le système des 25% de la moyenne du BAC sera remis en question- Express FM   - mardi 6 mai 2014

http://www.radioexpressfm.com/regarder/fathi-jarray-le-systeme-des-25-de-la-moyenne-du-bac-sera-remis-en-question
[14]  وزير التعليم العالي:يجـب إعـادة النظر فـي شهـادة الباكالوريــا وحـذف الـ 25 بالمائة
  Article paru dans le journal électronique attounissia - le 27 avril 2014  «http://www.attounissia.com.tn/details_article.php?t=42&a=121013&temp=1&lang=
[15] Nous n’avons trouvé que 4 articles qui partagent en partie ce point de vue, dont un article d’un professeur algérien qui propose d’appliquer le même système dans son pays  et un deuxième article tunisien publié par le journal électronique Kapitalis, enfin un article qui rapporte la position du syndicat des écoles privées et un article de Mohamed Hédi Zaiem cité plus haut
Mehdi Jendoubi - Tunisie-bac : Pour le maintien des 25% du bac  http://www.kapitalis.com/tribune/22473-tunisie-bac-pour-le-maintien-des-25-du-bac.html
Hakem Bachir, professeur de mathématiques au lycée Colonel-Lotfi d'Oran : Réflexion sur le calcul de la moyenne finale du baccalauréat- 4. JUIN 2013

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