La question des 25% a fait couler
beaucoup d'encre et a suscité beaucoup
de débats au sein de la communauté éducative et au-delà, et
généralement on en dit plutôt du mal que du bien, on leur fait porter la
responsabilité de tous les maux de l’école tunisienne et surtout la baisse du niveau des diplômés.
Ce jugement qui n’est pas fondé sur des études
scientifiques (du moins à notre connaissance) est plutôt basé sur des
impressions et des préjugés, c’et la
raison pour laquelle nous avons voulu consacrer le point de vue de cette
semaine à cette question, il s’agit d’un
témoignage de deux anciens acteurs
directs[1] qui exerçaient au ministère
de l’éducation à l’époque où ce nouveau
système de calcul de la moyenne finale du baccalauréat fut décidé et institué
Pour entamer le débat, commençons par
poser les questions suivantes : Est-ce que l'école et l'enseignement
supérieur étaient dans un meilleur état
avant l'entrée en vigueur du nouveau système? Est-ce que ce sont les « 25% »
qui sont la cause de la baisse du niveau (si cette baisse est un fait établi et confirmé), enfin va-t-on
améliorer la qualité de l'éducation si on les abandonnait?
I. Un peu
d’histoire pour faire une mise au point et préciser certaines choses.
1. L’histoire a commencé en juin 2001
Après une période de hausse constante des
taux de réussite au baccalauréat depuis la session de 1994, ce taux a enregistré à la session 2001 une baisse de quelques points (voir tableau1ci dessous) ;
cette baisse fut la cause directe de larévision du mode de calcul de la moyenne du baccalauréat et des conditions du rachat[2] en vigueur depuis 1992.
Tableau 1 : évolution des taux de réussite au baccalauréat
Session
|
Taux de réussite des candidats du public
|
Taux de réussite général
|
1997
|
41 %
|
%35,5
|
2000
|
60 %
|
%52
|
2001
|
%57
|
%48
|
La décision de réviser le mode de calcul
de la moyenne finale de l'examen du baccalauréat a été prise à la suite de la session de juin
2001, c’était une décision politique[3] et administrative, (elle
n’était ni l’aboutissement d’une étude approfondie, ni une recommandation des
autorités pédagogiques , ni encore une demande des parents d'élèves) , c’était
une mesure administrative qui permet aux candidats qui se voyaient recalés ,
alors que leur moyenne au baccalauréat étaient comprise entre 9 et 9.99 , et
qu’ils avaient la moyenne annuelle , parce qu’ils ne remplissaient pas
l’une des conditions du rachat qui exigeait l’obtention d’au moins une moyenne
supérieure à 9 dans les deux matières spécifiques de la section.
2. la révision du mode de calcul de la moyenne
finale du bac n’est qu’une mesure parmi une série de mesures qui visent le même objectif
En novembre 2001 et en Janvier 2002,
deux nouveaux arrêtés modifient l’arrêté de 1992 relatif à
l’organisation de l'examen du baccalauréat et introduisaient quatre modifications
importantes qui touchent le mode de calcul de la moyenne du bac et les
conditions de rachat:
a.
la première modification intègre la moyenne annuelle générale ( MAG) de la quatrième année dans du
calcul de la moyenne finale du baccalauréat, en attribuant un coefficient 3 à
la moyenne de l’examen et le coefficient 1 pour la MAG, c’est de là qu’est venu
le terme de 25% ; cette formule n’est appliquée que si elle permet
d’améliorer la moyenne finale ( voir l’illustration ci-dessous) ; Cet
amendement est le plus connu de toutes
les autres modifications.
Illustration de la formule de calcul
Moyenne de l’examen
|
moyenne annuelle Générale en 4°
|
Moyenne finale
|
|
1° cas
|
14
|
16
|
14* 3+16/4=14.5
|
2° cas
|
14
|
13
|
14
|
Prenons le cas d’un élève qui obtient
une moyenne de 9 à l’examen, voyons son gain si sa moyenne générale en 4° est
de :
MAG
|
10
|
12
|
14
|
16
|
18
|
20
|
Gain
|
0.25
|
0.75
|
1.25
|
1.75
|
2.25
|
2 .75
|
Moyenne Finale
|
9.25
|
9.75
|
10.25
|
10.75
|
11.25
|
11.75
|
Décision
|
rachetable
|
admis
|
Prenons le cas d’un élève qui obtient une moyenne de 7
à l’examen, voyons son gain si sa moyenne générale en 4° est de :
MAG
|
10
|
12
|
14
|
16
|
18
|
20
|
GAIN
|
0.75
|
1.25
|
1.75
|
2.25
|
2.75
|
3 .25
|
M Finale
|
7.75
|
8.25
|
8.75
|
9.25
|
9.75
|
10.25
|
Décision
|
refusé
|
rachetable
|
admis
|
Prenons le cas d’un élève qui obtient une moyenne de 6
à l’examen, voyons son gain si sa moyenne générale en 4° est de :
MAG
|
inférieure à 18
|
18
|
20
|
Gain
|
3
|
3/5
|
|
Moyenne Finale
|
9
|
9.5
|
|
Décision
|
Refusé
|
Rachetable
|
Avec ce mode de calcul il ya un risque de voir un
candidat obtenir son diplôme par rachat:
avec une moyenne à l’examen égale à 6 sur 20 dès que lors
que sa MAG soit égale ou supérieure à 18
sur 20.
ou une moyenne de 7 sur 20 dès que lors que sa MAG
soit entre 16 et
18 sur 20
ou une moyenne de 8 sur 20 dès que lors que sa MAG
soit entre 12 et
moins de 16 sur 20.
En réalité depuis l’entrée en
vigueur du nouveau mode de calcul, ce n’était plus une hypothèse mais bien un
fait à chaque session, on enregistre
quelques centaines de cas dont la
grande majorité appartient aux écoles libres qui obtiennent le baccalauréat
avec une moyenne comprise entre 6 et 7 à l’examen et ils sont quelques milliers
à l’obtenir avec une moyenne inférieure à 8 sur 20.
Prenons maintenant le cas d’un
élève brillant qui obtient une moyenne
de 15 à l’examen et la mention bien, voyons son gain si sa moyenne générale en
4° est supérieure celle de l’examen:
MAG
|
16
|
17
|
18
|
19
|
20
|
Gain
|
0.25
|
0.5
|
0.75
|
1
|
1.25
|
Moyenne Finale
|
15.25
|
15.5
|
15.75
|
16
|
16.25
|
Mention
|
bien
|
bien
|
Bien
|
T. bien
|
T. bien
|
Le gain
théorique dans ce cas peut varier entre 0.25 et 1.25 ce qui pourrait entrainer un changement de mention.
b.
Deuxième modification a touché deux conditions du rachat à savoir :
-
l’abandon de l'exigence
d’une moyenne arithmétique égale au
moins à 10 sur 20 entre la moyenne obtenue à l’examen et la MGA et son remplacement par une condition moins
sévère puisque il suffisait d’avoir la
moyenne annuelle de 10 sur 20 .
-
quant à la deuxième condition, elle concernait la
moyenne arithmétique des notes obtenues dans les deux matières spécifiques qui
fut abaissé de 9 à 8 de 20.
c.
la troisième modification concernait
l’ajournement à la session de contrôle, le nouvel arrêté a supprimé la condition de la moyenne annuelle qui était exigée pour ceux qui
obtenaient à la session principale une moyenne inférieure à 8 et au
moins égale à 7.
d.
Enfin, la dernière modification concernait
aussi la session de contrôle, elle généralise
le principe du calcul des meilleures notes
à toutes les épreuves que le candidat ajourné décide de repasser, auparavant cette
faveur était réservée aux deux matières spécifiques.
Toutes ces mesures combinées ont
contribué à modifier les conditions de réussite, et ont permis à une nouvelle catégorie
de candidats d’obtenir leur diplôme, comme nous le verrons plus tard ; d’ailleurs
la première session (Juin 2002) qui a vu l’application de ces nouvelles mesures
avait enregistré un taux de réussite record (taux général égal à 64 % et 71,5%
pour les établissements publics).
II.
Fondements et finalités de la prise en
compte des résultats du contrôle continu dans la certification finale.
La décision d’intégrer les résultats du
contrôle continu dans le calcul de la moyenne finale du baccalauréat, en dépit des circonstances qui l’ont engendrée, ne manquait ni d’intentions louables
ni de fondements pédagogiques que nous allons
développer ci dessous, en effet ce système permet :
a)
La valorisation
du travail des élèves au cours de l'année scolaire, et la prise en compte des
résultats des différentes évaluations tout au long de l’année au moment de la certification
finale de la scolarité ; de nombreux systèmes éducatifs de part le monde incluent
dans les examens certificatifs, comme un baccalauréat, une part des résultats
des élèves au cours de l'année scolaire, dans le calcul du résultat final.
Une étude menée par le réseau Eurydis[4] sur l’évaluation certificative
dans 17 pays européens durant l'année scolaire 1995-1996 a montré que:
la majorité de ces pays[5] associent les résultats de
l’examen final et les résultats du contrôle continu, avec des variantes quant à
la part respective de chaque évaluation et au nombre d’années prises en compte
pour le contrôle continu ; le Portugal réservent 70% au contrôle continu, les
Pays bas adoptent la parité entre les deux, le Luxembourg consacre le tiers
seulement au contrôle continu.
Et si la Belgique ne tient compte que des résultats du
contrôle continu de la classe terminale seulement, la Grèce prend en compte les
résultats des trois dernières années, le Portugal tient compte des résultats de toute la
scolarité.
Un nombre limité de pays n’a pas d’évaluation
certificative terminale centralisée et se contentent de l’évaluation continue comme
l’Espagne, la Suède, l’Islande et la Lettonie.
Un troisième groupe adopte un système d’évaluation certificative finale
exclusivement comme la France, l’Irlande et l’Autriche
Un rapport[6] très récent ( 2011) sur le
baccalauréat Français confirme cette tendance , en précisant que « La
préoccupation est de favoriser des examens qui sanctionnent le travail accompli
qui évitent les aléas de l’examen couperet» et le rapport poursuit en
disant « les pays étudiés proposent des modalités de certification qui
valorisent les études en lycée et font de l’obtention du diplôme l’issue
naturelle des études » ce qui est tout à fait normal et logique , car il
n’est ni de la sagesse ni de la bonne
gestion d’investir dans la formation des jeunes durant 13 années ( sans compter
les années de redoublement) puis on laisse ces jeunes quitter l’école sans
diplômes et si cela arrive c’est la faute de l’école en premier lieu, c’est
elle qui n’a pas rempli les termes du contrat qui la lie avec la société, car
elle n’a pas donné à ces jeunes les moyens et les compétences nécessaires pour réussir.
b)
Ce système permet d’atténuer les insuffisances des
procédures de l'évaluation et de la correction des
copies , combien d’élèves échouent à
l'examen, alors que leur moyenne générale était proche de 10, certains auraient pu réussir si leurs copies avaient
été corrigées par un autre correcteur ,
le redoublement de cette catégorie ne serait d’aucune utilité , cela représentera un lourd fardeau pour la famille , pour l'institution et pour l’état , de nombreuses études étaient d'accord pour dire que le redoublement est contre productif
, une étude sur la disparité entre les
régions tunisiennes des résultats du
baccalauréat ( réalisé par le ministère en 2006) avait confirmer l'existence d'une relation entre la baisse des
résultats dans certaines régions et de
la forte proportion de candidats redoublants dans ces régions.
Ainsi, l’objectif d’intégrer les
résultats du contrôle continu était de
pousser les élèves à d’avantage d’assiduité et d’efforts réguliers qui
leur garantiraient un parcours scolaire sans encombres.
Nous pensons que personne ne pourra
contester la noblesse de cette finalité, et c’est pour cela que nous disons que l’outil en soi n’est ni un mal ni un bien, c’est la façon de
l’utiliser qui peut être source du bien ou du mal, or l’expérience de ces
quelques années semblent pencher au sujet des 25% vers le mal plutôt que vers
le bien.
III.
Les résultats de l’application des nouvelles procédures
1. Les nouvelles procédures
ont permis d’augmenter le nombre de bacheliers
et d’améliorer les taux de réussite
L'application des mesures combinées (et
non pas la formule de calcul de la
moyenne finale de l’examen seulement ) a permis d’améliorer le taux de réussite au baccalauréat , et la
diminution de la pression sur les lycées,
en particulier au le niveau de la quatrième
année, et d’un
autre coté elle a augmenté le flux des étudiants , de ce point de vue les nouvelles mesures ont pleinement rempli
leur mission première.
l’augmentation moyenne du taux de
réussite est estimée entre 8 et 12 points , mais elle varie sensiblement selon les sections (augmentant dans les sections « lettres » et
diminuant dans la section « mathématiques » en raison de la
nature des épreuves , celles de la section « lettres » constituées essentiellement de dissertations,
les notes ont tendance à se regrouper autour des valeurs moyennes comprises entre 8 et 12, tandis que notation des épreuves
mathématiques et sciences physiques est plus discriminatoire) ;
l’augmentation varie aussi selon le type d’enseignement elle est plus forte dans les écoles privées qui en ont profité
d’une façon aussi spectaculaire qu’anormale
comme l’illustre le tableau 2 suivant.
Tableau 2 : Evolution des résultats des écoles
privées
Taux d’admission
|
admis
|
Candidats
|
Session
|
23.25
|
4702
|
20219
|
2000
|
16.55
|
3467
|
20951
|
2001
|
36.01
|
6826
|
18958
|
2002
|
33.53
|
5722
|
17066
|
2003
|
28.43
|
5974
|
21011
|
2010
|
2.
Augmentation de la proportion de bacheliers admis avec des moyennes à l’examen inférieure à 10 sur
20.
Une importante frange de candidats ont obtenu le
baccalauréat avec une moyenne en dessous
de 10 de 20 à l’examen du baccalauréat , ils représentent en moyenne le tiers des admis appartenant aux écoles publiques et peuvent atteindre plus de 80% parmi les admis des écoles privées , certains d’entre eux réussissent avec une moyenne inférieure à 8 des 20.
3.
L’obtention du Baccalauréat avec des notes très faibles
dans les matières spécifiques
un certain nombre d'élèves(bien que limité) ont réussi a décroché le diplôme de baccalauréat et ont rejoint les
bancs de l’université avec des notes
dans les matières spécifiques très faibles[7] (inférieures à 6 de 20) profitant de la condition de rachat concernant la moyenne arithmétique des notes des deux matières
spécifiques de chaque section , en effet un candidat de la section « Lettres »
qui obtient 11 en philosophie et 5 en
arabe ou vice versa assure son rachat de même qu’un candidat de la section
« Mathématiques « peut être admis avec 3 en mathématiques et 13 en
sciences physiques ou vice-versa .
On peut affirmer que cette mesure est plus nuisible et plus dommageable pour le niveau des bacheliers, mais
elle n’attire l’attention que de quelques spécialistes, et elle est rarement contestée bien qu'elle soit plus néfaste.
4. Apparition de
pratiques malsaines
On attendait et on espérait que la décision d’intégrer les résultats du contrôle incite les élèves à travailler régulièrement et à redoubler
d’efforts, mais on a remarqué l'apparition de comportements malsains et des pratiques condamnables , telles que le sur notation , l’inflation des notes du
contrôle continu et le gonflement des moyennes trimestrielles et annuelles[8] , la
comparaison de celles-ci avec les moyennes obtenues au baccalauréat par les mêmes élèves , ne laisse pas de place au doute que la
plupart des MAG sont gonflés (à des degrés différents ).
Des enquêtes diligentées par les
services du ministère de l’éducation ont
constaté plusieurs infractions et des dépassements surtout dans les écoles
privées ( inscriptions fictives et notes imaginaires, arrangements des notes,
absences de registres des notes et des observations des enseignants…) mais
malgré les sanctions qui ont été décidé à l’encontre de certaines écoles et
l’annulation de l’inscription d’un certain nombre de candidats[9] , ces pratiques persistent
et prennent de l’ampleur , la contagion a touché le secteur public petit à
petit ; l’écart entre les résultats du contrôle continu et ceux obtenus au
baccalauréat dépasse dans certains cas 6 points et plus[10] , des classes entières d’écoles
privées affichent des moyennes annuelles entre 16 pour le dernier de la classe et
18 sur vingt pour les premiers.
Mais il serait injuste de ne pas évoquer des situations plus
saines que celles qu’on vient de décrire, en effet on trouve une proportion
importante de candidats (environ le cinquième) dont les moyennes au baccalauréat étaient
supérieures à la MAG , et pour une autre
catégorie qui enregistre un écart entre la MAG et la moyenne du baccalauréat , l’écart ne dépassait guère deux points, ce
qui est tout à fait normal
.
Ceci n’empêche pas de dire que la mesure
décidée en 2001 a été dévoyée et détournée vers une direction qui n’amène aucun
bien pour la formation des élèves, surtout en l’absence de mesures de
régulation et de contrôle pédagogique et administratif rigoureux et stricte ;
elle a été détournée par la politique du quantitatif et du nombre et la fièvre
du classement des régions et des établissements en fonction des taux de
réussite ;ces dérives ont donné l’occasion à diverses parties( média,
syndicat , Monsieur tout le monde et surtout des universitaires) de mettre
en doute la crédibilité de l’école publique et la valeur du diplôme du
baccalauréat, les universitaires n’ont pas hésité un instant ,en prenant le
raccourci - pour utiliser le terme en vogue en informatique-, pour expliquer la
baisse du niveau des diplômés de
l’université, trouvant là, la bonne excuse pour se désengager de toute
responsabilité .
Une étude réalisée par M.H.Zaiem sur les bacheliers de la session 2010 a confirmé ce qu’on vient
d’avancer, le chercheur a tiré les conclusions suivantes :
Il ne dépasse pas 1.5 pour 33% des
candidats, il est compris entre 1.5 et 3.5 dans 41 % des cas et il est supérieur à cela pour 11% des
admis.
D’autre part l’écart moyen varie selon les sections, il atteint 2,4 dans la section lettre ;
et seulement 1 en section
mathématiques ;
l’écart moyen varie selon le type d’enseignement, il est de 1.4 dans le
public mais explose chez le privé (5.1)
l’écart moyen varie selon les régions, il se situe au niveau de 1.3 dans
les gouvernorats du littoral mais il atteint 2.1 dans les régions de
l’intérieur.
l’écart moyen varie selon les catégories sociales ; il est de 2.1 chez
les élèves issus des catégories démunies, et il tombe au niveau de 1.1 chez
les élèves issus des catégories favorisées.
Mohamed Hedi Zaiem : Faut-il-supprimer les 25 au
baccalauréat. http://www.leaders.com.tn/article/faut-il-supprimer-les-25-au-baccalaureat?id=14333
|
IV. Et maintenant quelle
est la solution ?
1. la solution de facilité c’est l'annulation des 25% ?
Depuis quelque temps beaucoup de parties
ont exprimé clairement leur position et
ont trouvé aisément la solution ; on a entendu tous les ministres de l’Éducation,
depuis le Ministre Taieb Baccouche[11], jusqu’au Ministre actuel Fathi.Jarray[12]
déclarer qu’ils sont contre le maintien du
mode actuel de calcul de la moyenne finale du baccalauréat adoptée depuis 2002,
plus récemment, le Ministre de l'Enseignement supérieur[14] est monté au créneau pour
annoncer la fin des 25 % dès l’année scolaire 2014 – 2015, tous ont justifié
leur position par « les dégâts provoqués par cette procédure et la détérioration
du niveau de l’enseignement et de la
qualité des diplômés »
Nous pensons que cette attitude est
dangereuse car elle tend à résumer tous les maux et toutes les insuffisances de
l’école tunisienne dans les 25% , et si c’était vraiment le cas, les problèmes
de l’école tunisienne seraient simples à résoudre ; nous disons à toutes
ces parties , est ce qu’elles peuvent nous garantir l’amélioration de la
qualité de la formation de nos élèves si on décide demain de ne plus tenir
compte des résultats du contrôle continu ? ( alors que la tendance à
l’échelle mondiale est à l’opposé de leur proposition) ;peuvent elles nous
assurer une amélioration de la qualité de nos futurs bacheliers ? Enfin
peuvent elles s’engager à nous donner des diplômés universitaires bien formés et de meilleure qualité et facile
à intégrer dans le marché de l’emploi ? Nous pensons qu’aucune personne raisonnable et sensée n’osera s’y engager.
2.
La solution que nous proposons c’est la refonte
du système de rachat.
Peut-être que la première leçon qui
devrait être tiré de la mise en place
des mesures évoquées ultérieurement, c’est
d’éviter de prendre des décisions qui
touchent l’éducation et l’école, sans suivre la démarche suivante :
Premièrement , il est nécessaire d’entamer une étude scientifique approfondie de la question qu’on
doit confier à une équipe d’experts tunisiens , qui exploitera les bases de
données disponibles au ministère de l’éducation et au ministère de l’enseignement
supérieur pour faire un constat objectif
des impacts réels des mesures en cours et réaliser des simulations pour
les différents scénarios qu’elle proposerait.
Deuxièmement il est nécessaire de prévoir
la mise en place d’un plan d’accompagnement et de suivi et d’une équipe de
pilotage dont la mission serait celle d’un observatoire, capable de détecter
les dérives et de rectifier le tir à temps.
Enfin il faudrait prévoir un plan de
formation et d’encadrement administratif et pédagogique des écoles privées, en
les encouragent à recruter des enseignants qualifiés capables de résister aux dérapages et aux doléances malsaines des
élèves et de certaines directions d’établissement (sur notation, ou accorder
des notes de complaisance à des élèves virtuels) ; un plan de formation
des enseignants du secteur public dans le domaine de l’évaluation interne.
Épilogue
Il est vrai que la mauvaise utilisation par les divers acteurs du mécanisme des 25% a conduit à la réussite d’un
certain nombre de candidats à l'examen
du baccalauréat qui n’auraient jamais pu accéder à l’université sans cette
mesure.
Il est vrai aussi que les 25% ont
conduit à l'augmentation des taux de réussite au baccalauréat, mais qui n’est
pas le résultat le résultat de l’amélioration qualitative de
la formation des élèves.
Peut-être les décideurs souhaitent- ils «
doper» les résultats par des mesures
administratives et afficher des taux de
réussite en augmentation régulière pour
l’utiliser comme un indicateur de l'efficacité
du système éducatif, ce fut le cas, par exemple, avec l'examen d'entrée à la
septième année de l'enseignement de base où le taux de promotion a dépassé 80%.
En résumé le mécanisme des 25% a conduit à une série de dysfonctionnements administratifs
et pédagogiques, il a peut-être
contribué à la baisse de qualité d’une frange (et non de tous) des diplômés de
l'enseignement secondaire. Mais on ne peut pas, à notre avis , résumer tous les
problèmes de l'éducation et de l'école dans ce mécanisme, car en fait, il ya
d'autres facteurs qui ont davantage nui au
niveau de la formation des élèves, mais ces facteurs rarement évoqués par les
responsables et par les différentes
parties qui s’intéressent à la question éducative dans notre pays , c’est pour
toutes ces raisons que nous ne sommes pas pour la suppression des 25%
par une décision administrative ou politique , nous savons que cette position
prend le contre pied de la tendance dominante[15] et semble être une bizarrerie ; mais nous croyons qu'il
est possible de rectifier le tir et de recentrer
le mécanisme des 25% afin qu’il puisse remplir sa mission pédagogique première .
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout ?
Inspecteurs généraux de l’éducation
Tunis, Juillet 2014
[1] Hédi bouhouch était directeur général des examens de
1995 à 2002, Mongi Akrout lui succéda et dirigea la DGE jusqu’en avril 2011
[2] Ce n’est pas la première
fois qu’une baisse du taux de réussite
entraine une révision des conditions de rachat, en, 1986 les résultats catastrophiques du baccalauréat avaient amené l’organisation d’une session
exceptionnelle de rattrapage au mois de septembre et une révision des
conditions de rachat.
[4] Eurydice est un réseau qui
fournit de l’information sur les
systèmes éducatifs européens, il regroupe 36 pays
[5] La Belgique- l’Allemagne- la Grèce – les Pays bas- le
Luxembourg – le Portugal – la Finlande – le Danemark- la Norvège.
[6] Buchaillat et al. : Propositions pour une évolution du baccalauréat, Ministère de l'éducation nationale, de
la jeunesse et de la vie associative, mars 2012, 151 pages.
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/124000132/index.shtml
, consulté le 25 Mai 2014
[7] Le rapport sur le baccalauréat français déjà cité a dénoncé le même phénomène et a proposé
l’instauration de notes éliminatoires bien qu’en France il n’existe pas un
système de rachat similaire au notre
[8] Le Maroc qui a un système comparable au système tunisien
vit les mêmes problèmes
[9] Ces candidats
sont autorisés à se présenter en tant candidats libres, certains avaient
porté leur affaire devant la juridiction administrative pour casser la décision
du ministère.
[10] Cet écart concernait environ le cinquième des candidats
des écoles privées au tout début de l’entrée en vigueur des nouvelles mesures,
quelques années plus tard la proportion a presque triplé
[11]
http://www.tunisienumerique.com/urgent-taieb-baccouche-la-suppression-du-calcul-de-25-de-la-moyenne-annuelle-au-bac-sera-laffaire-du-gouvernement-elu/72684
Réformes proposées du
système éducatif : Les commissions pour la réforme du système éducatif a
présenté le 1° décembre 2011leurs rapports définitifs concernant l’amélioration
du rendement du SE.
[12] Fathi Jarray : Le système des 25% de la moyenne du BAC sera
remis en question- Express FM - mardi 6
mai 2014
http://www.radioexpressfm.com/regarder/fathi-jarray-le-systeme-des-25-de-la-moyenne-du-bac-sera-remis-en-question
Article
paru dans le journal électronique attounissia - le 27 avril 2014 «http://www.attounissia.com.tn/details_article.php?t=42&a=121013&temp=1&lang=
[15] Nous n’avons trouvé que 4 articles qui partagent en partie ce
point de vue, dont un article d’un professeur algérien qui propose d’appliquer
le même système dans son pays et un
deuxième article tunisien publié par le journal électronique Kapitalis, enfin
un article qui rapporte la position du syndicat des écoles privées et un
article de Mohamed Hédi Zaiem cité plus haut
Mehdi Jendoubi - Tunisie-bac : Pour le maintien des 25% du
bac http://www.kapitalis.com/tribune/22473-tunisie-bac-pour-le-maintien-des-25-du-bac.html
Hakem Bachir, professeur de mathématiques au lycée Colonel-Lotfi
d'Oran : Réflexion sur le calcul de la moyenne finale du baccalauréat- 4.
JUIN 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire