NOUS SOMMES HEUREUX D'OUVRIR, CETTE SEMAINE, LE BLOG PÉDAGOGIQUE A NOTRE HONORABLE COLLÈGUE ALI RAHMOUNI INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'EDUCATION , POUR PARTAGER SES RÉFLEXIONS AU SUJET DE LA RÉVISION DU MODE DE CALCUL DE LA MOYENNE ANNUELLE AU BACCALAURÉAT DÉCIDÉE CET ÉTÉ PAR LE MINISTÈRE.
ALORS BONNE LECTURE ET N’HÉSITER PAS DE NOUS FAIRE PART DE VOS RÉACTIONS ET VOS COMMENTAIRES
Dans
un souci de participer au débat sur la
question du calcul des résultats du contrôle continue dans la moyenne finale de l'examen du
baccalauréat, surtout après que les choses se sont précisées relativement et la situation est
devenue plus claire, suite aux décisions relatives à l'éducation, du Conseil
des ministres au cours de l’été passé, et en particulier la procédure de
révision de la méthode de calcul des résultats du contrôle continu dans la
moyenne finale du baccalauréat.
Nous avons voulu transmettre aux décideurs, et en
particulier aux commissions techniques
qui se penchent sur le sujet à l'heure actuelle ces quelques réflexions.
1.
rappel
des principales décisions et de leurs mobiles
Le
ministère de l'Éducation a publié sur sa page officielle un communiqué [1] dans lequel il annonce «les décisions duConseil des Ministres tenu le 27 Août 2014 relatives aux questions de l’éducation,
On
y trouve en particulier à propos de la question qui nous intéresse les
décisions suivantes :« la révision des modalités de la valorisation du travail
au cours de l’année scolaire et du rachat : la révision de la modalité du calcul de la moyenne finale du baccalauréat en accordant à la moyenne annuelle générale de
la quatrième année le taux 20% au lieu de 25 % habituel , à condition que l'écart
entre la moyenne de l'examen du baccalauréat et la moyenne annuelle générale ne dépasse pas trois
points (03), de manière à assurer la qualité et l'équité » et
« le maintien du rachat dans la session principale et la session de
contrôle pour les élèves dont la moyenne annuelle générale est égale au moins à
10 sur vingt , le conseil des ministre a en outre recommandé de revoir les
conditions et les critères du rachat de manière à garantir l’intérêt suprême de
l’élève et la qualité des outputs du système éducatif »
La nouvelle procédure
comprend quatre composantes:
Le maintien du principe de la valorisation des résultats du contrôle continue des
candidats,
La réduction du poids de
la moyenne annuelle générale de 25 à 20 %,
L’introduction d’une
nouvelle condition pour limiter les abus,
un plafond est institué, l’écart entre
la moyenne de l'examen et la moyenne annuelle ne doit pas dépasser 3 points,
Le maintien du mécanisme du rachat après révision des ses conditions et de ses
critères.
Quant
aux raisons et les motivations annoncées, elles sont au nombre de trois:
Réviser les modalités
de la valorisation de l’effort de l'élève au cours de l'année scolaire,
Garantir la qualité des outputs de l’école,
Respecter le principe de l'équité.
La
dernière phrase du paragraphe du communiqué du ministère résume parfaitement
les raisons de ces mesures, on y lit que toutes ces mesures visent à "assurer
le meilleur intérêt de l'élève et améliorer la qualité des produits du système éducatif."
Quant
aux raisons implicites et sous entendues, elles visent à mettre un terme aux dérives qui avaient entaché
l’application des 25 % ces dernières années et la propagation du
phénomène de l'amplification des moyennes annuelles, ce qui a permis à
plusieurs centaines de candidats
d'obtenir le diplôme de baccalauréat avec des moyennes à l’examen très faibles.
2.
L’application
des nouvelles procédures et les interprétations possibles
Nous
voulons commencer par reconnaitre que le ministère a pris une
décision saine et courageuse, et nous lui souhaitons du succès. dans un souci de lui
assurer les meilleures conditions de succès et pour prévenir des dérives
possibles, nous présentons
les observations suivantes, en accord
avec les motivations du ministère annoncées
plus haut.
§ La
nouvelle procédure a fixé un plafond pour profiter des résultats du contrôle
continu
a.
la nouvelle procédure
a fixé à trois points (03) l’écart maximal entre la moyenne de l’examen (ME) et la moyenne annuelle générale en 4ème année (MAG)
pour intégrer ce dernier dans le calcul de la moyenne finale du baccalauréat (MB).
b.
Et elle a réduit le
poids de la moyenne annuelle générale (MAG) de 25 % à 20 % seulement.
De
telle façon que si la moyenne à l’examen est inférieure à la moyenne annuelle
générale, la première comptera pour 80% et la seconde pour 20% à condition que
l’écart entre les deux, soit inférieur à trois points, dans ce cas la moyenne
finale du baccalauréat sera calculée selon la
formule suivante :
MB = ( 4 ME+MA) / 5 =( 4 ME+ME+ D) / 5 = ( 5 ME+ D) /
5 = ME + D/5
ME = Moyenne de l’examen .MA = Moyenne
annuelle générale en 4ème année
MB = Moyenne finale du baccalauréat. D = MA - ME
|
Or puisque D doit être inférieur à trois (03),
le gain maximum possible dans tous les cas de figure sera de 0.60.
L’application de cette
procédure permet indiscutablement de « préserver la qualité des
outputs du système éducatif » puisque la moyenne minimale nécessaire
pour être admis sans rachat doit être de 9.40
à l’examen(ME) et celle nécessaire pour pouvoir profiter des
mesures de rachat est de 8.40 à l’examen(ME).
§ Les éventuels problèmes qui pourraient se poser lors de l'application
Le communiqué du ministère a exigé: « un plafond de 3 points pour l’écart entre la moyenne de
l'examen et la moyenne annuelle générale
pour tenir compte de ce dernier dans le
calcul de la moyenne finale du bac."
Cette
phrase ou cette exigence peut avoir au
moins deux interprétations, et peut donc être appliquée de deux façons:
La
première consisterait à ne pas considérer la moyenne annuelle générale si l’écart dépasse le plafond de 3 points.
Dans ce cas la moyenne
annuelle ne seras pas prise en considération, et la moyenne finale du
baccalauréat sera égale à la moyenne obtenue à l’examen.
Prenons
un exemple pour illustrer ce cas ; un candidat qui obtient à l'examen une moyenne de 9,45 sur 20 , et ayant au cours de l’année scolaire moyenne annuelle 13.24 sur 20; dans ce cas, la
différence est 3,79, elle dépasse le plafond, la moyenne annuelle ne sera pas considérée, et la moyenne finale sera celle obtenue à l’examen c'est-à-dire 9,45. Ce candidat risque de ne
pas décrocher son bac, s’il ne remplit pas les conditions de rachat.
Les
jurys de l'examen vont se retrouver au
mois de juin face à et des situations très délicates quand ils seront obligés de prendre des décisions inéquitables et
injustes, et afin d’illustrer ces
situations, en voici quelques échantillons.
Nous supposons que les
deux candidats a et b remplissent les conditions de rachat et le
reste des candidats ne les remplissent pas :
candidat
|
Moyenne examen
|
Moyenne annuelle
|
différence
|
Moyenne finale
|
décision
|
a
|
8.50
|
11.45
|
2.95
|
09.09
|
Admis passable
|
b
|
8.55
|
11.60
|
3.05
|
08.55
|
contrôle
|
c
|
9.60
|
11.60
|
2
|
10.00
|
Admis passable
|
d
|
9.90
|
12.91
|
03.01
|
9.90
|
contrôle
|
e
|
7.40
|
10.40
|
03.00
|
08.00
|
Refusé
|
f
|
7.98
|
11.00
|
03.02
|
07.98
|
Refusé
|
g
|
11.60
|
13.60
|
2
|
12.00
|
Admis A.bien
|
h
|
11.90
|
14.91
|
03.01
|
11.90
|
Admis passable
|
Nous
avons voulu à travers ces exemples offrir des signaux pour attirer l’attention sur les problèmes ou les dérives possibles au niveau de
l’application , le candidat -b- par exemple se retrouve refusé alors
que, sa moyenne à l’examen et sa moyenne
annuelle sont meilleures que celles obtenues par le candidat - a- (et
peut-être que tous les deux sont de la même classe et de la même école), notre candidat se retrouve refusé à cause d’un dépassement du plafond fixé de 0.05 point . Dans de tel cas, le candidat
peut être sanctionné à cause de ses bons résultats au cours de l'année scolaire
qui reflètent la réalité de son effort, la décision du jury dans de tel cas ne sera ni juste ni équitable ni même justifiable.
les
cas que nous avons présenté dans le tableau précédent ne sont des cas théoriques
, nous sommes certains qu’ils seront présents
en grand nombre et vont être à l’origine de plusieurs contestations ,ce qui
risque de générer de nombreuses demandes
de révision des notes du contrôle continu et des moyennes annuelles ,cette fois,
vers la baisse ;sous prétexte
d'erreurs (réelles ou non) lors de la saisie des notes sur les bulletins ou livrets ou pour toutes autres raisons.
La
seconde interprétation consiste
à se limiter à comptabiliser seulement 3
points si l’écart entre la moyenne
annuelle et la moyenne de l’examen
dépasse le plafond ou la barre des trois points, dans ce cas la moyenne
finale sera calculée selon la formule suivante:
MB = ( 4 ME+ME + 3) / 5 =( 4 ME+ME+ 3) /
5 = ( 5 ME+ 3) / 5 = ME + 3/5 = ME +
0.6
ME
= Moyenne de l’examen .MA = Moyenne annuelle générale en 4ème
année
MB
= Moyenne finale du baccalauréat. D = MA - ME
|
Pour illustrer cette deuxième méthode, nous allons reprendre les mêmes cas précédents pour voir l’impact de la deuxième méthode sur les résultats des candidats.
Notre
candidat qui avait obtenu à l'examen de 9,45 de vingt et avait une année moyenne annuelle 13,24 , la
différence étant de 3,79 elle dépasse le plafond autorisé: dans ce cas on
retranche ce qui dépasse le plafond et
on ne retient que 3 points seulement, la
moyenne annuelle qu’on retiendrait sera de 12, 45 ; si on suit cette procédure , on applique la formule suivante pour le
calcul de la moyenne finale du baccalauréat :
(9,45 × 4 + 12,45) / 5 = 10,05
|
Ainsi la nouvelle
méthode change la décision et le candidat sera admis avec la mention passable ; et si on applique la méthode pour les cas
précédemment présentés, en supposant que les deux candidats a et b
remplissent les conditions de rachat et le reste des candidats ne les
remplissent pas :
candidat
|
Moyenne examen
|
Moyenne annuelle
|
différence
|
Moyenne finale
|
décision
|
a
|
8.50
|
11.45
|
2.95
|
09.09
|
Admis passable
|
b
|
8.55
|
11.60
|
3.05
|
09.15
|
Admis passable
|
c
|
9.60
|
11.60
|
2
|
10.00
|
Admis passable
|
d
|
9.90
|
12.91
|
03.01
|
10.50
|
Admis passable
|
e
|
7.40
|
10.40
|
03.00
|
08.00
|
Refusé
|
f
|
7.98
|
11.00
|
03.02
|
8.58
|
Refusé
|
g
|
11.60
|
13.60
|
2
|
12.00
|
Admis A.bien
|
h
|
11.90
|
14.91
|
03.01
|
12.50
|
Admis A.bien
|
A travers les exemples
précédents, nous voyons qu’en appliquant la deuxième méthode nous arrivons à éviter les inconvénients engendrés par la première, et
à atteindre les deux objectifs à la
fois, à savoir:
Valoriser l’effort de
tous les candidats au cours de l'année scolaire, sans exception, ainsi le
principe de l'équité sera respecté.
Enrayer l’inflation des notes et des moyennes
, car elle ne sert plus à grand chose , puisque désormais la moyenne annuelle maximale qui pourrait profiter à un candidat pour réussir sans rachat est de 12.40 et que la
moyenne annuelle maximale qui pourrait profiter
à un candidat pour réussir avec rachat est 11,40.
3.
Les conditions du
rachat
Nous
ne pouvions pas terminer ce papier sans dire quelques mots sur la question
du rachat et sur ses conditions.
Pour
être pratique, on va se limiter à une
seule et unique proposition de
changement à même de garantir
la qualité des outputs du système éducatif , nous proposons d’exiger l’obtention d’une note
de 8 sur 20 au moins dans chacune des matières spécifiques de la section au lieu et à la place de la condition
actuelle qui se limite à exiger une
moyenne arithmétique d’au moins pour les deux matières ( les autres conditionsde rachat seront reconduites sans changement).
Cette
dernière proposition (obtention d’une note d’au moins égale à 08 sur 20 dans
les matières spécifiques de chaque section) devrait être appliquée sur tous les
candidats dans un souci d’équité, c’est une sorte de note éliminatoire
qu’on préconise et qui pourrait contribuer à améliorer la qualité des
produits du système éducatif en
corrigeant les effets négatifs du jeu de la pondération dans le calcul de la moyenne à l’examen.
Pour
conclure nous émettons le souhait que ces réflexions qui sont le produit d’une
longue expérience en tant que président de jury de correction ou de président
de centre de correction du baccalauréat puisse aider les décideurs à trouver la formule qui « assure l’intérêt suprême de l'élève, réalise la qualité des
produits du système éducatif "
et préserve les acquis de l’école tunisienne.
Ali Rahmouni , Inspecteur
général de l'éducation à la retraite
Tunisie, Octobre 2014
Le texte est traduit
par Hédi Bouhouch et Mongi Akrout
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