Avant propos
Cette semaine le Blog pédagogique publie
une réflexion sous la forme d’un cri d’alarme
lancé par notre collègue Brahim Ben Salah, Inspecteur Général
de l'Education et militant des droits de l’homme, pour qui l’école républicaine
serait en danger, ce texte a été déjà publié par son auteur sur sa page face book il ya deux semaines, nous avons
voulu le publier pour en faire profiter nos fidèles amis , bonne lecture et
merci pour notre honorable collègue
Hédi
Bouhouch & Mongi Akrout . Inspecteurs généraux de l’Education Nationale
Tunis.
mai 2016
L’école républicaine est un projet
politique beaucoup plus qu’un projet pédagogique ; et depuis la loi du 4
novembre 1958 , le défi de ce projet, , est de consolider la Nation
et l’Etat de l’indépendance, et d’étendre
les valeurs de la république.
Depuis l’indépendance, l’Etat a cherché à unifier l’enseignement dans le
but de diffuser une culture nationale unifiée, parmi la jeunesse scolaire, afin
de garantir l’unité du peuple et le raffermissement de ses composantes, et
aussi dans le but d’édifier une conscience nationale et de former le meilleur
citoyen.
C’est pour cette finalité que l’école (tunisienne) s’est fondée sur un ensemble
de valeurs et de choix républicains, dont surtout :
Le premier est l’engagement de la Tunisie dans la modernité et ce en garantissant une
école qui est chargée de transmettre la culture nationale, la culture
universelle, les sciences exactes, la pensée rationnelle ; c’est pour
cette raison qu’il fut décidé de généraliser l’enseignement, car il est
considéré, en tant que droit universel, l’unique moyen pour réduire les
inégalités sociales et régionales, et le seul garant de l’unité nationale.
L’enseignement
fondamental repose sur les savoirs scientifiques qui en tant que savoirs objectifs contribuent à
dépasser les croyances irrationnelles,
et éloignent les enfants de la sphère du mimétisme et de l’esprit mythique.
L’intention de fonder l’enseignement sur
les sciences n’est pas de donner à l’école une orientation
« scientiste », mais de former
des esprits et de les initier à la rationalité et leur éviter de devenir des
proies faciles pour les idéologies politiques et religieuses extrémistes ;
l’école devient ainsi une institution libératrice et de développement, en même temps.
Le deuxième principe républicain sur lequel s’appuie l’école est la
neutralité sociale de l’institution éducative ; l’école ne fonctionne pas
sur des bases personnelles : c’est le lien pédagogique qui rassemble tous ses
acteurs ; et la pédagogie est une science éducative qui vise à formaliser
l’action éducative ; et c’est elle
qui permet de préciser ce qu’il faut enseigner, et comment l’enseigner ;
et quand la pédagogie devient ainsi un outil de travail objectif, elle garantit
la neutralité de l’école ; ainsi l’école devient une institution publique,
comme toutes les autres institutions publiques, dont la mission est d’offrir un
service à la société, et non de changer
l’organisation sociale ; sa mission est de garantir l’harmonie générale de
la société et sa conservation, et d’ assurer son progrès. L’école se place au
dessus des luttes sociales et religieuses ; c’est comme cela que l’école
acquiert son caractère de symbole.
Le troisième principe républicain sur lequel se fonde l’école républicaine
est la méritocratie ; en effet, l’école se considère comme étant le
responsable de choisir les plus méritants, sans se soucier de l’origine sociale
de ses élèves ; grâce à la méritocratie, l’école essaie de développer tous
les dons pour qu’ils puissent s’exprimer sans aucune considération des différences
sociales.
Le quatrième principe républicain, c’est que l’école est appelée à
construire la personne autonome. Grâce à la science et à l’accès à la culture universelle,
l’école offre l’occasion de développer une conscience libérée des traditions
et de toutes les appartenances sociales
sectaires. L’école est une institution qui permet à l’enfant, par le transfert
de la culture, d’acquérir les moyens d’intérioriser les critères et les valeurs
qui lui permettent de devenir une entité libre et autonome, capable de faire
usage de l’esprit critique. Mais est-ce-que cette école républicaine est encore
aujourd’hui à l’abri ? Et est-ce-que certaines activités estivales, qu’on
compte organiser prochainement au sein de l’école, vont consolider l’école
républicaine, ou ne sont-elles que des moyens de la dévaster ? Et est-ce-
que les activités religieuses estivales vont divertir l’élève et changer le
rythme de son temps de formation ou vont-elles au contraire entraîner plus de pression
et réduire sa liberté ? les activités estivales ne seraient-elles pas
l’occasion pour inviter les apprenants individus et groupes à la création libre
et à la conception des projets et à l’ouverture sur les espaces nouveaux ?
est- ce que l’école est entrain de changer de vocation et de mission dont rêvent ceux qui prétendent être les détenteurs de la vérité ?
Brahim Ben SALAH , Inspecteur général de l’éducation
Traduit par Hédi Bouhouch & Mongi Akrout et validé par l’auteur
Articles précédents écrits par Brahim Ben SALAH
Le
droit à l'école entre les discours des droits de l'homme et la réalité
L'Inspecteur de
l'enseignement secondaire : Une autorité ou simple fonctionnaire ?
L’enseignement de
l’ignorance :Est-ce la mort de l’école et la faillite de l’éducation?
L’élève est
au centre de l’action éducative : vérité ou fiction ?
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/03/leleve-est-au-centre-de-laction.html
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