Hédi Bouhouch |
L’inspection générale de l’éducation a réalisé
- à la demande du Ministre de
l’éducation – un rapport sur les résultats du baccalauréat 2015, ce
rapport est l’œuvre de Med Nejib Abdelmoula ,
inspecteur général de l’éducation avec la participation d’un groupe
d’inspecteurs généraux et de conseillers
généraux d’orientation scolaire.
Vu la valeur de ce rapport ,
le blog pédagogique a tenu à le
présenter à ses lecteurs et à reproduire une partie du rapport qui est l'annexe
qui fut remise au Ministre et qui
comporte un certain nombre de
recommandations.
Présentation du rapport
Le rapport de
26 pages est constitué d’une
introduction, de deux parties
et du rapport de synthèse remis au Ministre en annexe.
L’introduction : elle
rappelle le contexte de l’étude et de la méthodologie adoptée par l’équipe
La première partie : le
diagnostic de la situation( recueil des données classées en sept thèmes , qui
sont :
- Les nouvelles mesures de
rachat pour l’admission à l’examen du baccalauréat.
-
La gestion des ressources humaines
-
Le pilotage des établissements scolaires
-
La formation continue et le suivi des
enseignants
-
L’orientation scolaire et l’éducation au
choix
-
La vie scolaire
-
L’environnement des établissements
scolaires et la question sécuritaire.
Deuxième
partie : recommandations et propositions : l’étude a présenté dans cette deuxième
partie une série de recommandations
classées selon les sept thèmes de
la première partie , et à chaque fois , les
auteurs avaient distingué entre des recommandations urgentes et d’autres
à long terme.
Extraits du rapport du
synthèse destiné au Ministre
Premièrement : le
contexte général
L'étude fut entamée «
suite à la demande de M° le Ministre
de réaliser une étude sur les résultats du bac 2015, en vue de faire l’état des
lieux et présenter des solutions et
concevoir des points de vue qui permettront de relever ces résultats
quantitativement et qualitativement à court
et à long terme … en réalité les motifs qui ont amené cette étude sont
en rapport avec le grand déséquilibre constaté
entre les régions et entre les lycées de la même région , ainsi que la
médiocrité des résultats de certaines sections et le déséquilibre du principe de l’égalité des chances entre les
enfants tunisiens tant au niveau des
taux de réussite qu’au niveau de la qualité des diplômés , si bien que la question est devenue une
question d’opinion publique autour de laquelle se posent plusieurs
questionnements et se nourrissent des attentes pressantes chez la famille tunisienne dans le sens de
l’amélioration des résultats et la lutte contre les causes de leur détérioration ».
Deuxièmement : le
diagnostic
-
En dépit de l’existence de quelques
poches de réussite par ci par là, on constate une baisse générale au niveau des
résultats du baccalauréat à l’échelle
nationale, (environ 36%) , c’est-à-dire
que les deux tiers des candidats n’ont pas réussi à passer un cap essentiel
sans lequel il n’y a guère de réels horizons.
-
Le classement national des régions et la comparaison des taux des différentes régions ( sans entrer dans les détails) revèlent
plusieurs caractères significatifs qu’il est nécessaire d’étudier et de prendre
en compte par tout plan pratique qui aspire à trouver les remèdes nécessaires (
l’exemple de certains lycées du commissariat régional (Sfax 2) qui est venue en
tête du classement national et où on a
enregistré un taux de 90% dans un lycée , et 8% dans un autre dans la section
économie et gestion, ou l’exemple du lycée Ouled Haffouz avec 53.9% a réalisé le meilleur résultat après le lycée pilote à Kairouan.
-
Il ya des indicateurs communs sur la
faiblesse des taux de réussite au baccalauréat , ceux-ci se concentrent en
général dans les lycées ruraux dans toutes les régions du pays , y compris dans
les régions les mieux classées.
-
Il existe une crise structurelle en rapport avec la gestion administrative,
l’enseignement et l’orientation en plus
de l’impact des conditions sociales , économiques et culturelles , auxquelles
s’ajoutent des facteurs conjoncturels comme les événements de janviers 2011
et tout ce qu’ils ont amené comme
climat de chaos, de laisser aller et
d’attitudes négatives vis-à-vis de la question éducative.
-
On note un grand soulagement chez toutes les parties
prenantes suite à la décision de réduire
l’impact de la moyenne annuelle de
25 à 20 % , cela traduit une prédisposition à accepter la suppression totale
de la procédure à la prochaine session
2016.
-
Au sujet
du corps enseignant , de nombreuses régions souffrent de l’instabilité
des enseignants et du retard qu’ils mettent pour rejoindre leur
affectation et le recours massif à la
formule de la suppléance permanente( elle touche le tiers de l’effectif dans
certaines commissariats) , à tout cela s’ajoute le recours à des enseignants
qui manquent d’expérience pour se charger des classes terminales , l’absentéisme ( occasionnel et de longue durée)
-
La poursuite de la nomination des
directeurs d’établissements scolaires et de la nomination des responsables
éducatifs à tous les niveaux selon des critères loin d’être basés sur la
compétence et l’efficacité.
-
Le déficit du suivi sérieux et régulier
de ce qui se passe dans les établissements scolaires , l’absence de la culture
de la planification et de la prospective
et du travail selon des projets
éducatifs tant au niveau des commissariats que des établissements , projets qui devaient prendre en compte les résultats et qui mettent en place des stratégies pour les
améliorer et annihiler les causes de leur médiocrité.
Troisièmement :
propositions et recommandations
« … Il est possible
de dégager les propositions suivantes
qui se sont regroupées en deux catégories:
Dans l’immédiat
1) Officialiser la commission nationale qui a supervisé
l’étude des résultats du Bac 2015,et appeler ses membres ( par décision
interne) à poursuivre le travail au niveau des
commissariats régionaux dans le cadre du « comité de pilotage national
pour coordonner entre les projets éducatifs et assurer le suivi de leur
réalisation » le long de l’année.
2) Envoyer dans le plus bref
délai une note ministérielle qui appelle tous les commissariats régionaux de
l’enseignement à mettre en place un projet éducatif clair et précis en rapport
avec les résultats enregistrés aux examens nationaux dans un délai donné, ce projet sera conçu et
mis en œuvre par des équipes régionales ( administrateurs, inspecteurs,
conseillers d’orientation…) ; ces équipes seront accompagnées et suivies
par un membre de la commission nationale
qui est chargé de suivre les résultats de la région.
3) Trancher rapidement la
question des 20% ( sa suppression ou son maintien), car plus le temps
passe plus il sera difficile d’annoncer
de nouvelles mesures , car cela nécessite des campagnes de sensibilisation et d’information précoces et des réunions et
la participation de toutes les parties concernées.
4) Trouver la formule adéquate
pour soutenir les établissements dont les résultats étaient en dessous de la
moyenne nationale , et qu’il faudrait considérer comme des établissements à
priorité pédagogique qui nécessitent une attention particulière et un suivi à
tous les niveaux ( transport, infrastructure, encadrement des enseignants,
accompagnement des élèves et orientation…)
5) Publier une note
ministérielle qui insiste sur l’importance du contrôle et la suivi des absences des enseignants et des élèves ,
vu leur impact négatif sur le niveau des acquis
et des résultats aux examens nationaux , nous proposons que cela se fera
dans le cadre d’une approche qui
allie dialogue , écoute ( surtout
auprès des enseignants dont l’absentéisme est récurrent) et appel à la
discipline et au respect du règlement.
6) Veiller à assurer un encadrement
particulier et intense au profit des enseignants des classes terminales et ceux
des classes de troisième année
secondaire de la part des inspecteurs et des inspectrices au cours de
l’année scolaire 2015/2016.
Pour le moyen terme
1. Mettre en place la tradition du plan d’action régional ( qui
se décline de la stratégie éducative
nationale qui sera conçu à partir d’un
diagnostic objectif et précis de la réalité pédagogique du pays et une
prospective des solutions et des moyens
pour la changer .
2. Adapter les programmes de la
formation continue aux conclusions de
l’étude des résultats du bac 2015 et
cela pour toutes les catégories des acteurs de l’école qui ont des rapports
directs avec le rendement des élèves .
3. Mettre en place un plan
national avec la participation de toutes les parties pour réduire l’absentéisme
au sein du corps enseignant et des élèves à son niveau le plus bas.
4. Améliorer la pratique de
l’écoute et du suivi dans le milieu scolaire et sa généralisation et renforcer
l’accompagnement psychologique et social
des élèves et charger les surveillants principaux spécialistes de participer aux travaux du
bureau d’écoute et d’en assurer la permanence (puisque le ministère a annoncé
l’ouverture d’un concours pour recruter des surveillants principaux parmi les
détenteurs d’une licence de psychologie et de sociologie).
5. Poursuivre la ségrégation
positive au profit des établissements aux faibles résultats en leur affectant des enseignants
expérimentés et compétents , et en soignant les mutations des enseignants , en pensant à accorder des
encouragements financiers à ceux qui choisissent de s’y installer … tout cela pour éviter que
certaines régions ne se transforment en
des régions de passage.
6. s'intéresser au déséquilibre
inquiétant dans certaines régions entre les sections au niveau de
l’orientation et appeler les conseillers
d’orientation à limiter ce
déséquilibre selon un plan national qui
sera établi avec la participation des
parties concernées ( surtout le ministère de l’enseignement supérieur et de la
recherche scientifique)
7. Poursuivre la lutte contre les cours particuliers qui se sont
devenus un véritable fléau ces
dernières années et qui ont affecté le principe de l’égalité des chances entre
les élèves et ont contribué à la détérioration des rapports entre les élèves et
les enseignants.
8. Soigner le recrutement des
directeurs en se basant sur des critères cognitifs et professionnels et les soumettre à une formation
administrative et pédagogique qui sera sanctionnée par une évaluation avant
l’affectation.
9. Révision de la carte
régionale de la répartition des élèves des collèges sur les différents lycées
de la région , afin d’avoir une répartition juste qui tient compte du niveau
scolaire et social de l’élève , car la diversité renferme plusieurs bienfaits
pédagogiques sur le plan pédagogique et
de la formation de la personnalité , et pour garantir la pérennité du rôle de
l’école dans le vivre ensemble.
10. Soigner les programmes régionaaux de la formation continue et tenir
compte des besoins des enseignants et de
la spécificité de la région .
11. Revoir l’architecture générale de l’enseignement
afin qu’il réponde à la diversité des
profits des élèves et créer de nouvelles
filières proches de l’enseignement
professionnel, technique et industriel.
12. Revoir le temps scolaire dans
les écoles prioritaires et soigner les emplois du temps en respectant
l’intérêt de l’élève en premier.
13. Accorder la priorité absolue
dans la formation à la langue française,
la langue anglaise et aux
mathématiques puisque ces trois
disciplines sont la cause de l’échec ( selon les données objectives et selon
les avis recueillis dans les régions ) , il est nécessaire de clarifier les
contenus , les programmes, et les procédés d’évaluation pour ces trois
disciplines , il serait souhaitable de prévoir des exemples et des situations
de formation pour aider les différents acteurs.
Mongi Akrout, inspecteur
général de l'éducation & Brahim ben
Atig , professeur émérite.
Tunis, juin 2018
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