Nous clôturons cette semaine la série d’articles consacrés
aux réformes scolaires à l’époque du protectorat français en Tunisie, cette
troisième et dernière partie s’intéresse
aux différentes réformes entamées par le nouveau directeur de l’enseignement
public et qui se sont poursuivies
jusqu’à la veille de l’indépendance ( Pour accéder à la 2ème partie , cliquer ICI)
a.
Les réformes scolaires de 1908 à l’indépendance
Afin d’étudier cette longue période,
nous allons distinguer deux phases : la première s’étend jusqu’à la fin
des années trente du siècle dernier, et la deuxième se termine avec l’accès du
pays à l’indépendance.
§ la première phase : Les réformes de 1908 à la fin des
années trente
-
La nouvelle conjoncture.
La nouvelle conjoncture fut marquée
par :
-
le départ de L .Machuel à la retraite, et
l’arrivée de son successeur Sébastien charlety[1] à la tête de la direction
de l’instruction publique ; c’était beaucoup plus qu’un changement de personne ;
c’est une nouvelle vision très proche de la vision des prépondérants ;
d’ailleurs, la nomination de Charlety fut saluée par ces derniers.
-
L’ouverture d’un grand débat sur l’instruction des tunisiens, à l’occasion de la tenue du
congrès de l’Afrique du nord, en 1906 et en 1908 ; ce débat a mis en avant
l’opposition entre deux visions : celle défendue par le mouvement jeunes
tunisiens, et celle défendue par les
prépondérants et la résidence générale ; ces derniers rejettent le
principe d’assurer la scolarisation des enfants tunisiens sur le modèle français, et surtout l’idée de
les intégrer dans les écoles françaises, pour partager les mêmes bancs avec les
jeunes européens. Quant aux représentants du mouvement jeunes tunisiens, ils s’opposent à l’idée de cantonner les enfants tunisiens dans les écoles franco- arabes,[2] et revendiquent un
enseignement primaire gratuit et obligatoire dans des espaces uniques, qui accueillent les écoliers
tunisiens et européens, et où la langue française serait la langue
d’enseignement, mais où l’on apprend aussi la langue arabe selon la formule
devenue célèbre « instruire en français, enseigner la
langue arabe ». Le
mouvement jeunes tunisiens demande le développement de l’enseignement
professionnel agricole, et l’encouragement de jeunes tunisiens à poursuivre les
études secondaires et supérieures.
a.
La direction générale de l’enseignement public
penchait du côté des colons et voulait maintenir le statut quo, mais les
évènements survenus dans les régions de Thala et de Kasserine[3] l’ont poussé à revoir sa
politique scolaire, surtout que la population tunisienne ne cessait de demander
l’ouverture de nouvelles écoles pour scolariser les enfants.
§ Les réformes
instituées par Charlety
Le nouveau directeur, qui était porteur
d’une vision différente[4] de celle de son prédécesseur,
entama une série de réformes pour rattraper le retard [5] ; ces réformes
visaient :
-
A L’amélioration de l’état de l’enseignement dans la
régence par :
·
Le renforcement du réseau des écoles, par l’ouverture
de nouvelles écoles pour accueillir les jeunes tunisiens, comme les écoles
publiques pour les filles à Nabeul , Kairouan et Sousse, et la réouverture de
celles qui ont été fermées sous la pression des colons.
- L’amélioration
de l’encadrement par le recrutement de nouveaux instituteurs tunisiens, et
par la réorganisation de l’école normale Alaoui, avec la création d’une
section pour former les instituteurs bilingues pour remplacer l’école Attadibya,
fermée en 1910 ; et enfin par l’organisation d’un stage annuel en
France au profit des élèves maîtres de l’école normale. « la
réforme du recrutement et de la préparation pédagogique du personnel doit
donc marcher de pair avec celle des programmes et des méthodes. »
Rapport au président sur la situation de la
Tunisie ( 1908)
- Le
renforcement de l’inspection des écoles coraniques et le contrôle sanitaire,
par la création d’une inspection des écoles coraniques privées, et de
l’enseignement arabe donné aux élèves musulmans des écoles primaires
publique a été créé en 1908, par décret[6].
Toutes ces mesures s’étaient traduites
par une amélioration sensible de la situation scolaire dans le pays :,
« L'augmentation du nombre des élèves en 1909 est
presque égale, à elle seule, au total de l'accroissement de la population
scolaire pendant les trois dernières années. Ce résultat ne saurait s'expliquer
uniquement par les ouvertures d'écoles ou de classes nouvelles : il est dû
principalement au mouvement d'opinion qui porte de plus en plus les étrangers
et les indigènes vers les écoles françaises. » indique le rapport
au président de la république 1909 ; les tableaux suivant illustrent bien
cette évolution.
Annexe3 : situation scolaire en
1909
indicateurs
|
nombre
|
augmentation par rapport à 1908
|
Nombre d’écoles
|
202
|
23+
|
nombre de classes
|
501
|
61+
|
nombre d’élèves
|
23921
|
3284+
|
nombre d’instituteurs
|
811
|
89+
|
Annexe4 : Nombre d’élèves tunisiens dans les deux lycées
français en 1909
lycée
|
Tunisiens
|
français
|
Italiens
|
maltais
|
israélites
|
autres
|
Carnot
|
83
|
564
|
91
|
19
|
238
|
28
|
J. Ferry
|
1
|
555
|
60
|
11
|
100
|
B- La rénovation des programmes et des méthodes pédagogiques de l’école
primaire.
- rénovation
de la mission de l’école pour la rendre plus fonctionnelle ; « L'instruction
primaire devant être d'abord et surtout une préparation directe et
appropriée à la vie pratique, on s'est préoccupé de mettre dans les
différentes matières d'enseignement le plus de réalité possible et de les
adapter aux besoins, à la situation, aux formes de vie de la population
variée de nos écoles. …, on a décidé de donner à l'enseignement
élémentaire des sciences un rôle prépondérant à l'école primaire. » lit- on dans le rapport au président de la république
en 1909.
- réformer les programmes et les méthodes, la réforme prévoit de :
-
« Multiplier les leçons de choses, habituer les élèves aux « aspects de la vie et
des modes d'activité agricole et industrielle les plus voisins ou les plus
familiers,
-
Donner une place
importante aux aspects pratiques : L'emploi du temps devra réserver
une place suffisante aux exercices d'observation et d'application :
expériences, travaux au jardin, visites et promenades industrielles ou
agricoles »,
-
L’application de
l’apprentissage par alternance, l’élève est mis en situation d’apprentissage
chez des maîtres artisans tissage, poteries, travail de la pierre, la pêche et
la navigation
-
Enfin « il a été décidé que l'arabe ferait désormais
partie des programmes de l'enseignement primaire, et qu'il constituerait aux
examens du certificat d'études une épreuve, actuellement facultative, qui
deviendra obligatoire dès que l'application intégrale des nouveaux programmes
aura été réalisée » Rapport au Président
de la république - année 1909.
·
Développement de
l’enseignement secondaire et l’enseignement professionnel
En dehors des établissements secondaires proprement dits, se trouvant
exclusivement à Tunis , « il a été
créé, en 1909, à titre d'essai dans des écoles primaires supérieures à Sousse
et à Bizerte) des cours spéciaux de latin ou de langues vivantes destinés à
permettre aux familles de l'intérieur de faire donner sur place à leurs enfants
les premiers éléments de l'instruction secondaire ».
La réorganisation du lycée Jules ferry de jeunes filles avec la création
d’une section normale pour former les institutrices.
-
-
La deuxième phase : les réformes des années
quarante
· La nouvelle
conjoncture
Durant les années quarante, le contexte général, tant à l’échelle
internationale qu’à l’échelle nationale, a beaucoup évolué : le mouvement
national s’est consolidé ; la deuxième guerre mondiale vient de porter un
coup à l’image de la France, qui fut amené à revoir sa politique dans les
colonies ; une réunion, tenue à Alger le 10 octobre 1943, regroupant les
résidents généraux de la Tunisie et du Maroc et le gouverneur d’Alger, sous la présidence du général De Gaule, avait
arrêté un certains nombre de décisions concernant l’enseignement , dont :
-
La nécessité d’introduire les réformes qui répondent
aux vœux de la population locale ;
-
L’ouverture des hautes fonctions administratives aux cadres
locaux ;
-
permettre aux jeunes indigènes de participer aux
concours d’accès aux grandes écoles françaises.
C’est dans ce cadre général que les autorités du protectorat ont tenté
de réformer l’enseignement, pour satisfaire quelques revendications des nationaux,
comme la décision de « donner à la langue arabe une place plus importante
à l’école primaire franco- arabe ».
C’était un point commun à tous les projets de réformes, comme les projets
de Mast et
Debiesse en 1944, ou les projets de réforme de l’école primaire, de 1947 et de
1949.
· Les
tentatives de réformes de Mast
et de Debiesse.
Le général Mast, résident
général de Tunisie ( 1943-47), voulant anticiper certaines revendications des
nationalistes, proposa en 1944 un projet de réforme de l’école
primaire franco- arabe qui vise à améliorer le statut de la langue arabe en
augmentant son horaire en première année, tout en préservant la suprématie du
français, en maintenant le bilinguisme, et en allégeant les programmes afin d’éviter
de surcharger l’horaire hebdomadaire.
La même année, ,
Debiesse, Directeur de l’enseignement primaire en Tunisie, remettait un rapport
en vue de l’établissement d’un Plan quinquennal de développement de
l’instruction publique en Tunisie ; ce plan, très ambitieux,
propose de créer dans « l’école
tunisienne » deux cycles : un premier cycle de trois ans où
l’enseignement serait en langue arabe,
le français sera introduit en 3ème
en tant que langue ; et un
deuxième cycle de trois années au cours desquelles le français reprend
sa place, en tant que langue d’enseignement.
Ce deuxième projet a
été rejeté par le résident général lui -même, qui écrivait au commissaire aux
affaires étrangères pour lui faire remarquer que le rapport « n’exprime
que les idées personnelles de l’auteur, et qu’il n’en approuve nullement les
conclusions, en ce qui concerne la création de classes d’initiation dans les
écoles franco- arabes, où l’arabe, considéré comme langue véhiculaire, serait
seul enseigné.» [7]
Très mal accueillies
aussi bien par les prépondérants que par les dirigeants du mouvement national,
les deux tentatives sont restées au stade de projets, mais jamais mis en
application.
·
Le projet de réforme de l’enseignement primaire
de 1947
La direction de
l’enseignement public a préparé un nouveau projet de réforme, qu’elle a soumis
au conseil de l’instruction publique le 17 juin 1947. Ce projet prévoit les
mesures suivantes :
-
L’arabisation totale de la première
année de l’école primaire ;
-
L’Augmentation de l’horaire consacré à
la langue arabe pour atteindre 14 heures en 2ème et en 3ème
et 9 heures au cours moyen et au cours supérieur.
-
la Prolongation de la scolarité d’une
année qui sera réservée à la préparation des élèves tunisiens poursuivant leurs
études dans les écoles franco- arabes, pour passer le concours de sixième moderne,
classique ou technique, où l’enseignement s’effectuait en langue française[8] .
Les membres tunisiens
du conseil supérieur de l’instruction publique ont rejeté ce plan, d’une part,
parce qu’ils refusaient le bilinguisme sous la forme présentée par le projet, et d’autre part, parce que le projet se limite
à l’école primaire. Ce refus était la cause principale de l’abandon du projet.
·
Le projet de la fédération nationale de
l’enseignement (1949)
En avril 1949, la direction de l’enseignement public a
présenté à l’occasion de la semaine pédagogique à la fédération
nationale de l’enseignement une proposition de réforme de l’enseignement en Tunisie,
dont les principales composantes étaient :
- La
réforme des programmes et de l’horaire des écoles primaires françaises et des
écoles franco- arabes dans le sens du renforcement du statut de la langue arabe
(augmentation de l’horaire et l’utilisation de la langue arabe pour enseigner
quelques matières de base).
- La
révision des programmes des écoles normales.
- La
révision du régime des études de l’enseignement secondaire technique.
Ce projet a été soumis
au conseil supérieur de l’instruction publique, le 22 septembre 1949, qui a
retenu les mesures suivantes :
- La
révision des programmes et de l’horaire des écoles franco- arabes pour renforcer
le statut de la langue arabe (augmentation de l’horaire et l’utilisation de la
langue arabe pour enseigner le calcul en 1ère et 2ème et les
leçons de choses et l’histoire et la géographie pour les autres niveaux).
- Le
maintien de la langue française au même niveau pour bien préparer les élèves au
concours de sixième sans passer par une année supplémentaire
- L’introduction
de l’enseignement de la langue arabe dans les écoles primaire françaises.
En plus
de ces mesures, un plan théorique de mise en
valeur de la Tunisie : développement de l’instruction publique de 10
ans (1949-1969) fut adopté ; son application devrait
démarrer à la rentrée 1949-1950, au niveau de la première année de l’école
primaire, à titre expérimental, et d’une manière progressive, la généralisation
sur toutes les 1ère devrait avoir lieu dès la rentrée 1952-1953, et
puis à tous les niveaux progressivement.
Le
plan n’a concerné que l’école primaire, pour l’enseignement secondaire, il
s’est limité à :
-
A ouvrir la section tunisienne (la section sadikienne)
dans quelques collèges ou lycées, depuis 1944, ce qui a permis d’augmenter le
nombre de candidats au diplôme de fin d’études sadikien et aux épreuves de la
première partie du baccalauréat français , en application de l’arrêté du
directeur de l’enseignement public du 31 mars 1950 .
-
L’institution d’un baccalauréat franco - tunisien ( 26
janvier 1950), en application du décret 1267 de 1948 relatif aux épreuves du baccalauréat
dans les territoires de la France d'Outre-mer et à l'étranger, qui
stipulait que : «Les candidats à la première partie du baccalauréat qui
résident dans les territoires de la France d'Outre-mer ou à l'étranger peuvent
demander à subir à l'écrit une composition dans la langue du pays où se passe
l'examen ; depuis, la direction de l’instruction publique organisait
deux baccalauréats ; une version normale et une deuxième franco arabe[9].
Quel
fut l’impact de toutes mesures ? Ont-elles permis d’améliorer la scolarisation
des enfants tunisiens ? Les statistiques avaient en tout cas enregistré
une certaine amélioration (voir annexe 4 ) sans pour autant atteindre des taux
de scolarisation acceptable ; le jeune état va hériter un lourd passif
quand le pays accéda à l’indépendance.
Annexe 4 : l’état de l’enseignement en 1949
Nationalité
|
population scolarisable ( 5/14 ans)
|
population scolarisée
|
|
nombre
|
%
|
||
Français
|
27500
|
26000
|
94
|
européens
|
45500
|
35000
|
77
|
Tunisiens
|
775000
|
95000
|
12
|
L’état
de l’enseignement en 1953 (enseignement primaire)
%
|
pop scolarisée
|
nombre
|
indicateurs
|
0.4
|
175275
|
3510000
|
Population tunisienne
|
18
|
45043
|
180000
|
Population française
|
effectifs
|
indicateurs
|
850000
|
population en âge de scolarisation
|
168661
|
population scolaire
|
124071
|
dont des tunisiens
|
36908
|
élèves des écoles coraniques et des écoles privées
|
Conclusion
Telles furent les
différentes réformes ou tentatives de réformes du système scolaire, en Tunisie,
à l’époque du protectorat, tiraillées par : « la diversité de la
pensée réformiste, dès l’origine, par un double rattachement au moderne et au
traditionnel. » [10] Cela s’est traduit d’un côté
par le maintien de l’enseignement traditionnel tout en essayant de moderniser
ses programmes et ses méthodes (les écoles coraniques modernes et les kouttabs
réformés) ; il s’est traduit de l’autre côté par la mise en place d’un
nouveau système éducatif moderne sur le modèle européen (les écoles franco- arabes).
Les conservateurs
craignaient pour la langue arabe, pour l’islam et pour la civilisation du pays,
d’où leur rejet de toute réforme qui toucherait les fondements de
l’enseignement classique, alors que les autorités du protectorat voulaient « franciser »
la population locale par l’école et par la culture occidentale.
Hibou disait que « les jeunes tunisiens furent, souvent
à leur insu, les meilleurs avocats de la politique d’association coloniale … l’alliance
des libéraux français et les réformistes tunisiens autour de la révolution et
de la modernité se concrétisa plus précisément autour de la création
d’institutions scolaires…comme celle de la Khaldounia …»[11]
Hédi Bouhouch et Mongi Akrout, Inspecteurs généraux de l’éducation
Tunis, septembre
2O14
Articles publiés par le blog pédagogique sur le même thème
Bouhouch et Akrout . Les axes de la future réforme de l’éducation
aux yeux du nouveau ministre de l’éducation tunisien ; Blog
pédagogique
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/03/les-axes-de-la-future-reforme-de.html
Bennour, A. A propos de la réforme du système éducatif -
Bennour, A. « A propos de le réforme éducative : les
références juridiques : première partie ». ; Blog pédagogique
Bennour, A : « A propos de le réforme
éducative :les références de la réforme scolaire : deuxième
partie » ; Blog pédagogique http://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/09/a-propos-de-le-reforme-educative-les.html;
Blog pédagogique
Bouhouch et Akrout. « Histoire des réformes éducatives en Tunisie
depuis le XIXème siècle : introduction générale » ; ; Blog
pédagogique
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/11/histoire-des-reformes-educatives-en.html#more
Bouhouch et Akrout . Rapport de la commission sur l’enseignement
secondaire[1] L’Action 18-9-1967, ; Blog pédagogique
Jerbi,A. La politique éducative ou quelle politique
éducative pour quelle réforme de l'éducation?
Boukhari . O. la gouvernance du système éducatif tunisien
Bennour, A : Les références de la réforme scolaire :
Deuxième partie
Bouhouch et Akrout. Histoiredes réformes éducatives en Tunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours :les réformes de la période précoloniale (1ère partie) . Blog pédagogique
Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives enTunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de la période précoloniale(2ème partie) ; Blog pédagogique
http://bouhouchakrout.blogspot.com/2015/11/histoire-des-reformes-educatives-en_23.html#more
Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives enTunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de la période coloniale(2ème partie) ; Blog pédagogique
Bouhouch et Akrout.Histoire des réformes éducatives enTunisie depuis le XIXème siècle jusqu’à no jours : les réformes de la période coloniale (2ème partie) ; Blog pédagogique
[2] Khairallah ben Mustapha présente l’école revendiquée par les tunisiens dans son rapport présenté au
congrès de l’Afrique du nord de paris en 1908 « non celle ainsi appelée par la Direction
de l'Enseignement, parce que plus particulièrement fréquentée par des élèves
musulmans; mais celle où indigènes et européens doivent se rencontrer pour
apprendre, dès l'enfance, à se connaître et à sympathiser, à la faveur de cette
vérité qu'un peuple est vraiment supérieur à un autre par son éducation et non
par sa force ou sa richesse, sa nationalité ou sa religion ».
[3] « Un
jeune marabout algérien franchit la frontière et réussit à soulever contre les
colons français isolés une population ignorante et fanatique, firent comprendre
combien il était dangereux de laisser les indigènes, et surtout la jeune
génération, en dehors de tout contact européen. L'école française, avec son
instituteur, souvent receveur des postes, est un des meilleurs moyens de
civilisation, une des armes les plus sûres et les moins coûteuses contre la
superstition et le fanatisme. »
Buisson,
http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3753
http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3753
[4] «L'école primaire indigène
reçut tout d'abord, sans modifications appréciables, les programmes et les
cours d'études de l'école de France. Mais cette institution, transplantée,
comme il était naturel s'anémia…. L'enseignement qui se borne à l'étude
élémentaire d'une langue, qui tend, par là, à devenir purement formel et
grammatical, ne laisse, la langue oubliée, — je n'ose dire rien — mais je puis
dire (si j'en crois bien des confidences attristées de maîtres dévoués) qu'il
laisse bien peu de chose.
Le premier problème est donc de donner à
l'enseignement primaire indigène la substance qui lui manque, qui survivra aux
oublis nécessaires et au déchet fatal. On ne la trouvera qu'en l'imprégnant, en
le pénétrant d'un esprit nouveau. L'examen continuel et pourtant méthodique,
l'observation raisonnée des réalités où se meut l'enfant indigène,… C'est
l'esprit scientifique qui doit dominer dans l'enseignement à donner aux
indigènes ». Si élémentaire soit elle, l'instruction scientifique peut seule,
ajoutait-il, préparer l'enfant à recevoir l'enseignement professionnel » Charléty au congrès de Paris de 1908
, p 270- 275.
[5] le directeur de l’instruction publique constitua 4 commissions : La commission des programmes et des méthodes
, la commission de la réforme du
certificat d'études ,La Commission des
arts indigènes
[6] Décret du 26 novembre 1908
[7] Sraieb N ( 1993) : L’Idéologie de l’école en Tunisie
coloniale ;Revue du monde musulman et de la
méditerranée ;1993 ;68 ;p 252.
[8] Sraieb, N. (s.d.). L'idéologie de l'école en Tunisie
coloniale (1881-1945) . In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée,
N°68-69, 1993. pp. 239-254.
[9] Voir le blog pédagogique : 1957: Le premier
baccalauréat tunisien après l'indépendance ; http://bouhouchakrout.blogspot.com/2014/05/1957-le-premier-baccalaureat-tunisien_4.html
[10] Béatrice Hibou ;
Tunisie : d’un réformisme à un autre , FASP
[11] Hibou , opt cite p 232
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