I- Dans la
légitimité de l'appellation
J'ai choisi la balade
comme prélude pour le titre pour un motif personnel, au cours de laquelle je
voulais que mon discours sur le professionnalisme soit un discours du plaisir
malgré son caractère sérieux et la forte et récente envie de connaître ma
position professionnelle à un moment de prospective et de réflexion sur l'école
de demain, une école qui se veut d'après nos lectures " un espace où il
fait bon vivre» en plus d'être un espace de savoir et d'apprentissage. Le
deuxième motif du
choix de la balade est sa présence dans l'espace de la spécialité où je me suis
formé et qui a vu naitre de grandes théories philosophiques qui sont encore
présentes. Je veux parler du stoïcisme et des stoïciens qui ont inventé une
philosophie dont la mission première était la morale. Ses adeptes appelaient
pour une citoyenneté universelle en se baladant
dans les couloirs d'Athènes. Quant à l’épicurisme, du nom du philosophe Epicure, ses adeptes philosophaient
dans le jardin de la joie. Il serait souhaitable que l'inspecteur professionnel
puisse contribuer à faire de l'école de demain un espace de joie pour
l'enseignant comme pour l'élève.
.
II - Le contexte de la
naissance du concept de professionnalisme à l'échelle mondiale et nationale
L'étude du terme
"professionnalisme" nécessite une analyse en tant que concept qui
s'inscrit dans un contexte théorique. Ce contexte se distingue par la
définition de l'éducation comme «un système qui évolue et se développe» et
connait des problèmes qui nécessitent des solutions. Aujourd'hui, l'éducation
est appelée à trouver les méthodes qui augmenteraient son efficacité pour
répondre aux attentes des différents partis sociaux, économiques et politiques.
Le professionnalisme est donc un concept créé par le contexte
contemporain, qui a engagé un processus d'évaluation des institutions à la
recherche d'un meilleur rendement. Son apparition a été associée à d'autres
concepts tels que la culture de l'évaluation et le projet de l'école. La
politique éducative tunisienne s'est engagée dans cette démarche. Elle a
annoncé son intention de prendre en charge les écoles dans cette perspective
mondiale, qui prend en compte la qualité de l'éducation et l'efficacité de
l'établissement. Cette démarche analyse les lacunes et les insuffisances et
construit une stratégie pour remédier aux sources des faiblesses à plusieurs
niveaux.
Nous retrouvons un écho à ce que nous avons évoqué dans le programme
pour la mise en œuvre du projet " Ecole de demain " (2002 – 2007),
qui a inclus le manque de professionnalisme parmi les facteurs qui ont conduit
au mauvais rendement de l'établissement scolaire. le programme en a parlé dans les termes suivants: «L’amélioration
du rendement du système éducatif est tributaire de l’existence de ressources
humaines hautement qualifiées, à tous les niveaux : personnel enseignant,
personnel de direction, personnel d’encadrement pédagogique, surveillants...
La gestion des établissements scolaires exige aujourd’hui, outre la motivation,
un haut degré de professionnalisme ; ce qui fait malheureusement défaut à
l’heure actuelle : les éducateurs, toutes catégories confondues, ne bénéficiant
pas d’une formation spécifique adéquate en la matière.
Le professionnalisme
des inspecteurs s'inscrit donc dans une vision globale qui lie les résultats
scolaires et la qualité de l'enseignement aux compétences que devraient avoir
tous les acteurs du processus éducatif.
Le programme pour la
mise en œuvre du projet " Ecole de demain " (2002 – 2007) a
fixé les spécifications du
professionnalisme pour l'enseignant et a défini le professionnalisme comme suit
:
«Des
enseignants professionnels, cela veut dire des maîtres qui connaissent à la
fois la science et l’art de leur métier ; capables de construire et de mettre
en œuvre un projet pédagogique intégrant les spécificités du contexte où ils
évoluent ; capables aussi de planifier, d’évaluer, de gérer des situations
pédagogiques diverses ; de donner aux élèves le goût d’apprendre ; de réguler
leur enseignement à la lumière des diagnostics fréquents qu’ils effectuent...»[1]
Le programme a passé sous silence le
professionnalisme des autres acteurs du système éducatif. Il s'est limité à ce
petit commentaire « à un niveau différent, mais dans le même ordre d’idées, une
stratégie de professionnalisation parallèle doit être arrêtée au profit des
chefs d’établissements, des cadres pédagogiques (inspecteurs et assistants) et
des formateurs de formateurs»[2].
Le concept de professionnalisme
est donc un concept contextuel, et nous devons l'examiner en fonction de sa
relation avec le système que nous avons mentionné. La question n'est pas liée à
une représentation personnelle du professionnalisme, ni à un effort qui nous
conduit à des points de vue différents à propos du professionnalisme et de sa
signification. Réfléchir sur la question du professionnalisme demande que nous
étudiions toutes ses dimensions et l'étendue de sa capacité à réaliser la
compatibilité entre les objectifs basiques de l'école, qui concernent
l'éducation de l'homme et les nouveaux emplois conçus pour répondre aux besoins
de circonstance dans lesquels se croisent la rentabilité, la qualité et la
compétitivité. Bien que nous parlions du professionnalisme d'une part, parce
qu'il est important pour l'avenir de notre école, nous avons déjà commencé à
évoluer vers l'institution du professionnalisme au sein de notre système
éducatif lorsque nous avons mis en place les bases d'une formation
professionnelle initiale pour les enseignants et accéléré le rythme de la
formation continue malgré les lacunes de celle-ci. Cette voie sera bientôt
renforcée lorsqu'elle va s'étendre au corps des inspecteurs. La nouvelle
formule du concours pour le recrutement des inspecteurs prévot une formation
initiale spécifique qui prépare le futur inspecteur aux différentes missions
dont il est chargé, qu'il s'agisse de programmes, d'examens, de manuels ou
autres.
III -Significations et
composantes du professionnalisme
Puisque le professionnalisme
est un terme émergent importé d'ailleurs, que les spécialistes en ont délimité
les définitions, et que nous avons accepté de nous engager dans cette approche
de modernisation de l'éducation, je partirai d'un exemple de définition que
j'ai sélectionné pour réfléchir à cette question : les écrivains Charlot et
Beautier définissent le professionnalisme en partant des caractéristiques du
professionnel comme suit: : "Le professionnel est celui qui est capable
d'utiliser ses compétences dans n'importe quelle situation. Il est la personne
des situations qui sait s'adapter et maîtriser toute nouvelle situation. Nous
admirons le professionnel pour sa grande capacité d'adaptation, son efficacité
et son agissement en tant qu'expert. Le professionnalisme nous conduit à une
pratique qui se réfère à une base solide de connaissances et à l'intégration
d'expériences réussies afin de parvenir à l'adaptation. La deuxième
caractéristique du professionnel est qu'il répond présent à la demande dans
toute circonstance ou face aux problèmes complexes et variés, et qu'il excelle
dans leurs solutions. » Les deux auteurs ont formulé six normes ou
critères du professionnel, qui sont :
- Une solide base au niveau du savoir.
- Une pratique qui tient compte des
situations.
- La capacité à utiliser les savoirs dans les
pratiques et les actions.
- l'indépendance et la responsabilité
personnelle dans l'exercice des compétences.
- L'adoption de représentations et de valeurs
qui constituent ensemble l'identité professionnelle.
- L'adhésion à une équipe qui simplifie ou qui
synthétise des stratégies pour la promotion et produit des discours dans le domaine de
l'évaluation et de la légitimité.
Celui qui se penche sur
la définition du professionnel et du professionnalisme et qui regarde la liste
des normes (critères) fixées par les praticiens de terrain dans ce domaine,
constate qu'elle comporte des vertus, dont certaines sont d'ordre cognitif et
d'autres d'ordre comportemental et éthique.
1- Le premier critère
mentionné dans la liste du professionnel est le savoir, et j'estime que les
savoirs dont l’inspecteur a besoin pour mener à bien sa mission et contribuer à
améliorer le rendement de l’établissement scolaire sont avant tout les savoirs
de base dans sa spécialité. Les compétences et les capacités ne peuvent guère exister
sans une maîtrise parfaite de sa spécialité. Être
persuasif et convainquant nécessite au premier degré cette exigence préalable
et fondamentale.
2 - Une
pratique qui prend en compte les situations : Une partie de cette
compétence s'apprend, et l’autre fait partiede la personnalité du sujet.
L'observance adéquate des situations nécessite une intelligence pratique et un
esprit vif guidé par une espèce d'intuition. Dans tous les cas, on peut dire
que cet élément inclus dans les normes (critères) du professionnalisme nous
pousse à abandonner l'idée de la solution unique et de la vérité absulue et à
nous préparer psychologiquement afin d'élargir nos horizons épistémologiques
afin que nous agissions de différentes manières face à une question aux
multiples manifestations.
3 - La capacité à
traduire les savoirs dans les pratiques et les actions : Cet élément ou ce
critère indique un choix de valeurs qui associe savoirs et efficacité, car un
savoir inutilisé n'a pas de valeur. Le savoir n’est là que pour résoudre un
problème ou affronter une difficulté. Cela signifie que toutes les théories que
l'inspecteur consulte dans un domaine éducatif particulier, qu'elles soient
relatives aux théories de la communication, à la transmission pédagogique, à
une pédagogie différenciée ou à des approches pédagogiques, doivent se refléter
dans la pratique et prendre sa place comme guide du comportement professionnel
de l'inspecteur.
-4.
Indépendance et responsabilité personnelle dans l’exercice des compétences
: Cette caractéristique, qui a été déclarée comme subjective, joue un rôle
majeur dans la réussite du travail de l’inspecteur, et elle se manifeste dans
tous les éléments que nous avons évoqués et seront rappelés plus loin. Donc que
signifie pour l'inspecteur d'être un professionnel indépendant alors qu'il
exerce au sein d'un système multidisciplinaire et multi partenaire ? Si le
professionnalisme est une caractéristique requise chez tous ceux qui
travaillent dans l'établissement scolaire, comment va se comporter un
inspecteur indépendant avec un professeur indépendant et un directeur
indépendant ? L'indépendance estavant tout un Manifeste de liberté. Elle est la
déclaration d'un libre arbitre qui exerce ses choix indépendamment de toute
pression extérieure qui oblige les sujets à faire ce qu'ils ne peuvent
accepter.
Le terme d'indépendance est associé à
l'auto-responsabilité, pour former ensemble le cadre dans lequel s'exercent les
compétences de l'inspecteur. Ces compétences multiples incluent l'ensemble des
tâches que doit accomplir l'inspecteur. Si nous prenons, par exemple, la tâche
de conseiller et d'inspecter les enseignants nous remarquons que cette tâche
nous oblige à nous libérer d'une tendance personnelle qui souhaite transformer
les finalités de l'évaluation sommative de l'acte d'inspection qui est
officiellement un outil de classement des enseignants en fonction du
comportement, des performances et des capacités professionnelles qu'ils
possèdent. Ici, l'indépendance est la capacité de résister à la pression des
passions par respect pour l'éthique du travail et dans la croyance en l'utilité
de l'objectivité en tant que valeur partagée qui peut rassembler et convaincre
les gens. La personne indépendante est celle qui porte une idée claire des
exigences de son travail et les applique sans aucun compromis. C'est cette
indépendance qui permet d'enrichir le champ éducatif. l'indépendant déclare sa
position et défend son idée autant qu'il est à l'écoute des autres pour leur
permettre d’exprimer sans crainte leurs convictions et leurs idées.
Ce sont les « moi »
indépendants qui peuvent vraiment être poussés vers l'avant, alors que les
suivistes ne peuvent rien donner à une école qui encourage l'initiative. Cette
indépendance n'est pas absolue et n'exprime donc pas la liberté libre, c'est
une indépendance responsable, et la responsabilité qui en découle se manifeste
dans la conscience du poids de la mission chez tous ceux qui apprécient le
grand rôle attendu d'eux dans la réussite du travail éducatif. Quant à moi je
considère la responsabilité sous deux angles :
- Le première est
une responsabilité envers la collectivité nationale dont les membres
contribuent tous aux dépenses sur l'éducation et attendent en retour une qualité
de l'enseignement et des progrès qui augmentent le potentiel de nos jeunes et
les préparent pour l'avenir. Cette responsabilité nous oblige à avoir le rôle
d'expert et l'expert n'a pas le droit de témoigner de ce qu'il n'a pas vu. Il
établit son diagnostic et évalue à la lumière des résultats du diagnostic, Si
le moment du test est un moment d'évaluation sommative, il faut que la note
corresponde au niveau du rendement, et si le moment est un moment d'une
évaluation formative, il faut que les mécanismes d'intervention soient
cohérents avec la spécificité de la situation. L'expert honnête est celui qui
met son expérience au service d'un idéal qui garantit la pérennité de
l'institution et donne de la crédibilité à son travail.
Le deuxième angle sous lequel on peut
voir la responsabilité est celui de l'humanisme universel : l'inspecteur est
une personne qui traite avec d'autres personnes, et son but ultime dans tout ce
qu'il entreprend est l’intérêt l'élève tel que stipulé dans les lois éducatives
successives de la Tunisie. À cet égard, je dis que la justice, l'équité et
l'égalité des chances qui ont été soulignées par la loi sur l'éducation de 2002
et le programme pour la mise en œuvre du projet "école de demain" sont les valeurs sur
lesquelles se fonde le comportement éducatif. Ils peuvent traduire le sens de
la responsabilité car l'éducation des jeunes aux valeurs de la justice et de
l'égalité ne se présente pas sous une forme purement théorique. La conviction
de l'importance de ces valeurs ne pourrait se développer que si l'apprenant les
constate et les voit dans toutes les pratiques relatives à l'établissement
scolaire.
Ainsi, l'enseignant qui éduque ses élèves dans le respect de ses valeurs
ne pourrait le faire que s'il est lui-même traité selon ces mêmes valeurs et par conséquent nous pensons que les
rapports entre les sujets indépendants ne peuvent être que sur la base d'un sens de responsabilité, une
responsabilité qui garantit le respect des lois et des valeurs communes . Les âmes libres sont celles qui peuvent
donner à la responsabilité sa vraie dimension humaine. Quant aux âmes
quémandeuses, elles sont asservies et gouvernées par les émotions et sont
effrayées, avides ou oppressives. Dans tous les cas elles ne sont pas prêtes
pour une coopération fructueuse avec les autres, étant donné l'ambiguïté qui
régit leur comportement.
5.- . Des représentations et des valeurs
collectives se construisent pour constituer dans son ensemble l'identité
professionnelle. Ce critère est venu juste après ceux de l'indépendance et
de la responsabilité, peut-être pour nous aviser du fait que cet inspecteur
professionnel n'est pas un élément isolé, mais fait partie d'une structure,
d'un système (c'est ce qui a été noté au début de la communication quand j'ai
avancé que le professionnalisme s'inscrit dans une vision globale du système
éducatif). Les compétences définissant le professionnel constituent une
référence professionnelle commune pour un groupe d'individus appartenant à la
même profession. Cela implique que le comportement d'une personne qui fait
partie d'un ordre ou d'un corps de métier, n'engage pas sa seule personne, mais
il engage tout le corps. C'est pourquoi l'éthique professionnelle exige que
chacun de nous doive penser à tous le corps lorsqu'il entreprend un travail, ou
quand il prend une décision ou fait une déclaration. Nous sommes confrontés à
un paradoxe, d'une part nous sommes libres et d'autre part nous évoluons dans
un cercle d'identité professionnelle qui nous impose une morale unifiée ou
commune.
Cependant, nous n'avons
pas d'autre choix que d'être libre, car l'école à laquelle nous appartenons
veut que l'homme soit libre et qu'il soit éduqué pour être libre. Quiconque
considère la liberté comme un point de départ et une finalité doit être soucieux de la défendre, que ce soit lié à sa liberté
individuelle, à celle de ses collaborateurs ou des membres du groupe auquel il
appartient. Si je considère l’être avec qui je suis en relation comme un être
libre, je suis obligé de le respecter, de respecter ses droits, d’éviter de
l'offenser, de tenir à me remettre en cause et de faire appel à la connaissance
des sciences de la communication et de ses arts, des potentiels de la
personnalité, es droits de l'homme et des lois régissant les relations entre les
parties affiliées à la famille éducative afin de m'assurer d’être sur le bon
chemin. L'effort que dépense un inspecteur professionnel est un effort de
compatibilité entre la préservation de l'indépendance et donc de la liberté
d'une part et l'affirmation de l'appartenance à une identité professionnelle
qui requiert coopération et participation d'autre part. Si l'inspecteur
professionnel est la personne des situations, c'est-à-dire une personne qui
résout les difficultés, il n'a d'autre issue que de s'arrêter aux limites de ce
paradoxe, pour lequel il a l'honneur de trouver un équilibre entre ses deux
faces opposées.
- 6 - S'engager
dans une équipe qui simplifie et fait la synthèse des stratégies de promotion
et produire des discours sur l'évaluation et la légitimité.
Cette caractéristique, qui a été
incluse dans la liste des critères arrêtés par un spécialiste dans la
définition du professionnalisme, reflète une exigence fondamentale qui est la
capacité de travailler avec les autres, la capacité de produire collectivement
et la capacité de convaincre de la pertinence de ce que nous faisons. La
légitimité est une indication de notre droit de poursuivre ce choix et non un
autre, et notre droit d'évaluer de cette manière et non d'une autre manière. Le
droit et la légitimité nous imposent donc une éthique dans le comportement,
c'est-à-dire une éthique qui reconnaît l'autre comme collègue et comme
assistant. Les membre d’un groupe de travail être persuadés que la dynamique du
dialogue appelle certains d'entre nous à sortir de leur isolement et/ou
abandonner leurs convictions illusoires
qui leur font croire que l'innovation pédagogique ou toute autre chose sont
l'œuvre d'une minorité de doués.
L'éthique de l'inspecteur
professionnel impose l'option de la coopération, de la participation et de la
valorisation de ce qu'entreprend l'autre qui travaille avec nous, qu'il soit
inspecteur, professeur, chercheur ou directeur. Si les personnes se
rapprochent, la recherche devient facile et le progrès devient un résultat prévisible
et sûr.
IV Remarques à la vue de la
définition de l'inspecteur professionnel et des six critères ou normes.
L'inspecteur
professionnel n'a pas le droit de travail seul et isolé, s'inspirant pour ses
convictions et son comportement uniquement
de sa propre expérience ou de celle des anciens, il exerce dans le cadre
d'un système et il est appelé de connaitre plusieurs types de savoir , afin de
les utiliser pour les fins suivantes:
- Réfléchir à des situations.
- Maîtriser quelques
problèmes et leur trouver les solutions, en tant expert dans son domaine.
- S'adapter aux
différents partenaires grâce à sa capacité de discernement et de compréhension.
- Répondre aux demandes de ses
enseignants et de tous ceux qui ont besoin de lui.
V Les racines et les perspectives
du professionnalisme
Dans quelle mesure
peut-on considérer le professionnalisme comme une innovation dans le domaine de
l'inspection, compte tenu des critères que j'ai évoqués ? Et est-ce-que l'inspecteur d'aujourd'hui ou
hier n'ont pas ces vertus ?
- Le savoir n'est-il
pas l'un des critères du concours des inspecteurs ?
- Le recours à
l'inspecteur pour résoudre certains problèmes éducatifs n'est-il pas effectif
dans nos écoles aujourd'hui ?
- Ses compétences ne
sont-elles pas reconnues lorsqu'il est appelé à élaborer les sujets des
examens, des manuels, etc. ?
- L'éthique n'est-elle
pas respectée par la plupart des inspecteurs, n'est-elle pas déterminante pour
les différents types de relations de coopération entre le professeur et
l'inspecteur dans de nombreuses activités ?
Parce que la
comparaison entre la réalité de l'inspecteur et les aspirations du
professionnalisme montre que la différence entre celle-là et celles-ci réside
dans :
- l’établissement d'un
cadre juridique.
- la structure stratégique
institutionnelle.
- la diversité des
éléments, leur complémentarité et la fusion entre les uns des autres. Cela
signifie que les indicateurs du professionnalisme sont présents dans la
pratique passée et présente des inspecteurs qui y ont été guidés par une forme
d'intuition et d'entreprenariat et déterminés par les limites de l'initiative
personnelle. Il est possible que la culture traditionnelle qui appelait au bon
traitement était pour eux un cadre pour créer de bonnes relations avec les
autres. Mais tout ceci arrivait par pur hasard et d’une manière personnelle et
peut ne pas arriver du tout chez beaucoup d’inspecteurs qui voyaient leur
fonction se limiter alors à la sanction qui était considérée comme le pilier de
l’acte d’inspection. C'est pourquoi le professionnalisme a été considéré comme
une stratégie qui vise à structurer ce qui était spontané et à le normaliser
afin qu'il sorte du cercle individuel pour être généralisé.. Le
professionnalisme nous appelle aujourd'hui à être ceci et cela. Le ministère de
l'Éducation et de la Formation est aujourd'hui soucieuse de mettre en place des
institutions spécialisées et de programmer des cycles de formation qui
s'inscrivent dans la stratégie du professionnalisme pour permettre une réflexion autour des pratique pédagogiques,
de l'évaluation, de la comparaison et de l'innovation, qui sont devenus
aujourd'hui nécessaires pour le développement et le progrès du système éducatif.
Ces conclusions
appellent à transcender la compréhension hâtive du professionnalisme qui
demande la liberté absolue, l'indépendance totale et l'innovation infinie.
C'est la conscience systémique qui garantit la perception du professionnalisme
dans un contexte prospectif défini par des enjeux précis et arrêtés.
IV – Le professionnalisme
au diapason de la raison : une vision évaluative.
Ce que les spécialistes
nous ont transmis à propos du sens du professionnalisme ne peut qu'éveiller en
nous une certaine satisfaction car il est centré sur des compétences qui sont
en rapport avec des valeurs humaines universelles telles la liberté, la
responsabilité, la communication, avec les autres, la coopération et la
participation à des travaux en groupe. Pourtant, nous découvrons par un examen
critique un danger qui menace la finalité première de l'école qui n’est autre
que la finalité de former l'être humain. Cette une finalité est liée à des
activités intellectuelles qui ne sont pas mesurables par le seule critère de la
rentabilité. De plus, le terme "qualité" a une connotation ambiguë et
son rapport à la rentabilité rend sa signification étroitement liée à ce qui
est économique et quantitatif. Ce couple conceptuel annonce un détournement de
l'école avec tous ses professionnels pour servir les objectifs et les besoins
du marché. Si tous les acteurs ne tiennent pas à maintenir l'équilibre
nécessaire entre le quantitatif et le qualitatif éthique et humain. Nous devons
nous méfier de ne pas appeler les choses par leur nom et de tomber dans
l'utilitarisme direct au nom de l'efficacité qui exclut les dimensions des
valeurs humaines.
Ce sont là les
fondements implicites qui peuvent être soulevés à propos du professionnalisme.
Quant aux exigences de leur mise en application
à la lumière des données actuelles de l'inspection, les difficultés et
les obstacles doivent être connus et il
faut nous efforcer de les éliminer afin que le professionnalisme s'incarne en
partie au niveau des convictions et de la pratique. Je dis en partie
parce que certains critères du professionnalisme sont liés à l'humeur de la personne
qui est difficile à changer, car c'est un combat contre soi-même nécessaire
pour transformer une personne au caractère lugubre, renfrogné pour qu'elle
devienne une personne ouverte et souriante ?
Dans quelle mesure y parvient-elle ? Combien de temps faut-il à la
formation psychologique pour que ce changement se produise, ou devons-nous
attendre que les nouvelles générations d'inspecteurs soient recrutées selon de
nouvelles normes ? L'autorité de tutelle prendra-t-elle en compte les
impératifs du temps et réduira-t-elle la masse de travail pour aider les
inspecteurs en exercice à relever les défis du professionnalisme ?
Va-t-elle revoir la
structure du rapport d'activité mensuel et créer une nouvelle rubrique dédiée à
l'auto-engagement, à la consolidation des connaissances et à la réalisation
d'expériences ? Ce n'est pas tout, il faut aussi revoir la forme du rapport
d'inspection et envisager plusieurs possibilités dont certaines incluent des
rubriques qui attirent l'attention sur la valeur de l'initiative et de
l'innovation.
Mettre l’accent sur
l’importance d'adopter une liberté responsable, productive et qui s'occupe de
l'aspect qualitatif du travail, appelant également à une révision des
mécanismes d’évaluation du travail de l’inspecteur qui se basent aujourd’hui
sur les aspects quantitatifs et automatiques des activités de l'inspecteur. Ces
observations confirment que le professionnalisme ne réussira que lorsque les
autres composantes du système soient
homogènes .
Conclusion
Je termine sur un
sentiment de soulagement lorsque je lis les compétences du futur inspecteur en
ce qu’elles encouragent l’esprit de coopération et soulignent l’importance des
relations horizontales, mais la fréquence des termes qualité et rentabilité
gâche cette satisfaction et fait craindre que l'homme ne se transforme en un
élément, un nombre ou un moyen qu’au sein des projets économiques. C'est pour
cette raison que je lance un appel pour que nous tous, puissions faire du but
ultime de l'école la réalisation de l'humanité de l'homme. Cela nécessite de
veiller à maintenir la corrélation entre qualité et rentabilité d’un côté et
les valeurs humaines universelles de l’autre.
Mohamed Najib ABDELMOULA
; Inspecteur général de l'éducation
Traduction Mongi AkROUT
et Abdessalam Bouzid, Inspecteurs Généraux de l'éducation retraités.
Tunis , octobre 2020
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