lundi 19 mars 2018

Commémoration de la disparition de M.Lasram grande figure de l’éducation et de l’enseignement


Hédi Bouhouch
Voilà 93 années  que disparaissait une grande personnalité de l’éducation et de l’enseignement , pour commémorer sa mémoire  le blog pédagogique  a voulu rendre un hommage à cette figure  nationale  qui a marqué son époque par son action éducative et son engagement politique, il s’agit de Mohamed Lasram  , né en 1866 et décédé en mars 1925.

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Mohamed Lasram a étudié à la grande Mosquée  Zitouna et  au Collège Sadiki. Il séjourna ensuite durant deux ans en France à l’école normale des  instituteurs de Versailles en France , à son retour , il enseigna  au Collège Alaoui , puis au collège Sadiki et enfin à l'Ecole supérieure de langue et de littérature arabes  , maitrisant parfaitement les deux langues ,il fut l’un des meilleurs spécialistes des cours de version et de thème.
Mohamed Lasram est un homme engagé , il adhère au  mouvement des Jeunes Tunisiens et devient l’un de ses membres , entre 1900 et 1909   il est devenu le doyen de l'association de la Khaldounia , il participa à la conférence coloniale organisée à Marseille en septembre 1906 et à la conférence nord-africaine tenue du 6 au 10 octobre 1908  en compagnie d'Abdeljelil ZaoucheSadok Zmerli et Khairallah Ben Mustapha.
Il fut remarqué par sa communication sur l’enseignement des jeunes tunisiens , il  publia plusieurs  articles dans différentes  revues où il appelle à  la généralisation de l'éducation des jeunes tunisiens des deux sexes,  et à la protection des habous,  et l'engagement des Tunisiens dans la vie politique et le rapprochement entre Français et Tunisiens.
Pour honorer la mémoire de cette personnalité, nous publions un document vieux de plus de 90 ans, que nous avons trouvé dans le Bulletin officiel de l’instruction publique de 1925, il s’agit de l’oraison  funèbre prononcée par le Directeur de l’instruction publique le jour de l’enterrement de Mohamed Lasram, la grâce de Dieu et sa pitié à son âme.

DISCOURS prononcé par le Directeur général de l'Instruction publique et des Beaux-Arts aux obsèques de M. Mohammed Lasram,

Le 16 mars 1925
Le décès prématuré de M. Mohammed Lasram n'est pas seulement une grande perte pour l'Enseignement public. Il  prive ce pays d'un fils qui lui faisait le plus grand honneur par sa haute culture, par les dons de son esprit et l'élévation de son caractère, par les services rendus à la France, et à la Tunisie, qu'il n'a jamais cessé de confondre dans une commune affection.
M. Lasram appartenait à cette élite de jeunes musulmans, qui, dès l'origine du Protectorat, méritèrent, par leur vive intelligence, secondée par un travail assidu, d'aller poursuivre leurs études en France, sur les bancs de nos grandes écoles, côte à côte avec l'élite de la jeunesse française.
Né à Tunis, le 23 novembre 1866, entré au Collège Sadiki, dès la fondation de ce célèbre établissement, il fut un des premiers à y obtenir le brevet de capacité. Envoyé aux frais du Collège à l'Ecole Normale de Versailles, il y obtint, après d'excellentes études, le brevet supérieur.
Sa vie fut ensuite tout entière vouée à l'étude et au bien public.
Après avoir, pendant quelque temps, à son retour de Versailles, enseigné au Collège Alaoui, M. Lasram nous quitta pour entrer dans une autre Administration. Mais il avait avant tout la vocation de l'Enseignement; il nous revint en 1913, date où il accepta de faire à l'Ecole supérieure de langue et de littérature arabes un cours de traduction, auquel fut ajouté après la guerre  l'enseignement du thème arabe, qui est, on le sait, la partie la plus difficile et la plus délicate de l'enseignement dans les écoles d'arabe.
Sa méthode était faite de précision, de minutie et de clarté, ne laissant rien dans' l'ombre et ses auditeurs conserveront toujours le souvenir des leçons si solides qu'il leur donna pendant son séjour à l'Ecole.
En 1918, pour combler le vide laissé par la disparition d'un de ses professeurs, la Direction du Collège Sadiki fit appel au dévouement de l'ancien élève du Collège, resté toujours si attaché à l’établissement où il avait fait ses premières études. M. Lasram répondit à cet appel.
L'autorité que lui conféraient sa haute culture et son goût marqué pour l'enseignement eut les plus heureux effets sur les progrès des élèves. La finesse pénétrante de son commentaire, les qualités de clarté et de précision, déjà signalées dans ses cours de l'Ecole supérieure d'arabe, enfin la souriante bonté qu'il apportait dans ses relations avec les élèves faisaient d'eux ses obligés et bientôt ses amis.
Plus que personne M. Lasram aura contribué à donner aux études arabes, tant à l'Ecole supérieure qu'au Collège Sadiki, l'éclat et la solidité que requiert l'intérêt de ces deux établissements. Il aura été l'un des meilleurs ouvriers de l'œuvre si importante du haut enseignement de la langue arabe en Tunisie. Cette œuvre, il l'a continuée sans défaillance jusqu'à la fin de l'année scolaire 1923-1924, jusqu'au jour où il fut terrassé par la maladie qui devait l'emporter.

Eh lui, le goût de l'étude et le souci des problèmes relatifs à l'éducation étaient intimement liés à l'activité professionnelle.
Qu'il me suffise de mentionner la traduction qu'il fit avec M. le Contrôleur civil Serres de deux ouvrages arabes et sa communication si remarquée au Congrès de Marseille.
Le Gouvernement du Protectorat avait reconnu et récompensé ses mérites en lui conférant de hautes distinctions : la cravate de Commandeur du N'ichan-Iftikhar, les palmes académiques, le mérite agricole et, l'année dernière, la rosette d'Officier de la Légion d'honneur.
Il  avait été nommé membre du Conseil de l'Administration des Habous.et n'avait quitté ce poste, élevé que pour être appelé, tout récemment, à de délicates et importantes fonctions. La mort inexorable ne lui aura pas permis de donner, dans ce nouvel emploi, la mesure de sa valeur et d'y justifier la confiance à  bon droit placée, en lui.
La France et la Tunisie doivent un commun tribut de reconnaissance et  de regret à la mémoire de cet enfant de la Tunisie, que l'on peut appeler aussi un fils spirituel de la France. II honora le pays qui l'avait vu naître comme celui qui avait parachevé son éducation. Nous garderons précieusement sa mémoire.
Source : Bulletin officiel de la direction générale de l’instruction publique  et des beaux-arts, n°9 , Mars, Avril 1925,39° année.
Hédi Bouhouch & Mongi Akrout , Inspecteurs généraux de l’éducation  retraités
Brahim ben Atig , professeur principal émérite
Tunis ,  2018




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