dimanche 22 mai 2016

Mémoire de l’éducation : Surveillance des épreuves écrites des examens

 

Dans le cadre de l’intérêt que nous portons  au cours des mois de mai et juin  de chaque année aux examens, nous  publions cette semaine une vieille circulaire, parue au milieu du siècle passé, qui traite de la question de la surveillance des épreuves écrites des examens de l’enseignement secondaire ; c’est un document très riche en information sur l’organisation des examens à l’époque du protectorat français ; nous  l’avons accompagné, comme d’habitude, par nos propres commentaires .

La surveillance des examens nationaux en Tunisie  mobilise à chaque session des dizaines de milliers d’enseignants ( environ 79000 pour le session 2015/2016)  qui ont la lourde responsabilité de veiller au bon déroulement des épreuves et assurer l’égalité des chances entre tous les candidats , mais cette  noble tâche  n’est plus -depuis quelques années - sans risque , certains enseignants surveillants appréhendent ce rendez-vous annuels et cherchent à l’éviter à cause des agressions verbales et physiques qui sont enregistrés chaque année  .


Le document : Surveillance des épreuves écrites des examens de l’enseignement secondaire.
Instruction du 15 MAI 1953.
 « Avant que ne commencent les épreuves écrites des différents examens de l’enseignement secondaire, il convient de rappeler un certain nombre d’instructions concernant, notamment, l’organisation matérielle de la surveillance des examens.
commentaire 1
La circulaire du 15 mai est un simple rappel d’instructions et de dispositions  déjà  en vigueur ; l’utilisation du terme « il convient de rappeler » prouve cela.


1.    SURVEILLANCE DES ÉPREUVES
Les candidats placés dans des classes de dimensions normales ne doivent pas dépasser le nombre de 25 par salle, afin que toute communication soit impossible.
Un surveillant pour 25 suffit ; néanmoins, vous voudrez bien veiller à ce que quelques surveillants « volants » puissent supplier, au moins pendant quelques instants, ceux d’entre eux qui auraient à s’absenter d’une des salles où composent les candidats. Sans aucun prétexte, en effet, il ne faut que les candidats soient laissés seuls, ne serait-ce que quelques minutes.
Lorsque seront subies les épreuves écrites comportant notamment des questions de cours qui prêtent plus facilement à des tentatives de fraudes (composition en sciences d’observation, sciences physiques et éventuellement histoire et géographie), il convient de doubler le nombre de surveillants.
Tout élève qui serait pris en flagrant délit de fraude serait immédiatement expulsé de la salle, après avoir remis sa copie ; il serait l’objet d’un rapport particulier à soumettre à la commission d’examen qui a qualité pour proposer une sanction au Directeur  de l’Instruction Publique.
Je demande aux instituteurs et aux professeurs chargés de la surveillance de ne jamais se départir de la plus grande vigilance : les chefs de centre d’écrit voudront bien, par un contrôle constant, s’assurer personnellement que la surveillance est aussi stricte que possible.
commentaire 2
La partie 1 de la circulaire nous donne beaucoup d’informations intéressantes sur l’organisation de la surveillance des examens écrits, à cette époque, qui diffère un peu de l’organisation actuelle comme par exemple :
§  La surveillance des examens de l’enseignement secondaires étaient confiée aux instituteurs et aux professeurs, en même temps.
§  Le nombre de candidat par salle est limité à 25 au maximum ; actuellement le nombre est réduit à 20 candidats ; il était dans las année quatre- vingt de 15 candidats seulement ; depuis quelques sessions, et devant l’explosion des tentatives de fraude, plusieurs voix proposent de réduire le nombre de candidats par salle, et revenir à 15.
§  La règle est de charger un seul surveillant par salle, avec la recommandation d’utiliser deux surveillants pour certaines matières, avec la nécessité de prévoir des surveillants remplaçants pour faire face aux urgences ; actuellement, le principe est deux surveillants par salle d’examen, plus un certain nombre de remplaçants ; certains souhaitent ajouter un troisième.
§  le flagrant délit de fraude entraine l’expulsion du candidat   de la salle, après avoir remis sa copie ; actuellement les directives permettent aux fraudeurs la poursuite de l’examen sur une nouvelle copie (la copie originelle est confisquée) ; c’est à une commission spéciale qui siège, avant la proclamation des résultats, de statuer sur les différents cas de fraude. 

2.    VERIFICATION DES TEXTES REMIS AUX CANDIDATS
Malgré les précautions prises et le soin apporté au tirage des épreuves d’examen, il est possible que quelque erreur se soit glissée dans les textes remis aux candidats ; ou, simplement, que l’impression de quelques-uns de ces textes soit défectueuse. Ces imperfections ne doivent pas être dommageables aux candidats.
En conséquence, tous les responsables des centres d’écrit (chefs de centre ou vice-président des commissions) voudront veiller à ce que des professeurs spécialistes se trouvent présent le jour où les candidats subiront des épreuves portant sur chacune des différentes disciplines. Ces professeurs doivent être en nombre suffisant pour que, après en avoir discuté entre eux, et en avoir référer au chef d’établissement responsable du centre d’écrit, les rectifications éventuelles puissent être faites le plus rapidement possible. De la sorte, seront réglées au mieux toutes les difficultés imprévues, qui se présenteraient. Les décisions prises à ce sujet seront inscrites au procès-verbal, et consignées dans un rapport spécial dont il sera donné connaissance à la commission de correction, avant l’ouverture de ses travaux.
Commentaire 3
Ce deuxième point évoque les précautions et les mesures à prendre pour éviter les insuffisances éventuelles qui pourraient entacher les sujets d’examen ; on y trouve tout un protocole que les chefs de centre d’écrit devraient respecter ; il comporte :
§  La convocation d’un certain nombre de « professeurs spécialistes » le jour de l’examen, pour étudier et statuer sur les erreurs éventuelles, ou sur les imperfections dues à une impression défectueuse.
§  En cas de confirmation de l’erreur, les rectifications éventuelles seront faites le plus rapidement possible, après l’accord du chef du centre.
§  Toute intervention devrait figurée dans le procès-verbal, et consignée dans un rapport spécial qui sera remis aux commissions de correction.
Cette pratique a continué à exister  avec quelques modifications ; les professeurs spécialistes ne siègent plus dans les centre d’écrit, mais plutôt dans les locaux du commissariat régional ; c’est le commissaire régional qui transmet les remarques à une commission nationale qui siège au Ministère, qui est la seule habilitée à trancher ; cela est devenu possible grâce aux nouvelles technologies ; le réseau intranet sécurisé relie les différents commissariats à la cellule nationale  de suivi  que siège à la Direction générale des examens.

3.    DEROULEMENT DE CERTAINES EPREUVES
a)    Dans tout examen comportant une épreuve d’orthographe, il conviendra de choisir, pour la dictée du texte, un maître à la voix forte et à l’élocution très claire. Je rappelle que le texte proposé pour cette épreuve doit être d’abord entièrement lu, puis dicté lentement (points et points virgules à dicter). Deux lectures complètes suivront la fin de la dictée ; l’une lente, l’autre à l’allure normale avec diction soignée.
b)   Il est formellement interdit de donner quelque indication que ce soit aux candidats, sans l’accord formel du chef du centre d’écrit : mention en sera faite au procès-verbal.
Commentaire 4
la circulaire se termine par une dernière recommandation qui interdit aux surveillants toute forme d’intervention auprès des candidats,   au cours de l’examen, sans l’aval du chef du centre, et que toute indication donnée aux candidats devrait être mentionnée au procès-verbal.

Tunis, le 15 mai 1953
P.le Directeur de l’Instruction Publique et p .l’inspecteur d’Académie, chef du service de l’enseignement secondaire, de la jeunesse et des sports,
M.CALVET


Source : Bulletin officiel de la direction de l’instruction publique ; n°12 - avril septembre 1953 ,67°année.

Hédi  Bouhouch &Mongi Akrout
Inspecteurs généraux de l'éducation 
Tunis , Mai 2016

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